A VOIR AUSSI Affirmer aujourd’hui que la littérature de science-fiction n’a pas

A VOIR AUSSI Affirmer aujourd’hui que la littérature de science-fiction n’a pas droit de citer à l’Ecole, ce serait nier les évolutions de ces dernières années. Certes, la place qui lui est réservée peut sembler bien mince, mais la faute n’en incombe pas uniquement à l’institution scolaire, qui n’est rien d’autre, après tout, que le reflet de la culture dominante. Au-delà des clichés et des idées reçues, il semblait nécessaire de mettre à jour une réalité qui n’est sans doute pas tout à fait celle que l’on voudrait, mais qui n’est pas non plus fondamentalement catastrophique. Après le dossier, retrouvez : quelques pistes bibliographiques à l’usage des enseignants une interview de Thomas GARGALLO, agrégé de lettres modernes, enseignant au collège Gabriel Havez de Creil, à propos de la SF dans l’enseignement. quelques pistes pour explorer la littérature SF dans l’enseignement, à télécharger en bas de cette page L’institution scolaire est-elle hostile à la SF ? Les profs et la SF : je t’aime moi non plus Commençons par tordre le coup à un certain nombre d’idées reçues, en premier lieu l’idée selon laquelle les enseignants seraient hostiles à la SF. Ils la négligent, certes, mais s’ils la méprisent, parfois, c’est essentiellement par ignorance. Cette carence nait de leur propre formation : les occasions d’étudier la littérature de science-fiction sont assez rares dans le cursus scolaire, et universitaire. C’est le serpent qui se mord la queue : difficile d’enseigner ce que l’on ne connaît pas. Les enseignants sont massivement enfermés dans une vision restrictive, voire complètement erronée, du genre. Il n’existe aucune étude censée mesurer le degré de connaissance des enseignants en matière de SF, ni même leur degré d’hostilité envers le genre. En revanche, revenez sur votre propre parcours et tentez de vous rappeler combien d’œuvres de science-fiction vous avez eu l’occasion d’aborder en classe... Eh bien ? Si vous en avez étudié plus de deux vous êtes une exception. Sur le plan de la formation continue, il faut savoir que certains IUFM proposent aux enseignants déjà en poste des stages en matière de littérature jeunesse ou de littératures marginales [SF, Fantastique, Policier, BD, ....]. Mais ces formations n’existent pas dans toutes les académies et elles se font, de toute façon, sur la base du volontariat et donc de la démarche personnelle. Les élèves aiment-ils la SF ? Parmi les lieux communs les plus souvent évoqués, on retrouve fréquemment l’idée selon laquelle la science-fiction serait une littérature exclusivement lue par les adolescents [employé ici au masculin]. Voici d’ailleurs ce que déclarait Pili Munoz, rédactrice en chef de la revue Lecture-Jeune, à propos de ce phénomène : « La science-fiction occupe une place prépondérante parmi les genres littéraires les plus lus par les jeunes puisque son lectorat serait, selon certaines sources, composé aux neuf dixièmes d’écoliers et d’étudiants ». Je dois dire qu’au cours de mes recherches bibliographiques je n’ai pas trouvé les sources auxquelles il est fait référence ni d’étude similaire, néanmoins il s’agit d’une théorie très répandue dont les fondements ne résistent finalement guère à l’analyse [1] La plupart des études concernant les pratiques de lecture des jeunes démontrent que la science- fiction n’est pas, et de loin, la littérature la plus populaire auprès des élèves. Dans un article consacré à ces pratiques de lecture [2], Annie Rouxel s’interrogeait sur la frontière qui existe entre lecture privée et lecture scolaire, elle constatait que parmi les œuvres citées par un échantillon d’élèves la SF est assez peu représentée. Parmi la cinquantaine d’œuvres citées comme faisant partie des pratiques de lecture privée seuls deux romans de Jules VERNE peuvent prétendre appartenir à la science-fiction. Parmi le corpus de la trentaine d’œuvres citées comme faisant partie des pratiques de lecture scolaire on retrouve « La planète des singes » de Pierre BOULLE. Pour un genre prétendument plébiscité par les jeunes lecteurs cela peut paraître peu. J.F. Massol [3] constate que la science-fiction est un genre apprécié des lycéens, mais loin derrière le roman réaliste, le fantastique ou le roman policier. Les filles consacrent 4,5% de leurs lectures à des œuvres de science-fiction, ce chiffre est un peu plus important pour les garçons, 11%. Une enquête publiée dans Inter CDI [4], sur les pratiques de lecture des jeunes, (il s’agit essentiellement d’un public de collégiens) confirme que, si l’on fait une distinction entre filles et garçons, ces derniers ont tendance à plébisciter davantage la science-fiction. On observe également une nette perte d’intérêt pour cette littérature