1 . L’Europe en 1815 : la Quadruple-Alliance, 20 novembre 1815 Mots-clés : Sain
1 . L’Europe en 1815 : la Quadruple-Alliance, 20 novembre 1815 Mots-clés : Sainte-Alliance, monarchie, révolution, autoritarisme, concert des nations Problématique : En 1815, la France est vaincue. Après les troubles révolu- tionnaires et les conquêtes impériales, les Alliés entendent réorganiser l’Europe. Parallèlement au Congrès de Vienne, la Sainte-Alliance, puis la Quadruple-Alliance sont conclues par les pays vainqueurs. La question est de savoir quel ordre européen ces pays entendent-ils instaurer ? S’agit-il de restaurer l’Ancien Régime ou d’initier une nouvelle diplomatie européenne ? 12 Au nom de la très-sainte et indivisible Trinité. Le but de l’alliance conclue à Vienne le 25 mars 1815, ayant été heureusement atteint par le rétablissement en France de l’ordre des choses, que le dernier attentat de Napoléon Buonaparte avait momentanément subverti, LL. MM. l’empereur d’Autriche, le roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, le roi de Prusse et l’empereur de toutes les Russies, considérant que le repos de l’Europe est essentiellement lié à l’affermissement de cet ordre de choses, fondé sur le maintien de l’autorité royale et de la charte constitutionnelle, et voulant employer tous leurs moyens pour que la tranquillité générale, objet des vœux de l’humanité et but constant de leurs efforts, ne soit pas troublée de nouveau ; désirant en outre resserrer les liens qui les unissent pour l’intérêt commun de leurs peuples, ont résolu de donner aux principes consacrés par les traités de Chaumont du 1er mars 1814 et de Vienne du 25 mars 1815, l’application la plus analogue à l’état actuel des affaires, et de fi xer d’avance, par un traité solennel, les principes qu’elles se proposent de suivre pour garantir l’Europe des dangers qui pourront encore la menacer. À cette fi n, les hautes parties contractantes ont nommé, pour discuter, arrêter et signer les conditions de ce traité […] : ART. II – S’étant engagées dans la guerre qui vient de fi nir, pour maintenir inviolables les arrangements arrêtés à Paris l’année dernière pour la sûreté et l’intérêt de l’Europe, les hautes parties contractantes ont jugé convenable de renouveler, par le présent acte, et de confi rmer comme mutuellement obligatoires, lesdits arrangements, sauf les modifi cations que le traité signé aujourd’hui avec les plénipotentiaires de SMTC y a apportées, et particulièrement ceux pour lesquels Napoléon Buonaparte et sa famille, en suite du traité du 11 avril 1814, ont été exclus à perpétuité du pouvoir suprême en France, laquelle exclusion les puissances contractantes s’engagent, par le présent acte, à maintenir en pleine vigueur, et, s’il était nécessaire, avec toutes leurs forces. Et comme les mêmes principes révolutionnaires qui ont soutenu la dernière usurpation criminelle, pourraient encore, sous d’autres formes, déchirer la France, et menacer ainsi le repos des autres États, les hautes parties contractantes reconnoissant solennellement le devoir de redoubler leurs soins pour veiller, dans des circonstances pareilles, à la tranquillité et aux intérêts de leurs peuples, s’engagent dans le cas qu’un aussi malheureux événement vînt à éclater à nouveau, à concerter entre elles, et avec SMTC, les mesures qu’elles jugeront nécessaires pour la sûreté de leurs États respectifs, et pour la tranquillité générale de l’Europe. ART. III – En convenant avec SMTC de faire occuper pendant un certain nombre d’années par un corps de troupes alliées, une ligne de positions militaires en France, les hautes parties contractantes ont eu en vue d’assurer, autant qu’il est en leur pouvoir, l’effet des stipulations des articles I et II du présent traité ; et constamment disposées à adopter toute mesure salutaire propre à assurer la tranquillité en Europe par le maintien de l’ordre établi en France, elles s’engagent, 13 1. L’Europe en 1815 : la Quadruple-Alliance, 20 novembre 1815 dans le cas où ledit corps d’armée fût attaqué ou menacé d’une attaque de la part de la France, comme dans celui que les puissances fussent obligées de se remettre en état de guerre contre elle, pour maintenir l’une ou l’autre des susdites stipulations, ou pour assurer et soutenir les grands intérêts auxquels elles se rapportent, à fournir sans délai, d’après les stipulations du traité de Chaumont, et notamment d’après les articles VII et VIII de ce traité, en sus des forces qu’elles laissent en France, chacune son plein contingent de soixante mille hommes, ou telle partie de ce contingent que l’on voudra mettre en activité, selon les exigences du cas. […] ART. VI – Pour assurer et faciliter l’exécution du présent traité, et consolider les rapports intimes qui unissent aujourd’hui les quatre souverains pour le bonheur du monde, les hautes parties contractantes