Anne Ubersfeld, Le Roi et le bouffon, essai sur le théâtre de Victor Hugo, édit
Anne Ubersfeld, Le Roi et le bouffon, essai sur le théâtre de Victor Hugo, éditions José Corti. Édition José Corti. José Corti Édité pour la première fois en 1974, cet essai sur le théâtre de Victor Hugo fit date. Plus de 25 années après, et avant le bicentenaire de l’une nos gloires nationales, Anne Ubersfeld nous en propose une version revue. Même si, intellectuellement, Victor Hugo remporta la bataille d’Hernani, son théâtre fut un échec renouvelé – ce qu’étudie la première partie consacrée à la genèse des drames et à leur accueil par la critique et le public. Hugo, tout arriviste qu’il soit, refuse de flatter, tour à tour l’élite et le grand public. Il s’efforcera de créer un nouveau public qui serait un et populaire, en donnant la même année une pièce à la Porte Saint-Martin et l’autre à la Comédie Française, déjà subventionnée. Les drames de Hugo ont été approuvés ou condamnés (surtout condamnés) en fonction d’une idéologie qui n’était pas la sienne ou, plus exactement, pas la leur. Ce que ses ennemis ne peuvent pas lui pardonner et ce que ses amis ne peuvent pas comprendre, c’est une subversion de plus en plus affirmée de l’écriture dramatique, c’est l’invention d’un code qui n’est ni celui de la tragédie, ni celui du drame bourgeois, ni celui du mélodrame : l’utilisation simultanée du sublime et du grotesque. Si le théâtre de Hugo ne fut pas de son temps, c’est pour quatre raisons essentielles : – Le poète se détache du je lyrique ; – Il fait parler le je grotesque ; – Ce je étant théoriquement inapte à la parole, la parole du grotesque-peuple finit par n’être plus parole de personne ; – Cette mise en question du sujet entraîne la destruction simultanée du je et de l’autre. Si notre temps l’accepte, c’est par l’inacceptable cruauté de Hugo, proclamant la légitimité de la revendication du monstre et l’anéantissement mutuel du bourreau et de la victime. PREMIÈRE PARTIE Introduction 7 I. – 1830 A) Retour au théâtre Le moi fracturé. – La faille de l’histoire. – La blessure du moi et le drame personnel. – Fatalité individuelle, fatalité historique. – Une pause : roman ou drame ? – Notre-Dame de Paris. B) La courtisane et le roi décapité : projets La Mariposa, personnage. – Sabina Muchental. – Gennaro. La Mariposa (Histoire de Don Pantaleon Sá). – L’enfance de Pierre le Cruel. – Philippe II. – La mort du roi : Louis XI. – Charles Ier. – Justification de Bonaparte (la mort du duc d’Enghien). – Le masque de fer. – Néron, tragédie romaine. – Projets abandonnés. II. – HUGO ET LE THÉÂTRE : 1830-1831 A) Hugo et les théâtres dans l’été 1830 Les théâtres et leur public : Théâre Français, Odéon, Porte Saint-Martin. – L’irritante question de la subvention. – Décadence des subventionnés. – La censure. B) Marion de Lorme et le choix d’une scène Adieux à la Comédie. – Avoir un théâtre : reprendre les Français ? – Le projet de Dumas et de Hugo, son échec. – La Porte Saint-Martin, tractations et traité : Hugo se lie à ce théâtre. C) Une épreuve : Marion de Lorme à la scène Marion jouée : mise en scène et distribution. – Didier pardonne : Hugo écrit un nouveau dénouement. – La représentation : public, interprétation, recettes. – La presse – les critiques se réservent : incertitudes, partage non politique de l’opinion. – Passions et passion. – Marion et l’histoire : hésitation de la presse. – Le rire et la mort : le grotesque. – On oppose à Hugo le grand siècle. – Hugo n’est pas fait pour le théâtre ; – l’article de Nodier. – On voit naître les grandes accusations encore peu assurées d’elles-mêmes. III. – L’ANNÉE 1832 A) Le double projet de 1832. La Préface de Marion. – Guizot et l’Éloge de Shakespeare : une poétique paternaliste : le théâtre et le peuple ; – civiliser le peuple ; – peuple et nation : une confusion générale. – « Le peuple que le théâtre civilise » : la thèse de Hugo, ses rapports avec celle de Guizot ; changement de lieu du peuple ; – contre un théâtre politique ; – défense et illustration d’une idéologie ; – celle de Guizot ? quelque différences à la base. – « Le peuple où tout va », le peuple destinataire ; qu’est- ce que le peuple pour Hugo ? Comment faire exister le peuple ? Les solutions ; – le double projet : investir le théâtre