en fonction de l’âge : plus les élèves grandissent et NEWS CRITIQUES BD INTERVIEWS AUTEURS DOSSIERS CINEMA ACCUEIL > DOSSIERS > THEMA Les BDO, Big Dumb Objects La Mélancolie du Futur drogSF : stupéfiantes fictions La SF jeunesse SF et Polar, d’Edgar POE à Michael M. SMITH MANGA et SF, le choc des cultures SF & LANGAGE : la SF est-elle douée pour les langues ? SF et Terrorisme : Nouvelles Terreurs Humour et SF : quand la SF se fend la pipe ! Rock et SF Sexe et SF : la fin des tabous La SF à l'école - Les dossiers SF du cafard http://www.cafardcosmique.com/La-SF-a-l-ecole 1 sur 6 08/05/2011 21:48 plus ils ont tendance à s’en désintéresser. En sixième, les garçons sont 76% à déclarer aimer la science-fiction contre seulement 38% en troisième. Que disent les instructions officielles ? Les programmes et leurs accompagnements Nous l’avons vu, les professeurs de lettres [et des autres disciplines] ne sont guère incités, de par leur formation universitaire à utiliser la science- fiction comme support pédagogique. Or il faut bien avouer que les programmes scolaires et les instructions officielles ne sont guères plus encourageants ! Difficile d’évoquer dans le détail les programmes de français de la sixième à la classe de première, mais un survol permet de se rendre compte rapidement que la science-fiction n’est nulle part étudiée comme mouvement littéraire et culturel majeur du XXème siècle ! Il faudra lire attentivement les accompagnements du programme de français du collège pour dénicher une liste d’œuvres de littérature jeunesse où quelques romans de science-fiction sont conseillés pour chaque niveau ; on y trouve pêle-mêle « Martiens. Go Home ! », « Les Robots », « La planète des singes » ou bien encore « Le meilleur des mondes ». Pas si mal... Concernant les manuels scolaires, la question peut être rapidement évacuée car ils ne font que refléter les programmes. En matière de littérature, on retrouve quelques extraits de romans de SF, suivant les éditeurs. Il s’agit en général d’œuvres qui font consensus, et qui ont quasiment été récupérées par la littérature générale : « 1984 », « Le meilleur des mondes » ou bien encore « Ravages »]. Quant aux autres matières, on pense notamment aux sciences ou bien encore à la philosophie, elles sont muettes sur le sujet. Pour feuilleter régulièrement les spécimens de manuels envoyés aux enseignants, je constate que l’utilisation de la SF comme support pédagogique est plutôt rare, bien qu’on puisse retrouver dans des manuels de science des références, par exemple, au voyage dans le temps [en général pour illustrer la fameuse anecdote des jumeaux de Langevin] ou bien encore à d’autres thématiques chères à la SF comme le clonage ou bien encore les changements climatiques. Toutefois rappelons que ces références restent exceptionnelles. Mais soyons fous, pourquoi ne pas envisager d’aborder la question de l’uchronie à l’occasion d’un cours d’histoire ? Pourquoi ne pas aborder le thème de l’intelligence artificielle en philosophie ? Ou bien encore la question du voyage intergalactique en cours de physique ? Certains pourraient arguer que ce qui n’est pas inscrit dans les programmes n’est de fait pas étudié ; ce serait évidemment oublier le principe sacré de la liberté pédagogique des enseignants. Le principe de la liberté pédagogique des enseignants Les programmes ne fixent que des orientations générales, libres aux enseignants d’user des moyens pédagogiques qui leur paraissent le plus adaptés pour étudier dans le détail tel ou tel point. Cette liberté pédagogique s’exerce certes dans le cadre des programmes officiels, mais permet néanmoins aux professeurs une latitude de manœuvre assez confortable. Prenons un exemple simple à défaut d’être pédagogiquement encore valable [5]. Si mes souvenirs sont exacts, les anciens programmes de français de première demandaient aux enseignants de lettres d’aborder la question de l’Utopie dans la littérature. Un enseignant peu à l’aise avec cette question et la littérature qui s’y rapporte étudierait probablement avec ses élèves l’œuvre de Thomas MORE, au mieux il irait chercher du côté d’Aldous HUXLEY et de son « Meilleur des mondes » [roman souvent cité dans les manuels]. Rien ne l’empêcherait d’utiliser une des nombreuses oeuvres de la science-fiction moderne, et nous savons bien qu’en matière d’utopie la SF n’est pas en reste. Pour avoir vu un enseignant de lettres modernes étudier avec ses élèves « Limbo » de Bernard WOLFE, je puis certifier que l’Utopie de Thomas MORE n’est pas une fatalité. Je crois par ailleurs avoir conseillé à une collègue allergique à la SF un certain « Kirinyaga » de Mike RESNICK avec la uploads/Litterature/ la-sf-a-l-x27-ecole-les-dossiers-sf-du-cafard.pdf

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