CAHIERS M CINÉMA N° 16 • REVUE DU CINÉMA ET DU TÉLÉCINÉMA • OCTOBRE 1952 N O U

CAHIERS M CINÉMA N° 16 • REVUE DU CINÉMA ET DU TÉLÉCINÉMA • OCTOBRE 1952 N O U V ELLES D U CINÉM A FRANCE O Les 22, 23 et 24 septembre, le ciné-club « Les Amis du Cinéma » a présenté trois séances consacrées fin cinéma muet avec commentaires et bruitages de M. Jim Geraltl et sa troupe (sic) et M « W iener au piano. Il est impossible de passer sous silence la façon scandaleuse dont ces séances ont été conduites. Le commentaire de Jim Gerald était d ’une incroyable grossièreté. En voici quelques exemples. Pour L ’Assassinat du Dnc de Guise, à chaque apparition d’Henri ÏI : . « Tiens, v’ià la Pédale ». Pour Fouqael, VHomme au masque de Voici une scène de TROIS DAMES ET UN AS (The Oard), un film de Ronald N eam e et John Brîan, quî nous perm et de retrouver l'extraordi­ naire Alec Guiness dans le rôle d'un homme dont la réussite dans la vte aura été marquée par trois femmes : Glynîs Johns (sur notre document}, Valerïe Hobson et Pefufa Clark. (Selection J. Arthur Rank Organlsation-Yictory Films). fer, lorsque le Gouverneur apporte le masque de fer : « Tiens, m on gros, je t ’ai' apporté u n bel oeuf dc^ Pâques ». Tout cela n ’est que m éprisable, m ais ce qui concerne Le Lys Brisé touche à l’escroquerie m orale. L’affiche en effet portait en petits caractères : « le film le plus bouleversant réalisé à ce jour » et en gros caractères : L e Lys Brisé. Et en-dessous : « sera présenté bruyant, parlan t et chan­ tant p ar Jim Gerala et sa troupe ». Le tout sans indication de melteur en scène. En réalité c’est le remake sonore et p arlant de Hans Brahm de 1936_ avec Dolly H aas qui a été présenté en 16 mro. m uet avec accompagnement de piano. Il est évident que la m ajorité des spec­ tateurs qui ignoraient l’existence du rem ake venaient pour voir le flltn de Griffith et que les an im a­ teurs de ce soi-disant ciné-club ont joué sur cette équivoque pour rem plir leur salle. P our parache­ ver l’aspect hautem ent culturel de cette séance le tout se term inait par un num éro de striptease t9ÛO en om bres chinoises : une certaine « Mysteria », en chair et en os, se "déshabillait derrière l’écran. Jolie façon d'houover Grifflth et L ilian Gïsh. (Voir suite et f in des N o u v e l l e s d u C in é m a p a g e 51). C A H I E R S D U C I N É M A R E V U E M E N S U E L L E DU CI NÉMA ET DU TÉLÉ C I N É M A 146, CHAMPS-ÉLYSÉES, PARIS (8e ) - ÉLYSÉES 05-38 RÉDACTEURS EN CHEF : LO DUCA, J. DONIOL-VALCROZE ET A. BAZIN DIRECTEUR-GÉRANT' : L. KEIGEL TOME M l N° 16 OCTOBRE 1952 SOMMAIRE André Bazin, Michel Mayoux, Jacques Doniol-Yalcroze, Lo Duca .................................. La Duca ................................. Lo Duca . ................ Philippe Sabant. Roger G abert. Herman G. W einberg LES FILMS : Michel Dorsday ............. Michel Dorsday .......................... Jacq u es Doniol-Yalcroze. . . Je an Quéval ............................. J. D.-V. et R. de L. . . . . . . Le Trompe l'œil : Venise 1952 ............ 2 Rétrospective 11908-1934) du Cinéma Italien à Venise......................... ......................... ................................ 25 A propos de « surréalisme » à Venise. ................. 28 La crise de scénarios en U.R.S.S................................ 33 Les sous-titres de film .................................................. 44 Lettre de New York ....................................................... 49 Nouvelles du Cinéma , ..................................................... 51 Othello ou la solitude de notre te m p s ......................... 53 Le Cinéma est mort (Adorables créatures) .................55 Un homme marche dans (a trahison (High Noon). 58 Raptsodîe mineure ( Hunted). .............................................60 Livres de Cinéma (« Histoire du Cinéma », « Le Dernier N a b a b s )............................................................... ....61 Les photographies qui illustrent ce numéro sont dues à l’obligeance de : Republic Pictures, Les Films Fernand Rivers, Franco-London Film, Gaumont Distribution, Productions Jacques Roitfeld, Sirius, Stanley Kramer Productions, United Artists, Silver Films, Les Films Corona, 20 Th Century Fox, Seine Productions, Columbia, Les Films Marceau, Georges Agiman, Artès Films, Paramount, J. Arthur Rank Organisation, Shintoho, A.B. Svensk Filmindustrie, Michael Balcon-Ealing Studios, Les Gémeaux, Alliance Générale de Distribution Cinématographique, La Cinématèque Italienne, Hoche Productions, Cocinor. Les articles n'engagent que leurs auteurs - Les manuscrits sont rendus Tous droits réservés - Copyright by LES ÉDITIONS DE L'ÉTOILE, 25, Bd Bonne-Nouvelle, PARIS ('2c) R. C . Seine 326-525 Ë, NOTRE COUVERTURE Danièle Delorme, dans La Jeune Folle d'Yves Allegret. Faisant preuve d'un extraordinaire talent, cette ieune actrice a créé un personnage bouleversant et pathétique, une sorte d'héroïne hallu­ cinée et à peine consciente qui brûle l'écran d'une passion insolite. 