L'ONCLE REMUS ET SON LAPIN 1 Grin: Large sOilril'c decouvrant les dents. . . 2:

L'ONCLE REMUS ET SON LAPIN 1 Grin: Large sOilril'c decouvrant les dents. . . 2: GeofIrey Corer: The American spirit: A study In natwnal 889 L'ONCLE REMUS ET SON LAPIN r, Les citations sont til'ees tie Uncle Remus, his songs and his sayings 'oncle Remus, ses chansons ct ses'dils ))). Mars: Deformation. de Masler. .,Uncle Remus (l'onde Remus) a eu nne influence remarquable l,lpersistante sur notre culture populaire. Depuis pres de soixante- d1xans, I'Oncle Remus est Ie pl'ototype du Noir dispensateur de urires. Rien n'assomhrit jamais « l'air rayonnant » du « vieux egro venerable »; I'ien n'intenompt jamais Ie debit de sa voix ccordiale », {{ moelleuse », « gaie et enjouee », cependant que, !cade apres decade, il presente se; histoires de Brer Rabhitt a I nation 1. Mllis Remus - a I'encontre de ses histoires - cst aussi I'eDJant .'un cerveau de Blanc : il fut cree dans les colonnes de la -Consti- .Ion d'Atlanta, au dix-neuvieme siecle, par un jeune journaliste ychopathe du Sud, du nom de Joel Chandler Harris (1848-1908). and Remus rit, c'est Harris qui tire les ficeIles; quand il« donne» ,histoires populaires, il est Ie pantin du ventriloque sur Ie genou eRmis. 'La mise en scene de ces histoires ne varie jamais : Ie petit gar<;olJ Jane, fils de Miss Sally et de Mars John 2, les proprilo;taires de IE tation, penetre « en sautiIIant et en gambadant » dans la case x Noir en contre-has de Ia «maison des maitrcs », et la seance . tes commence. Le visage de Bemus « se hrise en vaguelettes ":so~rires »; il prend son admir'ateur sur son genou, « tapote les ~cux de I'fnfant pensivcm'ent et de fa<;o11 caressante », I'appelle :Erignon ». Le petit gar<;on « se ])lottit tout pres» de son « saint ~~ol\d'ehene », et ccoute <des yeux grands- ouverts d'6tonllcment ». ~as de ({ sanctions de la craillte et de la force» ici, Harris Ie sou- , e- les rpbtioris entre Ie llarrateur et I'auditeur sont celles de 'tendresse r ~,itigee. Remus « donne », avec un « sourire rayon- ,I de 10nt(; .,' et un « rire sous cape des plus contagieux »; Ie titgar~on rer,:oit avec un melange de « crainte », d'« admiration» d'«cncbantemcnt ». Etr3nge : car ici, aussi, la caresse appa- nt magnanime contient une attaque illcroyaJJlemcnt mal- teo Des differen~s recueils de Remus publies par Harris, Ie premier Ie plus Connu est Uncle Remus: His Songs and His Sayings. r~e Lapin apparait vingt-six fois dans ce livre, rencontre Ie nard vingt fois, Ie rosse copieusement dix-neuf fois. Le Henard, lutre part, ne rel1lporte que deux victoires peu nettes - I'uDe '\l2--w.eJ &A ~ ).f,.y.'iS.1 ~o:+.5 Me-y \'il?'1 A nnt Jemima Beulah les Gold Dust Twins, « George» Ie g , , . de la publicite Pullman, l'uncle Remus... No~s nous plals representer Ie Noil' souriant de toutes ses dents a notre adr~ssl\. son sourire 1 tel que nous Ie voyons, - tel que nous Ie cre,onsi toujours signifie un don... ,,' Dons sans fin, tout au long des affiches, des ecrans de erne, des etiquettes de produits alimentaires... Le Noir donne a Mada les nouvelles « teintes creole sombre » pour ses purs nylons! it la Maison de Vigny, ses flacons « grotesques », « tortilles »' ..... de Cologne de Golliwogg et de parfums. Cirage des chaus,sure$ linge hlanc comme neige, couchettes b~.sses con~or.tahles, tra rapide des bagages : jazz, jitterbug, ]W~, comedle, ~t. les c merveilleux de Bre,. Rabbitt (Frere Lapm) pour la JOle dest~: petits. Le service avec Ie somire toujours... . A,. « Les Noirs, ecrit un anthropologiste 2, sont mamtenus da~sl~. attitude ohsequieuse par les san~tions extremes de ~l~ crarnt~'f de la force, et ceci est bien connu des Blancs et des Nons tout~;i fois. Neanmoins, les Blancs exigent que les Noirs se mont~ souriants empresses et amicaux dans tous leurs rapports aveeeuX.,' Davan~age : nous produisons a la chaine des effi?ies de leur B~ rire. Le grin du Noil' penetre notre culture populalre, manufac et empaquete en quantite industrielle p~r des ~l~n~s: yeux et pour Ie plaisir des Blancs. Pourquol? Car. SI I o~lgmal sourires a la queue leu leu est arrache'de force, ds dOIvent masque, et Ie « don» qu'ils accompagnent doit etre malveillance... Bernard Wolfe. 