RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix – Travail – Patrie ********** UNIVERSITÉ DE DSCHANG

RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix – Travail – Patrie ********** UNIVERSITÉ DE DSCHANG ****** FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES ******* REPUBLIC OF CAMEROON Peace-Work-Fatherland ****** UNIVERSITY OF DSCHANG ****** FACULTY OF LETTERS AND SOCIAL SCIENCES AND HUMAN SCIENCES Année académique 2016-2017 MASTER 1 MAT 711 : ANALYSE DU DISCOURS Ecriture et Histoire : Essai d’analyse pragmatico-discursive de la nouvelle Le monarque tirée du recueil de nouvelles Les vins aigres de Gabriel Kuitche Fonkou. Travail réalisé par SOH SOKOUDJOU Jovanie Stéphane Matricule : CM-UDS-13LSH1441 Filière : Études Françaises et Francophones (EFF) Cours du Professeur TANDIA PLAN INTRODUCTION I-DISCOURS ET PARATOPIE 1-Entre créativité littéraire et réalité sociale 2-Esthétique de la ruse Vs esthétique de l’impuissance II-DISCOURS : UNE RHETORIQUE SOPHISTE 1-Le comique de situation et ironie du sort 2-Des promesses aux réalisations : un leurre III-TEXTE COMME MEMOIRE ET POSITION IDEOLOGIQUE DE L’AUTEUR 1-Le discours, une mémoire sociale 2-Le positionnement idéologique de l’auteur IV-LES ENJEUX PRAGMATIQUES DU DISCOURS 1-Enjeux politico-historiques 2-enjeux sociaux 3-Enjeux individuels CONCLUSION REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES INTRODUCTION Défini comme « une intrication d’un texte et d’un lieu social, c’est-à-dire que son objet n’est ni l’organisation textuelle ni la situation de communication, mais ce qui les noue à travers un mode d’énonciation spécifique »1, le discours est une notion très large qui a élargi son champ d’application dans les textes littéraires et non littéraires. Son étude a donné naissance, dans les années 60, à une grande discipline appelée Analyse du discours2dont les estampilles et son importance dans les études littéraires et la vie ne sont plus à démontrer. D’une manière générale, l’intérêt que l’on accorde à cette discipline réside dans le fait qu’elle renonce à « l’idole du texte absolu et contribue à rétablir des ponts : entre l’auteur et son destinataire, […], entre « l’œuvre » et la « vie », entre la littérature et l’institution, […], entre la scène d’énonciation et le texte, entre le texte et ses conditions matérielles d’existence, lesquelles participent du « message » même »3. Toutefois, à une période où « l’écriture tend à devenir immatérielle, et le texte sous sa forme classique perd de son pouvoir4, notre présente étude se situe dans le dépassement de cette conception et cherche à redonner son envergure d’antan à la littérature qui reste et demeure, à notre avis, le pôle d’excellence de restitution des réalités sociales propres à certains milieux sociaux donnés et à des périodes bien définies. A cet effet, nous avons choisi comme corpus d’étude la nouvelle Le monarque, extraite du recueil de nouvelles Les vins aigres de Gabriel Kuitche Fonkou et publié en 2008, une année, dans l’histoire du Cameroun, marqué par un grand soulèvement de la population. Il sera question pour nous d’interroger les mécanismes linguistiques mis en place par cet auteur pour restituer l’histoire de la société Camerounaise à cette période de son histoire. Ainsi, nous commencerons notre analyse par présenter le discours comme paratopie (I), ensuite nous questionnerons le discours en tant que rhétorique sophiste5 (II), puis comme lieu de mémoire 1 Maingueneau Dominique, « Les apports de l’analyse du discours à la didactique de la littérature », Le français aujourd’hui, 2003/2 (no 141), P. 73-82. 2 Nous nous référons ici à l’ouvrage de Zellig Harris, 1952, Analyse du discours, Langages no 13, 1969. 3 Maingueneau D. Ibidem. 4 Confert Tzvetan Todorov, 2006, Littérature en péril, Paris, Flammarion ou Dominique Maingueneau, 2006, Contre Saint Proust ou la fin de la littérature, Paris, Belin. 5 Nous pensons bien évidemment au sens premier de la rhétorique selon les sophistes c’est-à-dire un artifice, une manipulation des esprits à des fins personnelles. et la position idéologique de l’auteur (III), enfin nous ressortirons les enjeux pragmatiques discursifs (IV). Pour y parvenir, nous appliquerons quelques méthodes d’analyse à l’instar de : la sociocritique de Lucien Goldman ou Georges Lukacs afin dévoiler la sociologie du texte que nous étudions ; la narratologie théorisée par Gérard Genette pour voir comment le texte est lui-même organisé en tant que produit autonome et clos au sens structuraliste ; ainsi que l’énonciation pour voir le rapport qu’entretient le narrateur avec son texte. I- DISCOURS ET PARATOPIE Le discours est une notion qui a longtemps fait l’objet de nombreuses controverses. En ce qui concerne le discours littéraire qui nous intéresse ici, plusieurs discussions augurant sa