Dossier « Thierry Machuel » Les œuvres au programme Les extraits au programme s

Dossier « Thierry Machuel » Les œuvres au programme Les extraits au programme sont organisés selon 5 perspectives différentes mais néanmoins complémentaires. Il peut être intéressant de lire, pour chacune, la présentation de Thierry Machuel (lien N°2). I) Dark like me (perspective « la communauté humaine du chœur ») : * Crée en 2002, c’est un ensemble de 7 pièces a cappella (= sans accompagnement instrumental) écrites pour chœur mixte et voix solistes issus de 6 pupitres différents qui sont, du plus aigu au plus grave : - Sopranos, mezzo-sopranos et altos chez les femmes - Ténors, barytons et basses chez les hommes * Cette œuvre, qui évoque la condition des noirs-américains au début du 20ème siècle : - Utilise des textes qui ont été écrits par l’écrivain et poète noir américain Langston Hughes (1902-1967) [Images 3 et 4], qui, sa vie durant, s’est engagé pour défendre les droits des noirs aux USA. - Est aussi un hommage à Billie Holiday (1915-1959) [Image 5 et 6], de son vrai nom Eleanora Harris, considérée comme l’une des plus grandes chanteuses de jazz. - Débute par une variation (dont la partition n’est pas disponible) sur « strange fruit », une chanson interprêtée par la chanteuse dès 1939 [Extrait 01] et qui dénonce les « Necktie Party » (pendaisons) qui avait lieu dans le Sud des États-Unis et auxquels les blancs assistaient habillés sur leur 31[Image 7]. A) « Afraid » : * 4ème pièce du recueil, c’est un chant sur la peur de la nuit et de la solitude. * Effectif : Il est interprêté par le chœur sans aucun soliste. * Structure : - 3 phrases musicales (qu’on appellera A, B et C) entrecoupées par des silences. - Les phrases A et B sont chantées par les ténors et les sopranos, tandis que le reste du chœur les accompagne en recto tono (= par une répétition de syllabes émises sur la même note - sol# en l’occurrence), ce qui confère à cette pièce un caractère psalmodique (répétition d’un texte sur une même note) - Dans les 2 dernières sections de la phrase C, les rôles sont inversés [P11] : Mélodie pour le reste du chœur tandis que les sopranos et ténors accompagne en recto tono (toujours sur un sol#). => Il n’y a que 2 lignes mélodiques. * Caractéristiques : - On remarque tout de suite l’homorythmie parfaite qui préserve l’intelligibilité du texte, celle-ci étant renforcée par le fait que les accents toniques du texte sont placés sur les temps [P1]. - Rythme ternaire (influence du blues) - L’alternance de 2 mesures ternaires (6/8 et 9/8) permet, en gardant la souplesse du texte, d’en suivre le rythme ainsi que les inflexions naturelles (ce qui en accentue encore l’intelligibilité). * Nombreux figuralismes (= peinture des mots en musique) : - Présence importante de l’intervalle de triton, autant mélodiquement parlant (sur « we cry » au début et sur « afraid » à la fin [P2]), que verticalement (à chaque fois que la mélodie fait entendre un ré bécarre [P3 par ex]) : Auparavant surnommé « diabolus in musica », cet intervalle [qui est, soit une quarte augmentée, soit une quinte diminuée], de par la tension qu’il apporte au discours musical, évoque tout ce qui peut être malsain ou maléfique (la mort, la peur, etc ….). - Les silences placés entre chaque phrase [P4] ajoutent à l’effet dramatique et ceux qui entrecoupent la phrase C [P5], du fait qu’ils sont placés après des mots clefs (« alone », « night » et « afraid »), l’accentuent davantage encore. - « Forte » lors des phrases A et B [P6], les nuances diminuent progressivement au cours de la phrase C : « Mezzo forte » sur «because we are alone » (parce que nous sommes seuls) [P7] « piano » sur « it is night » (c’est la nuit) [P8] « pianissimo » sur « we’re afraid » (nous avons peur) [P9] - « Crescendo » sur « we cry » (nous pleurons) et sur «our ancestors cried » (nos ancêtres pleuraient) [P10]. - Sur les 2 dernières sections de la phrase C, la mélodie passe aux voix graves, ce qui constitue une évocation de la peur (les voix aigües passent en recto tono sur le sol#) [P11]. B) « Homesick blues » : * 5ème pièce du recueil, c’est un chant qui vient en réponse/en complément de « afraid » et dans lequel le poète évoque la nostalgie du pays, de ses racines. * Il est écrit sur un poème constitué de 3 strophes dont chaque 1er vers est répété 2 