891 * * * L'ONCLE Ril\1US ET SON LAPIN ~vent se servant de complices... Harris ne vait pas de mechancete . stout ceci, meme guund roulcnt les tetes. Frere Lapin, explique- ,urest mil. non pas pal' ({ Ia mech3.llcetc, mais par l'espieglerie ». ·S« espieglemcnt », Frere Lapin elJOuillante Ie Loup jusqu'it mort s'ensuive, fait ulOurir I'innocent Opossum sur un bfrcher eouvrir ses propres crilues, torturc et pxobahlement assassine 8 en Ialll;:ant apres lui un cssuim d'aheilles _ et, apres avoir !oque un passage ii tahac fatal au Renard, apporte la tete de ,.victime a Mmc Renard et a ses enfan ts, daus I'espoir de .Ia leur . mangel' dans leur soupe.. , iUndes ressorts dramatiques de ces histoires semble fitre Ie gastro- 'que : Le repas en commun aura-toil jamais lieu au Ro)'aume :Jlnimaux? ~'debat sur Ie partage de Ia nourriture est ouvel·t des Ia premiere ·oire. « J'ai vu Frere Ours hier, raconte Ie Renard au Lapin . ',ut de I'histoire, ·et iI m'a passe un Silvon parce que toi et Dloi it pas amis. et,qu'on ne vivait pas en hons voisins. }) AIors Ie Lapin a souper - avce l'intention de faire de son invite de resistance de ce festill de {( reconciliation ». Frere LaI)in soIennelIemcllt I'invitation, fait son apparition, tOUl'ne Ie en ridicule, et allegrement decampe : (( Et Frere Renard, 5 en encore,' et puis .Uleme, mon mignon, il est pas pres de .» Le Lapin peut s'en tirer tres bien SallS Ie l'epas ell com- mais, c'est ce qui apparait bientot, Frere Renard et ses com- .ne peuvent vivl'e sans ce rCflas. ,partage de nourriture, pas de COl1l1I1l1l1autC. La guerrc e ecIate aussitot l'hypocrite invitation du Renard;' et Ie 80rt invariaJJIement vainqueur de ces escannouc!Ics san- Et apres qu'i1 a tue et depouilJe Ie Loup, ses autres enne- t si intimides que m.a.intenant Ie repas en COIlllllun semble ent sur Ie point d'avoir lieu: (( Les ·animaux et Ies hetes, naieAt de plus en plus copains Ies uns avec Ies autres _ ntIeurs provisions enselll1Jle dans Ia meme hutte }), (( cassant e » enscmMe aussi. rere Lapin n'est pas dupc. Sachant bien que si Ies autres leur nourriture avec lui, c'est par cI'amte, non par senti- cOmmunautaire authentiqne, iI reste Ie cyniqne accompli et LES TEMPS MODERNES 890 sur Ie Lapin, l'autre sur Ie lVIoineau. II n'y a que deux autr~s ~cl!i . , Ie Lapl'n soit une victime meme 16gere, les deux fOIS dam," Slons, ou . C d\ maux aussi chetifs que lui (Ia Tortue d'Eau douce,. Ie Busar:;) mais guand il est aux prises avec des adversaires, aUSSI fort~ que, Renal'd (Ie Loup, rOurs, une fois Ie Royaume cntler des Animaux il s'en tire sans histon·es. Le. Lapin se debarrasse fi~alement,p Ie meUI·tre, de chacun de ses trois puissants ennemlS. ~ Ren~ est completement dupe par tous Ies animaux Ies plus farnles -:") Busard, Ia Tortue d'Eau douce, la Grenouille. , ,# Au total, 28 victoires des Faibles sur les Forts; en fin de c~mp; tous les Fmts meurent de mort violentc des mains des Fl!ihIes; et tout au plus, deux victoires tres insignifiantes des Forts stIr!~ Faibles. De l'aveu general, les symholes populaires sont rarem~, systcmatiques, nettement definis ou specifiques; ce sont des (}IPlt, culturelles jetees par I'inconscient, et l'inconsc~ent n'est pasg~ verne l:iar la precision exacte des fichiers" Mals pourtant, SUI'; hase de ce seul re1cve, est-ce tirer Ia conclusIOn par Ics, cheve~lJI! de prendre Frere Lapin pour un symhole - a peu pr~s auss~e~ I t · d Sud Ie permeuraient - de Ia hame ulce que es sane IOns u _ . l'esclave noir pour les Blancs? :. Mais sont-cc hien des animaux qui se malmcnent et s'assass mutueilement, ou des etres humams deguises en anima~,: Harris ct Remus sClllblen:t en desaccol'd. « En ce temps-la, luence souvent Remus, les animaux agissaiellt tout comme Iesg Ou : {( Les anilllaux flanaient lia et 1& tout comme des gens.)! pour Harris cet anthropomorphisllle est un a~re~en~ sans, tance. Ce que Ies histon'es decl'ivent, nous dlt-d, n est que d I . . I 1 ) hruyante comedie e a VIe alllma e ) . . A savoi!'? Ce sont Iii creatures tres peu esopeennes, quIp un patois de vaudeville, ctirent de lao pa~e de guimauve, en ,p~ec a leur aise avec les lois, luttent et llltnguent pour des illIIIes entrent en rivalite pom: Ies fem.mes selon des rituels soigneuse, 'I horcs de courtoisie et de mise en valeur personneIle, ~,b ea . 2 Ii I des hallades des plantations sur « JIm ero'W », sent es J.o apres Ie diner, et se tuent et s'estropient mutuclIe~cnt- non dans uploads/Litterature/ bernard-wolfe-uncle-remus-and-the-malevolent-rabbit-1949.pdf

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