Gabriel Manessy Marcel d'Hertefklt et André Coupez, La Royauté sacrée de l'anci
Gabriel Manessy Marcel d'Hertefklt et André Coupez, La Royauté sacrée de l'ancien Rwanda In: L'Homme, 1966, tome 6 n°2. pp. 124-125. Citer ce document / Cite this document : Manessy Gabriel. Marcel d'Hertefklt et André Coupez, La Royauté sacrée de l'ancien Rwanda. In: L'Homme, 1966, tome 6 n°2. pp. 124-125. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1966_num_6_2_366796 COMPTES RENDUS AFRIQUE J. Vansina, R. Mauny et L. V. Thomas (eds.), The Historian in Tropical Africa. Studies presented and discussed at the fourth International African Seminar at the University of Dakar, Sénégal, 1961. Londres, Ibadan, Accra, Oxford University Press, 1964, 428 p. Cet ouvrage, dont la formule bilingue (introduction en anglais et français, texte des inte rventions rédigé dans la langue maternelle de l'auteur et résumé en anglais ou français) nous paraît excellente, constitue une mise au point sur l'état des techniques historiques et des résultats obtenus dans ce domaine en Afrique jusqu'à la date du séminaire de Dakar, 1961. Ce séminaire a certainement contribué à l'essor des recherches historiques en Afrique, qui se sont multipliées depuis lors sous la triple impulsion des gouvernements intéressés, de la prise de conscience généralisée en Afrique de l'existence d'une histoire précoloniale, et de la mise à la disposition des chercheurs de sources et de publications de première main. Les responsables de la publication de ce volume sont également les auteurs des quatre chapitres introductifs où ils résument les différents aspects abordés au cours des discussions. Le pre mier chapitre examine les techniques de l'histoire : traditions orales, archéologie, ethnologie, linguistique ; le deuxième examine la position de l'historien devant l'Afrique moderne : tâches de l'historien, attitudes africaines face aux mythes et aux traditions orales, histoire africaine et pensée contemporaine en Afrique. Le troisième se rapporte à deux aspects par ticuliers : histoire économique et développement des systèmes étatiques, tandis que le dernier est consacré à quatre synthèses d'histoire régionale : influence des Mandé en Afrique occi dentale, aperçu d'histoire de l'Afrique orientale, diffusion des États centralisés dans le bassin méridional du Congo et l'Afrique du Sud-Est avant la création de l'Empire du Monomotapa. La deuxième partie de l'ouvrage reproduit les communications des participants au col loque, qui servirent de base pour la discussion tant des méthodes que des faits. L'extrême diversité de ces communications reflète bien l'hétérogénéité des méthodes et des résultats obtenus, mais aussi la préoccupation commune selon laquelle « l'histoire de l'Afrique ne saurait être une histoire à part, une histoire mineure » ; le terme d'ethno-histoire se trouve ainsi réduit à son sens le plus technique : « ensemble des procédés qu'utilise l'historien, le plus souvent privé de documents écrits et réduit à l'information orale ». Ariane Deluz Marcel d'HERTEFELT et André Coupez, La Royauté sacrée de l'ancien Rwanda ; texte, traduction et commentaire de son rituel, Tervuren, Musée Royal de l'Afrique centrale, 1964 {Annales; série in-8° ; « Sciences humaines », n° 52), 520 p., 2 cartes, ill., bibliographie. L'ouvrage de M. d'Hertefelt et de A. Coupez est extraordinaire par sa nature autant que par son contenu. Il s'agit de l'édition d'un texte non pas recueilli directement, comme COMPTES RENDUS 125 de coutume, de la bouche d'un informateur, mais remis aux auteurs sous la forme d'un manus crit dactylographié rédigé en langue rwanda, dans l'orthographe courante qui ne marque ni la tonalité, ni la quantité vocalique. L'établissement du texte a donc exigé un patient travail d'analyse philologique, tout à fait insolite en linguistique négro-africaine. D'autre part ce manuscrit contenait dix-sept des dix-huit « voies » constituant le code rituel, secret et sacré, de la royauté rwandaise, demeuré en vigueur jusqu'à