De Gaulle et la défense de la France, d’hier à aujourd’hui Suivi éditorial : Ir

De Gaulle et la défense de la France, d’hier à aujourd’hui Suivi éditorial : Iris Granet-Cornée Corrections : Catherine Garnier Maquette : Pascal Le Moal (Scripto) © Nouveau Monde éditions, 2017 170 bis, rue du Faubourg-Saint-Antoine – 75012 Paris ISBN : 978-2-36942-539-7 Dépôt légal : mars 2017 Imprimé en Italie par Rotolito Lombarda Fondation Charles de Gaulle Sous la direction de Frédéric Fogacci nouveau monde éditions De Gaulle et la défense de la France, d’hier à aujourd’hui 5 Préface Cet ouvrage n’est pas un programme. Il peut être considéré comme un élément d’inspiration, une modeste source de lumière sur le chemin tortueux et obscur des relations internationales. Combien pèserait le représentant de la France assis à la table des Grands, s’il ne pouvait se fonder sur le poids, la compétence, la capacité de projection, unanime- ment reconnus, des armées françaises, sur la force de frappe, sur une chaîne de commandement rapide et efficace, bref, sur l’héritage gaullien en matière de défense ? Il y est légitime, malgré notre taille, notre démographie, grâce à l’appel du 18 Juin, appel à la libération de la France par elle-même et avec le concours de nos alliés, grâce à la puissance fou- droyante de nos moyens d’intervention militaires, aussi bien dans une embuscade au Sahel qu’en n’importe quel point des mers du globe, grâce au porte-avions Charles-de-Gaulle, grâce à notre puis- sance industrielle et technologique, fruit d’années d’efforts, de recherche, d’investissement depuis les années 1960. Le commandement ne se dilue pas ; celui qui l’exerce, et qui prend la décision la plus grave, ne peut se soumettre à des arrangements partisans et des négociations d’arrière-cuisine. Élu par le peuple direc- 6 De Gaulle et la défense de la France, d’hier à aujourd’hui tement, il a en charge l’indépendance, la protection et la sauvegarde de la population et du territoire. Cet ouvrage fait le point au sens le plus élevé qui soit sur la volonté absolue de notre pays d’être indé- pendant, de ne pas s’en remettre uniquement à la protection, toujours précaire, jamais certaine, de nos meilleurs alliés, de ne pas renoncer à notre capacité d’influence. Les discours actuels venus d’outre-Atlan- tique sur le bien-fondé de participer à la défense de l’Europe donnent pleinement sens à la vision géostra- tégique du général de Gaulle. Qui mieux que la Fondation Charles de Gaulle pouvait faire ce travail de fond, de réflexion pour ceux qui décident aujourd’hui de notre rôle pour le présent et pour la première moitié du xxi e siècle ? Chacun sait commémorer, célébrer et cultiver le passé ; c’est tant mieux. Mais qui sait donner aux déci- sions politiques la matière pour agir ? Car si la Fondation est le porte-voix ou le verbe, les décideurs, politiques, militaires, sont l’action. En les confrontant à l’héritage gaullien, la Fondation leur a donné l’occasion de reformuler de manière claire les grands principes qui fondent encore aujourd’hui notre effort de défense. Penser l’avenir arrimé à cette base solide, c’est là l’une des missions de la Fondation qui a l’ambition d’éclairer les enjeux actuels à la lueur de l’héritage gaullien.  Ce premier ouvrage en appelle donc d’autres, sur d’autres domaines structurés par cet héritage dense et fondateur. Nos décideurs savent que la force des choses ne peut être vaincue que par la volonté humaine. Ils savent que la qualité de notre défense nationale est le meilleur facteur de paix, de rayonnement, d’influence pour permettre à notre pays de tenir son rang. Le message du général de Gaulle est celui-là : pour nous peuple de France, la voie à suivre est tracée pour que notre vie ne soit pas que survie mais une source de rayonnement au profit de tous les hommes de la planète. Jacques GODFRAIN Ancien ministre Président de la Fondation Charles de Gaulle Préface 9 Liste des principaux sigles BCRA Bureau central de renseignement et d’action CEA Comité à l’énergie atomique CED Communauté européenne de défense CEMA chef d’État-major des armées CNR Conseil national du renseignement CPCO  Centre de planification et de conduite des opérations CPE Centre de prospective et d’évaluation DGA  Direction générale de l’armement (à partir de 1977) DGRIS  Direction générale des relations internatio- nales et de la stratégie DGSE  Direction générale de la sécurité extérieure DGSI  Direction générale de la sécurité intérieure DMA  Délégation ministérielle pour l’armement (jusqu’en 1977) DNRED  Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières DRM Direction du renseignement militaire DRME  Direction de la recherche et des moyens d’expérimentation EUFOR  European Union Force (Force de l’Union