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LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses intérêts avec les lecteurs, son admiration pour les grands textes nourrissants du passé et celle aussi pour l’œuvre de contem porains majeurs qui seront probablement davantage appréciés demain qu’aujourd’hui. La belle littérature, les outils de développement person nel, d’identité et de progrès, on les trouvera donc au catalogue de l’Arbre d’Or à des prix résolument bas pour la qualité offerte. LES DROITS DES AUTEURS Cet e-book est sous la protection de la loi fédérale suisse sur le droit d’au teur et les droits voisins (art. 2, al. 2 tit. a, LDA). Il est également protégé par les traités internationaux sur la propriété industrielle. Comme un livre papier, le présent fichier et son image de couverture sont sous copyright, vous ne devez en aucune façon les modifier, les utiliser ou les diffuser sans l’accord des ayant-droits. Obtenir ce fichier autrement que suite à un téléchargement après paie ment sur le site est un délit. 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Les docteurs chrétiens en invoquaient sou vent le témoignage avec celui des Sibylles, qui avaient annoncé la venue du Christ aux païens pendant que les prophètes l’annonçaient aux Hébreux : « Her mès, dit Lactance, a découvert, je ne sais comment, presque toute la vérité. » On le regardait comme une sorte de révélateur inspiré, et ses écrits passaient pour des monuments authentiques de l’ancienne théologie des Égyptiens. Cette opinion fut acceptée par Marsile Ficin, Patrizzi, et les autres érudits de la Renaissance qui ont traduit ou commenté les livres hermétiques. Ils crurent y trouver la source première des initiations orphiques, de la philosophie de Pytha gore et de Platon. Des doutes néanmoins ne tardèrent pas à s’élever sur l’authenticité de ces livres et de ceux qui portent le nom des Sibylles, et les progrès de la critique finirent par démontrer le caractère apo cryphe des uns et des autres. Un savant commentaire a fixé la date des différentes séries des oracles sibyl lins, œuvre en partie juive, en partie chrétienne, que Lactance et d’autres docteurs de l’Église, dupes eux- mêmes de la fraude de leurs devanciers, opposent souvent aux païens pour les convaincre de la vérité du christianisme. 6 POIMANDRÈS On n’a pas établi avec la même certitude l’ori gine et la date des livres qui portent le nom d’Her mès Trismégiste. Casaubon les attribuait à un juif ou à un chrétien. L’auteur du Pantheon Aegyptiorum, Jablonski, croit y reconnaître l’œuvre d’un gnostique. Aujourd’hui on les classe parmi les dernières produc tions de la philosophie grecque, mais on admet qu’au milieu des idées alexandrines qui en forment le fond, il y a quelques traces de dogmes religieux de l’an cienne Égypte. C’est à cette opinion que se sont arrê tés Creuzer et son savant interprète M. Guigniaut. Dans un travail récent où l’état de la question est exposé avec beaucoup de clarté, M. Egger émet le vœu qu’un philologue exercé publie une bonne édi tion de tous les textes d’Hermès en les accompa gnant d’un commentaire. Ce vœu a déjà été en par tie réalisé. M. Parthey a publié, à Berlin, une édition excellente des quatorze morceaux dont on possède le texte grec complet. Il les réunit, comme on le fait ordinairement, sous le nom de Pœmander 1. Mais ce titre, selon la remarque de Patrizzi, ne convient qu’à un seul d’entre eux, celui que les manuscrits placent le premier. Il existe de plus un long dialogue intitulé Asclèpios, dont nous ne possédons qu’une traduction latine faussement attribuée à Apulée ; enfin de nom breux fragments conservés par Stobée, Cyrille, Lac 1 Hermetis Trismegisti Pœmander, Berlin, 1854. Il faudrait conserver la forme grecque Poimandrès. Comme le fait remar quer M. Egger, Pœmander répond au grec Poimandros, et non à Poimandrès. 