Théophile Gollier Revue d'ethnographie In: Revue néo-scolastique. 11° année, N°
Théophile Gollier Revue d'ethnographie In: Revue néo-scolastique. 11° année, N°42, 1904. pp. 183-203. Citer ce document / Cite this document : Gollier Théophile. Revue d'ethnographie. In: Revue néo-scolastique. 11° année, N°42, 1904. pp. 183-203. doi : 10.3406/phlou.1904.1837 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1904_num_11_42_1837 REVUE D'ETHNOGRAPHIE 183 n. 2H). L'ordre interne et proprement substantiel préexiste donc à cette nécessité physique de se développer dans le lieu, que lui cominu- niq liera l'acte quantitatif. — Je signale aussi, dans son traité de V Eucharistie, la dispute iH, section 1, n° 21. D'ailleurs, il ne faut pas oublier la distinction établie par Suarez entre Pellet formel premier et l'effet formel second de la quantité. Par le seul l'ait de son inhesion à la substance, la quantité lui com- îiimiique-t-elle l'extension locale? — Non, répond Suarez : le mode d'etre de la quantité du corps eucharistique de Notre-Seigneur, en l'ait foi. Il invoque en outre la nécessité, pour tout acte crée et potentiel, d'être assisté de la Vertu divine, pour passer à son elfet formel second : Si Dieu refuse miraculeusement cette assistance, la quantité imprimera bien dans la substance une tendance positive à la pris^ de possession du lieu: mais, parce que Dieu ne favorise point de sou concours l'expansion actuelle de cette tendance, celte expans ion demeurera à Pétat de tendance sans passer à Pacte second. — Ik1 même, par des arguments, tour à tour théologiques et philoso phiques, arguments que saint Thomas avait déjà mis en pleine lumière!, il démontre qu'on ne saurait prouver la répugnance object ive d'une quantité séparée «le tout sujet d'inhésion. D'une part, en effet, la seule aptitude à Pinhésion est de l'essence de l'accident. D'autre part, Dieu peut, par sa Vertu, suppléer l'appui que la sub stance prêtait à l'accident quantitatif. — Mais, M. Nys n'a formulé aucune critique sur ces dernières propositions de Suarez ; je m'abstiendrai donc moi-même de les exposer plus au long. Eugène Lakusse. IV. REVUE D'ETHNOGRAPHIE. (ihargé par le (iouvernenient belge d'une mission au Japon, nous avions étudié pendant deux ans — de l!)00 à I!M)2 — l'ethnographie de l'Extrême-Orient. Au cours de nos explorations dans le Hokkaido, nous eûmes l'occasion de faire la connaissance des vaillants pionniers américains qui se hâtaient d'étudier, comme nous, les derniers Aïnos, pauvre peuple à l'agonie. De passage l'an dernier aux Etats-Tnis, les ethnographes de l'autre côté de l'Atlantique et spécialement M. Koihler, directeur de la section des arts graphiques du Salùmal Museum, avec une amabilité tout américaine, se mirent 184 TH. GOLLIEH à notre disposition. Bibliothèques, collections, inusées, nous pûmes tout visiter sous la direction aussi éclairée que bien\ cillante de leurs administrateurs respectifs. On sait que depuis quelque vingt ans l'ethnographie a conquis les faveurs du public lettré. On a vu se fonder partout des instituts, des sociétés, des chaires et des revues dans le but d'étudier et d'enseigner la nouvelle science. On compte actuellement, tant dans le Nouveau-Monde que dans l'Ancien, 48 établissements au caractère ethnographique avec un personnel de 74 professeurs, lecturers, instructors ou aide-professeurs. En 1902, le nombre des revues d'ethnographie s'élevait à 05. Nous pensons être agréable aux lecteurs de la Reoun Név-Scolas- tique, en leur donnant à grands traits une esquisse de l'ethno graphie, de l'organisation de son enseignement, de ses principales tendances et des résultats acquis au point de vue scientifique. I. LUIS'IOIHË DE L ETII1SOGRAPH1E. On a dit avec beaucoup de raison que le siècle qui vient de finir avait été le siècle des révolutions. Ces révolutions, toutefois, n'ont pas élé appréciées de la même manière. Dans le domaine politique, d'aucuns prétendent qu'elles ont fait faillite ; dans le domaine scientifique elles nous ont ouvert des horizons et des perspectives que nos pères ne soupçonnaient môme pas. Peu fécond au point de vue de l'exercice de la pensée pure, des sciences philosophiques, ce siècle a été pour les historiens le siècle par excellence, pour les sociologues et les ethnographes le siècle fondateur. Le xixe siècle a mis l'Europe en possession du momie. L'antiquité n'avait connu que le monde grec et romain, les siècles suivants ne s'occupèrent que du monde moderne, le xixe siècle a connu et le xxe siècle connaîtra encore davantage le monde de l'humanité. Cette prise de possession du globe, tant dans le temps que dans l'espace, a été effectuée par l'ethnographie. D'une part, dans le temps, on a ressuscité le vieux passé de l'Orient, on a fait revivre les antiques civilisations de l'Egypte, de l'Assyrie, de la Phénicie, de l'Arabie et de l'Extrême-Orient. Nous avons pu suivre ainsi, l'iiiver dernier, au Musée du