Fabrice Midal Comment rester serein quand tout s’effondre © Flammarion, 2020. ©
Fabrice Midal Comment rester serein quand tout s’effondre © Flammarion, 2020. © Versilio, 2020. ISBN Epub : 9782361321963 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 9782080219930 Ouvrage composé et converti par Pixellence Présentation de l’éditeur • Tu ne perds pas pied, c’est la terre qui tremble. • La crise est une opportunité pour tout reconstruire. • Chercher des coupables ne permet pas de trouver la solution. • Rassure-toi, il n’y a que les robots qui n’ont pas peur. • Le chemin se découvre à celui qui s’y aventure. • Nous ne sommes jamais seuls. • Ce livre est celui de l’espoir et de la guérison, pour apprendre à soigner ce qui est blessé en nous et repartir du bon pied. • Philosophe et écrivain, Fabrice Midal, spécialiste des violences du quotidien, est l’un des principaux enseignants de la méditation en France. Il est notamment l’auteur du best-seller Foutez-vous la paix !, traduit dans le monde entier. Comment rester serein quand tout s’effondre Chapitre 1 TU NE PERDS PAS PIED, C’EST LA TERRE QUI TREMBLE Demain ne ressemblera jamais à hier La terre a toujours frémi sous les pieds des humains qui l’ont foulée. Elle a parfois tremblé, elle s’est souvent fracassée. Certains sont tombés. Mais, malgré cette situation peu confortable, la plupart ont gardé pied et continué d’avancer. Collectivement et individuellement. Aujourd’hui, la terre frémit encore. C’est tout aussi inconfortable, tout aussi perturbant, mais nous ne sommes pas sans ressources. Car nous sommes les héritiers d’une longue chaîne de transmission qui n’a pas commencé avec moi, qui ne s’arrêtera pas avec moi. Même si je me sens très seul, je ne suis pas le seul à traverser des difficultés : la maladie, le chômage, les séparations, les crises sociales, économiques, écologiques, sanitaires, personnelles sont notre lot commun. Inutile de nous leurrer : c’est la loi de l’existence. Des dizaines de millénaires plus tard, il reste difficile de s’habituer à cette réalité. D’ailleurs, pour peu que les frémissements soient moins intenses, nous nous laissons prendre par l’illusion d’un monde entièrement stable et sécurisé, pour toujours. Mais là aussi, autant le savoir d’emblée, ce monde-là n’existe pas. Demain ne ressemblera jamais à hier. Pour ne pas perdre pied, nous édifions des repères qui deviennent nos compagnons. Nous savons déjà que lundi, nous allons nous réveiller à 7 heures, nous dépêcher de prendre notre café, accompagner les enfants à l’école, aller au travail, participer à deux réunions, mettre en route un nouveau dossier, revenir du travail vers 18 heures, préparer le dîner, dormir. Et faire de même mardi, mercredi, jeudi, vendredi. Ces repères nous rassurent, et heureusement qu’ils existent – même si nous soupirons souvent contre la routine qu’ils nous imposent. Que l’un ou l’autre oscille et nous le rattrapons du mieux possible pour rétablir l’ordre : le petit dernier a une angine, la voiture est en panne, il pleut alors que j’avais organisé une grande fête dans le jardin. D’autres fois, la vie nous retire carrément le tapis de sous les pieds et plusieurs repères s’écroulent à la fois. J’ai perdu mon travail, mon conjoint est parti, la mort a emporté un être cher : ces repères auxquels je me raccrochais, autour desquels je m’étais organisé, ne sont plus là. Je ressens cruellement le vide, l’absence, je me sens si seul, terriblement démuni… Mon ami Jack Kornfield, un moine bouddhiste américain, donnait un jour un enseignement devant plusieurs milliers de personnes. Ils méditaient ensemble quand l’une des participantes a explosé dans une détresse intense. Il a interrompu la séance et l’a interrogée. Deux jours plus tôt, cette femme avait perdu son fils, un jeune homme en pleine force de l’âge. Au milieu de cette tempête, elle avait brutalement vu disparaître tous les repères autour desquels elle s’était construite. Elle était persuadée que tout et tout le monde avait disparu avec eux. Jack Kornfield n’a pas cherché à la consoler, elle était d’ailleurs inconsolable. Il s’est adressé à l’assemblée, a demandé à ceux qui avaient perdu un enfant de se lever. Plusieurs dizaines de personnes se sont mises debout. Il a continué, demandant ensuite à ceux qui avaient perdu une sœur, un frère, une mère, un père, une compagne, un compagnon de se lever à leur tour. Puis à ceux qui portaient des blessures profondes. Finalement, tout le monde était debout. La femme les embrassait du regard, d’abord incrédule, peu à peu réconfortée, soulagée. Ils étaient tous