fois et dans lequel l’anglais utilisé est celui parlé par les noirs américains (ex : « Lawd » au lieu de « Lord »), ainsi que sur certaines paroles de « afraid » (qui, on le verra, reviennent en contrechant) * Effectif : Il est interprété par tout l’effectif vocal qui entre peu à peu au fur à mesure des strophes (on a une densification progressive de l’effectif). * Caractéristiques : On retrouve, dans ce chant quelques éléments typiques du blues (chant dans lequel le(s) chanteur(s) exprime(nt) sa mélancolie, sa tristesse) : - La mesure ternaire (12/8), les nombreuses syncopes (qui évoquent le swing des musiques noires américaines), une carrure de 8 mesures (de 4 temps chacune) et l’utilisation, dans un ordre différent cependant, des 3 mêmes accords que ceux d’une grille de blues (accords sur les degrés I, IV et V , soit ici, do#, fa# et sol#). - La mélodie, une sorte de mélopée (chant mélancolique) qui reflète l’atmosphère triste/mélancolique des paroles est totalement dans l’esprit du blues. - Le fait que cette pièce est en « do# mineur » [mais sur un mode de « la », c'est-à-dire sans note sensible => On parle de musique modale] renforce cette impression de tristesse. * Structure : Ce chant est constitué selon une structure en 3 parties A, A’ et B (correspondant aux 3 strophes de 6 vers chacune du poème) au sein desquelles on remarque certaines constantes : - Dans chacune d’entre elles, on distingue 2 sections : Dans la 1ère, la phrase musicale du thème principal est chantée 2 fois (faisant ainsi écho à la répétition à l’identique de chaque 1er vers des 3 strophes) tandis que, dans la 2ème, elle redescend peu à peu de l’aigu vers le grave. - Il y a, dans chaque partie, 3 plans sonores : La mélodie principale (sur les paroles du poème « homesick blues ») et le contrechant en ostinato rythmique (sur des paroles du poème « afraid »), tous deux toujours chantés par un ou plusieurs « pupitres », ainsi qu’un accompagnement en onomatopées (« nen, nen » quand il est en croches, « ne,ne » quand il est en double-croches) chanté, lui, par les solistes. - Les 3 parties A, A’ et B sont, au niveau de la mélodie principale, toutes séparées par une mesure de silence (cela fait écho à qui ponctuent « afraid »). a) *Dans cette partie A, la mélodie principale est chantée par les barytons tandis que le contrechant est confié aux basses (qui jouent le rôle de soutien harmonique) et aux ténors [pédale de sol# sur les 2 premiers vers = écho à « afraid »] : Uniquement des voix d’hommes. * Dans la 1ère section, l’accompagnement (sur « nen-nen … ») est tout confié à la basse et au ténor (solistes) en croches : Uniquement des voix d’hommes. * les voix de femmes n’entrent que dans la 2ème section (ce qui correspond au point le plus haut de la mélodie principale = figuralisme). * De plus, la soprano et l’alto évoluent en double-croches (figuralisme= le train accélère). a’) * Dans cette partie A’, la mélodie principale est reprise par les pupitres d’altos et de mezzo-sopranos (progression vers l’aigu), d’abord à l’unisson (section 1) puis en polyphonie au début de la section 2 [enrichissement harmonique] avant de revenir à l’unisson sur le dernier vers. * Les pupitres hommes assurent, en même temps que le contrechant, un rôle harmonique. * Les 6 solistes assurent l’accompagnement en onomatopées, soit en croches (basse, ténor et mezzo-soprano), soit en double-croches (baryton, alto et soprano). b) * Dans cette partie B, la mélodie principale est confiée aux pupitres de ténors et sopranos qui chantent à l’octave (la progression vers l’aigu continue) tandis que le contrechant est confiés aux autres pupitres hommes et femmes : Le point culminant de la mélodie (= climax) est atteint au début de la 2ème section (sur « cray’in »= figuralisme). * L’accompagnement, d’abord assuré par tous les solistes en croches dans la 1ère section, se poursuit en double-croches pour les hommes dans la 2ème section. * Cette partie B termine sur une demi-cadence suspensive (écho à « afraid ») * Quelques remarques : - On a une hiérarchisation des nuances : Dans chaque partie, la mélodie principale bénéficie la plus forte nuance des 3 plans sonores, suivie ensuite par le contrechant puis enfin par uploads/Litterature/ dossier-thierry-machuel-les-oeuvres-au-programme.pdf

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