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HAL Id: tel-03275411 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03275411 Submitted on 1 Jul 2021 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. De la ruine contemporaine : quelques visions dystopiques et spectres de survivances urbaines Céline Bonnel Guérard To cite this version: Céline Bonnel Guérard. De la ruine contemporaine : quelques visions dystopiques et spectres de survivances urbaines. Art et histoire de l’art. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2020. Français. NNT : 2020PA01H306. tel-03275411 École doctorale - ED 279 APESA Thèse pour l’obtention du titre de docteur en arts et sciences de l'art Spécialité esthétique Présentée et soutenue publiquement par Céline BONNEL GUÉRARD le 9 mars 2020 École des Arts de la Sorbonne (salle 311) DE LA RUINE CONTEMPORAINE QUELQUES VISIONS DYSTOPIQUES ET SPECTRES DE SURVIVANCES URBAINES sous la direction de M. le Pr. Jacinto LAGEIRA Membres du jury : Mme la Pr. Sabine Forero-Mendoza, université de Pau et des Pays de l’Adour (rapporteur) Mme la Pr. Françoise Parfait, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne M. le Pr. Éric Valette, université Picardie Jules-Verne (rapporteur) M. le Pr. Jacinto Lageira, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 2 3 Je remercie sincèrement, Jacinto Lageira, mon directeur de thèse, pour sa confiance, ses conseils avisés et sa bienveillance tout au long de ces années de recherche, Aubert Eude, pour son travail de relecture et ses encouragements amicaux, ma mère, Jacqueline pour son soutien indéfectible. Je dédie ce travail à mon père, Jean-Pierre Guérard. 4 5 DE LA RUINE CONTEMPORAINE QUELQUES VISIONS DYSTOPIQUES ET SPECTRES DE SURVIVANCES URBAINES 6 7 Introduction : du temps des ruines au temps en ruines 1) De la ruine contemporaine dans un contexte de nouvelle barbarie 1.1 De la barbarie culturelle à la culture de la barbarie 1.2 De la ruine contemporaine : définition des termes 1.3 Ruines et Présentisme : le présent qui passe 2) Il était une fois, le projet moderne … 2.1 Les prémices de l’urbanité 2.2 Remise en question du projet moderne : la ville mal aimée 2.3 Les utopies urbaines comme remparts au sentiment d’urbaphobie 2.4 La science-fiction pour panser les maux urbains contemporains I / Villes en ruines : quelques visions dystopiques 1) De la ruine industrielle : l’exemple de la ville de Détroit 1.1 Détroit, la carcasse de l’après festin moderne 1.2 De la Motown à la NoTown : Détroit, une crise protéiforme 1.3 Le Ruin Porn, genèse d’un phénomène porno-photographique 2) La flânerie de la décadence 2.1 L’homme des foules 2.2 Le Tourisme Noir 3) De la ruine traumatique : le cas de la guerre du Liban (1975-1990) 3.1 La valeur des ruines 3.2 Esthétique de la destruction 3.3 Photographier la destruction 3.3.1 Montrer une ville ordinaire dans un contexte « extraordinaire » de la ruine : Sophie Ristelhueber. 3.3.2 L’archi-figurée de Gabriele Basilico 8 4) De la ruine écologique : la catastrophe comme fait social total 4.1 La catastrophe comme métaphore 4.2 Du mythe du Déluge au mythe du Progrès 4.3 Vers une société du « risque zéro » … II/ Rêves et reconquêtes urbaines : le paysage entropique réinventé 1) Détroit : quelles opportunités des systèmes résilients urbains ? 1.1 Esthétique de la résilience 1.2 Éloge du paysage entropique : « Say good things about Detroit » 2) Pour une approche cognitive du paysage urbain 2.1 Le paysage urbain 2.2 L’image mentale d’une ville 2.3 La langue de la ville 3) Flâner dans les ruines 3.1 Photographier les résidus urbains ; informer et documenter 3.2 Des paysages urbains postmodernes : de la ruine à l’envers à l’Anarchitecture 4) Réflexions sur de possibles nouvelles urbanités 4.1 Penser la justice spatiale : de John Rawl à Edward Soja 4.2 Villes de demain : écologie urbaine et développement durable 4.3 Responsabilité Vs. Espérance III / Des ruines en ville : panser des mémoires plurielles 1) Mémoires et récits de guerre : le cas libanais 1.1 L’amnésie programmée 1.2 Écrire et enseigner l’Histoire 1.3 Reconstruire Beyrouth 9 2) Réactiver la mémoire 2.1 Faire-mémoire : la mémoire par traces 2.2 Christian Boltanski ou « La Petite mémoire de l’oubli » 2.3 La fabrique de la mémoire libanaise 2.3.1 Akram Zaatari et la mémoire de ce qui aurait pu avoir lieu 2.3.2 L’artiste archiviste : Walid Raad et L’Atlas Group IV / L’art comme médiation dans un contexte de nouvelle barbarie : expérimenter et transmettre l’expérience urbaine 1) Arts et espaces publics 1.1 L’espace public comme lieu(x) commun(s) 1.2 Expérimenter l’espace urbain : une pratique du geste 1.3 Œuvrer en contexte 2) Déborder la ville 2.1 