12 La vulgarisation Sous la direction de François Dagognet SOMMAIRE A. C.AUQUEU
12 La vulgarisation Sous la direction de François Dagognet SOMMAIRE A. C.AUQUEUK, F. DAGOGWET F. G UE r Y C. J.AG03R A. MASSE-STAMBERGER, D. PARRIJ- CHIA, J. POrvIÎAN, J POMONT: B. RENOUVIN, A.-M. PIEU, L. SFEE, J -?. SYLVESTRE, C TAPIA A / introduction Histoire et principes de la vulgarisation [163] L'Ecole oe Francfort et ia problématique de la vulgarisation scientifique '7 64, B / Thèmes Audiovisuel H 65} Banques de données ! i es; Colloques et tables rondes H67: Discours de vulgarisation [168! Documentation automatique [169] Document de vulgarisation et figurabilité [170] Ecritures signifiées [1711 Edition (Politique de l'i [172] Encyclopédie [1731 Fichiers [174] Formation professionnelle [1751 Franglais [176] Guides 1177} Hypertexte 11781 Logiciels [1791 Musée [1801 Vérité et vulgarisation [181! C / Concîusion Hermès diffuseur: le démocrate, le décioeur, l'interprète [182] A / INTRODUCTION [163] I — Histoire et principes de la vulgarisation par François Dagognet *■ Application - Carte - Chiffre - Communication - Diffusion - Ecriture - Fable - Figure - Instrument - Intermédiaire — Mythe - Néologisme — phénoménotechnie - Popularisation — Représentation — Schéma — Scripto-visuel — Simplification — Traduction. L'enjeu fondamental en matière de savoir scientifique et technologique sera, dans les vingt prochaines années, moins dans sa production que dans sa collection et sa diffusion. (Rapport introductif au colloque national de la recherche et de la technologie, 1982, p. 130.) Il ous traitons moins de la communication que de l'une de ses modalités — la plus contestable et sans doute la plus dépréciée —, celle qui transmet non pas des informations, non pas un savoir, mais une présentation simplifiée et facilitée de celui-ci. Dans un échange, les deux partenaires à égalité éprouvent leurs thèses : en la circonstance — nouvel avatar —, ce « faux dialogue » met en présence celui qui sait et un ignorant qu'il s'agit précisément d'éclairer (moins encore qu'une didactique — la vulgarisation, le moment sans doute le plus bas, le plus dénivelant !). De plus, le savoir s'intègre à un ensemble ; comptent moins les éléments ou les données que les liens entre ces constituants. Il tend donc à échapper à ces fragments qu'il dépasse, afin de constituer un « système » ou un « abstrait » (une idée relationnelle et seulement pensée). Il ne peut pas se traduire en une représentation facile ni en une série d'énoncés. L'image'ou l'exposé dans lequel il risque de tomber ne peut que susciter la crainte, du fait de l'abaissement, sinon de la déformation ! Et le mot de « vulgarisation » exprime sans doute cette déchéance, que nous venons rapidement d'expliquer. Jadis, l'emportait un terme voisin, moins dévalorisant : on s'entretenait de la « science populaire » et de la « popularisation ». Le verbe « régulariser » date de 1826 et son substantif n'apparaîtrait que vers l'année 1850, alors que l'ancienne expression « science populaire » (et « populariser »), voire encore « rendre la science familière », remonte au xvn= siècle (on parle toujours de « culture populaire »). Les deux synonymes — populaire et vulgaire —, un certain temps, vivent côte à côte. La preuve? Ont été créées deux revues : Le vulgarisateur universel en 1874 et en 1882 Le vulga- risateur des sciences, tandis que l'hebdomadaire La science populaire date de 1880 et le mensuel Les sciences populaires de 1887. Ainsi les deux termes semblent bien coexister1. Généralement, la tendance lexicographique, en présence de deux équivalents, est d'écarter le plus déprécié et donc d'avantager le plus ennoblissant. En l'occurrence, on assiste au contraire: la « vulgarisation » prend le pas sur la « popularisation ». N'est-ce pas là, au bout du compte, la marque d'une profonde défaveur pour ce genre d'activité communicationnelle ? Plus la science se développe (vers 1860) et se complexifie, plus elle semble se séparer de ce qui la traduit dans le langage ordinaire. Le progrès dans l'abstraction et la formalisation va de pair avec le rejet d'une diffusion sans doute déformante et dénaturante. Ainsi un bref examen sémantique confirme bien le discrédit qui entoure cette propagation dans le public. - 1. Nous suivons ici les indications fournies par B. Bensaudè-Vincent, La science populaire, ancêtre ou rivale de la vul- garisation. 