là, avec elle. Ils partageaient son malheur, elle n’était pas seule à souffrir. De fait, au milieu de la tempête, nous sommes déstabilisés et avons l’impression que personne n’a eu ni n’aura à affronter une telle tempête. C’est sans doute ce que vous vous dites en me lisant. Mais d’où tenez-vous cette conviction ? Je ne sais pas ce que ma boulangère cache derrière son sourire de façade, j’ignore ce que beaucoup de mes collègues traversent, j’ai rarement des discussions de cœur à cœur avec la plupart de mes connaissances. C’est une règle sociale qui a des avantages : toute personne à qui je m’adresse ne va pas immédiatement me confier ses blessures, ses traumatismes, ses épreuves. Elle ne me dira pas que la terre se fracasse sous ses pieds. Elle m’accablera d’autant moins de ses soucis qu’elle se sent, elle aussi, seule sur terre sans ses repères, presque honteuse de ce qu’elle traverse. Nous aurons une discussion plus légère ou plus professionnelle selon les cas, puis nous reprendrons chacun notre chemin. C’est une bonne chose, certes, pour faciliter la communication, le travail, la distraction, tout ce qui fait la vie « ordinaire ». L’inconvénient est que, du coup, chacun d’entre nous se sent extraordinairement démuni. Très seul. Glissons-nous ensemble derrière ce miroir. Regardons d’abord un petit peu en arrière. Si je passe en revue ma propre vie, je réalise que ce n’est pas la première fois que je traverse une épreuve et que je la surmonte. Autour de moi, je connais beaucoup d’autres personnes qui ont également traversé des épreuves et les ont surmontées. Le fait d’en prendre conscience est un premier pas capital : comment y ai-je réussi dans le passé ? Comment y ont-elles réussi ? Et si j’ai réussi ce processus une première fois, pourquoi cela me semble-t-il impossible cette fois-ci ? Nous l’oublions chaque fois, mais en réalité, nous avons en nous bien plus de ressources que nous l’imaginons pour garder pied. Y compris quand la terre tremble avec violence. C’est une sagesse qui se transmet depuis la nuit des temps. Un jeune homme désespéré vient un soir frapper à la porte de rabbi Pinhas de Koretz, un sage réputé pour son immense savoir. Le jeune homme est persuadé que sa vie est un désastre : autour de lui il n’y a que drames et tristesse. « Je ne sais plus qui je suis ni pourquoi j’existe », pleure-t-il. Le rabbi lui conseille de se tourner vers la prière et l’étude de la Torah qui contient toutes les réponses et qui est le seul remède. Le jeune homme s’en va et revient quelques semaines plus tard. « Je suis incapable d’étudier, mon élan est brisé. Je me sens comme un rebut. Que dois-je faire, rabbi ? » Le rabbi, nous dit cette histoire de la tradition hassidique, s’approche de lui. Il le regarde au fond des yeux et lui confie qu’il a lui-même connu, il y a des années, la même situation. « Mon cœur était empli d’incertitude et de peur, j’ai connu l’angoisse, je me suis heurté aux écueils. Je m’engluais dans les doutes, j’étais engourdi par le désespoir. J’ai essayé la prière, la méditation, la solitude, le silence, mais en vain. Un jour, le grand rabbi Baal Shem Tov est venu dans ma ville. Je n’avais plus rien à perdre, je suis allé le voir. Je lui ai raconté mon désarroi, comme tu me racontes le tien. Il ne m’a pas parlé, il m’a regardé. Et dans son regard, j’ai vu qu’il avait, lui aussi, traversé des épreuves. Je me suis senti moins seul. Ce jour-là, j’ai ouvert les yeux, j’ai enfin vu le monde et j’ai recommencé à avancer, même si les questions demeuraient ouvertes et les doutes angoissants. » Chapitre 2 LA SAGESSE DU VIVANT Mettre de la lumière sur le négatif au lieu de le cacher sous le tapis Nous possédons tous un atout, tapi au fond de nous, qui ne demande qu’à être réveillé : une sagesse très concrète, une intelligence que possède tout ce qui est vivant, destinée à favoriser la vie. Elle revêt une multitude de formes. Elle est à l’œuvre chez le lapin qui fuit le renard : il ne se pose pas de questions, il court, il est dans l’action, il est dans la sagesse. On la voit, encore plus stupéfiante, chez les grands singes quand ils savent reconnaître les plantes qui guérissent – l’industrie pharmaceutique a d’ailleurs beaucoup appris d’eux. La sagesse a été développée et amplifiée par l’humanité au fil de toutes les épreuves qu’elle uploads/Litterature/ comment-rester-serein-quand-tout-seffondre-by-fabrice-midal-midal-fabrice.pdf
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- Publié le Mai 27, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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