7 POIMANDRÈS tance et Suidas ; les trois principaux sont tirés d’un dialogue intitulé le Livre sacré. M. Parthey annonce la publication de ces divers fragments ; malheureuse ment, cette partie de son travail n’a pas encore paru. Pour quelques morceaux, on peut y suppléer par le texte de Stobée ; pour d’autres, notamment pour les Définitions d’Asclèpios, qui servent d’appendice aux livres d’Hermès, on en est réduit à l’édition très incor recte de Patrizzi, la seule complète jusqu’à présent. Le Poimandrès et l’Asclèpios ont été traduits en vieux français ; il n’existe aucune traduction du Livre sacré, des Définitions d’Asclèpios, ni des autres fragments. Celle que nous publions comprend à la fois les fragments et les morceaux complets ; on les a classés dans l’ordre qui est généralement adopté, quoiqu’il soit tout à fait arbitraire. On a réuni dans le premier livre le Poimandrès et les treize dialogues qui s’y rat tachent. L’Asclèpios, dont le véritable titre, conservé par Lactance, est le Discours d’initiation, teleioj lÒgoj, forme le second livre. Parmi les fragments, ceux qui sont tirés du Livre sacré ont dû, en raison de leur étendue et de leur importance, recevoir une place à part ; ils composent le troisième livre. Enfin, le quatrième livre comprend les Définitions d’Asclèpios et les autres fragments. La plupart de ces fragments sont peu intéressants par eux-mêmes, mais il fallait offrir une traduction complète. D’ailleurs, les mor ceaux les plus insignifiants d’un ouvrage apocryphe fournissent quelquefois des indications précieuses qui permettent d’en fixer la date et l’origine. 8 POIMANDRÈS On est presque toujours porté, quand on lit une traduction, à mettre sur le compte du traducteur des obscurités qui tiennent souvent au style de l’auteur ou aux sujets qu’il traite. La difficulté d’une traduc tion d’Hermès tient à plusieurs causes : l’incorrection d’une grande partie des textes, la subtilité excessive de la pensée, l’insuffisance de notre langue philoso phique. Les mots qui reviennent le plus souvent dans les ouvrages des philosophes et surtout des platoni ciens, noàj, lÒgoj, genesij, et bien d’autres, n’ont pas de véritables équivalents en français. Quelques- uns de ces mots ont en grec deux ou trois sens, et les Alexandrins s’amusent à jouer sur ces différentes acceptions. Ajoutez à cela les participes neutres, que nous ne pouvons rendre que par des périphrases, par exemple kinoàn, kinoumenon, prÕ Ôn, et une foule de mots dont le sens est très précis en grec, et aux quels l’usage a donné, en français, un sens très vague et très général. Ainsi le monde et la nature signifient pour nous la même chose, tandis que kosmoj et fÚsij représentent des idées très différentes. Nous oppo sons sans cesse l’esprit à la matière : en grec pneàma a presque toujours un sens matériel et Ûlh un sens abstrait. Le mot âme rend très imparfaitement yuc », qui pour les Grecs était à peu près synonyme de zw», la vie. Toutes les finesses de l’analyse psychologique des Grecs nous échappent ; nous n’avons pas même de mots pour rendre qumÒj et ™piqumhtikÒn. Ces difficultés de mots ne sont pas les plus grandes. Quoique la langue d’Hermès n’offre pas de 9 POIMANDRÈS ces constructions savantes qui rendent si difficile une traduction littérale de Thucydide, de Pindare ou des chœurs tragiques, son style est presque tou jours obscur, et le traducteur ne peut le rendre plus clair, car cette obscurité est plus encore dans la pen sée que dans l’expression. L’Asclèpios, qui n’existe qu’en latin, offre les mêmes difficultés que les textes grecs. Quelques passages cités en grec par Lactance permettent de croire que cette vieille traduction, qui paraît antérieure à saint Augustin, devait être assez exacte quant au sens général ; mais, malgré les manus crits, il est impossible de l’attribuer à Apulée. On a déjà remarqué depuis longtemps que le style d’Apulée n’a rien de commun avec cette forme lourde et incor recte. J’espère, de plus, pouvoir démontrer que non seulement la traduction latine, mais le texte même de l’Asclèpios ne remonte qu’au temps de Constantin. Nous essayerons, dans cette introduction, de déterminer l’âge et l’origine des livres hermétiques, en les comparant, suivant le programme tracé par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, avec les documents que les auteurs grecs nous ont laissés sur la religion égyptienne, et avec les faits que l’on peut considérer comme acquis à la science des hié roglyphes. Le développement des études égyptiennes donne un intérêt particulier à cette comparaison. Les races, comme les individus, conservent, à travers le temps, leur caractère propre et originel. Les philo sophes grecs ont uploads/Litterature/ hermes-trismegiste-poimandres.pdf