Enora Kh2 Mingant Français Dans le domaine littéraire, où le roman trône en roi
Enora Kh2 Mingant Français Dans le domaine littéraire, où le roman trône en roi, les récits dis « brefs » semblent souvent être peu mis en valeur. Il est vrai que lorsque l’on parle de littérature, l’image qui vient d’abord en tête est celle des longs romans fleuves, au nombre de pages interminable. Effectivement le genre romanesque s’avère être plaisant dans de nombreux cas et plonge le lecteur dans un univers fictif, capable de le transporter hors du temps. Cependant, si la littérature française s’avère être riche, et recèle d’incroyables trésors, dont le roman fait incontestablement partie, d’autres genres viennent également s’y ajouter. Parmi eux, on retrouve le récit bref. Mais quand peut-on parler de récits courts ? Car si le récit bref se caractérise effectivement par sa brièveté, elle est loin d’être une définition suffisante. Sinon on pourrait sans problème y inclure la poésie. On pourrait compléter en supposant qu’il s’agit d’une œuvre narrative, qui fait de la brièveté une composante essentielle de son écriture, et qui en jouant avec cette caractéristique, réussi à créer des récits variés et plaisants aux messages puissants. Mais cette définition reste également très vague. On constate alors que la parfaite définition du récit bref n’existe pas étant donné qu’il se constitue de plusieurs genres relativement différents les uns des autres. C’est en tous cas ce qu’affirme Baudelaire en parlant de la nouvelle dans Notes sur Edgar Poe (1857), ou il affirme qu’elle contient « les trésors (…) les plus nombreux et le plus variés ». Il insiste sur « la brièveté » de cette œuvre et sur « l’intensité de l’effet » qu’elle produit. La lecture de celle-ci pouvant « être accomplie tout d’une haleine, laisse dans l’esprit un souvenir bien plus puissant qu’une lecture brisée ». De plus il insiste particulièrement sur « l’effet à produire » prémédité et délibérément choisi par l’auteur. « Dans la composition tout entière, il ne doit pas se glisser un seul mot qui ne soit une intention, qui ne tende, directement ou indirectement, à parfaire le dessein prémédité ». Baudelaire évoque ici la nouvelle, mais ses propos peuvent aussi être élargis au récit bref tout entier. Ainsi on comprend bien que la notion de brièveté n’est pas suffisante, mais que les conséquences qu’elle entraine sur le récit sont multiples. On peut alors se demander si la brièveté du récit bref, et les conséquences qu’elle entraine dans la narration, représentent un avantage par rapport à la longueur plus conséquente du roman ? Pour répondre à cela nous verrons dans un premier temps que la brièveté du récit bref présente en effet des avantages, mais dans une deuxième partie nous nous questionnerons sur la capacité ou non du récit bref à tout développer et qui lui permettrait ainsi d’être aussi complet que le roman. Enfin dans une dernière partie il s’agira de souligner que compte tenu de sa brièveté, le récit bref doit tendre dès le départ vers un effet voulu par l’auteur. Pour commencer, il est nécessaire de remarquer que la brièveté propre au récit bref présente des avantages qui la différencient du roman. Généralement la lecture d’une œuvre relevant du récit bref, est une lecture non fragmentée. Cela se caractérise par le fait que tout lecteur a la possibilité, et on pourrait même dire qu’il se doit, de lire l’œuvre d’une seule traite. Le récit étant relativement court, le lecteur peut le lire en une seule fois sans effectuer de pauses, afin d’aborder l’œuvre dans son ensemble, de façon continue, sans aucun trouble ou aucune perturbation qui pourraient s’immiscer entre le lecteur et ce qu’il lit. Contrairement aux longs romans qui nécessitent des heures d’attentions, ce qui oblige presque certainement un arrêt dans la lecture, le lecteur de récits brefs n’a pas vraiment besoin de la couper en plusieurs parties. Il est en effet très rare d’arrêter sa lecture en plein milieu d’une fable ; on manquerait alors l’intérêt et le message que l’auteur souhaite transmettre. Une lecture dite fragmentée (cette expression pourrait d’ailleurs caractériser la lecture propre au roman) n’aurait ici pas vraiment de sens. Le récit bref ayant l’avantage d’être court, permet à un individu de lire lors d’un (relativement) court instant de répit ou de temps libre. Cette lecture en continue permet de s’émanciper des problèmes de la vie quotidienne et de voyager dans l’univers proposé par l’auteur sans être interrompu par les évènements extérieurs qui entourent chaque homme. Il est alors pleinement plongé dans l’histoire, et peut s’y consacrer entièrement. Il est vrai