Emmanuel MOUNIER (1905-1950) Philosophe français (1962) Introduction aux existe

Emmanuel MOUNIER (1905-1950) Philosophe français (1962) Introduction aux existentialismes Un document produit en version numérique par Gemma Paquet, bénévole, Professeure retraitée du Cégep de Chicoutimi Courriel: mgpaquet@videotron.ca Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une bibliothèque fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, sociologue Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Emmanuel Mounier, INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES (1962) 2 Cette édition électronique a été réalisée par Gemma Paquet, bénévole, professeure à la retraite du Cégep de Chicoutimi à partir de : Emmanuel Mounier (1905-1950) Introduction aux existentialismes Paris: Éditions Gallimard, 1962, 191 pp. Collection “idées nrf”, no 14. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les citations : Times New Roman, 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 2 mai 2007 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada. Emmanuel Mounier, INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES (1962) 3 Emmanuel Mounier (1905-1950) Introduction aux existentialismes Paris: Éditions Gallimard, 1962, 191 pp. Collection “idées nrf”, no 14. Emmanuel Mounier, INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES (1962) 4 Table des matières Présentation de l’ouvrage (Quatrième de couverture) Introduction. 1. Le thème du réveil philosophique. 2. La conception dramatique de l'existence humaine. Premier thème. La contingence de l'être humain. Deuxième thème. L'impuissance de la raison. Troisième thème. Le bondissement de l'être humain. Quatrième thème. La fragilité de, l'être humain. Cinquième thème. L'aliénation. Sixième thème. La finitude et l'urgence de la mort. Septième thème. La solitude et le secret. Huitième thème. Le néant 3. Le thème de la conversion personnelle. L'existence perdue L'existence reconquise 4. Le thème de l'engagement. 5. Le thème de l'autre. 6. La vie exposée. 7. Existence et vérité. 8. Le royaume de l'être est parmi nous. Emmanuel Mounier, INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES (1962) 5 INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES Présentation du livre (Quatrième de couverture) Retour à la table des matières De Kierkegaard à Sartre, voici les thèmes majeurs d'un courant de pensée qui est, dit Emmanuel Mounier, la réaction de la philosophie de l'homme contre les excès de la philosophie des idées et de la philo- sophie des choses. Mounier retrace la naissance de la pensée existentialiste chez Kier- kegaard et montre comment cette philosophie s'est scindée en deux branches : l'existentialisme athée de Heidegger et de Sartre et l'exis- tentialisme chrétien dont Gabriel Marcel est le représentant le plus marquant. Le maître du personnalisme donne dans ce livre une analyse d'une clarté exemplaire d'une des doctrines philosophiques les plus impor- tantes de notre époque, Emmanuel Mounier, INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES (1962) 6 INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES Introduction Retour à la table des matières La dernière absurdité du siècle devait être la mode de l'existentia- lisme : la livraison au bavardage quotidien d'une philosophie dont tout le sens est de nous arracher au bavardage. Naguère, les étourdis avaient assez d'instinct pour ne boire que de la mousse de pensée, quand ils tenaient à griser leur étourderie de belles raisons. Les étour- dis sont aujourd'hui si étourdis qu'en veine d'excitants, ils ont piqué juste sur l'essaim de doctrines qui introduit toute réflexion par une condamnation à mort de l'étourderie. Ils ne le savent même pas. La détresse du monde enfermée entre les limites d'un café où l'on cause, et voilà leurs chers cœurs apaisés. Tel est le premier malheur de l'exis- tentialisme. Mais ce malheur grotesque éveille déjà l'intérêt : la déri- sion, en général, fréquente les parvis des dieux. Un malheur ne vient jamais seul. S'il est un mot qui semblait s'an- noncer par lui-même sans erreur possible, c'est bien celui d'existentia- lisme. Mais quand il quitte la société des philosophes pour se lancer dans le monde, il va justement désigner une vogue qui fait du néant l'étoffe de l'existence. Personne ne se doute, hors quelques cercles plus avertis, que l'« existentialisme » représentait déjà le courant le Emmanuel Mounier, INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES (1962) 7 plus riche et le plus abondant de la philosophie contemporaine en un temps où le grand talent de Jean-Paul Sartre s'intéressait à la confiture sous des aspects plus immédiats que ceux de la psychanalyse existen- tielle. Il n'est pas question d'user de représailles et d'exclure Jean-Paul Sartre de l'existentialisme, parce que l'aile mondaine de son influence se