Vie de Joseph Roulin Pierre Michon Thierry Jolivet / La Meute Michon débusque,

Vie de Joseph Roulin Pierre Michon Thierry Jolivet / La Meute Michon débusque, derrière les soleils brûlants de la postérité, le souffle haletant du mal de vivre. TÉLÉRAMA Ce petit livre rendrait caduque toute la production romanesque d’une saison. LA CROIX Pierre Michon nous donne ce qu’il a de plus précieux. LIBÉRATION Ne manquez pas ce chef d’oeuvre minuscule. LE MONDE © REMI BLASQUEZ HORAIRES 20h30 DURÉE 1h45 • Théâtre de la Cité internationale - Paris, 24 janv. - 1er fév. 22 • Célestins - Théâtre de Lyon, 8 - 12 fév. 22 • Le Nouveau Relax - Chaumont, 3 mars 22 TOURNÉE 2019-2020-2021 Célestins - Lyon Théâtre de Bourgoin-Jallieu Théâtre du Peuple - Bussang Production : Compagnie La Meute-Théâtre Coproduction : Célestins – Théâtre de Lyon, Théâtre Jean-Vilar – Bourgoin-Jallieu Avec le soutien de la Ville de Lyon, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de la Spedidam Avec le concours du Théâtre du Peuple de Bussang, du Théâtre Allégro de Miribel et du Théâtre Nouvelle Génération – Centre dramatique national de Lyon Vie de Joseph Roulin Création musicale et interprétation Jean-Baptiste Cognet, Yann Sandeau Création vidéo Florian Bardet Création lumière David Debrinay Construction décor Clément Breton, Nicolas Galland D’apès l’œuvre de Pierre Michon Mise en scène et interprétation Thierry Jolivet Joseph Roulin, modeste employé des Postes de la fin du dix- neuvième siècle, fut l’ami d’un pauvre fou nommé Vincent Van Gogh, lorsque celui-ci vivait à Arles et que rien encore ne pouvait laisser présager qu’il serait, un jour, reconnu comme le plus grand peintre de son temps. À partir des tableaux de Vincent, seuls vestiges de cette histoire perdue, Pierre Michon imagine ce que fut l’amitié de ces deux hommes que tout séparait, du jour de leur rencontre jusqu’à la gloire posthume du peintre, et en fait la matière d’un poème bouleversant sur le sens de l’acte artistique, la fragilité de la condition humaine et la beauté du monde. © Simon Gosselin © Simon Gosselin Pierre Michon est peut-être le plus grand écrivain français vivant. Romancier lyrique, élégiaque, maître de l’agencement, immense musicien de la littérature de langue française, il compose ses miniatures comme on érigea des cathédrales, dans un terrible et glorieux effort pour donner forme et signification au miracle d’être humain. La lecture de son œuvre vous donne le sentiment de prendre part à une célébration, dont l’intensité vous serre le cœur, qui dans un univers absurde et trivial vous fait ponctuellement vous sentir, pour reprendre les mots de l’écrivain lui-même à propos de Flaubert, doué de sens et de but. Restituer la pensée véhiculée par la phrase labyrinthique de Michon, la restituer dans toute sa puissance, son acuité, sa profondeur, voilà qui constitue un véritable défi. Ce défi sonne à mon désir comme un appel : pour le metteur en scène que je suis, appel à partager avec mes semblables la beauté bouleversante de ce petit chef d’œuvre ; pour l’acteur que je suis, appel à soulever dans les airs la langue éblouissante de Pierre Michon, que tout apparente à une incantation magique. L’histoire tragique de Vincent Van Gogh, qui fut le plus grand peintre de son temps et ne le sut jamais, cette histoire nous la connaissons, nous croyons la connaître. Et pour cause, nous en avons parcouru le décor tout au long de notre existence au gré des tableaux. Nous avons déambulé dans la nuit d’Arles, sous les étoiles tourbillonnantes. Nous sommes chez nous dans le café rouge, dans la chambre bleue, et rien ne nous a illuminés comme le fracas jaune du soleil sur les blés de Provence. Nous avons grandi, rêvé, vécu face à ces tableaux. Mais l’histoire de Van Gogh en vérité, comment la connaîtrions- nous ? Comment la connaîtrions-nous quand elle nous est parvenue comme patrimoine via l’expertise posthume de la critique et du marché ? Pour l’entendre enfin cette histoire, peut-être nous faut- il la revivre selon le point de vue d’un homme qui jamais n’aurait pu se douter que la peinture de Van Gogh finirait un jour par obtenir quelque succès, fût-ce dans la mort, un homme qui n’entendait rien à la peinture ni aux peintres, que par conséquent peut-être il était seul à fréquenter vraiment : Joseph Roulin, employé des Postes, alcoolique et républicain, que Van Gogh peignit à plusieurs reprises, et dont tout porte à croire qu’il fut aussi son ami. Par les yeux du facteur Roulin, nous regardons le spectre décharné de ce fou de Vincent et nous voyons un homme, ni plus ni moins, c’est-à-dire à la fois un dieu et un cafard, un pauvre type qui repousse les