Tous droits réservés © Département des littératures de l'Université Laval, 1990

Tous droits réservés © Département des littératures de l'Université Laval, 1990 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 6 juil. 2021 15:54 Études littéraires L'art poétique comme genre : prolégomènes à un état présent Jeanne Demers et Thérèse Marois Ars poetica Volume 22, numéro 3, hiver 1990 URI : https://id.erudit.org/iderudit/500917ar DOI : https://doi.org/10.7202/500917ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Département des littératures de l'Université Laval ISSN 0014-214X (imprimé) 1708-9069 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Demers, J. & Marois, T. (1990). L'art poétique comme genre : prolégomènes à un état présent. Études littéraires, 22(3), 113–125. https://doi.org/10.7202/500917ar Résumé de l'article Lancers légers. Vingt propositions pour un art poétique de la répétition. L'ART POÉTIQUE COMME GENRE PROLÉGOMÈNES À UN ÉTAT PRÉSENT Jeanne Deniers et Thérèse Marois Le rêve est un art poétique involontaire. Jean-Paul L'impulsion à mettre en forme se renouvelle sans cesse, et se vit toujours comme un acte originaire et unique ; mais elle trouve dans la tradition littéraire des ouvrages formels qui ont été créés et développés par une impulsion à la mise en forme, parente de la précédente, et qui guidait d'autres artistes aux prises avec des problèmes analogues dans d'autres situations historiques. Karl Viëtor (p. 13-14). • L'expression « art poétique », fréquente aux XVIe et XVIIe siècles dans les titres d'ouvrages théoriques consacrés à la poésie, a pu sembler disparaître par la suite, comme si le terme ne pouvait pas correspondre aux nouvelles con- ceptions de la poésie. Cependant, après une éclipse de deux siècles, on constate une recru- descence de ce titre appliqué à des textes de formes ou de tonalités diverses, n'ayant souvent que peu de ressemblances avec les précé- dents. À cette première difficulté pour celui ou celle qui souhaite mettre au point un état présent de cette sorte de texte avant d'en tenter une définition générique, s'ajoute le fait que le terme « art poétique » désigne aussi bien des œuvres de théorie poétique que « l'art » de la poésie en général. Or, à notre connaissance * Ces prolégomènes ont été établis dans le cadre d'une pré-recherche subventionnée par les Fonds internes de recherche de l'Université de Montréal. Ils constituent le point de départ d'une recherche de trois ans subventionnée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, et dont la première étape, en voie de réalisation, est une bibliographie raisonnee sur l'Art poétique. L'équipe de recherche accuillera avec intérêt toute critique ou suggestion qui pourrait lui être faite. Études Littéraires Volume 22 N° 3 Hiver 1989-1990 ETUDES LITTERAIRES VOLUME 22 N" 3 HIVER 1989-1990 du moins, aucune tentative à ce jour n'a été faite pour en débrouiller les significations \ la critique 2 se satisfaisant apparemment d'une simple distinction de sens commun entre une pratique artistique, la poésie, et certains tex- tes qui en discutent quand ils ne la légifèrent pas, les traités dits « Art poétique ». Son lieu de parole est pourtant fort différent selon qu'il s'agit de la poésie ou des arts poétiques : dans un cas, la critique est en position de métalangage au premier degré ; dans l'autre, c'est au deuxième degré qu'il y a engagement de sa part, les arts poétiques constituant eux-mêmes un métalangage. De plus, l'extension du mot « poésie » varie selon les époques, du sens large d'écrit en vers au sens moderne, plus étroit, d'écriture per- sonnelle métaphorique. Dernière difficulté et non la moindre : il n'est pas coutumier de penser « genre » pour des textes autres que ceux qui relèvent strictement de la littérature, et cela malgré l'élargissement récent des notions de récit et de discours. Aussi, les nombreuses études qui s'intéressent à la question portent-elles sur des arts poéti- ques et non sur l'Art poétique en tant que genre à part entière, même lorsqu'elles prétendent comprendre le rôle joué, à une époque donnée, par tous les textes intitulés « art poétique ». S'il arrive à certaines d'avoir l'intuition d'un genre Art poétique, elles n'en font jamais leur propos central et ne cherchent pas à réunir les conditions susceptibles de permettre la cons- truction d'un modèle théorique. Les rares bi- bliographies qui existent ont été d'abord éta- blies pour répondre aux besoins des cher- cheurs spécialistes de la poésie. Pourquoi