Transition : pour Durkheim, l’individualisme est ambivalent : - Facteur d’auton
Transition : pour Durkheim, l’individualisme est ambivalent : - Facteur d’autonomie de l’individu, qui lui permet d’exprimer sa personnalité, et en particulier ses pensées propres (liberté de pensée, d’expression). Sans cette liberté, pas de progrès ni de justice sociale. Ex : Durkheim écrit un article où il défend l’individualisme des intellectuels dans l’affaire Dreyfus, qui leur permet de résister à l’autorité des généraux qui accusent Dreyfus. - Danger de rupture de la cohésion sociale (anomie), quand l’individualisme devient égoïsme. N’y a-t-il pas d’autres dangers de l’individualisme ? 3 L’individualisme politique (ouverture vers le cours sur la politique) L’autre danger de l’individualisme est politique : il concerne non plus tant les relations sociales que les relations du citoyen à l’Etat. TEXTE 11 : TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, II, II, II, 1835 Thèse (distinction conceptuelle) : L’individualisme est un comportement distinct de l’égoïsme. §1 : La doxa confond les 2, et condamne les 2 pour la même raison morale : l’homme ne suit que son intérêt personnel. Les 2 sont bien des « sentiments » pour Tocqueville, mais : - L’égoïsme : a toujours existé, c’est l’amour passionné de soi, la recherche de son propre intérêt. L’amour-propre de Pascal et La Rochefoucauld. C’est un vice irréfléchi qu’on certains hommes seulement. Ex : L’avare de Molière. NB : Pour Schopenhauer au contraire, c’est le mobile principal de l’immense majorité des hommes, qui agissent selon la maxime « Tout pour moi, et rien pour les autres » Les 2 problèmes fondamentaux de l’éthique. Ex de Schop : la majorité préférerait l’anéantissement du monde à son propre anéantissement. Conséquences : toutes les autres vertus disparaissent chez le sujet (Ex : sagesse, courage, tempérence). Il pose un problème moral. - L’individualisme : récent, apparu avec les sociétés démocratiques (il pose donc un problème politique) : tous les individus ne sont plus préoccupés que par leur bonheur particulier, et celui de leur famille. C’est un sentiment tout à fait « réfléchi et paisible » : on juge qu’on peut « se suffire à soi-même ». o Cause : paradoxalement, c’est l’égalité démocratique : la démocratie est l’idée que l’Etat a son fondement dans la libre volonté des individus qui le construisent. Donc, elle est un type de société qui conduit l’individu à penser qu’il a une existence autonome, une valeur absolue. Cela est un progrès pour Tocqueville mais comporte un danger : o conséquence : le repli sur soi, l’atomisation de la société (de nos contemporains, mais aussi de nos ancêtre et de descedants), on abandonne peu à peu la grande société, les affaires de l’Etat, pour la petite société des amis. Ex : l’abstention augmente aux élections. NB : Un plaisir caché qui peut évoquer Epicure. - L’individualisme a une autre face chez Tocqueville : ce repli sur soi centre l’individu sur les plaisirs du corps, les « biens matériels » = matérialisme. §2 : L’opposition entre société aristocratique et démocratique. Tocqueville prend une image : la chaîne. Dans une société aristocratique, il n’y a pas d’égalité, mais une hiérarchie, des classes sociales multiples et interdépendantes (du « paysan » au « roi »). Cette inégalité, injuste, a une dimension positive : la cohésion sociale est très forte. Ex : au sein de la famille (où les traditions sont transmises comme dans l’aristocratie), mais aussi au sein de sa classe sociale (clergé, les corporations du tiers- état, noblesse), et même entre les classes (chacune dépend de l’autre). On est lié aux autres, et souvent prêt à se sacrifier eux-mêmes pour les autres. Conclusion : L’individualisme est un danger pour la communauté politique : si les citoyens oublient l’Etat, celui-ci rique de devenir un « doux despote ». Transition : malgré cette émancipation contemporaine des individus, l’individu reste un être social, dont les comportements sont soumis aux normes sociales. 