EHESS Histoire de la Sénégambie du XVe au XVIIIe siècle: un bilan (The Precolon

EHESS Histoire de la Sénégambie du XVe au XVIIIe siècle: un bilan (The Precolonial Period in Senegambia, 15th to 18th Century) Author(s): Charles Becker Source: Cahiers d'Études Africaines, Vol. 25, Cahier 98 (1985), pp. 213-242 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/4391965 Accessed: 06/09/2009 08:35 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of JSTOR's Terms and Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp. JSTOR's Terms and Conditions of Use provides, in part, that unless you have obtained prior permission, you may not download an entire issue of a journal or multiple copies of articles, and you may use content in the JSTOR archive only for your personal, non-commercial use. Please contact the publisher regarding any further use of this work. Publisher contact information may be obtained at http://www.jstor.org/action/showPublisher?publisherCode=ehess. 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EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers d'Études Africaines. http://www.jstor.org NOTES ET DOCUMENTS Charles Becker Histoire de la Senegambie du Xve au XVIIIC siele: un bilan* Trois reflexions preliminaires permettront d'introduire ce bilan, forcement partiel, de l'histoire de la Senegambie entre le milieu du xve siecle (soit la decouverte europeenne et la production des premieres sources ecrites europeennes) et la fin du xvIIIe siecle (c'est-a-dire le toumant que constitue le passage progressif de la traite des esclaves au (( commerce legitime )). i. Nous parlerons d'histoire et d'historien dans un sens a la fois precis et tres large. L'histoire est une discipline et un discours sur le passe de groupes sociaux plus ou moins 'tendus, sur leur vie materielle, culturelle, politique. II n'est pas question de la re'duire 'a un discours universitaire: au contraire, le discours historique est multiple, et la reconnaissance de chacune de ses formes, de leurs specificites et de leurs limites aussi, est indispensable 'a la reconstitution du passe. Plus: l'histoire universitaire parait souffrir lourdement de son quasi-complexe de supe- riorite sur l'histoire traditionnelle, dont toutes les voies n'ont pas ete explorees, sinon tres mal. Ainsi la promotion de l'histoire passe-t-elle par l'interrogation de toutes les sources disponibles - bien que parfois cachees - sur un evenement ou sur une periode ancienne. Activite critique sur toutes ces sources, l'histoire ne peut etre que le fruit d'une collaboration honnete et franche entre des chercheurs qui ne seront jamais des observateurs neutres, (( surplombant )) i la fois le passe et les societes actuelles oiu ils exercent leur metier. 2. Nous n'entrerons pas dans le debat concernant le statut de l'histoire parmi les sciences sociales, ou plutot par rapport i I'anthropologie. Rappelons seulement qu'il a fallu longtemps pour que soit reconnue la possibilite d'une histoire africaine et que l'ethnologie a trop souvent etudie les societes dans une perspective an-historique. Si les discussions au sujet de l'ethno-histoire sont, dans une large mesure, depassees, elles ont neanmoins clarifie certains problemes et permis de mieux X Cet article est la version l6gErement remaniee d'une communication, intitule ((La p6riode ' precoloniale 'ou la S6n6gambie du xve au XVIIIe sicle )), pr6sent6e au premier colloque de l'Association des historiens senegalais, qui s'est tenu A, Dakar (2I-24 mai 1982). Caihiers d'tItudes africaines, 98, XXV-2, I985, pp. 2I3-242. 2I4 CHARLES BECKER definir la tache de l'historien. Citons par exemple A. Leroi-Gourhan (I975 : I3): (( L'intervention du temps dans les sciences humaines et particuli6rement en ethno- logie se traduit sous trois aspects qu'il est difficile de consid6rer tout a fait comme compl6mentaires. Le premier est fond6 sur les documents 6crits, le second sur les informations orales, le troisieme sur les documents archeologiques. Chacune de ces m6thodes pr6sente un c6te positif et un cot6 n6gatif qui ne sont pas n6cessairement compl6mentaires mais que l'on trouve, dans les meilleurs cas, en convergence au moins approximative )). Rappelons aussi le rapport introductif au colloque sur l'Anthropologie en France (I979: i6o-i6I), oU les relations entre anthropologie et histoire sont presentees d'une maniere qui nous semble juste Histoire et anthropologie diff6rent moins par leur objet (il n'y a pas des soci6tes d'essences differentes selon qu'elles sont de tradition orale ou 6crite, europeenne ou non europ6enne) que par leurs techniques d'investigation. Certes ces techniques ne sont pas neutres, elles impliquent en raison de leurs specificites et des traditions propres 3 chaque discipline, des probl6matiques et des conceptualisations diffe- rentes. I1 s'agit donc non seulement de completer une technique de