sont convenues de renouveler, à des époques déterminées, soit sous les auspices immédiats des souverains, soit par leurs ministres respectifs, des réunions consacrées aux grands intérêts communs et à l’examen des mesures qui, dans chacune de ces époques, seront jugées les plus salutaires pour le repos et la prospérités des peuples, et pour le maintien de la paix de l’Europe. Fait à Paris, le 20 novembre, de l’an de grâce 1815 14 Introduction Le 18 juin 1815, Waterloo signe la fin de la domination de Napoléon Ier sur l’Europe. L’Angleterre, l’Autriche, la Prusse et la Russie, qui ont mené la guerre, mettent en place, dès septembre 1814, le Congrès de Vienne qui vise à reconstruire l’Europe et aboutit à la rédaction d’un acte final le 9 juin 1815. Parallèlement, les puissances européennes souhaitent resserrer leurs liens. L’Autriche, la Prusse et la Russie signent un premier texte, la Sainte-Alliance, le 26 septembre 1815. Les trois pays s’engagent, en des termes qui restent vagues, à préserver l’alliance qui les unit et à se porter assistance en cas de besoin. Le 20 novembre 1815, un second texte est signé, la Quadruple-Alliance. Aux trois mêmes pays s’ajoute désormais la Grande-Bretagne. Constitué de sept articles, dont certains extraits sont reproduits, le texte se révèle plus concret que la Sainte-Alliance. Il entend rappeler la nécessité d’une assistance entre les puissances afin de préserver la tranquillité de l’Europe et propose d’instaurer des réunions régulières entre ces mêmes puissances. Signé par l’empereur d’Autriche, François II, le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, le tsar de Russie Alexandre Ier et le roi d’Angleterre Georges IV, il porte la marque de Metternich, ministre des Aff aires étrangères autrichien dont l’influence considérable sur la diplomatie européenne est déjà sensible lors du Congrès de Vienne. À la date de sa signature est également conclu le second Traité de Paris qui met fin à la guerre contre la France. Dès lors, dans ce contexte de fin de guerre, il importe de s’interroger sur la nature de cet ordre européen que les puissances victorieuses souhaitent élaborer. Il semble impératif, pour les pays européens, de mettre fin au désordre qui a bouleversé l’Europe pendant plusieurs années. Mais il convient également de procéder à la restauration d’un ordre ancien et, dans le même temps, d’organiser de nouvelles règles diplomatiques avec la mise en place d’un concert des princes. 1 Mettre fin au désordre À travers la Quadruple-Alliance, les Alliés expriment leur volonté de mettre fin à la situation troublée qu’a connue l’Europe depuis la Révolution française. À leurs yeux, il importe de mettre fin à la guerre, mais aussi de circonscrire le danger révolutionnaire. Dans cette perspective, la France, perçue comme instable et menaçante, est placée sous surveillance. 15 1. L’Europe en 1815 : la Quadruple-Alliance, 20 novembre 1815 1. Mettre fin à la guerre La Quadruple-Alliance fait allusion aux « traités de Chaumont du 1er mars 1814 et de Vienne du 25 mars 1815 ». Ces deux traités sont signés par les Alliés, à savoir la Russie, la Prusse, l’Autriche et la Grande-Bretagne, qui se sont employés à lutter contre Napoléon Ier à partir de 1812-1813 et qui s’engagent à demeurer unis jusqu’à la victoire finale. Avec satisfaction, les Alliés constatent que le « but de l’alliance conclue à Vienne [a] été heureusement atteint » et apprécient le fait que « la guerre vient de finir ». En eff et, le Traité de Paris du 20 novembre 1815, le même jour que la Quadruple-Alliance, d’où l’expression « le traité signé aujourd’hui », marque la victoire des Alliés et établit des clauses relativement dures pour la France. Le territoire français est ramené à ses frontières de 1790. Privé de Nice et de la Savoie, il connaît l’occupation des forces alliées. C’est toutefois le second traité de Paris dans la mesure où un premier texte avait été établi l’année précédente. Le document y fait allusion dans l’article II lorsqu’il évoque les « arrangements de Paris arrêtés l’année dernière ». Il s’agit là du premier traité de Paris, signé le 30 mai 1814, qui impose des conditions plus souples à la France, dont les frontières de 1792 sont conservées. En raison de l’épisode des Cent Jours, au cours desquels Napoléon Ier tente de recouvrer le pouvoir, les Alliés estiment nécessaire de signer un second traité afin de maintenir la paix. Parallèlement à cette aspiration pacifiste, les puissances européennes souhaitent clore toute velléité révolutionnaire. 2. Mettre un terme au danger révolutionnaire Les Alliés dépeignent en eff et « les principes révolutionnaires uploads/Histoire/ extrait.pdf
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- Publié le Jui 05, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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