De Cazalis à Saint-Saëns (et après) : le symbolisme dans la Danse macabre. - La

De Cazalis à Saint-Saëns (et après) : le symbolisme dans la Danse macabre. - La danse : “La danse est l'art de mouvoir le corps humain selon un certain accord entre l'espace et le temps, accord rendu perceptible grâce au rythme et à la composition chorégraphique. Il peut s'agir d'un art corporel, d'un rituel, d'un sport ou d'un divertissement constitué d'une suite de mouvements ordonnés, souvent rythmés par de la musique.” (Wikipedia) - “La danse est le premier-né des arts. La musique et la poésie s'écoulent dans le temps ; les arts plastiques et l'architecture modèlent l'espace. Mais la danse vit à la fois dans l'espace et le temps. Avant de confier ses émotions à la pierre, au verbe, au son, l'homme se sert de son propre corps pour organiser l'espace et pour rythmer le temps” (Curt Sachs) - Déverbal de “danser” - étymologie complexe : “Ce terme qui désigne, par opposition aux représentants de ballare (bal*), des formes de danse élégantes et assez solennelles, est propre à la lang. d'oïl et, pour cette raison, d'orig. prob. germanique sans qu'il soit possible d'avancer un étymon certain. À un étymon a. b. frq. *dintjan (> gallo-roman *dintjare) déduit du néerl. deinzen « se remuer en divers sens; s'éloigner, reculer », du frison dintje « trembler légèrement » et de l'isl. dynta « agiter son corps de la tête aux pieds », Falk-Torp, s.v. Deise et Daette (Bl.-W.1-5; FEW t. 15, 2, p. 63 a) s'oppose le -a- de l'ensemble des formes fr. (même si Falk-Torp, loc. cit., fait remonter les mots cités à un germ. *dantison). − L'étymon frq. *dansôn que EWFS2 déduit de l'a. h. all. dansôn « tirer », la danse étant en ce cas à l'origine une sorte de ronde où les danseurs tournaient en s'entraînant, ne peut expliquer, même à travers un gallo-roman *dantsare, l'a. fr. dancier. Levant cette difficulté, V. Günther (ds FEW, loc. cit., p. 63 b, note 4) propose, à partir de l'a. h. all. dansôn (var. apophonique de l'a. h. all. dinsan « tirer, étendre », all. dinsen encore en usage par son part. passé gedunsen « bouffi, boursouflé », v. Graff t. 5, col. 196-197), la formation précoce, vers le viiie s., d'un doublet *dansjan correspondant aux verbes de la 1re conjugaison.” - première occurrence du terme au XIIème s., chez Ch. de Troyes (TLF) - Nous pouvons tirer des deux définitions et des étymons proposés une conceptualisation provisoire de la danse : expérience corporelle consistant à éprouver l’espace et à temporaliser les gestes en une série rythmique de pas é-mouvant une présence comme forme-de-vie. - Le macabre : “Orig. controversée (voir FEW, t. 6, 1, pp. 2a-3a). Les étymol. orientales qui ont été proposées (ar. maqbara, maqbura, plur.; maqābir «cimetière», v. Van Praet cité par Champollion- Figeac, op. cit., pp. 367-368; syriaque meqabberêy, meqabr ey «fossoyeurs», v. Fr. mod. t. 15, pp. 96-98 et Romania t. 71, pp. 408-412) manquant de fondement, il semble préférable de voir en Macabré (lu à tort macabre au xixe s., cf. 1811, supra et Romania t. 18, p. 513) une var. du nom propre d'orig. biblique Macchabée (cf. p. ex. ca 1190, Gui de Cambrai, Vengement Alixandre, éd. B. Edwards, p. 96, 1748 [var. 2e moitié xiiie s.]: Judas Macabrés; ca 1200, 2e Continuation de Perceval, éd. W. Roach, t. 4, p. 500, 32278 [var. xiiie s.]: judas macabre). Quatre cheminements ont été proposés: a) Macabré serait le nom d'un peintre ayant représenté une danse de la Mort dont Jean Le Fèvre se serait inspiré pour un poème, intitulé La dance (de) Macabré, qu'il aurait composé avant Le Respit de la Mort (G. Paris ds Romania t. 24, pp. 129-132; cf. les peintures murales du cimetière des Innocents à Paris, exécutées en 1425, auxquelles fait allusion le J. d'un bourgeois de - Aurélien Marion - - UE 4 - Les Danses des Morts - 1/11 Paris (1405-1449), éd. A. Tuetey, p. 234, qui mentionne un cordelier ayant prêché aux Innocents en avril 1429 «le dos tourné vers les Charniers encontre la Charonnerie, à l'androit de la Dance Macabre»). Contre cette hyp., l'objection de E. Mâle, L'art religieux à la fin du Moy. Âge en France, 1908, cité ds G. Huet, La Danse Macabré ds Le Moy. Âge, t. XXIX, p.152: «jamais, au moyen âge, on n'a désigné une oeuvre d'art par le nom de son auteur». b) Macabré serait le nom d'un poète ayant composé le texte accompagnant des oeuvres picturales représentant une danse de la Mort (G. Huet, op. cit., p. 158: «on a très bien pu désigner, aux xive et xve siècles, la Danse des morts par l'expression Danse Macabré ou Danse de Macabré, le mot Macabré indiquant l'homme qui était considéré, à tort ou à raison, comme l'inventeur du