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r UN LABORATOIRE DRAMATURGIQUE ESSAI CRITIQUE SUR LJ THÉÂTRE DE VICTOR HUGO PAUL ET VICTOR GLACHANT LES DRAMES EN VERS DE l'Époque et de la formule iîo m antiques (1827-1839) PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C'*^ 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79 1902 Â P/yy/^''../*^ 5 tVi r. KSSAI CRITIQUE THEATRE DE VICTOR HUGO DRAMES EN VERS OUVRAGES DES MÊMES AUTEURS PUBLIÉS PAR LA LIBRAIRIE HACHETTE ET C" Papiers d'autrefois. Un vol. in-16, broché 3 fr. 50 {Owrtif/c couronné par VAcndrmie franrnise, prix Montyon. f!>00.) Un laboratoire dramaturgique. Essai critique sur le théâtre de Victor Hugo. Les drames en prose. Le lliéàtre épique. Le théâtre en Ul)crté. [En préparation). Olympe Dunoyer, comédie (épuisé). Un voL Paul OllenaorfT. édit. André Chénier critique et critiqué, par Paul Glacmam. Un vol. A. Lonicrro. édit. Coiilommiers. — Imp. Paul BHOUAHU. — 088-l'.K)-2. UN LABORATOIRE DRAMATURGIQUE ESSAI CUITIQUE SUR LE THÉÂTRE DE VICTOR HUGO PAUL ET VICTOR GLACHANT LES DRAMES EN VERS DE l' ÉPOQUE ET DE LA I- O H M U L E ROMANTIQUES ( 1 S 2 7 - 1 8 3 9 ) PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79 1902 Droits rîo traduction et do repioduclion i MONSIEUR ERNEST DUPUY Hommage cVaffectueux respect. P. ET V. G. 7/ ESSAI CRITIQUE f ^ THEATRE DE VICTOR HUGO INTRODUCTION LES MANUSCRITS DRAMATIQUES DE VICTOR HUGO En quoi consiste le sérieux emploi des autographes des grands écrivains. — Critique littéraire des textes par les manuscrits. « Il serait quelquefois à désirer que •< nous eussions les brouillons dos grands " poètes, pour voir par combien d'6che- « Ions ils ont passé. » (André Chknier, Noies sur Malherbe.) Pour qui prétend à descendre dans l'intimité des écrivains glorieux, la lecture de la page écrite est toujours préférable à celle de l'imprimé. Il n'est point d'éditions de luxe, illustrées ou non, point de chine ou de whatmann, point de caractères spé- ciaux, elzéviriens ou gothiques, qui vaillent pour le lettré, s'il n'est délibérément bibliomane, le brouillon tracé par l'auteur lui-même; à tel point TH. nK V. H. * , 1 2 THÉÂTRE DE VICTOR HUGO. que certains éditeurs d'œuvres contemporaines ont conçu, et réalisé par exception, l'idée ingénieuse de publier des ouvrages qui, par un procédé autogra- pliique, reproduisent le manuscrit môme de l'écri- vain. Cette tentative se généralisera peut-être. Ce serait une révolution dans l'histoire du livre. Toutefois, les éditions auxquelles je fais ici allu- sion ont, à mes yeux, un grave défaut. L'autogra- phie se pratique, pour la clarté du texte, sur une copie mise au net. Ainsi, toute trace de remanie- ment, de correction, a disparu. A ce titre, elles ne peuvent guère satisfaire que l'amateur d'autogra- phes, ou encore le graphologue. Or, le collection- neur d'autographes qui n'est que collectionneur me paraît ou haïssable, ou négligeable. Le plus ordinairement, il recherche et classe des signa- tures, quelques fragments insignifiants, des invita- tions à dîner, un mot de recommandation. Tout lui est bon, pourvu que cela soit parafé par un grand homme. Il paiera fort cher, dans une vente, les pattes de mouche du nom de Napoléon ou la griffe énorme, presque enfantine, de Louis XIV. Mais quoi! d'autres collectionnent avec amour les tim- bres-poste, les ex-libris, voire les correspondances d'omnibus. Le monde, en somme, a peu changé sous ce rapport, depuis La Bruyère. Venons au graphologue. 11 est devenu légion. Homme du monde, il surgit dans tous les salons, pérore quelques instants, ajuste son lorgnon, el se INTRODUCTION. 3 fait livrer de menus spécimens d'écriture. Cepen- dant, il est rare que quelqu'un n'ébauche point la citation inévitable : « Donnez-moi deux lignes de l'écriture d'un homme.... » — Aussitôt, chacun de tirer de sa poche certains billets non personnels ou quelque enveloppe de lettre, afin de les sou- mettre à l'examen. Sérieux comme un président, l'expert donne ses conclusions, déclare que telle personne de la société manque de volonté, sous prétexte que son écriture est descendante et que les t ne sont pas barrés. Il convaincra telle autre d'ambition ou de vanité, parce que ses lignes « vont en montant ». Heureux quand il ne parle pas de grille, au grand effroi des gens calmes ! Les gaffes du graphologue sont innombrables et inou- bliables. C'est lui qui dit à un mari, en déchiffrant une lettre de sa femme : « Yoilà une personne qui ne sut jamais résister à une déclaration d'amour ». A M. X..., membre de l'Institut : « Voici l'écri- ture d'un illettré ». A Mme Z..., qui lui montre trois lignes de son flirt : « Ce monsieur mourra sous peu de paralysie