12 / LA VULGARISATION 1430 1, La condamnation Depuis longtemps, les philosophes s'étaient chargés de mettre en garde contre ce dangereux exercice qui consiste à inscrire l'intelligible dans le sensible, afin d'en faciliter la compréhension. Loin de diffuser la connaissance, on la dégrade. Les Grecs, Platon en tête, ont condamné cette prétendue instruction, la vulgarisation, c'est-à-dire la socialisation ou le partage du savoir. « Le moyen le plus sûr, le seul, pour approcher de la connaissance des êtres, ne serait-il pas d'aborder chaque chose, autant que possible, avec la pensée seule, sans admettre, dans sa réflexion, ni la vue ni quelque autre sens >>, tel esi ie leitmotiv de la pédagogie platonicienne. Platon n'a cesse de lutter contre les rhéteurs, ceux qui, moyennant salaire, enseignent les plus doués ; ils leur transmettent alors un savoir formel, voire un ensemble de règles et de préceptes de gestion, en vue de l'administration publique. Conjointement, ils usent déjà habilement de moyens qui évoquent mutalis mutandis, voire « audio-visuel ». c'est-à-dire schémas et représentations; ils simplifient et banalisent. Ils s'imaginent, entre autres, que le mathématicien s'appuie sur des figures en vue de sa démonstration (la confusion entre la monstration et la démonstration). Or, note La République, ils se servent de figures visibles et raisonnent sur elles en pensant, non pas à ces figures mêmes, mais aux originaux qu'elles reproduisent ; leurs raisonnements portent sur le e carré de soi » et la <^ diagonale en soi », non sur la diagonale qu'ils tracent et ainsi du reste ; des choses qu'ils modèlent ou dessinent et qui ont leurs ombres et leurs reflets dans les eaux, ils se servent comme autant d'images pour chercher à voir « ces choses en soi » et qu'on ne voit autrement que par la pensée » (Livre VI, 510 e). Inlassablement Platon blâme ces supercheries dans la mesure où le vrai (la science) ne se découvre qu'en nous-même et par nous-même, ce qui suppose la réminiscence (le savoir déjà en nous). On se méfiera donc de ceux qui se substitueraient à nous, ou qui, par divers moyens extérieurs, voudraient nous faciliter cette tâche. On écartera donc les pédagogues ou les virtuoses du simulacre, qui justement se servent des apparences (le trompe-l'œil). Entre autres remarques piquantes et acides, Platon a particulièrement pris à partie ceux qui transcrivent ou dessinent aussi bien les résultats d'une analyse que le réel lui-même, en vue de les restituer ou de les exporter (notamment dans le livre ou l'encyclopédie). Chacun sait que la parole — à la rigueur, légère, aérienne, liée au souffle, donc à l'âme — peut évoquer l'être, mais l'écriture le fige et l'altère. Plus encore qu'elle, le croquis ou l'image sensible le chosifie et l'emprisonne. L'objet lui-même doit déjà être tenu <:< pour une image » : le lit, par exemple, découle de l'essence qu'il concrétise ou réalise; alors, évitons évidemment « l'image d'une image » ! Dès son commencement, la pensée a donc mis en garde contre les techniques de la diffusion et de la représentation. Platon les tient pour les armes de la sophistique ou de la tromperie. On conçoit qu'il chasse de sa République non seulement les poètes, mais les artistes en général et surtout les spécialistes du fac-similé. « Lorsque quelqu'un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, qui connaît tout ce que chacun connaît dans sa partie et avec plus de précision que quiconque, il faut lui répondre qu'il est un naïf et qu'apparemment il a rencontré un charlatan et un imitateur (celui qui croit pouvoir montrer tout ce qui se fabrique) » {La République, livre X, 598 d). Nous n'allons pas passer en revue tous les systèmes, mais on doit noter que tous travaillent, comme Platon, à cette même campagne ou condamnation. Descartes n'échappe pas a cette règle: la vérité ne résulte pas pour lui d'un accord avec le réel qui viendrait la confirmer, mais elle naît de la seule rigueur avec laquelle la pensée l'a déduite (l'ordre). La métaphysique même n'avance qu'à travers la contemplation ou l'analyse de l'entendement, par et en lui seul. Ex sui ipsius contemplatione reflexa : de la contemplation réflexive de lui-même. Cette expérience intérieure s'inspirera de l'algèbre et de la géométrie, qui, elles aussi, sans référence au sensible, tirent leurs propriétés à partir de « natures 1431 HISTOIRE ET PRINCIPES DE LA VULGARISATION [163] O. COMM. - 46 Où le chercheur reproduit l'image du savant. simples » données dans une intuition indubitable et à l'aide de principes premiers innés (ainsi, qui contesterait que l'être ne l'emporte sur le néant?). Dans la mathesis universalis culmine cette méthode qui transcende même la géométrie et l'algèbre, parce que l'une et l'autre la mettent seulement en œuvre : elle sera alors définie « une science générale qui explique tout ce qu'il uploads/Litterature/ l-sfez-dictionnaire-critique-de-la-communication.pdf
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- Publié le Nov 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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