par le moyen des deux grandes scènes et par une sorte de travail croisé. B) Juana ou le repaire de la Guérilla Un drame moderne. – La Tor Quemada. – Adieux à Napoléon : l’histoire irréconciliable ; – pas de drame un. C) Le roi s’amuse Genèse : richesse des renseignements génétiques. – Le Jocrisse et Corcova. – Encore la Mariposa II. – Le drame paternel : Lessing, Emilia Galotti. – Premiers fragments : Corcova (printemps 1830). – Notre-Dame de Paris et Quasimodo. – Rabelais et Triboulet : le Tiers Livre. – Scarron. – Les Deux Fous de P. Lacroix ; Le Roi et le Fou ; – un seul bouffon – concentration et aspect passionnel ; – transformation de la structure en miroir. – Lectures de Hugo. – L’avant-texte. – La révélation. – Maguelonne. – La décapitation : brouillon de la tirade de Saint-Vallier. – Hugo écrit le Roi s’amuse. – Le Roi s’amuse au Théâtre Français. – Le contrat. – Ligier pleure, Bocage s’en va : distribution, décors, costumes. Le grand Coësre et le bey de Titeri. La représentation. Le manuscrit de théâtre : l’auto-censure de Hugo après la première. – Caliban : Le Roi s’amuse et la presse. – La critique dans la réprobation ; – les bienséances. – Le grotesque : le bouffon ; Rolle dans le National analyse le rôle du laid : Caliban ; la double nature ; le grotesque populaire : la trivialité ; Hugo et la matière toute pure – que Hugo renonce au théâtre ! – Une provocation : acharnement général ; le drame de Hugo est tenu pour provocateur. D) Une bataille perdue : le procès du roi s’amuse La pièce interdite : suspension, interdiction ; Hugo intente un procès à la Comédie, pour lutter indirectement contre la censure ; la presse libérale obligée de le soutenir. – La pudeur des gendarmes : la Préface du Roi s’amuse. – Le procès : un avocat libéral. – La thèse de Hugo ; il veut Odilon Barrot pour avocat. – L’audience : plaidoirie d’Odilon Barrot. – La plaidoirie de Hugo : la liberté accuse. – La réponse de Chaix d’Est-Ange, avocat du ministère, présentant la défense de la censure préventive et soutenant la légalité de l’interdiction. – Le jugement : le tribunal se déclare incompétent. – Fortune du Roi s’amuse : cinquante ans après. E) Lucrèce Borgia Genèse : Ma vie est en deux parts : Avant-texte et brouillons. – La peste Borgia : Sources historiques : Comines ; – Brantôme ; – Sismondi ; – Guichardin ; – Alexandre Gordon (la Vie du Pape Alexandre VI). – La Tour de Nesle : Lucrèce Borgia, réécriture. – La Gaule poétique de Marchangy, fausse source ? – Portrait d’un monstre : la Vie de César Borgia, de Tomasi. – Le duo d’amour et son effacement : l’écriture de Lucrèce ; rapidité relative : les tranches quotidiennes du 8 au 20 juillet. – Ajouts et modifications : le problème capital du dénouement et les additions ultérieures. Un triomphe Lucrèce aux Boulevards : tractations avec la Porte Saint-Martin. – Le traité. – Monstres sacrés : Georges et Frédérick. – Mise en scène : distribution, décors, Hugo metteur en scène. – Une revanche : triomphe de Lucrèce. Accueil nuancé Succès : la presse le constate ; Hugo a) est devenu classique ; b) a écrit un mélo. – Critiques modérées : Hugo s’est assoupli (mais ce n’est pas encore suffisant). – L’action dramatique : en général éloges. – Le monstre : réticences devant le monstre Lucrèce ; violence et immoralité. – Mélodrame : Lucrèce est un mélo pour la Porte Saint-Martin. – Gustave Planche et l’idéologie libérale : la poétique de Hugo est une poétique matérielle ; elle occupe la vue, non l’âme. IV. – Un point d’aboutissement : Marie Tudor Genèse : Un conflit. – Un texte de commande ; – la querelle avec Harel : un duel manqué ; – Hugo promet une pièce. – Origine de Marie Tudor : une documentation déjà ancienne que Hugo rafraîchit. – La reine et le favori : documentation historique : une longue liste empruntée au catalogue de la Bibliothèque Royale ; – l’ouvrage de base : Griffet, Nouveaux éclaircissements sur l’histoire de Marie ; – Le Livre, d’Antonio Perez, met l’accent sur la chute du favori. – Date de ces lectures : vers 1829 (la Mariposa II ?) ; liens avec le projet Philippe II. – Amy Robsart ; – Christine. uploads/Litterature/ anne-ubersfeld.pdf
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- Publié le Jan 12, 2022
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