INTRODUCTION L’Afrique est, en ce début du 21ème siècle, le continent le plus e
INTRODUCTION L’Afrique est, en ce début du 21ème siècle, le continent le plus en proie à l’instabilité, aux conflits et aux guerres. Ces conflits armés, outre leur impact direct sur la vie des populations ainsi que sur leur environnement moral, obèrent gravement les maigres ressources des Etats, hypothèquent ainsi les chances du continent quant à son développement. Dans le contexte actuel, les méfaits de ces conflits sont aggravés par les effets pervers d’une mondialisation dont la logique est d’être absolue, c’est-à-dire d’imposer sa rationalité marchande, partout et de la même façon. Mais, même s’il est vrai que cette mondialisation de l’économie n’est pas de nature à favoriser pleinement la mise en œuvre des mesures de nature à consolider la paix, à travers des mécanismes économiques délibérés, il n’en reste moins que l’objectif de la paix en Afrique demeure possible, nécessaire et même urgent . Dès lors, quels sont les types de conflits et comment est-on arrivé là ? Quelles en sont les conséquences ? Ces situations sont-elles évitables et de quelle manière ? C’est à ces questions qui taraudent plus d’un africain que plus d’un observateur que nous allons tenter d’apporter des réponses. I. DES DIFFERENTS TYPES DE CONFLITS ARMES SUR LE CONTINENT Il est difficile de dresser une typologie stricte des différents conflits armés qui sévissent sur le continent africain tant ces conflits sont nombreux et leurs théâtres variés. Néanmoins des similitudes évidentes autorisent certains grands regroupements, suggérant ainsi des solutions fondées sur des démarches similaires. Tous ces conflits ont cependant un sous-bassement commun: le déficit démocratique. C’est toujours le manque de démocratie qui est, en général, la cause première de tous ces conflits 1 / Conflits de transition démocratique Ici le conflit est lié aux difficultés qu’éprouvent les différents acteurs politiques à s’entendre sur les conditions et les modalités d’accession au pouvoir et de sa gestion dans le contexte nouveau d’un pouvoir désormais mis en jeu au nom de la règle de l’Etat de droit. On a dans cette grande catégorie des pays comme l’Algérie, la République démocratique du Congo, le Congo Brazzaville, la République Centrafricaine, la Guinée, le Togo, et le Tchad. 2/ Les conflits à caractère tribal et ethnique Certains Etats sont en proie à des conflits liés à des problèmes identitaires ravivés par le fait que là aussi, le pouvoir est désormais mis en jeu au nom de la démocratie, mais du fait de la forte prégnance du facteur tribal et ethnique, les enjeux en sont pervertis et le cours totalement dévoyé. Ce sont les conflits à forte potentialité de mort, susceptibles de déboucher sur des génocides, comme cela s’est passé au Rwanda en 1994. L’on a dans cette catégorie des pays comme le Rwanda, le Burundi, la Somalie et le Soudan. 3/ Les conflits de trafic minier C’est une évidence qu’il y a en Afrique une concordance stricte entre la géographie de certains conflits armés et la géographie des minerais à extraction facile et à rendement élevé: or, diamant notamment. Contrairement aux conflits armés qui n’ont pas pu s’alimenter de tels minerais se sont estompés malgré la radicalité de leurs projets. Il s’agit notamment des rebellions touarègues au Mali et au Niger. L’on a dans cette catégorie des conflits du Libéria, de Sierra- Léone, de la République démocratique du Congo, et de l’Angola. 4/Les conflits régionaux Nés d’un contexte de recomposition géopolitique sur fond d’une situation d’insécurité généralisée, du fait des problèmes de jeux de grandes puissances. Ces conflits sont ceux qui sévissent dans la région des grands lacs, impliquant militairement: la République démocratique du Congo, l’Ouganda, le Burundi, l’Angola, le Zimbabwe, la Namibie, le Congo, la RCA et débordant à travers les réfugiés sur bien d’autres pays (Tanzanie, Kenya, Zambie, etc.). 03 II/ LES CAUSES DES CONFLITS ARMES EN AFRIQUE Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte 1 / Les facteurs culturels et civilisationnels Les nouveaux conflits en termes de pressions démographiques face à des facteurs rares. Il y a ambivalence du religieux, à la fois force coagulante des sociétés, croyance dans un au-delà justifiant la mort et exprimant un besoin d'absolu « Toute guerre est sainte » disait Alain. On se bat pour des valeurs plus que pour des intérêts matériels. En revanche, les crises sont des facteurs de renforcement des appartenances identitaires, ethniques ou religieuses, et celles-ci sont instrumentalisées par les pouvoirs. Les guerres sont d'autant plus probables que l'on assimile le religieux et le politique, l'absolu et le relatif, l'infini et les finis. Dans un monde multipolaire et multicivilisationnel, les identités culturelles sont la forme immédiate. L'OUA identifie six causes possibles de guerres civiles en Afrique: l'ethnicité (Burundi, Rwanda), l'absence de partage de pouvoirs (rdc. Soudan, Sao Tome, Comores), les rivalités entre