auraient- elles dû se donner la peine de mettre en évi- dence la continuité d'une forme reçue plutôt comme ponctuelle et orientée vers un ou des problèmes précis ? Quant aux bibliographies des textes qui ont lu et interprété les arts poétiques, elles sont pour ainsi dire inexistantes. Mais que faut-il entendre par modèle théo- rique ? Et en quoi un modèle théorique peut-il collaborer à l'identification d'un genre ? Si l'on en croit Tzvetan Todorov, le modèle théo- rique, cet « objet abstrait qui n'a jamais existé empiriquement », est l'une des deux faces incontournables de l'« étrange unité » genre, l'autre étant constituée des « œuvres particu- lières inscrites dans l'histoire et dans la culture d'un pays où elles sont apparues et qui appel- lent l'interprétation critique » (Todorov, 1985, p. 871-874). Définition qui n'est pas pour fa- ciliter le travail du poéticien : ne se trouvé-t- elle pas indirectement rappeler le dilemme 1 Seuls quelques dictionnaires le font sous les rubriques « art »ou« poétique ». En s appuyant sur eux, on peut tirer les quelques éclaircissements qui suivent : l'expression « art poétique » apparaît pour la première fois dans la Poétique d'Aristote où elle signifie « art de la poésie ». À la suite d'un glissement de sens qui s'actualise en 1548 avec Y Art poétique de Sébillet et trouve son aboutissement au XVIIe siècle dans Y Art poétique de Boileau, elle désigne des traités théoriques portant sur l'art de la poésie. Les textes traitant de poésie qui ont précédé les arts poétiques du XVIe étaient nommés « arts de rhétorique ». Quant à YÉpître aux Pisons d'Horace, c'est à l'époque de Quintilien qu'elle a pris le titre d'« Art poétique ». Dès le XVIIIe siècle - et le fait s'est accentué au XXe -, la « poétique », qui est d'abord recherche, s'est emparée du rôle descriptif de l'art poétique, laissant de côté ses dimensions didactiques et prescriptives. Le XIXe siècle a intégré ces dernières à ses réflexions et le XXe, multiplié les « poétiques d'auteurs », à mi-chemin entre l'heuristique et le législatif. 2 Le terme « critique » est utilisé ici dans son acception profane. Il est évident que lorsqu'il est question d'étudier un genre, il s'agit plutôt de poétique. 114 PROLÉGOMÈNES À déjà cerné par Gùnther Mùller et dont Karl Viëtor assure qu'il est le dilemme de l'histoire des genres, soit la nécessité de « savoir déjà ce qui est générique » pour pouvoir « décider de ce qui appartient à un genre », alors que « nous ne pouvons savoir ce qui est générique sans reconnaître que tel ou tel élément appartient à un genre » (Mùller, cité par Viëtor, p. 29). Dilemme que seule peut résoudre une appro- che méthodologique qui privilégie un cons- tant va-et-vient analyse/synthèse, synthèse/analyse et qui, par conséquent, propose un protocole de recherche tenant compte autant des parti- cularités de chaque texte que des invariants ou phénomènes récurrents de texte à texte. C'est dans cet optique, et en nous limitant pour commencer au domaine français, qu'il nous a semblé indispensable de dresser une sorte de portrait de famille de l'Art poétique, ce qui supposait comme étape initiale l'éta- blissement d'une bibliographie à deux volets : un volet corpus - les arts poétiques - et un volet critique - les diverses lectures qui en ont été faites. À défaut de la définition générique vers laquelle nous tendons, nous nous sommes vite rendues compte qu'il nous faudrait au moins dans un premier temps inclure tous les textes apparentés : autrement, comment nous assurer des frontières du genre ? Comment surtout prétendre à un état présent qui ait quelque crédibilité ? 3 C'est ce que font Francisque Vial et Louis Denise. 4 Un titre révélateur : Poétique de la Renaissance t 115 ÉTAT PRÉSENT La critique face aux arts poétiques La principale caractéristique des études con- sacrées aux arts poétiques est leur grande diver- sité. Tirées de sources variées (encyclopédies surtout, revues, exercicesd'écoleoudeconcours, commentaires d'anthologies, articles de cir- constance, actes de colloques...), elles analysent par conséquent les arts poétiques de manière plus ou moins approfondie ou plus ou moins globale selon le point de vue envisagé et le public visé. D'où la difficulté de les catégoriser, de les classer et de les comparer rigoureusement. On peut néanmoins distinguer deux cou- rants : les uploads/Litterature/ demers-marois-l-x27-art-poetique-comme-genre-prolegomenes-a-un-etat-present.pdf

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