recherche grace a d'autres techniques, mais encore de tenter d'unifier les champs conceptuels. Histoire et anthropologie ou anthropologie historique l'enrichissement doit etre mutuel car il s'agit en fait d'une seule et meme discipline ou science [...] L'anthro- pologie et l'histoire, consid6rees comme discipline unique, ont pour tache, a travers des techniques vari6es et complementaires (6crit, oral, mais aussi arch6ologie, bota- nique, linguistique, biologie, etc.) d'analyser les logiques des continuites, ruptures et transformations sociales )). C'est pourquoi il est bon de considerer le travail historique comme une part majeure du travail anthropologique, et de reconnaltre que, effective- ment, (( histoire )), (( ethno-histoire ), (( socio-histoire )), (( anthropologie historique )) constituent la meme discipline, l'anthropologie, en tant qu' elle s'interesse aux societ's dans toutes leurs dimensions temporelles. 3. Nous reprenons ici la distinction classique entre sources internes et sources externes, que nous avons explicitee precedemment (Becker & Martin I975; Becker I977: 2I0-214). Les sources internes, qui sont parfois ecrites (tarikh en arabe ou en walafall) ou le plus souvent orales, comprennent les divers types de traditions (villageoises, familiales, provinciales, dynastiques) auxquelles il faut joindre les donnees socio- logiques, linguistiques, ethnologiques eclairant le passe des societes senegambiennes. Les sources externes sont presque exclusivement d'origine europeenne, pour la periode qui nous occupe. Cependant, les donnees relatives au Fuuta Tooro dans le Tarikh es-Sudan ne peuvent i. Walafal: terme de'signant une transcription du wolof en caracteres arabes. La transcription des noms propres de pays ou de personnes et des quelques noms communs utilises suit les regles du decret no 75-I026 (lu To oct. I975, modifie par le d6cret no 85-1232 du 20 nov. 1985, Journal officiel de la Republique du Sene'gal, 23 nov. I985 . 519-52 I. HISTOIRE DE LA SENEGAMBIE, XVe-XVIIIe SIECLE 2I5 etre considerees tout a fait comme des sources internes, au sens de sources produites dans et par la societe decrite. Les donnees archeologiques peuvent etre rattachees legitimement aux sources internes, mais on peut aussi insister sur la specificite de ces sources et du travail archeologique. Notons donc que la distinction entre sources internes et sources externes reste a affiner, et qu'elle ne recoupe pas celle etablie entre tradition orale et texte ecrit, le vestige archeologique etant un temoin particulier. Dans des textes anterieurs, nous avons souligne le fait indiscutable que les sources internes ont ete insuffisamment mises a contribution, alors que les traditions representent pourtant ((la premie're et principale source de l'histoire sene'gambienne, qui est demeuree trop peu exploitee dans le passe )) (Becker I977: 21I). Nous avons egalement mis l'accent sur la necessite d'une confrontation entre les deux types de sources (et l'archeo- logie, si elle est consideree comme source specifique) des 'a present et, surtout, lorsque la collecte des traditions aura avance et que de veritables corpus auront ete constitues. II reste, en tout cas, important de poursuivre et d'ameliorer la reflexion sur les sources, de prendre conscience de l'interet mais aussi des limites inherentes a chaque type de source, pour orienter les travaux vers des domaines prioritaires et sortir, grace 'a ceux-ci, des ornieres oiu s'enfoncent trop souvent les historiens de la periode (( precoloniale )2* Apres ces remarques preliminaires, qui meriteraient plus de develop- pements, venons-en au bilan meme des etudes concernant la Senegambie precoloniale )). Pour evaluer les etudes dej'a entreprises, nous avons d'abord effectue un inventaire des travaux academiques (theses, memoires, diplomes) sur l'histoire de la Senegambie. Cet inventaire, mis a jour et publie par ailleurs (Becker & Diouf I985), est instructif bien qu'il soit a completer par une bibliographie exhaustive des autres travaux histo- riques et recents - qui serait tres utile et n'a jamais ete etablie: son elaboration pourrait se faire 'a l'aide des guides bibliographiques existants (Porges i967, 1977; Gamble I979; Brasseur I964, I976; Toupet I959, I977). L'examen de la litterature universitaire et des autres etudes sur la Senegambie (( precoloniale )) permet de dresser un constat global assez negatif, qui peut etre formule ainsi: la periode, delimitee a partir de criteres discutables, reste mal connue, et le projet d'une histoire globale 2. I1 n'est pas n6cessaire de rappeler ici les discussions m6thodologiques autour de i'histoire, de 1'ethno-histoire, de la tradition orale. La question du statut de ces disciplines et des types de sources historiques est loin d'etre uploads/Litterature/ becker-histoire-de-la-senegambie-1985.pdf

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