1 www.comptoirlitteraire.com présente ‘’L’amour fou’’ (1937) recueil de sept te
1 www.comptoirlitteraire.com présente ‘’L’amour fou’’ (1937) recueil de sept textes d’André BRETON (170 pages) pour lequel on trouve des résumés, chacun suivi d’un commentaire, puis un commentaire de l’ensemble (page 41). Bonne lecture ! _________________________________________________________________________________ 1 Breton évoque le fantasme qui le hante : une scène de théâtre est occupée par des «boys» d’une «revue à grand spectacle», sept ou neuf danseurs en habit noir assis sur un banc, qui «portent les clés des situations» qui le concernent, «leur rôle étant de dévoiler cyniquement les mobiles de l’action». Puis la scène est «barrée d’un rang de femmes assises», «en toilettes claires», elles aussi sept ou neuf. «Entre un homme» qui «les reconnaît» : «ce sont les femmes qu’il a aimées, qui l’ont aimé», et les «boys» sont les amants successifs qu’il a été. Il «tente un rétablissement au trapèze traître du temps». Breton révèle que cet homme n’est autre que lui-même. Il constate la difficulté, même pour «les poètes romantiques», de n’avoir d’amour que pour un être, à cause des «conditions sociales de la vie». Il reconnaît que l’«idée de l’amour unique procède d’une attitude mystique». Il ne doute pas que «le dernier visage aimé» imprime ses traits à tout le rang de femmes ; ce qui ne veut pas dire que la femme aimée actuellement efface les amantes précédentes ; bien au contraire, l’amour unique actuel embrasse les amours antérieures, ce qui «corrobore [...] la notion populaire de ‘’type’’ de femme ou d’homme de tel individu». Il s’intéresse à la beauté nouvelle, «envisagée exclusivement à des fins passionnelles», et déclare : «J'avoue sans la moindre confusion mon insensibilité profonde en présence des spectacles naturels et des œuvres d'art qui, d'emblée, ne me procurent pas un trouble physique.» Après avoir évoqué tout un ensemble de souvenirs littéraires, il revient sur «le mot ‘’convulsive’’» par lequel il avait auparavant qualifié la beauté, pour y voir «l’affirmation du rapport réciproque qui lie l’objet considéré dans son mouvement et dans son repos», proposant alors comme exemples : 2 - «la photographie d’une locomotive de grande allure qui eût été abandonnée durant des années au délire de la forêt vierge» ; - «l’image, telle qu’elle se produit dans l’écriture automatique». Il vante «la trouvaille, qu’elle soit artistique, scientifique, philosophique», qui est «le merveilleux précipité du désir», qui «est recréatrice de désir», qui «a le pouvoir d’agrandir l’univers». Il considère que «la vie quotidienne abonde, du reste, en menues découvertes de cette sorte, où prédomine fréquemment un élément d'apparente gratuité, fonction très probablement de notre incompréhension provisoire, et qui [lui] paraissent par suite des moins dédaignables.» Il indique qu’il faut être prêt à la survenue de l’amour, et même essayer de le susciter par des comportements magiques, en essayant d’obtenir une divination par la manipulation de cartes. Or il rapporte un événement survenu «le 10 avril 1934, en pleine "occultation" de Vénus par la lune» : «dans un petit restaurant», il entendit le plongeur s’exclamer : «Ici, l'Ondine !», et la servante avoir cette «réponse exquise, enfantine, à peine soupirée, parfaite : "Ah, oui, on le fait ici, l'On dîne !» Il termine par cette phrase : «La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique- circonstancielle ou ne sera pas.» Commentaire Dans ce texte de dix-huit pages, Breton passa de l'évocation d'une scène fantasmatique à des réflexions diverses sur l'amour, sur la beauté, sur la «trouvaille», etc., pour aboutir à une anecdote inattendue et anodine et, enfin, à une prise de position esthétique. Au passage, on admire des fusées poétiques sans toutefois être sûr de les bien interpréter : - «L’oubli» serait, par une belle antithèse, «la bête féroce à tête de larve.» (page 6). - Que faut-il voir dans «le merveilleux petit soulier à facettes [qui] s’en allait dans plusieurs directions» (page 6)? - Alors qu’il est dit que les «boys» et les «femmes» de la scène initiale forment «deux impossibles tribunaux», il apparaît ensuite que «la même rivière tourbillonne, griffe, se dévoile et passe, charmée par les pierres douces, les ombres et les herbes» et que «l’eau, folle de ses volutes [est] comme une vraie chevelure de feu.» (page 6). On ne voit pas quelle est la liaison des idées entre les «tribunaux» et la «rivière» ! - Le «trouble physique» que doit procurer à Breton «la beauté nouvelle» serait «caractérisé par la sensation d'une aigrette de vent aux tempes susceptible d'entraîner un véritable frisson» (page 9). - Un exemple de «beauté convulsive» est donné par «la photographie d’une locomotive de grande allure qui eût été abandonnée durant des années au délire de la forêt vierge» (page 12). - Le désir est décrit comme «la bête aux yeux de prodiges», qu’on peut «espérer faire surgir à volonté», «forcer dans sa retraite» (page 17). Mais l’expression de Breton est souvent caractérisée ici aussi par la lourdeur, le manque de clarté et l’incohérence qu’il se plut à cultiver. On lit : - «Il se pourrait que [...] le jeu de substitution d’une personne à une autre, voire à plusieurs autres, tende à une légitimation de plus en plus forte de l’aspect physique de l’être aimé, et cela en raison même de la subjectivation toujours croissante du désir.» (page 8) ; peut-on tenter cette clarification : «Il se pourrait qu’en matière d’amour le passage d’une personne à une autre, voire à plusieurs autres ait pour conséquence que s’impose d’autant plus l’aspect physique de l’être aimé, parce que le désir ne cesse de se préciser»? - Dans «la notion populaire de ‘’type’’ de femme ou d’homme de tel individu» (page 8), il faut, semble- t-il, comprendre : «l’idée, qui est populaire, selon laquelle chaque individu apprécie tel ou tel «type de femme ou d’homme». - «L’affirmation du rapport réciproque qui lie l’objet considéré dans son mouvement et dans son repos» (page 12) laisse perplexe car on se demande avec quoi «l’objet» a un «rapport réciproque», à quoi il serait lié ! 3 - «L’attention se ferait plutôt briser les poignets que de se prêter une seconde, pour un être, à ce à quoi le désir de cet être reste extérieur.» (page 17) pourrait être traduit ainsi : «Chaque être ne peut absolument pas accorder son attention à autre chose que la satisfaction de son désir». De plus, Breton assène au lecteur un ensemble d’allusions à des individus, des écrivains ou à des oeuvres dont beaucoup ne peuvent lui être connues : - Les «boys» du début auraient «un antécédent» dans «l’’’Haldernablou’’ de Jarry» (1894). C’est une pièce de théâtre d’inspiration homosexuelle, où Ablou est un jeune homme prisonnier d'un rêve et d'un parc où il rencontre d'étranges personnages qui tentent de l'enfermer un peu plus dans ce long sommeil. - Les «poètes romantiques» cités sont Shelley, Nerval et Arnim (page 6). Mais, si sont bien connus les deux premiers, l’Anglais Percy Bysshe Shelley (1792-1822), auteur en particulier du poème ‘’Prometheus unbound’’ (1820), et le Français Gérard de Nerval (1808-1855), auteur en particulier du recueil de sonnets ‘’Les chimères’’ (1854), le troisième, l’Allemand Achim von Arnim (1781-1831), l’est beaucoup moins et n’est même devenu quelque peu connu que par l’initiative de Breton qui, en 1933, avait voulu faire redécouvrir cet écrivain au génie si singulier en publiant ses ‘’Contes bizarres’’ qui furent d’ailleurs illustrés par sa compagne d’alors, Valentine Hugo. - De Pierre Louÿs (page 10), écrivain de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, il cita un passage d’un «conte», hommage à l'amour courtois transposé à la Grèce antique intitulé ‘’Dialogue au soleil couchant’’ (1903 où la jeune Melitta dit exactement au chevrier Arcas qui lui fait la cour : «Ma mère m’a défendu d’écouter aucun homme. Je suis ici pour garder mes brebis laineuses et leur faire brouter l’herbe jusqu’au soleil couchant. Je ne dois pas entendre la voix des garçons qui passent sur la route avec le vent du soir et les poussières ailées.» - Page 10, avec les noms de Baudelaire, de Mallarmé (dont il cite : «Alors, comme la nuit vieillissait» qui est plus exactement : «Et maintenant, comme la nuit vieillissait», dans le texte de prose intitulé ‘’Ulalume’’ [1863] qui était la traduction du texte, du même titre, de Poe), de Cros (Charles Cros [1842-1888]), de Nouveau (Germain Nouveau [1851-1920]) et de Paul Valéry, Breton rappelait ses premières admirations. - Il leur avait vite préféré Rimbaud, dont il mentionne le «Mais que salubre est le vent» de son poème ‘’La Rivière de Cassis’’ (page 10) qui fait partie de ses ‘’Derniers vers’’. - Il préféra surtout celui auquel il donne son nom véritable, Isidore Ducasse (1846-1870), puis son pseudonyme plus connu, Lautréamont, qui fut l’auteur des ‘’Chants de Maldoror’’ et des ‘’Poésies’’ (page 11) ; Soupault le lui avait fait découvrir en 1917, et il allait être son grand modèle, l’impressionner par ses «beau comme» («Beau comme la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection») qui «constituent le manifeste même de la beauté convulsive» (page 11). - D’Apollinaire (page 11), Breton minimisa uploads/Litterature/ 638-breton-l-amour-fou.pdf
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- Publié le Sep 27, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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