1 SOMMAIRE CONTRIBUTIONS - Rien à voir. Que chercher ? (Michel HERODE) p. 5 - A
1 SOMMAIRE CONTRIBUTIONS - Rien à voir. Que chercher ? (Michel HERODE) p. 5 - Auschwitz-Birkenau et la Shoah (Tal BRUTTMANN) p. 11 MEMOIRE(S) ET HISTOIRE, LIEUX, CAMPS ET CENTRES - Faire de l’histoire sans tomber dans le moralisme du « devoir » de mémoire p. 19 - Le 27 janvier ? p. 27 - Eléments pour une histoire de la mémoire… p. 29 - Lieux de mémoire(s) ou lieux d’histoire p. 37 - Camps et centres p. 43 - Quand la déception guette la mémoire des faits génocidaires. Paroles de jeunes (Geoffrey GRANDJEAN) p. 51 PREPARER UNE VISITE - Aller à Auschwitz ou à Buchenwald ? p. 55 Visiter un lieu ? Avant ? Pendant ? Après ? 1. « Avant » … Comment prépare-t-on une visite ? 2. « Pendant ? » « Voir quelque chose ? » 3. Et « Après» ? - Comment faire face à « l’indicible », à « l’irreprésentable » sans faire silence ? L’expérience concentrationnaire à travers les récits et la littérature p. 63 1. Des témoignages pour la mémoire et pour l’Histoire 2. La littérature française et la Shoah 3. Une nouvelle génération d’écrivains – Dire l’Histoire par la littérature 4. La Shoah vue du côté des bourreaux 2 5. Essais 6. Bibliographie concernant la littérature concentrationnaire Les camps et la Shoah en bande dessinée ? p. 95 Quand les images font l’histoire p. 103 1. Les camps et la Shoah vus par les nazis 2. Camps de concentration et centres d’extermination 3. Nuit et brouillard 4. La place centrale de la Shoah 5. Comment filmer la Shoah dans les deux Allemagnes ? 6. Documentaire ou fiction ? 7. Le regard de Lanzmann 8. Evolution de la filmographie 9. Spielberg et sa liste 10. Une véritable invasion des écrans 11. Catalogues et analyses 12. Pour conclure 13. Quelques pistes d’exploitation - Du bon usage du témoin… p. 137 VISITER, EXPLOITER, INTEGRER UN LIEU : REGARDS CROISES p. 139 - Du Musée juif de la Déportation et de la Résistance à Kazerne Dossin - Mémorial, Musée et Centre de documentation sur l’Holocauste et les Droits de l’Homme (Odile REMY) - Le Mémorial national du Fort de Breendonk (Olivier VAN DER WILT) - Voyage en Pologne de la Fondation MERCi : Que reste-t-il à l’homme quand on lui a tout pris ? (Vinciane GEORGES) - Le voyage d’étude de l’asbl Mémoire d’Auschwitz (Frédéric CRAHAY) - Les Territoires de la Mémoire : des voyages pour ne pas oublier (Philippe MARCHAL) 3 CONTRIBUTIONS 4 5 RIEN A VOIR. QUE CHERCHER ? LIEUX DE MEMOIRE / LIEUX D’HISTOIRE Par Michel Herode Comme vous le savez, c’est à Pierre Nora que l’on doit une réflexion sur les lieux de mémoire. Réflexion qui a évolué au fil du temps, mais qui définit un lieu de mémoire comme objet de matérialisation de la mémoire : un cimetière, un monument aux morts, un mausolée, une plaque de rue, un musée, etc. Peu d’intérêt à différencier lieu d’histoire – là où un fait d’histoire s’est déroulé – d’un lieu de mémoire parfois vide de toute référence à un fait. Peu d’intérêt parce que tous deux sont un discours sur l’histoire, une représentation – souvent avec une forte arrière-pensée politique et/ou idéologique. Il semble évident d’ériger un mémorial sur les lieux du crime... ou même de développer un lieu comme Yad Vashem en Israël… mais on est en droit de se poser la question de la multiplication des musées de la Shoah - ils disent plutôt Holocauste - partout aux Etats-Unis ou au Canada. Il y a un véritable paradoxe des lieux de mémoire du judéocide. Par la volonté des génocidaires… il n’y a rien à voir. Pas de traces… pas de crimes. Dès juin 1942, le Kommando SS 1005 est chargé à l’Est d’ouvrir les fosses communes, de brûler les corps et d’en disperser les cendres. Pas de traces. Le 24 novembre 1944, Himmler donne l’ordre de détruire les chambres à gaz et crématorium de Birkenau. Pas de traces. Partout, on liquide les derniers survivants juifs et les SS organisent les marches de la mort vers les camps de concentration du centre du Reich. Pas de traces. Et il y a longtemps – automne 43 - que les terminaux ferroviaires de l’opération Reinhard – Belzec, Sobibor, Treblinka – n’offrent plus aucun signe de la liquidation des Juifs en Pologne occupée. Pas de traces. Rwanda école de Muranhi – Butare : corps à la chaux. Eglise, ossements, ustensiles de cuisine… Mais aussi survivants qui n’ont pas encore pu donner de sépulture à leurs morts. Et puis, il y a les catégories qui ont peu de place dans le souvenir de la tragédie. Jusque récemment, les Tziganes en étaient les grands oubliés. En France, peut-être parce que les camps français qui les avaient accueillis n’ont fermé que bien après la guerre. 