Louvre et au Musée (Juimet à Paris, des cours de droit public chaldéen, assyrien et japonais à l'instar des cours de droit public européen, donnés dans nos universités. Demain, peut-être, on donnera au Trocadéro et au Muséum du Jardin des (Mantes, REVUE D'ETHNOGRAPHIE 1^5 dans la section du D* Hamy, un ensemble de leçons sur le droit privé des Iroquois, des Australiens ou des Fuégiens. D'autre part, dans l'espace, pour la première fois, on est arrivé à avoir une vue synthétique de rhuinanité. Que de peuplades jadis inconnues à l'Europe lui ont été révélées pendant le siècle écoulé ! Que savait-on jadis des Australiens, des Polynésiens, des Indiens, des Fuégiens et de toutes les peuplades de l'Afrique centrale? Que savait-on de leurs mœurs, de leurs coutumes, de leurs institu tions, de leur religion? L'Europe ignorait jusqu'à leur existence, pour un grand nombre d'entre eux ! Que l'on compare les ouvrages d'un de Brosses, d'un (Joguet, d'un lord Kaniej avec ceux d'un Keane ou d'un Ratzel, et on aura une idée exacte des progrès réalisés. Qu'est-ce donc au juste que cette ethnographie, la dernière venue parmi les autres sciences et dont les résultais ont une si vaste portée? l'ne telle question peut paraître oiseuse. Mais cepen dant, en fait, elle se trouve justifiée par les luttes ardentes dans lesquelles l'ethnographie a pris naissance et par les incertitudes qui dominent encore à son sujet dans certains milieux. Son nom, son objet, ses divisions, ses méthodes, tout cela a été combattu et est encore très discuté aujourd'hui. On a nié jusqu'à son existence en tant que science propre, ayant son objet et sa méthode propres. Les uns la confondent avec l'anthropologie. Ainsi Wallace en présentant au public l'ouvrage de Westermarck, «lit dans sa préface : « J'ai rarement lu discussion plus complète ou plus philosophique des problèmes anthropologiques les plus difficiles et les plus intéressants à la fois d1). N'est-ce pas encore Lubbock qui prétend que l'anthropologie et l'ethnographie ne sont qu'une seule et même chose? A la réunion tenue à Ipswich, en 181)5, parla British Association for the advancement of science, le professeur Flinders Pétrie, président de la section d'anthropologie, déclarait qu'on ne pouvait donner une définition adéquate de la nouvelle science, que tout ce qu'on pouvait faire était d'en « délimiter la sphère d'influence...»2). Pour l'école d'anthropologie de Paris, opposée à l'école officielle représentée jadis par de Qualrefagf\s et aujourd'hui par son brillant successeur M. Hamy, l'ethnographie n'est qu'un chapitre de l'anthropologie, et elle ne peut pas être autre chose ». Os incertitudes n'ont rien qui doive nous surprendre. Nombre V Westermarck, History of human Marriage, p. I. London, 1881. 2/ Report of the British Association Jor I&Q5, p. 8l(J. 186 TH. GOLLIER de sciences à leurs débuts ont eu à surmonter les mêmes obstacles. Ainsi aujourd'hui encore on peut trouver beaucoup d'économistes pour lesquels l'objet de la sociologie n'est qu'un mythe, et les théories organicistes de Schaei'lle, de Lilienfeld et de Spencer ont fait ((lie pour beaucoup d'esprits, la sociologie n'est qu'une création subjective de l'intelligence humaine. Il n'y a pas longtemps, un des grands économistes des Etats-Unis prétendait que l'enseignement de la sociologie dans les universités américaines devait être subrogé à l'autorisation de tous les professeurs d'économie politique. Les causes de ces préventions hostiles sont trop connues pour que nous les rappelions. L'ethnographie a été en butte à des difficultés analogues. L'imprécision de son objet, les incertitudes de sa méthode, sa dépendance vis-à-vis «les autres sciences n'ont pas peu contribué à la mettre en suspicion «-liez beaucoup d'esprits. Ajoutez-y sa constitution imparfaite, ses grandes lacunes, les grands problèmes jusqu'à présent dépourvus de toute solution et l'esprit de système qui s'y est donné trop souvent carrière. Nous pourrions définir l'ethnographie qirelque peu a priori, en parlant des deux mots <jui constituent son etymologic. Mais ce -ne serait là qu'une définition purement nominale, laquelle, si elle met de la clarté dans les idées et prévient des équivoques, ne nous dit rien sur la nature intime de la chose «jue l'on veut définir. En «fief, «léfinir réellement une chose, c'est dire ce qu'une chose est, quelle est son essence. Mais comme c'est là un idéal qu'il n'est guère donné à l'homme de réaliser, l'esprit humain doit se con* tenter d'une définition naturelle. Graduellement, l'esprit arrive, à l'aide de l'observation, à discerner parmi les qualités d'une chose, celles qui sont nécessaires et celles qui ne sont que contingentes, et ainsi il définit la chose par une ou plusieurs uploads/Histoire/ gollier-theophile-revue-d-x27-ethnografie-1.pdf
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- Publié le Jan 01, 2022
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