© x 1 L’Hystérie masculine La rencontre de Freud avec l’hystérie masculine à li

© x 1 L’Hystérie masculine La rencontre de Freud avec l’hystérie masculine à lieu en octobre 1885, à Paris, où il se rend pour assister à l’enseignement de Charcot. Un an plus tard, à Vienne, il expose devant la société des Médecins la conception de l’hystérie masculine qu’il a apprise du maître de la Salpétrière, et son premier travail clinique, présenté peu après devant la dite Société pour répondre à un défi du professeur Meynert, consiste dans l’étude du cas d’Auguste P., qualifié par Freud d’hystérie traumatique. La constance de la thèse selon laquelle l’hystérie comme type clinique existe aussi bien chez l’homme que chez la femme s’atteste de ce que nous pouvons lire dans un des derniers écrits de Lacan : " il n’y a pas de sens commun de l’hystérique, et ce dont joue chez eux ou elles l’identification... ". " L’hystérie masculine " serait donc une question classique de la clinique freudienne, n’était-ce l’absence de paradigme clinique incontestable et la relative marginalité de son abord dans la littérature analytique, qui résonne avec la féminisation le plus couramment pratiquée du genre de l’hystérique. Pourtant, à y voir de plus près, c’est au cœur même du choix du sexe d’une conduit l’interrogation réglée de cette apparente atypie : l’hystérie masculine. C’est donc grâce à Charcot que Freud fait ses premiers pas dans l’investigation de l’hystérie. Charcot, bien qu’anatomo-pathologiste de formation, aborde l’hystérie essentiellement en clinicien. Ce dont Freud lui fait hommage de façon réitérée, c’est d’avoir constitué l’hystérie en type clinique, dont les formes symptomales diverses peuvent s’ordonner dans une série objectivable, ce qui exclut l’assimilation de l’hystérie à une simulation et assure son insertion dans la science. Dans le même temps, l’hystérie est qualifiée de névrose, c’est-à-dire non réductible à une lésion organique, encore que sur ce point la notion alternative que Charcot propose de " lésion dynamique " soit quelquefois ambiguë. L’essentiel du frayage dû à Charcot est cependant d’avoir élaboré une conception de traumatisme particulièrement appropriée à l’explication de l’hystérie qu’il appelle " virile ". Le traumatisme, choc local, produit un processus physiologique de parésie provisoire, entraînant chez le sujet ému l’idée d’impuissance motrice d’où résulte, par auto-suggestion, le formation du symptôme hystérique de paralysie. A cette explication correspond une confirmation expérimentale : il est possible de reproduire artificiellement le symptôme hystérique, soit par suggestion sous hypnose, soit par un choc local sous hypnose. En considérant quelques années plus tard que l’effet pathogène du traumatisme est lié non, comme le voulait Breuer, à un état physiologique particulier, l’état hypnoïde, mais aux significations que le sujet confère au traumatisme, et dont il ne veut rien savoir, Freud se détache irréversiblement de Charcot pour fonder la psychanalyse sur le concept de refoulement. Rien cependant, jusque là qui fournisse un trait distinctif de l’hystérie masculine. Au contraire, c’est à partir des cures de femmes hystériques que Freud remodèle, sans l’abandonner, la théorie du traumatisme pour ébaucher une théorie du fantasme. Il faudra attendre que la première guerre mondiale actualise la question des névroses de guerre pour que soit repris l’examen des effets pathogènes du traumatisme. Ce sera la tâche du Ve Congrès international de Psychanalyse à Budapest, en 1918. La position de Freud à l’égard de ces névroses est à la fois prudente et nette : " Si l’examen - encore très poussé - des névroses de guerre n’a pas révélé que la théorie sexuelle des névroses est exacte, cela était tout autre chose que si elle avait révélé que cette théorie n’est pas exacte ". © x 2 Aussi conclut-il son introduction : " On peut tout de même à juste titre caractériser le refoulement, qui est à la base de toute névrose, comme une réaction à un traumatisme, comme une névrose traumatique élémentaire ". Est-ce à dire que Freud considère que la névrose de guerre serait une variante de la névrose hystérique ? même si dans " Au delà du principe de plaisir ", Freud esquisse un rapprochement entre l’hystérie et les névroses traumatiques en faisant remarquer que, tout comme les hystériques souffrent de réminiscences, le névrosé traumatique est fixé psychiquement à son traumatisme, il n’en garde pas moins une certaine réserve. Il est nécessaire de mentionner les raisons de cette réserve parce qu’elles anticipent sur les problèmes fondamentaux et inédits qui peuvent se poser de façon privilégiée à partir de l’hystérie masculine. 