6 Silence relatif aussi sur les homos… il faut dire qu’en République fédérale l’article 175 est longtemps resté d’application après 1945. C'est au nom de ce paragraphe que plusieurs dizaines de milliers d'homosexuels ont été arrêtés et envoyés dans les camps de concentration sous le régime nazi. Et bien entendu ce silence est dangereux. On entend parfois parler du génocide des Tziganes… parce qu’on ne connaît pas la complexité de leur sort dans la répression et le système concentrationnaire. Danger de confusion encore avec la plaque commémorant le martyre des homosexuels à Verviers. Seuls les homos hommes sur le territoire du IIIe Reich ont été persécutés et déportés. A l’Est, il y a un grand vide qui pèse sur la majorité des victimes de la Shoah. Ainsi en Ukraine, aux environs de Kiev, que reste-t-il du ravin de Babij Jar ? Là où les 29 et 30 septembre 1941, près de 35.000 hommes, femmes et enfants ont été fusillés parce que Juifs. L’œuvre des Einsatzgruppen SS - l’Einsatzkommando 4a - et de policiers ukrainiens. En 1976, inauguration d’un monument dédié aux habitants de Kiev. Pas mention des Juifs. Aujourd’hui, un musée du judaïsme est en projet… En Belgique, il a fallu attendre la fin des années 90 pour voir apparaître le Musée de la Résistance et de la Déportation dans la caserne Dossin de Malines. Dans les oubliettes de l’histoire, il y a aussi le siège de la mal nommée Gestapo, avenue Louise à Bruxelles. A part des graffitis dans les caves, la mémoire d’une action d’éclat d’un aviateur belge engagé dans la RAF qui en a mitraillé la façade… rien… pas de visite. Citons encore le Mémorial d’Anderlecht où figure le nom des déportés juifs de Belgique. Comme les Territoires de la Mémoire de Liège, même s’ils ne sont ni de même nature ni n’ont le même objectif, ils se veulent transmetteurs de mémoire. Devoir de mémoire… Passeurs de mémoire Mais de quelle mémoire parle-t-on ? De l’extermination ? Les survivants ont un devoir de dire mais les témoins du génocide sont rarissimes (Sonderkommando, échappés de fusillades…). Comme chacun a un vécu particulier dans une histoire collective, il faudrait mieux parler de mémoires au pluriel. Sans parler des problèmes liés aux souvenirs… Problématique de l’interférence de la mémoire – notamment du témoin – avec une rigueur froide du savoir. Comment inclure et entendre dans cette mémoire la zone grise qui, comme le dit Primo Levi, rend la victime participante et complice du bourreau. Devoir de mémoire alors que le contexte est au conflit mémoriel. 7 Après 1944/45, l’accent était mis sur la valorisation de la résistance et le génocide peu évoqué. L’infléchissement suit le procès Eichmann en 1961 en Israël. Mis en avant, le discours sur la Shoah connaît des inflexions au fil des ans : victime passive, enfant caché, résistance des Juifs… Combien de temps avant d’analyser la « politique du moindre mal » des autorités dans les pays occupés à l’Ouest et la nécessaire collaboration de beaucoup… comme a tenté de la rappeler le très contestable film La Rafle ? En Belgique les SS en charge de la question juive étaient 12... pour près de 25.000 déportés… Et le silence assourdissant des indifférences. Bien entendu, on peut mettre en avant le rôle de tous ceux qui ont manifesté leur soutien, ont caché les Juifs passés à la clandestinité. De ceux qui en Belgique occupée ont empêché la déportation de la moitié de la communauté juive alors que la xénophobie jouait en défaveur de cette population majoritairement étrangère. Parler de devoir de mémoire est-ce aussi inclure celle des véritables spécialistes de la question… les bourreaux ? Comment aborder le devoir de mémoire alors qu’il y a banalisation des termes - on a été jusqu’à parler du génocide des baleines - même la justice internationale brouille les cartes lorsqu’elle qualifie de génocide les massacres d’hommes à Srebrenica en ex-Yougoslavie ? Le devoir de mémoire est-il l’antidote des négationnismes ? Du « détail de l’histoire » de Le Pen à ceux qui affirment un double génocide au Rwanda. Comment parler de devoir de mémoire quand s’accentuent les uploads/Litterature/ journee-d-etude-maxime-steinberg-dossier-pedagogique-2011.pdf
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- Publié le Oct 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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