que toute œuvre, qu’elle appartienne au genre littéraire du roman, de la poésie, du théâtre ou bien qu’elle relève du récit bref, doit être considérée avec attention. Si cette lecture non fragmentée est correctement effectuée, l’un des buts de l’œuvre est alors atteint. C’est dans ce cadre-là que l’on comprend le sens « d’œuvre de la totalité ». C’est cette perception panoramique du récit bref, qui permet au lecteur de jouir à la fois du détail et de l’ensemble, formée par le fond et la forme, grâce à l’unité. Généralement l’auteur ne vient pas lui non plus fragmenter la lecture, puisque rares sont les œuvres courtes qui sont divisées en chapitres. Le lecteur a alors une vue d’ensemble sur le récit. Cela lui permet de considérer l’œuvre, de l’analyser, et de la comprendre dans sa totalité, puisque l’œuvre ne peut pas être divisée. C’est pourquoi on parle d’une « totalité d’effet ». Il y a bien entendu des exceptions à cette règle, mais qui étant minoritaires en nombre, ne viennent pas réfuter ce qui a été dit précédemment. Disons que cela dépend simplement de la volonté de l’auteur, surement dans un souci de compréhension et surtout de cohérence de l’histoire. C’est le cas dans « La nuit remue », premier poème qui donne son titre au recueil d’Henri Michaux, divisée en cinq partie, afin de marquer une pause entre les différents fragments. Mais ces différentes parties se suivent avec une certaine logique, le but étant de conserver cette cohérence du récit. Bien entendu la brièveté s’accompagne aussi d’une facilité de compréhension. Tout d’abord car une lecture fragmentée implique nécessairement de se rappeler de ce qui a été lu précédemment. Le lecteur peut alors se heurter à l’oubli de certains passages ou de certains détails, ce qui à première vue peut sembler sans grande importance, mais qui en réalité peut aller à l’encontre d’une bonne perception de l’œuvre. Une lecture coupée par les actions de la vie quotidienne, ce que Poe qualifie de « tracas des affaires » et « soins des intérêts mondains », parasite en effet la compréhension. Ensuite le lecteur peut plus facilement saisir le sujet et le sens du récit car le fait qu’il soit court, signifie généralement qu’il est moins complexe. La complexité n’a pas le temps de s’imposer dans un si court passage. Et puisque le récit est court la compréhension de chaque détail, de chaque anecdote est indispensable, car chaque élément à son rôle à jouer. Puisque le récit est bref, l’œuvre est vue dans son ensemble, et celui qui lit peut relier avec plus de facilité les éléments du texte entre eux. Et du fait de sa brièveté, on peut même aisément le relire, pour éclaircir certains points. C’est d’ailleurs souvent la deuxième lecture qui permet de mettre l’accent sur certains éléments narratifs, et d’insister sur une meilleure compréhension de l’histoire. Le deuxième avantage que l’on retient de la brièveté, est qu’elle permet au récit bref de se diversifier. Il est utile de préciser qu’il n’est pas vraiment un genre en lui-même, mais il contient plusieurs genres. Il s’est diversifié car il a englobé plusieurs sortes de récits, qui ont bien entendu des caractéristiques communes, mais qui apportent chacune leur originalité, leur caractère, leur particularité et leur spécificité. Tout cela a permis d’enrichir le récit bref. En effet quand on parle de récit bref, on pense souvent à la nouvelle, notamment à la nouvelle maupassantienne, mais on y retrouve également la Fable, qui fait généralement écho à l’univers de Jean de La Fontaine, le conte, et parfois certains poèmes à l’image de ceux de Michaux. Contenant plusieurs genres, cela lui permet de proposer les récits les plus variés, ou comme dirait Baudelaire dans Notes nouvelles sur Edgar Poe, de « récolter les trésors (…) les plus nombreux et les plus variés ». Cela en fait une catégorie littéraire aux allures de pluralité, qui permet de plaire à un plus grand nombre, étant donné qu’il touche à plusieurs registres. On voit par exemple une forme de diversité entre la nouvelle et le conte. Le conte est souvent qualifié de « récit d’aventures merveilleuses », tandis que la nouvelle est rattachée à une « sorte de roman très court ». De plus ils ont des origines différentes : la nouvelle associée au réalisme provient de la voie du roman latin, alors que le conte qui se rapporte au merveilleux nous vient du roman grec. On peut noter une dernière divergence, même s’il en existe uploads/Litterature/ dissertation-de-francais-1 1 .pdf
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- Publié le Nov 17, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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