Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Fiction e

Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Fiction et Diction Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Gérard Genette Fiction et Diction Éditions du Seuil Retrouver ce titre sur Numilog.com Le présent ouvrage regroupe Introduction à l’architexte et Fiction et Diction, publiés initialement en 1979 et 1991 dans la collection «Poétique», ainsi que, en «Post-scriptum», le texte paru sous le titre «Fiction et Diction» en avril 2003 dans la revue Poétique, n° 134. ISBN (ISBN 1re publication Introduction à l’architexte, 2-02-005310-1) (ISBN 1re publication Fiction et Diction, 2-02-012851-9) © Éditions du Seuil, 1979, 1991 et janvier 2004 pour la présente édition et la composition du volume Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. www.seuil.com 978-2-02-106942-6 Retrouver ce titre sur Numilog.com Fiction et diction Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Argument À des titres divers, les quatre études qui suivent portent sur la question des régimes, des critères et des modes de la littérarité, définie depuis Roman Jakobson comme l’as pect esthétique de la littérature – qui, cela va sans dire, en comporte bien d’autres. Il s’agit donc de préciser dans quelles conditions un texte, oral ou écrit, peut être perçu comme une « œuvre littéraire», ou plus largement comme un objet (verbal) à fonction esthétique – genre dont les œuvres constituent une espèce particulière, définie entre autres par le caractère intentionnel (et perçu comme tel) de la fonction. À cette différence d’extension correspond à peu près l’opposition entre les deux régimes de littérarité : le consti - tutif, garanti par un complexe d’intentions, de conventions génériques, de traditions culturelles de toutes sortes, et le conditionnel, qui relève d’une appréciation esthétique sub- jective et toujours révocable. La catégorie très théorique (et souvent inaperçue) du régime en rencontre une autre, de perception plus évidente, qui lui est en quelque sorte perpendiculaire : celle du cri - tère empirique sur lequel se fonde, fût-ce après coup, un diagnostic de littérarité. Ce critère peut être soit thématique, c’est-à-dire relatif au contenu du texte (de quoi s’agit-il?), soit formel ou, plus largement, rhéma tique, c’est-à-dire relatif au caractère du texte lui-même et au type de discours qu’il exemplifie. Retrouver ce titre sur Numilog.com La croisée de ces deux catégories détermine un tableau des modes de littérarité. Mais ces modes ne s’y répartissent pas de manière égale et symétrique. Le critère thématique le plus fréquemment et légitimement invoqué depuis Aristote, la fictionalité, fonctionne toujours en régime constitutif : une œuvre (verbale) de fiction est presque inévitablement reçue comme littéraire, indépendamment de tout jugement de valeur, peut-être parce que l’attitude de lecture qu’elle pos- tule (la fameuse «suspension volontaire de l’incrédulité») est une attitude esthétique, au sens kantien, de «désintéres- sement» relatif à l’égard du monde réel. Le critère rhéma- tique, lui, peut déterminer deux modes de littérarité par dic- tion. L’un (la poésie) est de régime constitutif : de quelque manière qu’on définisse la forme poétique, un poème est toujours une œuvre littéraire, parce que les traits formels (varia bles) qui le marquent comme poème sont, de manière non moins évidente, d’ordre esthétique. L’autre mode de dic- tion (la prose non fictionnelle) ne peut être perçu comme littéraire que de manière conditionnelle, c’est-à-dire en vertu d’une attitude individuelle, comme celle de Stendhal devant le style du Code civil. Tel est le postulat d’ensemble de ce petit livre, et l’ob jet de son premier chapitre. Les deux suivants portent plus spécifiquement sur le discours de la fiction. Le premier cherche à définir, dans la voie ouverte par John Searle, le statut des énoncés de fiction narrative comme actes de langage. Ces énoncés, qui instaurent l’univers qu’ils pré - tendent décrire, consistent selon Searle en des assertions « feintes», c’est-à-dire qui se présentent comme des asser- tions sans en remplir les conditions pragmatiques de vali- dité. Cette définition est pour moi incontestable, mais incomplète : si les énoncés de fiction ne sont pas des asser- tions véritables, reste à préciser à quelle autre sorte d’actes de langage ils ressortissent. Le troisième chapitre part d’un constat historique : la nar - ratologie s’est presque exclusivement attachée aux formes 4 Fiction et diction Retrouver ce titre sur Numilog.com du récit de fiction, comme si ces observations étaient