clans (Somalie. Liberia, Guinée Bissau), la déstabilisation par les mercenaires (rdc, Guinée, Bénin), les violations des droits de la personne (Ouganda), les considérations géopolitiques (Mozambique, Tchad). Cette typologie ne prend pas en compte la pluralité des facettes des conflits que revêtent de nombreux conflits de l'après-guerre froide. Le renouveau religieux est important (Yoruba, pentecôtisme, murdjisme...). L'intégrisme religieux s'est largement substitué aux nationalismes ou aux socialismes comme projets de sociétés. L'Afrique est moins concernée par ces conflits << inter-civilisations » même si les conflits internes au Soudan, entre l'Erythrée et l'Ethiopie, voire au Nigeria ou en Côte-d'Ivoire peuvent être considérés en partie comme des conflits entre chrétiens et musulmans. Il existe, en revanche, des réseaux islamistes implantés en Afrique sahélienne et dans la corne de l'Afrique (Soudan, Somalie). L'Islam noir tend à se radicaliser et à s'insérer dans des réseaux fondamentalistes internationaux. Il s'appuie sur le terreau de la pauvreté, de l'exclusion et des frustrations. Au cours des processus de crises, les référents ethniques ou religieux deviennent dominants dès lors qu'ils apparaissent comme les principaux référents de la rhétorique politique et que la complexité des situations est réduite à des identités ou à des combats entre les forces du bien et du mal. Ainsi, en Côte- d'Ivoire, comme dans beaucoup de sociétés africaines, les mouvements pentecôtistes témoignant de la confusion entre la morale, le religieux et le politique affrontent une montée en puissance des instrumentalisations du religieux par les Imams. 2 / Les facteurs politiques Très importants, que ce soit en termes de déficit de légitimité des pouvoirs en place, de disparition des compromis sociopolitiques, de querelles de chefs pour l'accès au pouvoir, de décomposition des citoyennetés ou de volonté de nouvelles configurations territoriales. Les conflits sont d'autant plus présents que les systèmes d'accaparement des richesses par les titulaires du pouvoir ne donnent pas lieu à redistribution, contrôle et sanction. La guerre peut avoir ainsi une finalité politique, accéder au pouvoir par la force. Les guerres prennent une forme ethnique dans la mesure où l'ethnicité est devenue un enjeu de pouvoir. Le risque de conflit ouvert est accru lorsque les responsables politiques remettent en question les compromis et s'appuient sur certains clans, factions ou ethnies. On peut parler de la fin du modèle westphalien d'un État ayant le monopole de la violence légitime et acteur international. Les Etats n'ont plus le contrôle des territoires et du respect des lois et des règles par le monopole de la violence légitime. Les sociétés africaines sont caractérisées par des proto-États ou des ébauches d'États nations et par des citoyennetés embryonnaires. L'État peu institutionnalisé, extraverti et affaibli par l'endettement et par l'ajustement, s'appuie sur une société civile faiblement organisée. Les référents identitaires, communautaires, tribaux, ethniques ou claniques favorisent, dès lors, des logiques de fractionnement. Les groupes au pou d'Afrique, avec toutefois une inflexion récente conduisant à une intervention de la Grande-Bretagne au Sierra Leone, de la France en 04 Côte-d'Ivoire et de l'Union européenne en rdc (opération Artémise). La fin de la guerre froide et de la bipolarité s'est traduite par une apparition de conflits dé- internationalisés et par des dynamiques de fractionnement et de fragmentation territoriale. Les dividendes de la paix n'ont pas été affectés à la réduction des facteurs de conflits. Il existe de nouveaux enjeux hégémoniques. 3/ Les causes territoriales De nombreux conflits africains sont liés, à la fois, à une fragmentation de l'espace national non contrôlé par un État fort et aux réseaux transnationaux (diasporas, conglomérats, puissances régionales...) avec des jeux d'alliance ou d'allégeance qui interdisent d'opposer le territoire national et le système international. Le Zimbabwe est ainsi impliqué dans la guerre de la RDC pour s'opposer au leadership de l'Afrique du Sud. Certains conflits concernent le contrôle de territoires (cas de l'accès à la mer pour l'Ethiopie en Erythrée). On observe des liens entre la privatisation de la société et de l'État, la mise en place d'organisations paramilitaires ou de juridictions privées et la montée de la violence. On trouve ainsi certaines similitudes avec les guerres pré-westphaliennes caractérisées par l'absence de statut des civils et par le caractère mercenaire des armées. 4 / Les défaillances institutionnelles Les conflits armés africains peuvent être lus comme des défaillances de contrat, de serment ou de réputation permettant des jeux coopératifs. Plusieurs explications peuvent être données de la rupture du contrat social. uploads/Histoire/ expose-sur-les-conflits-armes 1 .pdf
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- Publié le Mai 21, 2021
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