limites de l’acharnement, qui hurle dans un espace vide pour le monde qui ne lui répond pas, et qui pourtant continue de hurler, qui fait un acte de foi, pour personne, pour rien, et qui en crève. Et tous deux, le facteur rouge et le peintre fou, tous deux nous émeuvent, simplement, comme jamais, car comme jamais nous comprenons qu’aussi bien ils sont nos frères. Sur le plateau, un acteur et deux musiciens. Les sonorités électroniques des synthétiseurs se mêlent à la chaleur des orgues, soutiennent et emportent la voix. Dans un dispositif kaléidoscopique, où la peinture de Van Gogh vidéoprojetée se trouve démultipliée par les miroirs et prend vie, apparaissent et s’entrelacent les visages de Joseph et de Vincent, de ceux qu’ils connurent, et les lieux dans lesquels ils se trouvèrent ensemble. Et racontant leur histoire nous franchissons le seuil, entrons à l’intérieur de ces tableaux qui sont un monde, un monde perdu dans lequel nous rêvons de nous tenir toujours. Thierry Jolivet mai 2018 Note d’intention Vous portez à la scène un texte littéraire. De quelle manière donnez-vous à voir et à entendre la part poétique de cette œuvre ? Thierry Jolivet : Pierre Michon poursuit manifestement une certaine idée de la perfection stylistique. Il vise le point d’osmose esthétique à partir duquel s’opère une fusion définitive entre la prose et le poème. Vie de Joseph Roulin brille par ses qualités romanesques autant que par sa puissance sonore, c’est à la fois un conte et un chant, quelque chose comme un lied. Dès lors tout l’enjeu du spectacle a consisté à fabriquer une forme qui accompagne les spectateurs dans le récit en maintenant leur écoute dans un équilibre permanent entre la compréhension et la sensation. Tous les outils du spectacle (l’interprétation, la composition musicale, le découpage vidéo, l’espace et la lumière) sont ainsi exploités aussi bien pour leurs propriétés narratives que pour leur part de sensualité. Il s’agit à la fois de raconter et d’envoûter, c’est-à-dire qu’il s’agit d’émouvoir. Seul en scène, vous déclamez le texte parfois les yeux fermés, sur le mode de l’incantation, et semblez progresser au rythme de réminiscences. Comment vous êtes-vous approprié ce texte aux multiples strates mémorielles ? Je n’ai pas eu à m’approprier le texte, je l’ai choisi précisément parce que j’éprouve à son égard une profonde familiarité, aussi bien du point de vue de son architecture stylistique, de sa scansion, que de ce qu’il dit du monde, de l’amitié, de l’art, du peuple, de la condition humaine. Et puis en l’écrivant Pierre Michon fait avant tout un exercice d’imagination, de divination presque, que je m’applique à faire à mon tour en le disant. Pour transmettre à l’auditoire les images produites par les phrases aussi bien que les phrases elles-mêmes, je dois simultanément les voir, les faire apparaître à l’intérieur de moi-même. C’est sans doute la raison pour laquelle je ferme souvent les yeux. Je n’ai pas imaginé ce spectacle comme un exercice d’interprétation ou de mise en scène, mais comme le moment d’une parole nue, presque intérieure. C’est une sorte de petite cérémonie, une célébration intime et profane, à travers laquelle j’espère transmettre aux spectateurs l’émerveillement et l’émotion profonde que me procurent ce texte. Même si le spectacle a recours aux instruments de la technologie moderne et à un certain nombre d’artifices formels, je le vois comme une sorte d’archaïsme. Ce n’est plus du théâtre, ou alors c’est l’enfance du théâtre. Un être se lève et raconte une histoire que d’autres êtres écoutent, rien d’autre. La vidéo se compose de différents plans extraits d’œuvres de Van Gogh, qui se réverbèrent sur des pans de miroirs, tel un kaléidoscope géant. Cette démultiplication de l’image figure-t-elle les possibles de ce qu’aurait pu être la vie de Joseph Roulin et sa relation avec le peintre ? Le dispositif figure ce que l’on voudra, mais en premier lieu il sert surtout et paradoxalement à faire oublier les tableaux, à les faire disparaître en tant que tableaux. En les démultipliant, les miroirs en effacent les contours, en explosent les cadres. Ce ne sont plus des œuvres d’art, les pièces de patrimoine que chacun connaît comme telles, mais des souvenirs, des impressions émergeant du passé, les vestiges d’une histoire perdue, nébuleuse, fragmentaire, indécidable. En épousant le texte, ces images que nous pensions bien connaître acquièrent des propriétés narratives, romanesques, qui n’abolissent pas leur puissance picturale mais la restituent sous un jour neuf. Et uploads/Litterature/ dossier-vie-de-joseph-roulin 1 .pdf

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