mort6 se sont faites, ceci dû à ses méthodes d’analyse frisant le structuralisme ou le nomadisme, pour s’approcher de la théorie de Marcel Proust dans son Contre Sainte-Beuve7où il clame la mort d’un intérieur et l’autonomie d’un extérieur. Or, peut-on véritablement réduit la signification du texte littéraire à sa simple structure ? Cette préoccupation a été le projet de recherche de Dominique Maingueneau qui, en y travaillant, introduit la notion de paratopie. Cette dernière, affirme-t-il, n’est qu’une symbiose entre « L’espace littéraire et la société ». Il continue : « La paratopie n’est pas une situation initiale : il n’est de paratopie qu’élaborée à travers une activité de création et d’énonciation »8. De ce qui précède, une lapalissade est déclarée : le texte et le contexte ne font qu’un. Pour démontrer cette évidence, nous focaliserons notre attention sur deux points : entre créativité littéraire et réalité sociale, puis esthétique de la ruse, esthétique de l’impuissance. 1- Entre créativité littéraire et réalité sociale A la lecture minutieuse de notre corpus, on remarque très vite que l’information est véritablement mise en avant, dans le dessein de véhiculer l’image d’une société à un moment donné de son histoire. D’entrée de jeu, la première satire va à l’endroit du gouvernement gérontocrate dont l’autorité ne cesse d’expier les espoirs des jeunes générations. L’auteur en rend compte à travers l’hyperbole : « Le peuple depuis soixante ans subissant le joug d’un monarque maintenant plus que centenaire » P.131. Ces propos excessifs, rendent bien compte de la vieillesse du dirigeant, ce qui suscite maintes interrogations sur ses capacités à tenir encore des jugements utiles et bénéfiques pour le village dont il a la charge de présider aux destinées. Du coup, un sentiment du peuple opposé à celui de la « vieille couche » se lit dans cette antithèse : « Les jeunes générations […] souhaitaient sa disparition, tandis que la vieille couche aurait tout donné pour qu’il vive encore deux fois son âge actuel, en sa compagnie bien sûr » P.131. L’impression qu’on a est celle d’une jeune génération sacrifiée au détriment d’une vieille couche dont le souhait est de pérenniser son hégémonie. C’est une vieille couche qui n’a cure des handicaps de la jeunesse, une vieille couche dont la politique se résume à 6 Maingueneau D. et Tzvetan T., Ibidem 7 Marcel proust, 1954, Contre sainte-Beuve, Paris, Seuil. 8 Maingueneau, ibid. l’égocentrisme et à la défense des intérêts personnels. Bien plus, un autre trait sarcastique est mis en exergue ici : celui de la corruption. En effet, le pouvoir paraît comme une boîte de pandore dont seuls les avertis et les âmes bien nées en jouissent. Cela suppose le recourt à certaines pratiques qui paraissent prohibées. C’est le cas de la conquête de certains postes de responsabilité au prix de certains sacrifices : « Au bout, plus aucune réserve d’huile, d’argent, de bois, presque plus de filles nubiles. Tous sacrifiés par les propriétaires légitimes ou frauduleux, sur l’autel de l’acquisition des titres de notabilité et de l’accession aux sociétés secrètes […] » P.132. La recherche des « grands postes » ainsi matérialisée se présente comme un atout qui suscite de la part de ses conquérants, le recours à des pourparlers pour leur acquisition. Ce sont des sacrifices qu’une fois faits, se transforment en privilège dont jouiront les fraudeurs et leur progéniture. Ce passage à l’allure d’un poème, rythmant comme une métaphore aquatique, fait écho à notre affirmation : « Vive la loi naturelle Le torrent se jettera dans le ruisseau Le ruisseau dans la rivière La rivière dans le fleuve Le fleuve dans la mer Vive la loi naturelle Et pas de mauvaise conscience Aucun cours d’eau ne remontera son cours Et la mer n’est pas la mère Elle s’engraisse sans répit Tant pis pour les dépits Du petit peuple saigné Vive la loi naturelle » P.133. De cette métaphore, on peut construire le champ notionnel de l’eau ainsi qu’il suit : Torrent→ Ruisseau→ Rivière→ Fleuve → Mer. Ces cinq lexèmes, pas anodins et allant du plus petit au plus grand ou tout au moins du moins influent au plus influent, tracent une ligne de filiation qui renvoie métaphoriquement ici au genre humain pour montrer le caractère héréditaire du pouvoir ou des richesses du peuple confisquées par une minorité (vers 8) sans vergogne (vers 7). On peut déduire que les détracteurs du pouvoir le conçoivent comme une propriété privée qui se lègue de père en fils et ainsi de suite. Par ailleurs, de par la métaphore « Et la mer n’est pas la mère » (vers 9), un paradoxe en découle : si l’on considère la « mer » comme la mangeoire9 et la « mère », au sens biblique ou humain du terme c’est-à- dire uploads/Litterature/ analyse-du-discours 1 .pdf

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