cié à deux autres sèmes (mouton/femme) ; la toison est au mouton ce que la chev
cié à deux autres sèmes (mouton/femme) ; la toison est au mouton ce que la chevelure est à la femme, ce qui constitue l’analogie. Tout ceci est plus que banal. Nous risquons donc de laisser échapper la nature purement apostériorique de cette analyse. Nul n’affirmerait que la lecture de cette métaphore passe par le sème P. Celui-ci est plutôt évoqué a posteriori pour expliquer le choix du poète. Le lecteur qui entend « toi son » et s’imagine une chevelure ne pensera qu’au moment de préparer son explication de texte à se poser la question « En quoi une toison est-elle comme une chevelure? » Mais puisqu’aucune étiquette ne distingue dans le texte les métaphores des autres figures, cette question ne peut d’abord se poser qu’en des termes très généraux. Quel est le principe de quasi-identité entre « toi son » et « chevelure » ? Or nous verrons que, pour peu que la question tienne compte du fait que les figures se rencontrent toujours dans un contexte dis cursif, même abstraction faite duquel, la réponse sera déterminée moins par une structure sémantique « objective » que par une expérience imaginaire 2. Dans le texte de Baudelaire, l’aspect animal de « toison » est renforcé par « moutonnant », voire par « encolure »; en même temps le titre du poème nous a déjà appris qu’il s’agit d’une chevelure humaine. Mais n’importe quel contexte où le mot « toison » se référerait à une chevelure, la mimesis mutuelle des deux expériences ainsi évoquées prendrait comme point de départ une similarité intuitive (au toucher, à la vue, par rapport au corps, etc.) qui se prêterait ensuite à l’analyse sémique, dont l’intérêt réside dans son apport cognitif « objectif », c’est-à-dire dans la possibilité qu’elle nous donne de comprendre le principe de cette quasi-identité. Or puisque ce qui est en jeu ici est un rapport entre 1. l’expérience mondaine (directe et indirecte) d’une toison, et 2. l’expérience fictive contextuelle d’une chevelure, c’est-à- dire entre un corpus expérientiel remémoré et une expérience imaginaire pour laquelle ce corpus doit servir de modèle, nous pouvons détacher la métaphore de son contexte sans perdre de vue le principe de la quasi-identité qu’elle évoque, principe que nous pouvons objectiver comme « être-comme 3 ». Or nous verrons que dans le cas des figures non-métaphoriques, ni l’analyse sémique ni la description rhétorique traditionnelle ne nous donnent les moyens de comprendre leur fonctionnement contextuel. En vérité, dès que nous tentons d’expliquer ce fonctionnement en termes d’un effet esthétique, la figure, quelle que soit sa dénomination rhétorique (qui est déterminée, comme nous le savons bien, à partir du rapport non-contextuel entre véhicule et teneur), se ramènera à une espèce de métaphore. Prenons d’abord une des rares métonymies « vives » citées par Fontanier 4 : « Le char n’écoute plus ni la voix ni le frein. » (Delille). Fontanier suggère deux interprétations possibles du mot « char » : (1) comme « synecdoque du tout », c’est-à-dire le tout formé par le char et les chevaux qui le tirent, et (2) (celle qui a sa préférence) comme métonymie pour les seuls chevaux. Or dans les deux cas, nous aurions : char/chevaux = T 5 . L’interprétation favorisée par Fontanier refuse la saisie intuitive immédiate de T, mais comme nous venons de le faire observer, même dans le cas contraire T serait une réalité synthé tique immédiateme nt imaginable, et non un être abstrait, analytique. Dire « char » pour « chevaux », c’est de toute façon faire appel à l’expérience 70 © ÉDITIONS BELIN / HUMENSIS. TOUS DROITS RÉSERVÉS POUR TOUS PAYS - PAGE TÉLÉCHARGÉE SUR LE SITE PO-ET-SIE.FR - VOIR LES « CONDITIONS GÉNÉRALES D’UTILISATION » DE CE SITE. uploads/Litterature/ 1-1977-p58-74-1-pdf-page-13.pdf
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- Publié le Jul 17, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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