thème»). À l'appui des deux précédentes hyp., l'art. de Machabey ds Romania t.80, p. 124, qui mentionne Maquabré, Makabré, etc., attesté comme nom de famille à partir de 1333, à Porrentruy. c) Selon H. Sperber, The etymology of macabre ds Mél. Spitzer, pp. 391-401, l'auteur d'une danse de la Mort (peut-être Jean Le Fèvre) en aurait attribué le prologue à un «prédicateur», identifié avec Judas Macchabée (en raison du passage de II Macc. 12, 38-46, où est mentionnée la prière pour les morts). d) On a encore supposé (Littré; Gde Encyclop. t. 13, p.884) que la danse Macabré aurait été à l'orig. une danse liturgique, une procession dansée ou un mystère, représentant le martyre des sept frères Macchabées qui moururent l'un après l'autre pour leur foi (II Macc. 7), et où les danseurs disparaissaient tour à tour pour signifier que chaque être humain doit subir la mort (cf. ds Du Cange le lat. médiév. choraea Machabaeorum «danse des Macchabées», représentation scénique donnée dans l'église St Jean l'Évangéliste à Besançon en 1453; en m. néerl. Makkabeusdans, au xve s. ds Romania t. 24, p. 588). Mais cette hyp. se heurte au fait que Macabré est toujours au sing. dans les textes français” (TLF) - toujours est-il que le “macabre” est toujours associé au rapport qu’ont les vivants (cimetière, fossoyeurs, danse, etc.) à la Mort. - Définissons alors très simplement “macabre” comme “vivant-avec-la-mort”. - La danse macabre : “Représentation plastique en forme d'allégorie de toutes les conditions humaines entraînées dans une ronde par la Mort et des squelettes sarcastiques, en honneur du XIVe au XVIIIe siècle, et ornant généralement des églises, des chapelles ou des cimetières.” (TLF) - Cette définition strictement circonscrite aux arts visuels -et excessivement précise- ne doit pas faire oublier que la danse est logiquement antérieure aux arts visuels (le terme de “macabre” existe d’ailleurs avant le XIVème siècle). Définissons-là provisoirement, à partir de nos définitions de “danse” et de “macabre” comme : expérience corporelle consistant à éprouver l’espace et à temporaliser les gestes en une série rythmique de pas é-mouvant une présence comme vivant- avec-la-mort. - Le symbolisme : le symbole est la ligne de fuite bijective de l’imaginaire par rapport au symbolique (et vice-versa) : “sum-ballein” signifie “jeter ensemble” (les deux faces étant le dedans et le dehors de l’imaginaire et du symbolique). Par ex., le mot “squelette” est jeté avec l’image de la mort : leurs rapports tissés avec énoncé et énonciation du mot “squelette” d’une part et présentation et représentation de l’image de l’image de la mort d’autre part font sens. La manière artistique consistant à faire dépendre le sens d’une œuvre de l’ensemble des tissages S-I ainsi travaillés, c’est le symbolisme. Quels symboles Cazalis et Saint-Saëns utilisent-ils pour donner sens poétiquement et musicalement à la danse macabre ? - Aurélien Marion - - UE 4 - Les Danses des Morts - 2/11 I - Du symbolisme poétique à la libération vitale A - Henri Cazalis et la structure du poème “Danse macabre” - Henri Cazalis, né à Cormeilles-en-Parisis (Val-d'Oise) le 9 mars 1840 et mort à Genève (Suisse) le 1er juillet 1909, est un médecin et poète symboliste français. Il se fit connaître sous le pseudonyme de Jean Caselli et, surtout, de Jean Lahor. Il est notamment l’auteur du recueil L’Illusion, publié en 1875, et l’auteur de L'Art nouveau. Il fut par ailleurs, avec Sully Prudhomme, à l’initiative de la création, en 1901, de la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France. Il entretint une correspondance avec Stéphane Mallarmé -qui le surnomme parfois « cher Kakatoès de l’Infini » (lettre de juillet 1866)- de 1862 à 1871. Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique par Camille Saint-Saëns, Henri Duparc, Charles Bordes, Ernest Chausson, Reynaldo Hahn, Édouard Trémisot ou encore par Paul Paray. http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Cazalis http://www.litteratur.fr/?p=283&page=4 - Le poème “danse macabre” est paru pour la première fois dans le tome II de l’ouvrage collectif du “Parnasse contemporain”, recueil publié en 1869. http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Parnasse_contemporain,_II Le poème est composé de 7 quatrains en décasyllabes aux rimes croisées. Le poème entier est utilisé pour le poème symphonique de Saint-Saëns. Mais le livret accompagnant la première représentation ne comportait que les parties en gras (censures des parts uploads/Litterature/ 09-de-cazalis-a-saint-saens-le-symbolisme-dans-la-x27-danse-macabre-x27 1 .pdf

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