auto- matiquement applicables ou transposables aux récits non fictionnels comme celui de l’Histoire, de l’autobiographie, du reportage ou du journal intime. Sans engager sur ce terrain une enquête empirique qui reste fort nécessaire, j’es- saie ici, d’une manière plus déductive et schématique, d’in- diquer quelles conséquences prévisibles le caractère fiction- nel ou « factuel » d’un récit peut entraîner sur ses allures temporelles, ses choix de distance et de point de vue, ou de « voix » narrative, ou encore – trait peut-être le plus perti- nent – sur la relation qu’y entretiennent les deux instances du narrateur et de l’auteur. La dernière étude revient sur le terrain de la diction, considérée sous son aspect le plus conditionnel, celui du style. La définition léguée par les linguistes (« le style est la fonction expressive du langage ») appelle elle-même une interprétation en termes sémiotiques, sous peine de favoriser une conception étroitement affectiviste des « faits de style ». La notion douteuse d’expression nous engage dans une longue quête qui mène en zigzag de Bally à Frege (sens et dénotation), de Frege à Sartre (sens et signification) et de Sartre à Nelson Goodman – lequel fournit, avec la dis- tinction entre dénotation et exempli fication, le moyen d’analyser d’une manière plus claire, plus large et plus sobre la relation entre langue et style, c’est-à-dire entre la fonction sémantique du discours et son versant de « percep- tibilité». On peut juger obscure ou problématique la convergence sur une même fonction de ces deux modes apparemment hétérogènes que sont, d’un côté, le caractère fictionnel d’une histoire et, de l’autre, la manière dont un texte, outre ce qu’il dit, laisse percevoir et apprécier ce qu’il est. Le trait commun, je le soupçonne, tient à un trouble de la transpa- rence du discours : dans un cas (fic tion), parce que son objet est plus ou moins explicitement posé comme inexis- tant ; dans l’autre (diction), pour peu que cet objet soit tenu 5 Argument Retrouver ce titre sur Numilog.com pour moins important que les propriétés intrinsèques de ce discours lui-même. Maintenant, en quoi cette opacité relative, quels qu’en soient le mode ou la cause, constitue un trait proprement esthétique, cette question requiert d’évidence une plus vaste enquête, qui déborderait le champ, décidément trop étroit, de la poétique. 6 Fiction et diction Retrouver ce titre sur Numilog.com Fiction et diction Si je craignais moins le ridicule, j’aurais pu gratifier cette étude d’un titre qui a déjà lourdement servi : « Qu’est-ce que la littérature?» – question à laquelle, on le sait, le texte illustre qu’elle intitule ne répond pas vraiment, ce qui est en somme fort sage : à sotte question, point de réponse; du coup, la vraie sagesse serait peut-être de ne pas la poser. La littérature est sans doute plusieurs choses à la fois, liées (par exemple) par le lien plutôt lâche de ce que Wittgen- stein appelait une «res sem blance de famille» et qu’il est difficile, ou peut-être, selon une relation d’in cer titude comparable à celles que connaît la physique, impossible de considérer ensemble. Je m’en tiendrai donc à un seul de ces aspects, en l’occurrence celui qui m’im porte le plus, et qui est l’aspect esthétique. Il est en effet de consensus à peu près universel, quoique souvent ou blié, que la littérature, entre autres choses, est un art, et d’évidence non moins universelle que le matériau spéci fique de cet art est le «lan- gage» – c’est-à-dire, bien sûr, les langues (puisque, comme l’énonçait sobrement Mallarmé, il y en a «plusieurs»). La formule la plus courante, que j’adopterai donc comme point de départ, est celle-ci : la littérature est l’art du langage. Une œuvre n’est littéraire que si elle utilise, exclusivement ou essentiellement, le médium linguistique. Mais cette condi- tion nécessaire n’est évidemment pas suffisante : de tous les matériaux que l’humanité peut utiliser entre autres à des fins d’art, le langage est peut-être le moins spécifique, le moins Retrouver ce titre sur Numilog.com étroitement réservé à cette fin, et donc celui dont l’emploi suffit le moins à désigner comme artistique l’activité qui l’uti- lise. Il n’est pas tout à fait sûr que l’emploi des sons ou des couleurs suffise à définir la musique ou la peinture, mais il est certain que l’emploi des mots et des phrases ne suffit pas à définir la littérature, et encore moins la littérature comme art. Cette particularité négative a été jadis relevée uploads/Litterature/ fiction-et-diction-gerard-genette 1 .pdf

  • 11
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager