Cabale juive et occidentale L’ARBRE DE VIE D’abord réservée aux Juifs, c'est en
Cabale juive et occidentale L’ARBRE DE VIE D’abord réservée aux Juifs, c'est en Espagne, au douzième siècle, que la Cabale est sortie du secret. C'est à ce moment-là que le diagramme appelé l'Arbre de Vie est apparu pour la première fois. Cette structure est le chaînon manquant entre les deux traditions cabalistiques, la juive et l'occidentale. La quasi-totalité de la cabale occidentale est construite à partir de cet Arbre. La cabale juive y attache beaucoup moins d'importance. Il apparaît plut spécifiquement pour la première fois en tant que tel dans le livre Portae Lucis en 1516. Il s'agissant d'une traduction en latin de Shaarei Orah (Portails de Lumière) du Rabbi Joseph Gikatalia (1248-1323), datant de 1290 environ. C'était une époque de grande ferveur messianique parmi les Juifs, se basant sur l'enseignement prophétique d'Abraham Abulafia, le maître cabaliste. Le livre ne fut pas véritablement imprimé avant l'année 1516, préservé jusque-là sous forme de manuscrit. Sur la page de garde, un homme assis est représenté, tenant de sa main droite un arbre comportant les dix sefirot. La publication de ce livre correspond à la création d'une nouvelle forme de cabale. Le terme de "cabale chrétienne" pourrait être utilisé pour la désigner à juste titre à cette époque, c'est-à-dire vers 1516. Il est surprenant d'autre part de constater qu'une version imprimée de ce livre en hébreu n'est apparue qu'en 1559. Cela se passe un an avant la première édition imprimée du Zohar. Le Zohar est une oeuvre massive. Avec le Sefer Yetsirah, il constitue l'un des classiques de la cabale juive. Il a entraîné une transformation radicale de la cabale juive, mais son influence n'a qu'à peine effleuré la cabale occidentale. En revanche, cet autre petit livre peu connu, Portae Lucis, a exercé une influence considérable dans deux directions distinctes. Peu après sa publication en latin, un groupe de Dominicains fervent essayèrent de convaincre le Pape Léon X de confisquer et de brûler tous les livres juifs. Le mystique chrétien, Johann Reuchlin (1455-1522), puisa dans ce livre pour rédiger son propre classique De Arte cabalistica (De l'art cabalistique, 1517) pour convaincre le Pape, à qui il était dédié, de la valeur des enseignements juifs, et les livres juifs furent ainsi sauvés des flammes. Reuchlin croyait que la cabale contenait la doctrine du Christianisme. Il enseigna qu'à l'époque des Patriarches, avant Moïse, Dieu avait un nom de trois lettres ressemblant à YVH, le Trigramme. Plus tard, le nom de Dieu en quatre lettres, le Tétragramme, YHVH, fut révélé à Moïse pour la première fois, comme cela est mentionné dans la Bible (Exode 3:15). Au cours de l'ère chrétienne, en ajoutant la lettre Chin au Tétragramme, vous obtenez le nom de Dieu en cinq lettres, le Pentagramme, YHShVH. C'est également ainsi que s'écrit le nom de Jésus en hébreu. Telles furent les premières bases de la cabale chrétienne. Reuchlin était également conscient que les cabalistes pratiquaient leur religion avec un amour dévotionnel pour Dieu, plutôt qu'avec la peur de Dieu plus traditionnelle de la tradition juive. Il pensa donc que ces cabalistes étaient très "chrétiens" de par leur comportement. La cabale parlait aussi du messie. Reuchlin essaya de convaincre le Pape que les cabalistes parlaient en fait de Jésus. Pour respecter la vérité historique, rappelons que les cabalistes ne croyaient pas que le messie soit encore apparu, tandis que les Chrétiens croyaient bien sûr que Jésus était bel et bien le messie attendu du peuple juif. D'autres part, des groupes d'occultistes dans divers pays d'Europe furent grandement influencés par les enseignements contenus dans ce livre. Il continue encore à exercer une influence importante de nos jours. CABALE JUIVE MODERNE On ne peut pas considérer que les enseignements contenus dans le Shaarei Orah soient au cœur de la cabale juive moderne. Dans la forme qu'elle prend aujourd'hui, la plupart des cabalistes juifs suivent les enseignements du Zohar, et les interprétations qu'en donne le grand Rabbin Isaac Louria (1524-1572) connus comme étant Ha Ari. La cabale lourianique est immensément complexe. Cependant, sa théorie fondamentale, lorsqu'elle se trouve réduite à ses éléments essentiels, est remarquablement cohérente avec la physique moderne dans sa description de la création de l'univers et de son évolution. C'est la cabale lourianique qui augmenta l'importance du Monde d'En Bas dans la cabale juive. Ce Monde d'En Bas est un endroit sombre et démoniaque, où les étincelles de la lumière divine vivent en exil. Le cabaliste lourianique utilise une technique de méditation pour voyager dans le Monde d'En Bas (le monde des qlippot - forces démoniaques), afin d'en sauver les étincelles divines et de les ramener au Monde supérieur. Cette tentative est présentée comme une Unification, car la lumière exilée de Dieu se trouverait ainsi réunie à sa source. La cabale lourianique est pratiquement inconnue des adeptes de la tradition occidentale. Les cabalistes occidentaux donnaient une importance prépondérante à l'Arbre de Vie et aux sefirot. Ceci fait partie, mais ne constitue pas la totalité, et de loin, de la cabale juive. Le Tarot se mêla aussi de manière intime avec la cabale occidentale et l'Arbre de Vie. Or, les cabalistes juifs détestent le Tarot. Ils refusent même d'en parler. Voici, en quelques mots, l'état de la cabale aujourd'hui : deux groupes principaux, les cabalistes juifs et ceux occidentaux, qui essentiellement ne se connaissent pas les uns des autres. La cabale juive et la cabale occidentale sont donc deux traditions très différentes. La cabale occidentale est une excroissance de bribes de la cabale judaïque passées dans le monde non-juif, où elles se sont associées avec d'autres traditions, dans une synthèse que l'on appelle généralement cabale occidentale. Ce transfert commença probablement au douzième siècle, alors que la cabale juive commençait à se débarrasser de sa mystique du secret absolu, se faisant mieux connaître parmi les Juifs européens, qui purent ainsi la transmettre à leurs voisins chrétiens. CABALE OCCIDENTALE La cabale occidentale semble avoir commencé à se constituer au cours de la Renaissance, combinant le rosicrucianisme, l'astrologie, le mysticisme soufi ramené des Croisades, la magie, l'alchimie, le mysticisme chrétien, l'herméneutique et, bien sûr, la cabale juive. Au début, elle fut adoptée par les prêtres et l'aristocratie. La cabale offrait un domaine d'étude légitime et une protection, sorte d'alibi pour les Chrétiens qui souhaitaient explorer le domaine de l'occultisme, sans être pour autant accusés de sorcellerie et d'hérésie. Au milieu du 19ème siècle, une autre branche de la cabale occidentale est apparue, celle du Tarot. Jusqu'alors, le Tarot avait uniquement fonctionné comme un système de voyance et de prédiction. Le Tarot comprend soixante-dix-huit cartes. Cinquante-six d'entre elles ressemblent aux cartes traditionnelles, avec quatre cartes de personnages de cour pour chaque couleur, le Roi, la Reine, le Chevalier et le Prince (ou la Princesse) au lieu des trois personnages des jeux de cartes modernes. Mais le Tarot inclut en outre vingt-deux cartes (ou lames) dessinées : on les appelle les arcanes majeurs. Le point de liaison pour les cabalistes sont les vingt-deux lettres de l'alphabet hébraïque. L'origine des vingt-deux lames des arcanes majeures est inconnue. Il existait sans aucun doute des écoles occultes secrètes qui ont enseigné pendant un certain temps le rapport existant entre les vingt-deux lames et les vingt-deux lettres de l'alphabet hébraïque. Sa première apparition sous forme écrite se produisit en France au cours du 19ème siècle, dans la fameuse œuvre d'Eliphas Lévi Dogmes et Théorie de Haute Magie. Le Tarot fut ici décrit comme la base d'un système transcendant de conscience en expansion, appelé magie, et basé sur les principes de la cabale. Inutile de préciser, cette parution souleva une véritable tempête. Les cabalistes juifs n'ont jamais accepté l'existence d'un quelconque lien entre le Tarot et la cabale. Leur hostilité se fonde probablement sur l'interdiction contenue dans les Dix Commandements à l'encontre des "images gravées", mais elle provient aussi sans aucun doute d'une pensée trop rigide. Bien que la cabale hébraïque soit fondée sur un système numérologique où les mots, les expressions et les idées de valeur numérique égale sont considérées comme ayant un lien ésotérique (chaque lettre hébraïques étant également un nombre), ils ne reconnaissent pas de rapport entre ces vingt-deux cartes et les vingt-deux lettres hébraïques. Il s'agit là probablement de la pierre d'achoppement principale entre les cabalistes juifs et occidentaux. Je ne m'appesantirai pas ici sur les arguments pour et contre chaque position. Un cabaliste juif a raison lorsqu'il dit que le Tarot ne fait pas partie de la cabale, autant que le cabaliste occidental lorsqu'il affirme l'inverse. Lorsqu'ils parlent de la cabale, les uns et les autres emploient le même mot, mais chacun fait référence en fait à un système différent : d'où le malentendu. La cabale occidentale est devenue célèbre en Angleterre à la fin du dix-neuvième et au vingtième siècle, dans des groupes occultes tels que la Golden Dawn ("Aube Dorée"). La plus grande partie de la cabale occidentale moderne se base directement sur le travail de ces explorateurs anglais, qui ajoutèrent par ailleurs des fioritures égyptiennes à leur système, pour l'étoffer. Aleister Crowley, diplômé de la Golden Dawn, put uploads/Litterature/ kabbale-juive-et-occidentale-franzbardon.pdf
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- Publié le Jul 06, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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