4 Le déterminisme social (ouverture vers le cours sur la liberté) Pourquoi le sentiment de pouvoir faire absolument ce que l’on veut dans la société peut-il être illusoire ? Les lois civiles (explicites) limitent notre liberté d’action, mais il y aussi quelque chose de plus fondamental : l’influence inaperçue de la société sur nos pensées, et nos conduites. Donc, la société contraint les individus à leur insu. Ces contraintes sont ce que Durkheim appelle les « faits sociaux » = « des manières d'agir, de penser et de sentir, extérieures à l'individu, et qui sont douées d'un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s'imposent à lui » Durkheim. Donc le fait social a 3 caractéristique : extérieur, coercitif, et général. Dans les conduites humaines, il n’y a donc pas que des causes qui relèvent de l’esprit individuel (psychologie) mais il y a surtout des causes sociales (sociologie). Durkheim postule donc l’existence d’un certain déterminisme sociologique : « la sociologie ne pouvait naître que si l’idée déterministe, fortement établie dans les sciences physiques et naturelles, était enfin étendue à l’ordre social. » Durkheim, La sociologie. Les faits sociaux sont comme des « choses » = comme les objets de la physique, donc la sociologie peut devenir une science. Comment découvrir les faits sociaux ? En étudiant des statistiques comportementales : alors des actions que nous pensions purement individuelles se révèlent être des conduites régulières, normées. Pour en apporter une preuve éclatante, il faudrait montrer qu’une action qui nous semble absolument individuel, qui relève d’une décision solitaire, intime, ne l’est as en réalité. Hypothèses ? Durkheim prend l’exemple du suicide. Contexte : les contemporains de Durkheim pensent qu’il y a une épidémie de suicides fin XIXème, mais sans comprendre pourquoi. Dans Le suicide, 1897Durkheim propose une explication sociologique, et plus psychologique. Durkheim synthétise les données statistiques. Pour Durkheim (thèse) : - Il y a bien une augmentation globale des suicides. Pourquoi ? Il va montrer que la cohésion sociale s’amoindrit, se délite (Religion, Morale ont de moins en moins de place). - Il y a des facteurs propres à chaque société, le taux est propre à chaque société : Italien se suicident moins, Allemands plus et Français au milieu. Pourquoi ? Il faut comprendre les causes générales du suicide. Dans la partie I, Durkheim se demande s’il y a des causes extra-sociales, et répond que si, mais qu’elles jouent un rôle négligeable. Ex : des pathologies psychiques, une certaine hérédité, le climat. Ainsi, si on se suicide davantage en été qu’en hiver, ce n’est pas parce qu’il fait chaud, mais parce que l’activité sociale est plus intense. Dans la partie II, il synthétise les causes sociales : là aussi elles sont multiples. Ex : les célibataires se suicident davantage (la faille semble être un rempart), les protestants davantage que les catholiques et les juifs (soumission à l’Eglise plus forte). Par contre, en période de guerre les suicides baissent (les individus adhèrent à de grands idéaux nationaux). Comment synthétiser, quel est le rapport ? Durkheim remarque qu’un facteur est commun à toutes ces facteurs divers : le degré d’intégration sociale (= les individus bien intégrés à la société se suicident très peu). D’où 3 grand types de suicides : - Quand l’individu est trop peu intégré à la société = le suicide égoïste. Il n’y a plus de raison d’être, d’agir dans la société. Ex : le célibataire, ou l’époux qui n’a pas d’enfants (moins intégré à la société). Mais il peut y avoir un excès d’intégration sociale : - Quand l’individu est trop intégré à la société = le suicide altruiste. La raison d’être est en dehors de la vie. Ex : Le militaire est complètement soumis aux valeurs militaires, et préfère perdre la vie que son honneur, il a l’esprit altruiste. - Quand la société elle-même se dérègle (anomie) et ne produit plus de règles stables pour encadrer la vie individuelle = suicide anomique. La raison d’être est obscurcie, il ne reste que les passions individuelles. Ex : Dans la crise économique actuelle (XIXème), le monde de l’industrie et du commerce n’a plus de règle (la religion ne discipline plus les riches et les pauvres), et les convoitises sont exacerbées. Ce 3ème type est proche du suicide égoïste pour Durkheim. Conclusion : le suicide est un fait social, pas une décision individuelle : « Chaque société est prédisposée à fournir un contingent déterminé de morts volontaires ». Critique : - Peu de place pour la liberté individuelle. - Durkheim écarte les statistiques qui ne vont pas dans le sens de sa thèse. Ex : au Danemark, Norvège, Angleterre, les suicides baissent au moment où il écrit. - Il ne prend pas en compte des biais statistiques Ex : on n’enregistrait peut-être pas tous les suicides avant. Et le suicide aujourd’hui ? Dans son rapport de 2016, l’observatoire national du suicide indique que : - Le nombre de suicide est d’environ 10 000 par an (contre environ 3 500 pour les accidents de la route). Les TS sont au nombre de 200 000 (surtout des jeunes filles et des femmes de 40-50 ans). - Les hommes se suicident davantage que les femmes (75%). - Les personnes âgées uploads/Histoire/ cours-tspe-semaine-7-pour-le-groupe-2 1 .pdf
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- Publié le Sep 06, 2022
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