La Grande illusion COLLÈGE AU CINÉMA JEAN RENOIR DOSSIER 207 SYNOPSIS Vers 1916

La Grande illusion COLLÈGE AU CINÉMA JEAN RENOIR DOSSIER 207 SYNOPSIS Vers 1916, lors d’un vol de reconnaissance, le capitaine de Boëldieu et le lieutenant Maréchal sont abattus par le commandant von Rauffenstein derrière les lignes allemandes, puis transférés au camp d’Hallbach. Ils partagent une chambre avec quatre autres officiers, dont Rosenthal, issu d’une riche famille de banquiers juifs, un acteur cabotin, un ingénieur du cadastre et un instituteur passion- né de Pindare. Tous creusent depuis des mois un tunnel pour s’évader. Annoncée lors d’une repré- sentation théâtrale devant les autorités allemandes, la reprise de Douaumont par les troupes françaises donne lieu à une Marseillaise patriotique qui mène Maréchal au cachot. Le jour prévu pour l’évasion, un changement de camp ruine le projet. Transférés, après plusieurs tentatives d’évasion, à la forteresse de Wintersborn “dont on ne s’échappe pas”, commandée par von Rauffenstein, de Boëldieu et Maréchal retrouvent Rosenthal et d’autres offi- ciers. Rauffenstein, engoncé dans un corset à la suite de ses blessures et quoique conscient de la fin des valeurs aristocratiques, traite Boëldieu avec une sympathie de caste. Tandis que Rosenthal enthousiaste et Maréchal encore sceptique son- gent à une nouvelle évasion, un incident révèle la faiblesse de la garde allemande et incite Boëldieu à mettre au point un plan. Il organise un chahut qui provoque un appel général dans la cour de la for- teresse. Seul Boëldieu manque : il joue de la flûte sur le chemin de ronde. Tous les gardes se lancent à sa poursuite permettant à Maréchal et Rosenthal de fuir. Rauffenstein est dans l’obligation d’abattre Boëldieu. Les deux fuyards trouvent refuge dans une ferme où une relation amoureuse se noue entre Maréchal et la jeune paysanne allemande Elsa. Les deux hommes franchissent la frontière suisse. Ils partent reprendre le combat chacun de son côté. Maréchal se promet de revenir chercher Elsa et espère que cette guerre sera la dernière. Ce dont doute hélas beaucoup Rosenthal !... Les dossiers ainsi que des rubriques audiovisuelles sont disponibles sur le site internet : www.site-image.eu Base de données et lieu interactif, ce site, conçu avec le soutien du CNC, est un outil au service des actions pédagogiques, et de la diffu- sion d’une culture cinématographique destinée à un large public. Édité par le : Centre national du cinéma et de l’image animée. Remerciements : Carlotta Films. Conception graphique : Thierry Célestine – Tél. 01 46 82 96 29 Impression : I.M.E. 3 rue de l'Industrie – B.P . 1725112 – Baume-les-Dames cedex Direction de la publication : Idoine production, 8 rue du faubourg Poissonnière – 75010 Paris idoineproduction@gmail.com Achevé d’imprimer : septembre 2013 L’AVANT FILM l’Affiche 1 Guerre et paix Réalisateur & Genèse 2 Travailler sur la nature… en la modifiant Analyse du scénario 5 Solidarité versus Liberté LE FILM Découpage séquentiel 7 Personnages 8 Le tour du propriétaire Mise en scène & Signification 10 Coupures et unité : images d’un monde en guerre Analyse d’une séquence 14 La Guerre en dentelles Bande-son 16 Fragson, Strauss et « graphophone » AUTOUR DU FILM Jean Gabin, posture et imposture 17 Interprétation et réception de La Grande illusion : de la fraternité à la haine ? 18 Les camps de prisonniers 19 Bibliographie & Infos 20 L’AFFICHE Guerre et paix 1 Frappe immédiatement dans l’affiche originale de Bernard Lancy pour La Grande illusion sa composition délibérément organisée en diagonale. Si l’affichiste l’a parfois utilisée (Espoir, de Malraux ; Le Ciel est à vous, de Grémillon ; Les Enfants du Paradis, de Carné ; Les Enchaînés, d’Hitchcock...), ce ne fut jamais de façon aussi violente. Le fait est d’autant plus marquant qu’il est difficile de distinguer ce qu’est exactement cette silhou- ette ainsi penchée. Un soldat certes, même un soldat allemand de la Grande Guerre, reconnaissable à son casque à pointe. Mais l’immobilité du visage, du corps, l’absence de détails de l’uni- forme (boutons, galons), la couleur monochrome et l’inclinaison du corps à 45° ne permettent pas de trancher entre la représen- tation d’un être humain et une statue. Cette figure pourrait être sortie d’un quelconque Golem expressionniste ou du Métropolis de Fritz Lang. Le visage immobile suggère la menace et la soli- dité militaire, l’inclinaison la fragilité (comme ces statues de dic- tateurs que l’on voit basculer sous l’effet d’une insurrection popu- laire). Le dégradé de couleurs du beige au marron intègre cette silhouette