Méthodologie de l’intervention en travail social Cristina De Robertis Nouvelle

Méthodologie de l’intervention en travail social Cristina De Robertis Nouvelle édition Collection dirigée par Cristina De Robertis Didier Dubasque Henri Pascal Avec la collaboration de Françoise Lesimple et Henri Pascal 2018 PRESSES DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SANTÉ PUBLIQUE Méthodologie de l’intervention en travail social Cristina De Robertis Nouvelle édition Le photocopillage met en danger l’équilibre économique des circuits du livre. Toute reproduction, même partielle, à usage collectif de cet ouvrage est strictement interdite sans auto‑ risation de l’éditeur (loi du 11 mars 1957, code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992). © 2018, Presses de l’EHESP – 2 avenue Gaston-Berger – CS 41119 – 35011 Rennes Cedex ISBN : 978‑2-8109‑0684‑0 ISSN : 1281‑5845 www.presses.ehesp.fr 5 J’ai été élevée dans la conviction que ma réalisation personnelle était conditionnée par trois productions : faire un enfant, planter un arbre et écrire un livre. Ce fut ainsi. Mais, une fois élevé, planté ou écrit, ils marchent dans le monde, ils prennent racine, ils font leur vie. Ils ne nous appar- tiennent plus. C’est ce qui s’est passé avec ce livre dont je vous présente une nouvelle actualisation révisée et mise à jour. Ce livre a, depuis plusieurs décennies, vécu sa propre vie, il a fait son chemin bien au-delà de ce qui était mon espoir et mon projet. Transformé en texte de base de la formation des assistants de service social en France, et, plus récemment, de celle des conseillères en économie sociale et familiale (CESF), il a été régulièrement réimprimé. Il a aussi été traduit en espagnol, en italien, en polonais et en portugais. Il est l’objet de très nombreuses citations et figure dans grand nombre de bibliographies d’auteurs de par le monde. Comment peut-on analyser un tel succès ? Quatre éléments explicatifs nous semblent s’articuler pour répondre. Ce livre, lors de sa première parution en 1981, constitua une réponse au questionnement du travail social des années 1970‑1980. Au cours de cette période, le travail social fut analysé par les courants de sociologie « cri- tique » en termes de contrôle social et de normalisation des populations. Il fut critiqué pour son rôle de reproduction et de soumission des personnes aux normes établies. Ces attaques ont bouleversé les professionnels de l’époque. Comment concilier le travail quotidien et une analyse critique ? Comment exprimer ce qu’est la profession non seulement dans des termes super-structurels ? Quelle est la réalité concrète de ces analyses au niveau des personnes en souffrance sociale ? Toutes ces interrogations ont été Introduction à la nouvelle édition Méthodologie de l’intervention en travail social 6 ­ fertiles, elles ont produit une grande créativité et une élaboration théorique du travail social dont ce livre s’est nourri. La complexité croissante du monde de cette époque montrait déjà les prémices de la crise économique qui donnera, au cours des années sui- vantes, les « nouveaux pauvres » et la « nouvelle question sociale » et le délitement de l’État-providence. Face à tous ces changements sociaux qui ont entraîné exclusion, pauvreté et précarité, et grâce à ce livre, le travail social a pu s’accrocher à des connaissances propres, systématisées et reconnues, qui apportaient l’assurance du métier et la possibilité de ­ créativité. Les travailleurs sociaux avaient aussi une parole confisquée. Confisquée par les employeurs, les universitaires et d’autres professions établies. Les institutions sont frileuses lorsqu’il s’agit de communiquer ce qu’on fait en leur sein : obligation de réserve, confidentialité, censure préalable… Les universitaires, notamment les sociologues, analysaient le travail social dans les termes que nous avons déjà mentionnés. Les autres professionnels au statut établi, aux connaissances respectées et sollicitées (médecins, juges, psychiatres) considèrent souvent le travail social comme l’exécutant de leurs décisions et diagnostics, et non comme un collaborateur à part entière ayant un champ spécifique de compétences complémentaire au leur. À cette époque, les écrits des professionnels étaient rares, souvent réduits à des livres de méthodologie traduits de l’anglais ou en provenance du Québec. Mais à la fin des années 1970, les travailleurs sociaux ont pris la plume et ont écrit sur leur profession et leur action. Plusieurs livres ont alors vu le jour, dont celui-ci. La dernière explication de l’impact de cet ouvrage peut être aussi le programme d’études de 1980 des assistants de service social. Ce programme a employé pour la première fois officiellement les termes de « théorie et pratique de l’intervention en service social » pour nommer l’unité de forma- tion centrale. Le contenu de ce livre, publié un an après, était en phase complète avec le programme et il a été rapidement transformé en texte de référence pour les professeurs et