Gérard Fussman Documents épigraphíques kouchans (III). L'inscription kharosthï
Gérard Fussman Documents épigraphíques kouchans (III). L'inscription kharosthï de Senavarma, roi d'Odi : une nouvelle lecture In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 71, 1982. pp. 1-46. Citer ce document / Cite this document : Fussman Gérard. Documents épigraphíques kouchans (III). L'inscription kharosthï de Senavarma, roi d'Odi : une nouvelle lecture. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 71, 1982. pp. 1-46. doi : 10.3406/befeo.1982.1466 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1982_num_71_1_1466 DOCUMENTS ÉPIGRAPHIQUES KOUCHANS (III) * L'INSCRIPTION KHAROSTHÎ DE SENAVARMA, ROI D'ODI : UNE NOUVELLE LECTURE PAR Gérard FUSSMAN Abréviations H. W. Bailey, « A Kharostri Inscription of Senavarma, King of Odi », Journal of the Royal Asiatic Society, London, 1980, n° 1, p. 21-29 et planche. Bulletin de VEcole Française ď Extrême Orient, Paris. John Brough, The Gândhârï Dharmapada, London Oriental Series, vol. 7, London, 1962. A Critical Pâli Dictionary, Copenhague, 1924- . Franklin Edgerton, Buddhist Hybrid Sanskrit Dictionary, New Haven, 1953, réimpression Delhi, 1970. Sten Konow, Corpus Inscriptionum Indicarum, vol. II, part I, Kharoshthï Inscriptions, with the exception of those of Ašoka, Calcutta, 1929. Louis de La Vallée Poussin, UAbhidharma- hoéa de Vasubandhu, Traduction et annotations. Nouvelle édition anastatique présentée par Etienne Lamotte, Mélanges Chinois et Boudd hiques, vol. XVI, Bruxelles, 1971. Les renvois se font comme dans l'index. Kosa, II, 226 * Voir I : BEFEO, LXI, 1974, p. 1-66 et II : BEFEO, LXVII, 1980, p. 45-58. Dans cette dernière étude, j'ai laissé échapper deux fautes d'impression : p. 55 l'ethnique doit être lu Tadekhiyasa et traduit « de Tadekha » ou « de Tadakha » (s'il y a palatalisation). В. BEFEO Brough, Gdhpd. CPD Edgerton, Diet. Konow, Cil Kosa 2 GÉRARD FUSSMAN renvoie ainsi au Chapitre II, p. 226 du tome I de la réimpression. LV Lalita Vistara. Pour la commodité du lecteur, nous renvoyons aux deux éditions lest plus utilisées (page et ligne) : Lefmann (= S. Lef- mann, Lalita Vistara, Halle, 1902) et Dar- bhanga (Lalita- Vistara, edited by Dr. P. L. Vai- dya, Buddhist Sanskrit Texts, n° 1, Mithila Institute, Darbhanga, 1958). MV Mahàvastu. Nous renvoyons à l'édition Emile Senart, Paris, Société Asiatique, 1882-1897, réimpression Tokyo 1977 (tome, page, et ligne). Traduction anglaise de J. J. Jones, Sacred Books of the Buddhists, vol. XVI-XVIII, London, 1949-1956. PED T. W. Rhys Davids and W. Stede, The Pali Text Society's Pali-English Dictionary, London. 1921. Le sol du Pakistan est décidément fertile en documents épigraphiques d'une extreme importance. Après le Buddha de Bruxelles, qui permet de fonder solidement la chronologie de l'art du Gandhâra *, après les trois dédi caces des roitelets d'Apraca, qui permettent d'établir la chronologie relative et absolue de l'Inde du Nord-Ouest aux alentours de notre ère et montrent les voies par lesquelles s'est faite Г « indianisation » des régions-frontières 2, voici que nous devons à Sir Harold W. Bailey la publication de la plus longue des inscriptions kharosthï jusqu'ici connues 3. Ce texte, outre les nouveaux renseignements historiques qu'il apporte — et qui ne sont pas négligeables — deviendra très certainement un des points de référence obligés des historiens de la littérature et des langues du bouddhisme. On se réjouirait de cette avalanche de nouveautés si elle n'était la conséquence du pillage des sites archéologiques à la frontière du Pakistan et de l'Afghanistan, si l'on ne songeait au saccage des ensembles architecturaux d'où ont été extraites ces diverses inscriptions, et si l'ignorance où nous resterons des lieux exacts de trouvaille ne limitait nos conclusions. Nous devons remercier Sir Harold d'avoir fait connaître rapidement ce texte capital. Il en a donné une transcription, une traduction et quelques notes qui signalent les principales nouveautés historiques ou linguistiques qu'il comporte. Grâce à cette première édition, nous disposons d'une base solide pour aller plus loin et tâcher de mieux comprendre les articulations du texte et son arrière-plan idéologique et littéraire. (1) G. Fussman, BEFEO, LXI, 1974, p. 54-58. J. С Harle, « A hitherto unknown dated sculpture from Gandhâra : a preliminary report », Papers from the 2nd International Conference of South-Asian Archaeologists... edited by J. E. Van Lohuizen de Leeuw et J. M. M. Ubaghs, Leiden, 1974, p. 128-135. (2) H. W. Bailey, Journal of the Royal Asiatic Society, 1978, 1, p. 3-13. G. Fussman, BEFEO, LXVII, 1980, p. 1-43. (3) Voir B. dans les abréviations. DOCUMENTS EPIGRAPHIQUES KOUCHANS (ill) 6 M'appuyant sur le premier déchiffrement de Sir Harold, je donnerai donc