dans le fond de l’affiche, achevant de lui ôter toute humanité et toute vie. Mais frappe l’œil et retient l’attention également cette tache bleu et blanc qui occupe pratiquement le centre de l’affiche et troue le thorax du soldat. L’indifférence du visage sans réaction à la blessure, même si nous sommes aux antipodes de tout réalisme, apparente maintenant ce corps à un cadavre que l’on peut imaginer non plus debout, mais allongé sur le sol, dans une prise de vues en plongée à 180°. Le trou d’obus qui a ouvert la poitrine laisse échapper un oiseau blanc que l’usage nous fait assimiler à une colombe, oiseau qui annonça, selon la Bible, la fin du Déluge et le début de la Paix sur terre (pour combien de temps ?). De ce cadavre naîtrait la Paix... Mais l’oi- seau n’est pas libre, retenu par des barbelés suggérant l’inter- nement et les camps, une coulée de sang entachant son plu- mage immaculé... Même si Picasso, en 1937, n’a pas encore peint sa Colombe de la Paix, celle-ci fait clairement allusion à la propagande pour la paix. Le message est clair et même lourdement symbolique : le militarisme, bien sûr attribué à l’Allemagne, emprisonne la Paix et menace la Liberté... Et le film ? Le titre barre en grosses lettres du même rouge sang que la blessure de l’oiseau : « LA GRANDE ILLUSION ». Titre qui conserve, dans cette affiche, tout son mystère. Incontes- tablement, l’image prêche pour la paix... Sans avoir encore vu le film, un an avant les accords de Munich, quelle est l’illusion que désignent le titre et cette affiche ? Celle de la guerre, du milita- risme comme solution ? Ou l’illusion d’une paix encore possible et à laquelle on voudrait croire ? Les spectateurs de juin 1937 ont choisi, eux, de croire dans cette Grande illusion... L’AVANT FILM PISTES DE TRAVAIL • Chercher les traits particuliers de cette affiche : orienta- tion du sujet principal en diagonale ; fond aux couleurs grises, y compris le nom des trois principaux acteurs ; sil- houette du personnage représenté (soldat allemand à cause du casque à pointe) : vrai soldat, statue/effigie, cadavre ?... • Quel rôle jouent la couleur de la trouée centrale en pleine poitrine du soldat ? • Quel rôle joue le rouge du titre ? Sa relation avec la tache sur le plumage de l’oiseau. Noter la manière d’afficher sans en avoir l’air les trois couleurs du drapeau français. • Résumer le sens de l’affiche en une phrase, comme une morale de fable. RÉALISATEUR GENÈSE Travailler sur la nature… en la modifiant Second fils du peintre Auguste (ou Pierre-Auguste) Renoir, Jean Renoir est né sur la butte Montmartre à Paris, le 15 septembre 1894. Son enfance se passe parmi les peintres amis de la famille, Cézanne, Monet, Degas, Pissaro, mais aussi des écrivains comme Zola. Le petit Jean grandit également au milieu des modèles de son père. L ’un des préférés de ce dernier, Gabrielle Renard, est la nourrice de Jean et lui fait découvrir le Guignol des Tuileries, les mélodrames et les contes d’Andersen. Auguste Renoir élève ses enfants dans le mépris de l’argent, des politiciens et de ceux qui « posent », à l’intellectuel ou à l’« artiste ». En 1913, Jean s’engage dans la cavalerie, attiré par les chevaux et l’uniforme, mais aussi par nationalisme. Deux blessures le font verser dans les chasseurs alpins puis l’aviation. La seconde conva- lescence l’amène à fréquenter assidûment les salles de cinéma, où il apprécie les films américains et surtout Charlot ! Après la mort de son père, il épouse son dernier modèle, Catherine Hessling1. Il se lance un temps dans la céramique d’art avec son jeune frère Claude, puis, Catherine rêvant de devenir star, Jean se fait introduire dans le milieu du cinéma par son frère Pierre, acteur. Il finance à l’aide de l’héritage paternel ses premières réalisations, en particulier La Fille de l’eau (1924). La découverte de Folies de femmes, d’Erich von Stroheim est pour Renoir une révélation : « J’entrevis la possibilité de toucher [le public] par la projection de sujets authentiques dans la tradition du réalisme fran- çais. [...] Je refis une espèce d’étude du geste français à travers les tableaux de mon père, et des peintres de sa génération »2. Il tourne alors Nana (1926), d’après le roman d’Émile Zola. Pour la première fois, on trouve dans ce film marqué par la cruauté des sentiments, le parallèle entre le monde des maîtres et celui des serviteurs qui lui sera cher. L ’échec financier du film l’amène à accepter des travaux de commande, qui, « dans le jargon du cinéma », uploads/Litterature/ grande-illusion-la-de-jean-renoir.pdf

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