les étudiants. Cette adéquation a été confor- tée des années plus tard avec la réforme des études de 2004 qui désigne deux grands groupes méthodologiques d’égales importance et valeur : l’interven- tion sociale d’aide à la personne (ISAP) et l’intervention sociale d’intérêt collectif (ISIC). En effet, l’articulation des méthodes individuelles et collec- tives présente dans ce livre s’est vue légitimée par ces évolutions dans le programme officiel d’études. Introduction à la nouvelle édition 7  Pourquoi présentons-nous une nouvelle version mise à jour de cet ouvrage ? Le monde et le travail social ont beaucoup évolué au cours de cette période et il nous a semblé important de tenir compte de ces évolutions majeures dont nous pouvons ici énumérer quelques aspects. Les problèmes sociaux se sont aggravés et ont changé de nature. D’une société de quasi plein emploi nous sommes passés à une société où l’exclu- sion et la précarité dans l’emploi sont devenues la règle, avec leurs consé- quences de désaffiliation et de paupérisation de pans entiers de la population. De plus, des changements ont eu lieu au niveau de la famille (accroissement des divorces, familles monoparentales, naissances hors mariage devenues la norme), de la démographie (allongement de l’espérance de vie), de la santé (toxicomanies, procréation assistée, accès aux soins, dépendance). Parallèlement, les politiques sociales se sont modifiées et diversifiées, de nombreux dispositifs ont vu le jour pour traiter, parfois de façon fragmentaire, les divers problèmes sociaux émergents. À l’empilement de dispositifs par problème ou par catégorie de population, s’est ajoutée l’orientation managériale des institutions d’action sociale qui appliquent les modèles d’organisation des entreprises et cherchent la rationalisation, l’efficacité et l’efficience, le tout sous l’injonction de réduction des coûts et de budgets contraints. Les missions confiées et attendues du travail social ont été redéfinies dans ces politiques sociales en termes d’accès aux droits, de création ou de rétablissement du lien social, d’aide à l’insertion, de préservation de la cohésion sociale. Ainsi, le Conseil éco- nomique et social a pu dire : « Le travail social a pour vocation première d’aider à ce qu’une personne, une famille ou un groupe de personnes ait accès aux droits que la société lui confère, et crée ou recrée des liens sociaux 1. » Les pratiques des travailleurs sociaux se sont aussi modifiées, reflétant de nouvelles approches et de nouvelles méthodologies. Malgré une certaine dispersion des dispositifs d’action sociale, des méthodes plus flexibles, plus centrées sur l’usager et ses besoins, articulant mieux les aspects individuels et collectifs, ont été mises en place. Les années 1980 ont vu la publication d’un nombre important d’ouvrages sur le travail social de groupe et com- munautaire que les travaux du Conseil supérieur du travail social (CSTS) ont renommé « intervention sociale d’intérêt collectif ». Des méthodologies ont été élaborées sur l’intervention en réseau, la médiation familiale et sociale, et le CSTS a revisité l’aide psychosociale individuelle en termes « d’intervention sociale d’aide à la personne ». 1. Conseil économique et social (2000), « Mutations de la société et travail social », rap- port présenté par D. Lorthiois, Paris, Journaux officiels. Méthodologie de l’intervention en travail social 8 Enfin, corollaire d’une certaine manière de tous ces changements, des nouveaux textes régissent depuis 2004 l’accès au diplôme d’État d’assistant de service social et le nouveau référentiel de formation affirme à parité les enseignements d’ISAP et d’ISIC et la complémentarité des formes d’inter- vention individuelles et collectives. Il était important de tenir compte de toutes ces transformations et de les réintroduire dans cet ouvrage ; c’est ce qui nous a motivés à revisiter le texte et à l’actualiser. Bien que la structure générale du livre n’ait pas été modifiée, il a été enrichi afin d’intégrer les évolutions de terminologie, de probléma- tiques et de références documentaires et bibliographiques. Ce livre, conçu comme un manuel, est un instrument de réflexion et d’analyse de la pratique du travailleur social, et aussi un outil de formation. Il s’adresse principalement aux professionnels qui cherchent à conceptua- liser et systématiser leur pratique et à ceux qui sont encore en formation. Son objectif est l’acquisition d’un savoir-faire et d’un comment-faire métho- dologiques. Aussi ce texte est-il centré sur l’un des protagonistes de l’inter- vention : le travailleur social professionnel. Les autres acteurs (usager et institution) ne seront abordés qu’indirectement. Le travailleur social est la figure centrale de ce livre, mais cela ne signifie pas que nous minimisons l’importance des autres acteurs uploads/Litterature/ methodologie-de-lintervention-en-travail-social-by-de-roberyis-cristina-pascal-henri-lesimple.pdf

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