ci-dessous une nouvelle édition et une traduction commentée de l'in scription désormais dite de Senavarma. Pour faciliter les renvois, je subdivise les lignes en groupes de mots ; la division en lignes, désignées par des chiffres, correspond à la réalité matérielle ; celle en groupes de mots, désignés par des lettres minuscules, dépend de l'interprétation que j'ai choisie. J'utilise comme seul signe de ponctuation le danda \ qui permet de ne pas trop modifier l'original, non ponctué. J'utilise, comme à mon habitude, les signes convent ionnels suivants : [ ] restitution ; ( ) correction ; <( ) ajout ; X aksara disparu ; . lettre disparue. Je rappelle que l'écriture kharosthl ne note pas la longueur des voyelles et ne distingue pas entre consonnes simples et consonnes géminées. Bien que l'écriture permette de distinguer entre nasales dentales et cérébrales, seul le signe de cérébrale (m) est ici employé, même pour les nasales étymolo- giquement dentales. Le cas est fréquent en kharosthl 1. Le dialecte moyen- indien de ce texte ne comportant pas de véritable diphtongue, je ne crois pas nécessaire de séparer les voyelles en hiatus par une apostrophe, comme В., ni de marquer les i et les и en hiatus par un tréma (ï, u), comme S. Konow. Je n'ai pas cherché à voir l'inscription elle-même. L'excellente photo graphie publiée par B. permet en effet de contrôler la plupart de ses lectures. J'ai indiqué dans l'apparat critique les quelques 80 cas où j'adopte d'autres lectures que les siennes. Ce nombre ne doit pas paraître élevé : le texte com porte près de 1400 aksara. En fait j'accepte dans sa presque totalité le premier déchiffrement de B. ; je ne le modifie que dans les cas manifestes d'erreur d'impression et pour la notation de certaines voyelles : Sir Harold lit souvent a ou e ce que je crois être des i ou des o. La taille minuscule des signes, et certaines maladresses de gravure (i gravés en deux parties, о placés très haut), expliquent ce désaccord. Les différences entre le texte de B. et celui que je donne ci-dessous tiennent surtout à la coupe des mots et des phrases. Parfois, nos traductions sont si dissemblables qu'il ne servirait à rien de justifier l'une par rapport à l'autre. Je ne cite donc les traductions et commentaires de B. qu'aux endroits où il me semble nécessaire de lui rendre hommage pour sa perspicacité, ou lorsque son interprétation est si bien fondée qu'elle mérite une critique attentive. Pour le reste, je m'abstiens de signaler nos divergences : il suffira au lecteur de se reporter à B. pour voir quelles elles sont. En ré-éditant ce texte, j'ai tâché de suivre les principes suivants. Je me sais attaché à lui trouver le contenu le plus banal possible, estimant que je risquais moins de me tromper si je pouvais citer des parallèles à l'appui de mon interprétation, ou si je pouvais éviter, par un moyen simple, l'intrusion de faits ou de concepts dont la nouveauté ferait problème. Bien que les inscriptions kharosthl — et celle-ci en particulier — recourent souvent à un vocabulaire emprunté au grec où à l'iranien, j'ai toujours cherché si une interprétation indienne n'était pas d'abord possible. En ce qui concerne la syntaxe, ce parti-pris est systématique : le point de départ de ma traduction (1) Konow, Cil, p. си-civ. Il semble que la distinction des nasales soit seulement orthographique, sans que rien ne nous renseigne vraiment sur la prononciation réelle. Le cas est autre pour le Gdhpd : Brough, Gdhpd., p. 97-98 § 45. 4 GERABD FUSSMAN est toujours la volonté de retrouver l'ordre des mots et la syntaxe des subor données attendus en moyen-indien. D'ordinaire, je m'abstiens systémat iquement de corriger les textes que j'édite. Mais les parallèles littéraires que l'on peut confronter à maints passages de cette inscription montrent que sa graphie est souvent fautive : le graveur a sauté des syllabes. On trouvera en appendice une liste des fautes certaines, mais il suffit de regarder la photo graphie pour voir qu'aux lignes 6 et 7 le graveur a rajouté des aksara oubliés. Là où je ne disposais pas de parallèles pour me justifier, j'ai évité le plus possible de corriger. J'ai souligné dans le commentaire mes doutes et mes hésitations sur beaucoup de points. Beaucoup reste à faire pour que le sens soit partout limpide ; du moins puis-je espérer que les grandes lignes de ce texte sont désormais comprises. La provenance de l'inscription est inconnue. Elle appartient à un colle ctionneur dont le nom n'est pas donné. Elle est gravée sur une feuille d'or, longue de 7 cm. selon B. ; la photo uploads/Litterature/ fussman-g-documents-epigraphiques-kouchans-iii-1982-befeo.pdf
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- Publié le Oct 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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