générale ». Le graphologue de société a un rival redoutable : c'est le chiro- mancien amateur. Mais on ne saurait modifier les lignes de sa main. Il n'en est pas de même des caractères que l'on trace. Combien cette mode innocente nous a-t-elle valu d'écritures rectilignes et rigides, hautes et pointues, inclinées et gladio- lées, toutes obtenues par de patients exercices, à 4 THEATRE DE VICTOR HUGO. seule fin de conquérir les suffrages des disciples de l'abbé Michon ! Une troisième classe de curieux s'attachent encore à l'étude des manuscrits. Ce sont les gram- mairiens épris de critique verbale, les restaura- teurs de textes anciens et modernes. Ce genre d'études, qui naquit de l'autre côté du Rhin, a fait de singuliers progrès chez nous depuis une tren- taine d'années, et plus. On s'en prit d'abord aux auteurs antiques, avec une f'uria qui ne fut point exempte d'exagération. Est-il bien utile d'écraser un pauvre poème de quelques centaines de vers sous le poids d'un commentaire de huit cents pages, uniquement consacré aux variantes du texte,... surtout alors qu'on n'en tire aucune conclusion, particulière ou générale? Cette méthode fut, par la suite, appliquée aux modernes. Très intéressante et instructive en elle- même, elle conserve toute sa valeur (juand il s'agit {^établir un texte incomplet, ébauché ou retouché, ou composé de pièces et de morceaux : tels les Sermons de Bossuet, les poèmes d'André Chénier ou les Pensées de Pascal. En va-t-il de même pour les œuvres achevées, dont le texte fut revu par l'au- teur ou, du moins, par un éditeur qui passe pour soigneux? Il semble qu'en pareil cas il soit impru- dent de risquer des conjectures. Tel n'est pas l'avis de certains philologues ultra-con.sciencicux. Ils devi- nent partout la faute, ils la découvrent en divers INTRODUCTION. 5 endroits. En l'absence des manuscrits originaux, leur flair subodore l'erreur de texte consacrée par l'usage; et il faut bien avouer qu'ils [toussent par- fois le scrupule jusqu'à l'imaginer. L'un de ces apôtres de la critique verbale, mort depuis peu, affi- chait, sur ce point, des convictions intransigeantes. Il eût volontiers, quelque doux qu'il semblât, noté d'infamie le sacrilège qui osait confondre une variante avec une correction. Il désolait les huma- nistes, ses confrères, en remaniant les textes fran- çais les plus clairs, les plus solidement établis. A cet effet, il collectionnait les coquilles d'impri- merie, il échafaudait des hypothèses, d'après un calcul de probabilités compliqué. Les résultats étaient, de temps en temps, heureux. Ce fut lui qui, par instinct autant que par raisonnement, corrigea le vers fameux de Ghénier : Pauvres cliions et moutons, toute la bergerie... en PtUres, cil i eus et moutons.... L'hypothèse se trouva vérifiée quand on put lire le manuscrit. Mais ])areille aubaine est rare. Si séduisante que puisse être la criti(|uc verbale (et nous en faisons le cas qu'il faut), il est une autre étude plus générale, plus libérale, plus philoso- 6 THÉÂTRE DE VICTOR HUGO. phique, dont certains manuscrits fournissent les éléments. Je veux parler de la critique qui puise, dans les minutes mêmes des œuvres célèbres, des renseignements multiples sur la personnalité de l'écrivain; sur sa façon de travailler; sur ses habi- tudes, son caractère, ses manies; sur l'histoire de ses livres et ses procédés de composition; renseignements précieux, aussi bien pour le psy- chologue que pour l'historien, et qui font que le manuscrit de tel poème ou de tel roman apprécié s'ouvre devant nous, comme le laboratoire ' où nous saisissons sur le vif le labeur, les expé- riences, les intentions, les tâtonnements de l'écri- vain. Voilà la véritable manière de tirer parti d'un manuscrit littérairement, quand on le peut. Malheureusement, les brouillons intéressants ne laissent pas d'être rares. Ceux de jadis ont dis- paru pres(|ue tous, parce qu'on ne se rendait pas compte de l'importance qu'ils prendraient plus tard. Que ne donnerions-nous pas jtour pouvoir suivre les diverses étapes de la pensée d'un Molière, d'un Racine ou d'un La Bruyère? Mais, au xvii" siècle, une fois le volume imprimé, on se souciait peu des pages manuscrites. Le goiàt de l'inachevé manquait alors : car on avait peu de sens critique propre- ment dit, et pas iki tout do méthode historique. Il s'ensuit que les manuscrits suggestifs sont, à cotte 1. Le mol. lotit à fait loplcjui-, est de M. Éin. Faguet. INTRODUCTION. 7 époque, ceux des ouvrages qui ne furent j)oiiit publiés. Pourtant, quelques exceptions viennent augmenter notre uploads/Litterature/ essai-critique-sur-le-theatre-de-victor-hugo.pdf

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