1 2 BETTY CAVANNA UNE FILLE PILOTAIT A dix-huit ans, Isabelle est un peu « garç
1 2 BETTY CAVANNA UNE FILLE PILOTAIT A dix-huit ans, Isabelle est un peu « garçon manqué ». De nature assez renfermée, elle n'a d'admiration que pour son grand frère, auréolé à ses yeux d'un prestige éclatant : il a été un brillant aviateur. Depuis toujours, Isabelle rêve de l'imiter. Et voilà que ce rêve se réalise enfin : grâce à un concours, elle va pouvoir devenir pilote à son tour ! Quel changement dans la vie d'Isabelle ! C'est tout un monde nouveau qui s'ouvre devant elle, un monde qui n'est plus celui de l'enfance. Isabelle se transforme en une jeune fille accomplie. Que de joies, mais aussi que de difficultés avant de savoir donner toute leur valeur aux notions de camaraderie, de solidarité, d'amitié, et de parvenir enfin à évoluer à l'aise parmi ses contemporains ! 3 Betty Cavanna UNE FILLE PILOTAIT Illustrations de FRANCOIS BATET HACHETTE 202 4 DU MÊME AUTEUR dans la même collection ALIETTE AUX SPORTS D'HIVER LA FAMILLE ARC-EN-CIEL UNE FILLE PILOTAIT dans la Bibliothèque Hachette BIENTOT SEIZE ANS TOUS LES PERSONNAGES DE CE ROMAN SONT FICTIFS © Librairie Hachette, 1962 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. 5 TABLES DES MATIERES I. Choix d’un titre 7 II. Naissance d'un aéro-club 15 III. Quel sujet! 17 IV. Anniversaire 20 V. Aviation et mathématiques 26 VI. Sur le terrain 33 VII. Isabelle cherche des idées 38 VIII. Hélène 42 IX. Isabelle remet sa copie 49 X. Proclamation des résultats 57 XI. Entre ciel et terre 63 XII. Fabienne 72 XIII. Le bal 81 XIV. Voler n’est pas si facile 90 XV. Escarmouches 100 XVI. La vrille 105 XVII. Isabelle est dans le secret 113 XVIII. Atterrissage forcé 119 XIX. Le jour « j » 129 XX. Récompenses 136 Imprimé en France BRODARD&TAUPIN Imprimeur-Relieur Paris-Coulommiers -30.192 - I – 3 - 4855 Dep.lég.3637-1er tr. 62 6 CHAPITRE PREMIER DU CHOIX D'UN TITRE LES MAINS enfoncées dans les poches de son imperméable, Isabelle Maillard scrutait la vitrine de la librairie du Centre à Cbaumont. Le vent de février lui rougissait le visage. Dans ses minces ballerines, ses pieds lui semblaient transformés en glaçons. Pourtant, elle continuait à regarder les livres, cherchant un ouvrage, un titre... Finalement, elle se décida à entrer et aborda une jeune vendeuse brune à l'air aimable. « Mademoiselle, je désire acheter un livre, pourriez-vous me donner une idée? » La jeune fille sourit. « Quel genre d'ouvrage voulez-vous? Histoire? roman? voyage? — Je ne sais pas exactement... C'est pour mon frère dont l'anniversaire est demain. — Et quel âge a votre petit frère? 7 — Ce n'est pas mon petit frère... Il a vingt-trois ans et revient de faire son service militaire,... dans l'aviation. — Tiens! Comment s'appelle-t-il? — Olivier Maillard. — Mais je le connais! C'est bien lui qui a gagné la coupe Paris-Johannesburg? Nous nous sommes rencontrés chez des amis, un soir. » Isabelle observa la jeune fille avec plus d'attention. Elle avait plutôt l'allure d'une étudiante que d'une vendeuse de librairie. Et il était bien naturel qu'elle ait eu l'occasion de rencontrer Olivier quelque part dans Chaumont où il avait des amis partout. Pourtant, l'idée ne lui plaisait qu'à moitié. Olivier appartenait à sa famille et, à elle, Isabelle, en particulier. « C'est pour lui que je cherche un livre, dit-elle d'un ton brusque. — Il est toujours dans l'aviation? — Plus ou moins... Il est représentant pour la marque Breguet. Mais il ne lit pas beaucoup. Il ne s'intéresse qu'aux avions. — Dans ce cas, dit la vendeuse en choisissant un ouvrage sur l'un des rayons, voici Terre des Hommes de Saint- Exupéry. Ce n'est pas une nouveauté, bien sûr. Mais c'est une œuvre remarquable. Et nous venons justement de recevoir cette édition de demi-luxe. » Isabelle ne savait que penser. Elle avait espéré trouver pour son frère un cadeau tout à fait original. Un livre, choisi par quelqu'un d'autre qu'elle-même, ce n'était pas Un cadeau bien personnel. En sortant, son paquet sous le bras, elle songea: « Après tout, si celui-ci ne lui plaît pas, il pourra toujours l'échanger. » Une voiture grise rangée devant la maison lui indiqua que sa mère avait de la visite. Elle aurait bien voulu parvenir à 8 ouvrir la porte et à se faufiler dans sa chambre sans faire de bruit pour éviter d'aller dire bonjour au salon. Mais, dès le vestibule, elle enjendit la voix de sa mère qui l'appelait : « Isabelle, viens donc prendre une tasse de thé avec nous, ma chérie. Tu dois être gelée. » Le visage rougi par le froid, les doigts