l'abolition de cette institution en 1961. Enfin, ce rituel a été recueilli dans la forme même sous laquelle les spécialistes (abiiru) se le transmettaient de génération en génération. Des règles très strictes garantis saient l'exactitude de cette transmission. Le texte était divisé en un certain nombre d'unités dont chacune était confiée à la mémoire d'un individu ou d'un lignage ; les attributions se recouvraient partiellement, de manière à éviter la perte d'un passage et à permettre les contrôles, le roi organisant des séances de récitation ; le ritualiste défaillant risquait en prin cipe la mort. Cette abondance de précautions s'explique par l'efficacité de ces « voies », livrets de cérémonies dont dépendaient la paix et la prospérité du royaume. Il est remarquable que la langue du rituel ne présente cependant aucun caractère d'archaïsme, sauf, bien entendu, en ce qui concerne le vocabulaire technique ; cela donne à penser que les ritualistes et les souverains attachaient plus de prix au contenu qu'à la lettre des formules et ne voyaient pas d'inconvénient à moderniser des tournures vieillies. Il en résulte que ce texte ésotérique est parfaitement intelligible, du moins dans la forme que lui ont donnée M. d'Hertefelt et A. Coupez, et grâce aux commentaires précis dont ils l'ont pourvu. Une transcription phonologique rigoureuse a été substituée à l'orthographe du manuscrit original. La traduction est « aussi concise et littérale que le permet le français », en tout cas d'une langue correcte et claire. Les dix-sept « voies » ont été regroupées sous quatre rubriques : rituels de fertilité occasionnels (I à V) ; rituels périodiques (VI à IX) ; rituels guerriers (X à XIV) ; accession au pouvoir royal (XV à XVII) ; chacune de ces parties est précédée d'une introduction où sont élucidées les motivations et les fins des rituels décrits. Le commentaire des textes eux-mêmes est rejeté à la fin, sous la forme de notes abondantes et parfois très développées. La dernière partie de l'ouvrage est constituée par un triple index : index des mots rwanda qui présentent un intérêt particulier par leur forme ou leur contenu ; index « anthropologique » qui renvoie, lui, à la traduction et où sont commentés un grand nombre de noms propres et quelques termes techniques intraduis ibles ; index français qui est plutôt un glossaire, avec renvois éventuels aux notes du commentaire . Il est probable qu'un tel ouvrage fera date et servira de modèle pour des entreprises analogues, si du moins le temps n'est pas déjà passé de les tenter. On regrettera donc que les auteurs n'aient pas cru devoir reproduire le manuscrit original, ni, à tout le moins, pourvoir leur texte d'un apparat critique qui eût permis aux spécialistes d'évaluer le bien-fondé des leçons adoptées. Cette omission, probablement justifiée par le souci de ne pas alourdir un volume déjà fort épais, n'ôte que peu de chose à l'intérêt linguistique de cette monographie et rien à l'importance qu'elle présente pour l'ethnologue et pour le sociologue. Il faut savoir gré aux auteurs de n'avoir pas voulu, malgré un programme de recherches très chargé, différer la publication d'un texte inopinément tombé entre leurs mains, et d'avoir apporté tant de soins à son élaboration. G. Manessy Marie- José Tubiana, Survivances préislamiques en pays Zaghawa, Paris, Institut d'ethnologie, 1964, 199 p. ill., cartes, index, bibl., 24 x 15 cm. Le contenu du livre est plus riche que ne l'indique le titre. Parler de « survivances » sug gère en effet qu'au sein d'un corps de croyances nouvelles subsistent des lambeaux d'anciens cultes dont le sens s'est obscurci et dont l'ensemble ne pourrait être reconstitué qu'au terme d'une enquête historique. Or, Mme Tubiana nous apporte bien davantage, pour deux raisons uploads/Litterature/ article-hom-0439-4216-1966-num-6-2-366796.pdf
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- Publié le Jui 04, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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