1 LE TROMPE L’ŒIL : Venise 1952 par André Bazin, Michel 'Mayoux, Jacques Doniol-Valcroze, Lo Duca On nous avait promis Chaplin et Limelight, Renoir et Le Carosse d’Or. Plus une dizaine de soleils de deuxième grandeur. Ceux-ci étaient présents, et, à quelques déceptions près —: inévitables d’ailleurs — justifièrent l’Exposition. Mais non les premiers, qui seuls eussent pu lui donner un lustre digne de sa renommée. De Chaplin et de Limelight, il ne fût pas question. Non plus que de Renoir. Quant à son film, nous n’en eûmes que le carosse lui-même qui, les soirs de grande fiesta et chargé de quelques figurants en costumes du xvnie siècle, vint devant les marches du Palais faire étinceler ses ors à la lumière des projecteurs de télévision. Comme en ce palais décoré par Tiepolo de balustres, de ciels, de portes et de fenêtres faux et qui cachent les vrais pla­ fonds et les vrais murs, et dont j’ai vainement recherché le chemin dans le dédale des canaux et des ruelles de Venise, le trompe l’œil règne au Lido* On y donne l’ombre pour la proie. Ci-dessus : Les Festivals passent... Gina Lollobrigida demeure. 2 / A vos m arques, prêts ? Partez ! Le départ des vingt jours de Venise vient d ’être donné. Trois très beaux filins, mais aucun d’eux inédit, une demi-douzaine d’oeu­ vres de qualité à peine supérieure à la moyenne, un cocktail et une réception par jour et l’exposition permanente au bar de l’Excelsior d’une brochette de starlettes italiennes sont un visage menteur de Fart cinématographique. Ce n’est pas pour en contempler ce masque de carnaval que 418 journalistes étaient présents à la Mostra. Peut-être Venise toute proche, dont les façades plaquées de marbre des églises sur la lagune, le reflet dans les canaux des colonnades des palais, et les dômes et les campaniles sur un ciel changeant font et défont à chaque heure la toujours nouvelle beauté, est-elle cause de ce mirage ? Mais le décor de Venise recouvre une autre et plus stable beauté. L’art sans équivoque des mosaïques de Torcello, du Colleone et des Tin tore t de la Schola San Rocco est sans écho au Lido, Face à I*Adriatique, le Festival tourne le dos à Venise. C’est tant mieux pour celle-ci, mais tans pis pour celui-là, qui gagnerait à écouter la leçon d’art véritable qu’elle lui pourrait donner. Tout autant que le faux-semblant, l’intrigue et la cabale sont de tradition dans la comédie vénitienne. Aussi bien ne manquèrent-elles pas à ce Festival. De l’entrelac des ruses, des interdits, des marchandages, des compromis, résulta plus d’un paradoxe savoureux dont celui qui fit attribuer finalement le Lion d’Or, suprême récompense, au film que l’on avait tout d’abord voulu écarter de la compétition. Le miracle est qu’en fin de compte, le palmarès officiel ne soit pas si mal taillé, et que — en gros - — les meilleurs remportent. •Mais n’étant arrivé à Venise que pour la deuxième décade de la Mostra, je dois ici céder la place à Jacques Doniol-Valcroze, lequel peut d’ailleurs, n’en étant pas comme moi à son premier festival, juger celui-ci plus sereinement •et sans les étonnements du néophyte que je suis. Je n ’ai pas, mon cher Mayoux, grand chose à ajouter, car vous avez pres­ que tout dit. La première décade de la Mostra fut d ’un calme total : on pouvait le matin jouer au tennis sur les courts de V Excel sior, prendre un long bain à m idi et se promener à Venise l'après-midi durant sans manquer quoi que ce 3 Venise, qui n ’a plus de doge.s, avait un mage, le célèbre Ang'elo. Le patient est ici Maurice Bessy. soit d ’important. Je parle ici de Vatmosphère qui n'était pas celle d ’un festival mais de simples projections balnéaires... et encore la plage du Lido est-elle des plus anodines, trop proche de la Serenissime pour que l’on ne désire pas la fuir. Mais il faut être juste : le palace sus-nommé est un fort attachant Xanadu méditerranéen et sa jetée, la nuit, débouche, garnie de uploads/Litterature/ 016.pdf

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