1) Dans la névrose traumatique, la souffrance subjective est plus forte et n’est pas sans rappeler l’hypocondrie et la mélancolie. 2) Pour explorer la voie qui permettrait de subsumer les névroses traumatiques sous les névroses de transfert, il faudrait préalablement éclairer d’une part c qu’il en est du masochisme, d’autre part de la libido narcissique. Ce n’est donc pas directement dans la filiation hystérie virile-névrose de guerre que Freud renoue avec son investigation de l’hystérie chez l’homme, mais au travers de deux cas dont l’un est emprunté à l’histoire de la démonologie, celui du peintre Christophe Haizmann, l’autre à l’histoire de la littérature, celui de l’écrivain Fiodor Mikhailovitch Dostoïevski. Le cas du premier est examiné dans l’article intitulé " une névrose démoniaque au XVILe siècle ", paru en 1923. Freud s’appuie sur un ensemble de documents relatant la signature par Christophe Haizman d’un pacte avec le diable et l’issue, grâce à deux exorcismes, de cette possession. Bien que l’expression de " névrose hystérique " ne figure pas comme telle dans le texte, Freud prend clairement parti : il s’agit d’une " névrose " (et non d’un psychose) ; il s’agit de " manifestations de l’hystérie " sous le " vêtement démonologique " ( à cette occasion, Freud évoque d’ailleurs Charcot qui le premier sut reconnaître l’hystérie sous la dite possession). L’analyse minutieuse que Freud présente de ce cas peut s’articuler ainsi : Le pacte avec le diable que signe Haizman en 1669 est consécutif au décès du père d’Haizmann. Voici l’enjeu du pacte : le diable s’engage à remplacer pour neuf ans ce père défunt. Quant au motif du pacte il serait, pour Haizmann, de sortir, grâce à ce remplacement, d’un accès de mélancolie et de l’inhibition au travail qui l’accompagne. La thèse ne varietur de Freud est que le diable est le substitut du père, bien qu’Haizmann l’ait représenté avec des mamelles qui le féminisent dès le deuxièmes des huit tableaux qu’il a consacré à représenter l’histoire de sa possession. Si le diable est le substitut du père, le choix d’Haizman de contracter un pacte avec lui témoigne de son amour pour le père. Cependant, la transformation du deuil en mélancolie indique que cet amour pour le père masque la haine pour le père qui s’est développée dans le complexe d’Oedipe. Freud nous livre ici une indication extrêmement précieuse concernant la façon dont il aurait dirigé la cure si Haizmann avait été un de ses patients. Il l’aurait amené " à se ressouvenir quand et à quel propos il eût lieu de craindre son père et le détester " et il aurait essayé de découvrir " les facteurs accidentels qui se sont surajoutés aux facteurs typiques de la haine pour le père ". Pour la première fois, nous saisissons un trait différentiel majeur de l’hystérie masculine : l’intensité surdéterminée de la haine pour le père dans le complexe d’Oedipe. Observons à cet égard la partie gauche du tryptique peint par Haizmann en1678(entre les deux exorcismes) : on y voit un chien noir aboyer contre le bourgeois qui, dans la série des huit tableaux consacrés à l’histoire de la possession, représente la première figuration du diable et qui, dans ce tryptique, s’interpose entre le chien et une dame qui , curieusement, détient déjà la lettre du pacte. Ainsi, l’art est-il le moyen privilégié d’expression de la haine contre le père et la perte © x 3 de cet art, consécutive à la mort du père, est-elle aussi pour Haizmann la perte de son désir : " Qui perd son fou perd sa voix ". L’hypothèse de Freud selon laquelle le père aurait contrarié la vocation artistique d’Haizmann n’apparaît donc pas sans fondement. Dès lors, enfin, la haine du père ainsi refoulée trouvera sa traduction dans le " ravalement " du père en diable. L’amour pour le père, qui opère une inversion du complexe d’Oedipe, n’est pas pour autant une solution. Certes, il permet à Haizmann d’aluder l’affrontement au père dans la haine : il sert donc l’évitement de la castration du côté masculin au non de la jouissance, mais la question de la castration se repose alors du côté féminin, puisque Haizmann se retrouve dans une position féminine vis à vis du père. C’est pour contrer la castration du côté féminin que dès le deuxième tableau de la série de huit, Haizmann représente le diable sous une forme féminisée par l’adjonction de mamelles. Haizmann se trouve en effet dans une impasse subjective. Il n’accepte la castration ni du côté homme - il recule devant l’affrontement avec le père -, ni du côté femme - il recule devant l’implication d’une position féminine à l’endroit du uploads/Litterature/ freud-l-hysterie-masculine.pdf

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