Mettre à nu la ville 2.2 L’Homo Ludens et la polis 2.2.1 Constant et la New Babylon 2.2.2 Les apports de Constant : le don et le jeu 2.3 L’attitude ludique comme attitude esthétique 2.4 Partout comme une aire de jeu 3) « Aux arts, citoyens ! » : les Nouveaux Commanditaires 3.1 « Faire art comme on fait société » : Les Nouveaux Commanditaires 3.2 Aller au-delà : Ettore Spalletti pour la Salle des départs de l’hôpital de Garches 3.3 L’art de la convenence : Rémy Zaugg pour le lavoir de Blessey 3.4 Esthétique de la réception : « Faire faire » et « faire » l’œuvre Conclusion Bibliographie 10 11 Introduction Du temps des ruines au temps en ruine Qu’il s’agisse de ruines de guerre, industrielles ou écologiques, les ruines qui nous entourent aujourd’hui se présentent davantage comme des objets politiques qu’esthétiques. Surmédiatisées, voire scénographiées dans l’espace urbain, les ruines contemporaines nous touchent de la même manière que les ruines classiques touchaient les hommes du XVIIIe siècle, mais pour des raisons cependant bien différentes : par leur violence, leur puissance de destruction et leur radicalité. Aussi sommes-nous passés du temps des ruines au « temps en ruine ». Dans sa célèbre peinture Vue imaginaire de la grande Galerie du Louvre en ruines, Hubert Robert anticipe d’ailleurs dès 1796, malgré l’apparente solidité de notre civilisation, la destruction et l’inéluctable précarité de toute existence humaine. L’artiste met ici en scène la destruction du Louvre alors en cours d’installation. Cette réflexion sur le passage du temps et la pérennité de toute œuvre d’art est évidemment à replacer dans le contexte d’une époque très marquée par un goût pour la ruine et l’Antiquité. Allégorie du temps, la ruine conjugue depuis toujours Savoir et Imaginaire. Au Moyen Âge, elle est représentée dans les manuscrits, le plus souvent motivée par des thèmes religieux tels que l’Apocalypse ou la chute de Babylone. À la Renaissance, la ruine antique s’impose progressivement comme un motif récurrent. Artistes et amateurs d’antiquités reproduisent dans leur carnet des fragments de vestiges romains, en particulier dans le nord de l’Italie qui bénéficie à cette époque « du meilleur climat pour les études archéologiques1». À titre d’exemple, Andrea Mantegna réalise respectivement en 1457 et 1480 deux versions de Saint Sébastien martyrisé devant les ruines d’un édifice romain. Au XVe siècle, Saint Sébastien, protecteur contre la peste, fait l’objet d’une très forte dévotion. L’artiste est l’un des premiers peintres à passer du croquis 1 Erwin Panofsky, La Renaissance et ses avant-courriers dans l’art d’occident, Paris, Flammarion, 1993, p. 316. 12 au tableau. Il renouvelle ainsi l’iconographie traditionnelle par l’introduction de nombreuses références à l’Antiquité. Pour les hommes de la Renaissance, la représentation des ruines constitue un double enjeu. D’une part, la ruine témoigne de la fascination pour la culture latine, d’autre part, en tant qu’élément architectonique, elle affirme l’actualité de la culture antique. En rupture avec son passé médiéval, l’homme de la Renaissance a la conviction de vivre un âge nouveau au cours duquel il élabore une vision historique capable de se mesurer à la grandeur antique. Il n’est donc pas étonnant qu’à partir du XVIIe siècle, la ruine devienne un thème pictural à part entière. Elle n’est plus uniquement perçue comme décor théâtral, mais est élevée en tant que sujet principal de l’œuvre. Cela s’explique en grande partie par le fait qu’à partir du XVIIe siècle, bon nombre d’artistes, d’intellectuels et d’aristocrates multiplient les séjours en Italie sur les traces des ruines romaines. À cela s’ajoute le développement croissant des chantiers archéologiques de Pompéi et d’Herculanum. Les ruines du Cinquencento participent d’un nouveau climat dramatique et tourmenté. On retient Le Paysage avec ruines antiques (1536) d’Herman Posthumus, premier et unique tableau ayant pour sujet un champ de ruines. À la droite de la composition, les restes d’une rotonde renvoient au mausolée de Constance, volontairement détruit par l’artiste, tandis qu’à gauche, les édifices étagés ressemblent au Palatin. Désormais élevée au rang d’allégorie de l’Histoire, la ruine « n’est plus un détail qui vient caractériser localement un élément singulier, crèche ou colonne de marbre, comme au Quattrocento. Elle devient le uploads/Litterature/ de-la-ruine-contemporaine-quelques-visions-dystopiques-et-spectres-de-survivances-urbaines.pdf
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- Publié le Mai 02, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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