européenne) FAR Force d’action rapide FINUL Force intérimaire des Nations unies au Liban PESD  politique européenne de sécurité et de défense SACEUR  Supreme Allied Commander Europe (com- mandant en chef des forces alliées en Europe) SCRT Service central du renseignement territorial SDECE  Service de documentation extérieure et de contre-espionnage SGDN secrétariat général à la Défense nationale SGDSN  secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (depuis 2010) SNLE sous-marin nucléaire lanceur d’engins 11 Introduction « Nous sommes la France parce que nous avons toujours combattu. » Cette phrase du général de Gaulle résume à elle seule une constante de sa pensée, le fait que l’effort de défense est la mission première de l’État : « La défense ! C’est là en effet la première raison d’être de l’État. Il n’y peut manquer sans se détruire lui- même », lance-t-il le 14 juin 1952. Cet effort de défense est défini très clairement dans l’ordonnance du 7 jan- vier 1959 : « Assurer, en toutes circonstances et contre toutes les formes d’agression, la sécurité et l’intégrité du territoire, ainsi que la vie de la population. » Sans multi- plier les citations, on peut affirmer sans grands risques qu’assurer la défense et le rayonnement de la France a constitué la grande affaire de la vie et de l’œuvre poli- tique et militaire du général de Gaulle. Un rapide survol biographique le prouve à l’évi- dence. Dans les années 1930, c’est pour réfléchir à l’articulation entre le pouvoir politique et le pouvoir militaire, puis pour défendre une conception méca- nisée et offensive, donc professionnalisée, de l’armée, qu’il publie La Discorde chez l’ennemi (1924), puis Vers l’armée de métier (1934). Parallèlement à cette carrière d’agitateur d’idées, il joue un rôle décisif, au conseil supérieur de Défense nationale, dans la préparation de la loi du 7 juillet 1938 sur l’organisation de la nation en 12 De Gaulle et la défense de la France, d’hier à aujourd’hui temps de guerre. Cette œuvre fournie, son expertise, ses engagements lui valent d’être nommé sous-secré- taire d’État à la Guerre et à la Défense nationale du gouvernement de Paul Reynaud le 6 juin 1940, dans le contexte de la débâcle, trop tard, bien évidemment, pour pouvoir mettre ses théories en application. Au débouché de l’immense effort des années 1940- 1945, le général de Gaulle place également les enjeux de défense au cœur de son passage à la tête du Gouvernement provisoire de la République française, de juin 1944 à janvier 1946. Cette période, souvent méconnue, est fondamentale dans divers domaines (réorganisation du haut-commandement des forces armées, création le 18 octobre 1945 du Comité à l’énergie atomique, mise en avant de la nécessité d’une capacité d’intervention immédiate, définition de la sécurité nationale à l’échelle de l’empire), et c’est symboliquement sur un refus de voir le budget mili- taire empiété par l’Assemblée nationale que le général de Gaulle donne sa démission, le 20 janvier 1946. Enfin, le retour au pouvoir en 1958, dans le contexte de la guerre d’Algérie, est marqué par plusieurs ini- tiatives fortes : réorganisation du haut-commande- ment militaire – la prééminence du président de la République, chef des armées, selon la Constitution, étant mise en avant –, choix de la modernisation de l’outil militaire et de la force de frappe nucléaire, sortie du haut-commandement intégré de l’OTAN en 1966 et obsession de l’indépendance nationale. La volonté de redonner à la France une voix à l’échelle mondiale est intimement liée à cet effort de défense, ce qui permet à notre pays de se projeter sur plusieurs théâtres d’opé- 13  rations où sont défendus son influence et ses intérêts, en particulier l’Afrique subsaharienne. Sans doute, des échecs contribuent également à définir le bilan gaul- lien, comme celui concernant la défense européenne, à laquelle, depuis son opposition à la Communauté européenne de défense (CED), le général de Gaulle semble accorder un crédit limité. Néanmoins, les années gaulliennes correspondent à une transforma- tion profonde de l’outil militaire français, préparé à affronter un monde postcolonial en continuant à faire entendre la voix de la France. De fait, la vision d’un certain impératif d’excellence de l’armée française, la forte conscience d’une nécessité que notre industrie d’armement conserve un haut niveau d’expertise tech- nologique et une totale indépendance ou le maintien d’une aptitude à intervenir militairement de manière autonome loin du territoire national ne font plus guère débat, comme s’il existait en ce domaine une forme d’« essentiel gaullien », uploads/Industriel/ de-gaulle-et-la-defense-de-la-france.pdf

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