gourds, elle entra donc au salon, essayant de remettre en place ses courts cheveux bouclés aplatis par Técharpe qu'elle venait d'enlever. Malgré ses dix-huit ans, elle se sentit mal à l'aise comme tou- jours en présence des amies de sa mère, à qui elle ne trouva pas autre chose à dire que « bonjour ». Elle n'y pouvait rien, elle était intimidée. Toutes ces dames avaient l'air si sûres d'elles-mêmes... Isabelle enviait tout particulièrement sa propre mère qui semblait à l'aise partout et toujours, trouvait en toute occasion quelque chose à dire sans avoir jamais l'air de faire le moindre effort. Jamais elle ne donnait l'impression de ressentir cette affreuse angoisse qui paralysait Isabelle. « Etes-vous rentrée de l'Institut Malherbe avec Fabienne? demanda Mme Vernay, la mère de celle-ci. - Non, madame.» Isabelle et Fabienne habitaient à deux rues l'une de l'autre. Toutes deux fréquentaient, dans la banlieue de Chaumont, l'Institut Malherbe, qui acheminait ses élèves vers la vie universitaire. Mais jamais elles ne faisaient route ensemble. Fabienne était continuellement entourée d'une cour d'admirateurs et il se trouvait toujours quelque garçon pour la raccompagner chez elle. Se sentant le point de mire de tous ces regards, Isabelle rougit et dit subitement : « Excusez-moi,... il faut que j'aille tenir compagnie à grand-père. » 9 Et, ramassant en hâte ses affaires, elle se précipita vers l'étage des chambres. « C'est toi, Bellou? — J'arrive », cria-t-elle, jetant pêle-mêle sur son lit vêtements et livre avant de se diriger vers la chambre de son grand-père. M. Barrier, le père de Mme Maillard, était assis près de la fenêtre. Visiblement, il attendait l'arrivée d'Isabelle. Ses yeux d'un bleu transparent semblèrent s'éclaircir encore à la vue de sa petite-fille. « Allons, viens vite m'embrasser, ma Bellou, pour me faire oublier cette épouvantable journée... Avec ses visites, ta mère m'a laissé seul. Une petite partie de piquet?... — Si tu veux, grand-père. » Comme chaque soir, Isabelle approcba la table à jeu et commença à distribuer les cartes. La partie se terminait lorsque le téléphone sonna. 10 « J'y vais! » cria Isabelle qui entendit en bas les invités de sa mère faire leurs adieux. « Maman? demanda Olivier à l'autre bout du fil. — Non, c'est Isabelle. Tu veux parler à maman? Je vais la chercher. » Isabelle était toujours étonnée que l'on confondît sa voix avec celle de sa mère, quand elle répondait au téléphone. « Ce n'est pas la peine. Je voulais seulement la prévenir que je ne serai pas là pour dîner. Je rentrerai sans doute assez tard. — Rien de spécial? — Non, rien. Bonsoir. — Bonsoir. » Déçue, Isabelle replaça lentement le récepteur. Lorsque Olivier était absent à l'heure du dîner, la maison paraissait très vide. Elle essaya de ne pas penser à cette petite déconvenue et se dirigea vers la cuisine où sa mère lavait les tasses du thé. « Tu es gentille, ma chérie, de t'être occupée de grand- père. Je sais comme il déteste les après-midi où j'ai du monde et où il reste seul. — Oh! C'est tout naturel. » Et aussitôt, Mme Maillard enchaîna : « Dis-moi, Isabelle, pour quelle raison es-tu en mauvais termes avec Fabienne? — Mais, maman, je n'ai jamais rien dit de pareil. Pourquoi? » Puisque la question devait être abordée, Isabelle préférait qu'elle l'eût été de cette manière. Elle n'avait pas besoin d'avouer que c'était Fabienne qui ne manifestait aucune sympathie à l'égard d'Isabelle. En fait, Fabienne semblait tout simplement ignorer l'existence d'une fille qui ne partageait aucun de ses goûts. « Elle a l'air charmante, poursuivit Mme Maillard en commençant à peler une pomme de terre. 11 — Tout à fait charmante. — Elle me semble très mûre pour son âge. — D'ac. » Mme Maillard regarda sa fille, fronça les sourcils, puis soupira et fit remarquer : « Ecoute, ma chérie, je suis désolée si je te parais « vieux jeu »... Mais il y a des expressions qui choquent dans la bouche d'une jeune fille bien élevée. » Les yeux d'Isabelle flamboyaient de colère. Tout à coup, ne sachant que dire, elle jeta le torchon qu'elle tenait dans les mains ei sortit en courant de la cuisine. 12 CHAPITRE II NAISSANCE D'UN AÉRO-CLUB Isabelle regretta immédiatement son geste de colère. Elle avait horreur des scènes et se rendait parfaitement compte qu'elle venait d'avoir tort. Sa uploads/Litterature/ ib-betty-cavanna-une-fille-pilotait-1962.pdf
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- Publié le Mar 31, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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