UNIVERSITÉ DE GENEVE ÉCOLE D'INTERPRETES JEAN-FRANCOIS ROZAN PRÉFACE DE ROBERT
UNIVERSITÉ DE GENEVE ÉCOLE D'INTERPRETES JEAN-FRANCOIS ROZAN PRÉFACE DE ROBERT CONFINO LIBRAIRIE DE L'UNIVERSITÉ GEORG GENEVE LA PRISE DE NOTES EN INTERPRÉTATION CONSÉC UTIVE UNIVERSIT~ DE GENF:VE - ~COLE D'INTERPRF:TES JEAN.FRAN<;OIS ROZAN LA PRISE DE NOTES EN INTERPRÉTATION CONSÉCUTIVE Préface de Robert Confino LIBRAIRIE DE L'UNIVERSlTÉ GEORG & eie S.A. GENEVE 1984 ,~, PRÉFACE TI ne faut pas juger cet ouvrage Ases dimensiona.·Sous une forme enremement condenaée, M. Rozan nous donne en quelques pages le fruit d'une expérience a.cquise A un double titre: d'abord celui d'interprete A l'Organisation des Nationa Unies, profession qu'U a exercée pen dant dix ans et dans laquelle U s'est rapidement classé au tout premier ra.ng; ensuite, celui de maitre A l'Ecole d'interpretes de l'Université de Geneve, ou ses qualités. pédagogiques, Boutenues par une maturité d'esprit peu commune, n'ont pas tardé A s'affi.rmer de faQOn remarquable. Cette brochure est originale A tous égards. En effet, non seulement elle conatitue, A ma connaissance, la premiere tentative d'enseignement par écrit d'un sysreme raisonné et cohérent d'interprétation consécutive, mais encore et surtout elle propose une méthode Ala fois neuve, ingénieuse et simple que tout éleve doué doit pouvoir assimiler sans effort excessif. Ce qui caractérise cette méthode, c'est qu'elle met l'accent davantage sur les idées que sur les mots. Elle apprend A analyser un discours, Ale décomposer en ses divers éléments, A ordonner les idées secondaires ou subordonnées autour et en fonction de l'idée principale et A les noter par écrit sous une forme qui rende immédiatement sensible cette hiérarchie. Elle tient A la fois de l'analyse logique, que chacun de nous a apprise sur les bancs du col1ege, et de la dissection A laquelle s'exercent, dans leurs travaux pratiques d'anatomie, les étudiante en médecine. Enfin, elle fait appel A I'intelligence de l'interprete au moins autant, sinon davantage encore, qu'A sa mémoire: une foisles idées notées avec leur enchainement logique, le principal est fait. Le reste devient relativement aisé -le reste, c'est-A-dire le choix des mote qui habilleront ces idées. Ce choix dépend, dans une tres large mesure, de l'aisance plus ou moins grande avec laquelle l'interprete peut s'exprímer, de l'étendue de ses connaissances, de la richesse de son vocabulaire, de son sens des nuances, de l'agilité de son esprit. -8 C'est a partir d'ici qu'intervient le f'acteur personnel qui fait qu'il n'y a jamais deux inter prétations identiques d'un meme discours. Mais pour la formation de base, c'est-a-dire pour· l'acquisition des réflexes nécessaires a la prise de notes et de cet automatisme tout aussi indispensable a l'interprete qu'au musicien, la méthode mise au point par M. Rozan fournit un instrument de travail suffisamment souple pour que chacun puisse l'adapter a son propre tempérament et en tirer ainsi le maximum de profit. Robert CONFINO. INTRODUCTION Jeán Herben, dans son Manuel de l'Interpr~le, a dit tout ce qu'i! y av-ait a dire sur le role, la mission, les qualités de l'interprete. Il a tracé les grandes lignes techniques du métier. Le but de ce cahier est plus limité. J'ai vouIu présenter un systeme de prise de notes faeile a assimiler pour tous, queDes que soient les langues dans lesquelles ils auront atravailler. Ce systeme est le produit de dix ans de métier et de quatre &nS d'enseignement. TI a done passé l'épreuve du feu. Chacun de nous a évidemment ses propres idées sur ce que doit étre la prise dé notes. Le plus souvent, les «grands » diront que l'interprétation consécutive ne s'apprend pas et que la prise de notes est fonction de la personnalité de l'interprete. Eh bien, par expé rience, je ne suis pas d'accord. Si les données de base du métier - connaissances générales et linguistiques, facilité d'élocution, sens de ce qui est juste, faculté d'adaptation - existent, la prise de notes peut facilement etre assimilée. Je ne veux pas ouvrir ici une querelle teehnique entre «symbolistes • a outrance, (1 mémorisateurs. de tout crin, (C noteurs. de mots. etc4 Je crois que chacun de leurs systemes comporte une part de véríté. Mais s'H faut enseigner, il faut bien enseigner quelque chose, et quelque chosequi soit méthodique et simple. C'était, il y a quatre ans, le probleme que j'avais a. résoudre. Je erois l'avoir résolu par le systeme qui est exposé .dans ce cahier. Ce systeme, c'est un dénominateur commun, une simplification poussée. a l'erlreme de toutes les techniques. C'e8t ainsi, dit-on, que se fabrique La Technique. Et cela veut dire que ce n'est pas (1 mon • systeme. C'est un peu celui de tous les