livre à une escroquerie d'étiquette. Mais il n'en est pas moins temps de rendre à chacun son dû et, écartant le tumulte de la mode, de rame- ner ce mélange d'existentialisme et d'inexistentialisme, qui constitue le sartrisme, à sa situation propre : le dernier surgeon d'une des traditions existentialistes, tradition qui, issue de Heidegger, s'est elle-même constituée en opposition radicale avec les fondateurs de la philosophie moderne de l'existence. Notre dessein est de rétablir ici cette tradition dans son ampleur oubliée. Aucune n'a plus à dire, en effet, au déses- poir de l'homme contemporain. Mais son message n'est pas un mes- sage de désespoir. Aucune ne l'arme mieux contre ses folies. Mais elle propose mieux, contre les folies aveugles, qu'une folie lucide. À la rigueur, il n'est pas de philosophie qui ne soit existentialiste. La science arrange les apparences. L'industrie s'occupe des utilités. On se demande ce que ferait une philosophie si elle n'explorait l'existence et les existants. Cependant, on attache plus volontiers le nom d'existentialisme à un courant précis de la pensée moderne. En termes très généraux, on pourrait caractériser cette pensée comme une réaction de la philoso- phie de l'homme contre l'excès de la philosophie des idées et de la philosophie des choses. Pour elle, non pas tant l'existence dans toute son extension, mais l'existence de l'homme est le problème premier de la philosophie. Elle reproche à la philosophie traditionnelle de l'avoir trop souvent méconnu au profit de la philosophie du monde ou des produits de l'esprit. En ce sens, l'existentialisme s'adosse à une longue galerie d'ancê- tres. L'histoire de la pensée est jalonnée d'une série de réveils existen- tialistes, qui ont été pour la pensée autant de conversions à elle-même, de retours à sa mission originelle. C'est l'appel de Socrate opposant aux rêveries cosmogoniques des physiciens d'Ionie l'impératif inté- rieur du « Connais-toi toi-même ». C'est le message stoïcien, rappelant à la maîtrise de soi, à l'affrontement du destin, ces Grecs infatigables Emmanuel Mounier, INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES (1962) 8 dans les jeux légers du sophisme et de la dialectique. C'est saint Ber- nard partant en croisade au nom d'un christianisme de conversion et de salut contre la systématisation de la foi par Abélard. C'est Pascal se dressant au seuil de la grande aventure cartésienne contre ceux qui approfondissent trop les sciences et s'inquiètent à peine du tout de l'homme, de sa vie et de sa mort. Mais avec Pascal, nous voici déjà à l'existentialisme moderne, Il a tracé tous les chemins, il a frappé pres- que chaque thème. Toutefois, Kierkegaard apparaît comme le père en titre de l'école. Curieux destin que celui des premiers philosophes existentiels. Ils professaient, alors, une grande pudeur devant le suc- cès. Le succès le leur a bien rendu. Je ne sais ce que les Danois ont fait pendant cent ans avec un prophète aussi excentrique et désagréa- ble à l'homme de bon sens que Sören Kierkegaard. En tout cas, il a dû attendre le début de ce siècle pour être traduit en Allemagne, et les années troubles de l'entre-deux-guerres pour pénétrer en France. Sem- blable est le destin de son précurseur français, Maine de Biran, dont l'étoile reste encore si pâle, même dans son propre pays. Maine de Bi- ran avait affirmé l'autorité de l'existence engagée dans l'effort contre l'aplatissement de l'homme par les philosophies sensualistes du XVIIIe siècle. Kierkegaard se dresse contre le système de Hegel, le Système absolu, systématisation du système, auquel il oppose l'Exis- tence absolue. Telle est la souche. À ce moment, le tronc de l'existentialisme se sépare en deux branches. L'une se greffe immédiatement au vieux tronc chrétien. Éminente dignité, en face de la nature, de l'image de Dieu, rachetée et appelée par le Christ incarné ; primauté des problèmes de salut sur les activités de savoir et d'utilité : y a-t-il climat ontologique qui soit mieux prépa- ré à recevoir l'exigence existentialiste ? Ne faut-il pas dire tout sim- plement que l'existentialisme est une autre manière de parler le chris- tianisme ? Telle serait sans doute la réponse de Pascal et de Kierke- gaard aux journalistes en mal d'interview. Aussi bien n'ont-ils pas bap- tisé leur philosophie d'un nom nouveau. Ils lui étaient trop transpa- rents. Ils se considéraient comme les témoins de l'évidence chrétienne, une évidence qui se communique par le témoignage plus que par les raisons. L'existentialisme a fait sa plus belle moisson dans l'école phé- noménologique allemande. Sa branche de sève chrétienne n'y a pas Emmanuel Mounier, INTRODUCTION AUX EXISTENTIALISMES (1962) 9 suscité des chrétiens assurés et tranquilles dans leur uploads/Litterature/ intro-existentialismes.pdf

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