granda interpretes de conférence avec qui j'ai travaillé • a la table. au cours de ces dix derníeres années. Je ne veux en citer aucun, pour n'en oublier aucun. S'ils pareourent ce cahier, ils s'y reconnaitront parfois; rien ne pourrait me faire plus plaisir. -10 Un m~t encore: n taut, bien sUr, que tona ceux qui exercent notre métier gardent leur personnalité propre. JI ne faut done pas copier servilement ce systeme. Il faut s'en inspirer et l'adapter dans ce qu'n a pour chacun de plus assimilable. TI est Abase de logique, d'analyse et de compréhension de l'idée plutót que des mots; ce serait done le dénaturer que l'appliquer automatiquement. J'ai préparé un cahier, non un livre. J'ai voulu qu'il soit tres simple, et j'ai préféré montrer par des exercices pratiques les solutions qui peuvent etre apportées aux problemes de la prise de notes. En somme, tout ce que j'ai fait, c'est une synthese. Les sept principes et les dix symboles essentiels qui font ce cahier sont ceux qui font l'interprétation consécutive. 8'ils étaient plus nombreux, le systeme ne vaudrait pas grand-chose. Par un curieux hasard, je termine ce cahier au moment meme ou je quitte, peut-etre temporairement, la profession. JI est normal que je le dédie A tona mes amis interpretes et étudiants avec qui, si souvent et si longtemps, j'ai fait équipe. Et je remercie Gérard Ilg d'avoir bien voulu, en mon absence, se charger du travail ingrat de la correction des épreuves. J.-F. ROZAN. PREMIERE PARTIE LES SEPT PRINCIPES GÉNÉRALITÉS Le rendement d'une technique dépend toujours de l'application d'un certain nombre d~ principes. C'est ce que ron appelle le mode d'emploi. TI n'est pas indispensable de suivre les regles qui sont recommandées dans le mode d'emploi. Le produit, l'apparell, ou le systeme auquel elles se rapportent peut fonctionner meme si elles ne sont pas observées, mais avec moins d'efficacité. Aussi, plus le mode d'emploi est simple, plus l'utilisateur est susceptible de le suivre. TI en est de meme pour la prise de notes. Quelques principes tres simples donnent au systeme toute sa sUreté et toute sa précision et en rendent l'usage faclle. Ces principes sont au nombre de sept, dans l'oráre: 1. La transposition de I'idée plutOt que du mot 2. Les regles d'abréviation 3. Les enchainements 4. La négation 5. L'accentuation 6. Le verticalisme 7. Le décalage Certains de ces principes ont déja. éi;é expliqués par Jean Herbert dans son Manuel de l'Interprete -. • Georg & ele. S.A., Geneve, 1956. -14: 1. La transposltloQ de l'ldée plut3t que du mot Prenez un texte franQais, et confiez-en la tr8.duction écrite a dix excellents traducteurs anglais. Le résultat representera dix textes tres bien traduits, mais dix textes qui seront assez . différents quant aux mots qui les composent. L'on obtient dix traductions justes, maie dix textes différents, et cela prouve que ce qui compte c'est de traduire l'idée et non le moto Cela est d'autant. plus vrai pour l'interprétation que l'interprete doit assurer la production instan tanée d'un texte dans une autre langue. TI est essentiel qu'il soit libre de la contrainte souvent trompeuse que représentent les mots. Et c'est en analysant la pensée et en la transposant qu'il évitera en meme temps les contresens et les lourdeurs de style. Exemple: Supposons la formule suivante: «TI y a de fortes chances pour que... t Si la formule est notée en fonction du mot,le mot cIé sera chanceo Si elle est noMe en fonction de l'idée, le mot cIé sera probable. Les notes devront etre lues vingt minutes - ou meme paríois une heure et plus apres que cette idée a été énoncée. Dans le premier cas, un contrasens peut facilement etre commis. Si l'interprete a noté chance, il peut, le contexte s'y pretant, indiquer l'idée de «c'est une chance que t ou de «par chance t. Mais s'ila noté probable, le contresens est impossible. La. faute de style aussi: l'on dira automatiquement en anglais: «it is probable that t, ou «it is likely that t, ou «in all likelihood t, ete., nlors que meme en rétablissant l'idée juste indiquée par le mot chance, l'on en sera prisonnier et l'on pourra facilement faire un galUcisme. Exemple: «We should try to live up to... t TI serait absurde de noter le mot li1Je. Et les risques d'erreur qui en découleraient seraient grands. Aussi loin du texte que le mot pUÍ88e sembler etre, il serait juste de noter a hauteur, ayant analysé instant8nément l'idée contenue dans la formule et l'ayant uploads/Litterature/ j-f-rozan-la-prise-de-notes-en-interpretation-consecutive-pdf.pdf
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- Publié le Fev 10, 2022
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- Langue French
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