Mme Eilers/2019-20/1ère G1/Séquence 6 : Parcours associé - Individu, morale, so
Mme Eilers/2019-20/1ère G1/Séquence 6 : Parcours associé - Individu, morale, société/LA14 1 Lecture analytique linéaire N°14 : le portrait de Catherine Leroux dans Madame Bovary de Gustave Flaubert. Texte dans Empreintes littéraires, 2019, p.187, de la ligne 18 « Catherine-Nicaise-Elisabeth Leroux… » à la ligne 39 « ce demi- siècle de servitude. » Introduction : Voir chapitre « Le Réalisme et le Naturalisme : rendre compte du réel » (manuel, p.64-65) ; biographie « Gustave Flaubert » (manuel, p.613) Problématique : A insérer ici après élaboration en classe. 1er mouvement : La présentation du personnage dans son contexte (l.18-l.21) 1.) En prenant appui sur le texte qui précède, déterminez la situation de la scène. Scène des comices agricoles située en Haute Normandie (à « Yonville »), dans la deuxième partie, chapitre 8 du roman Madame Bovary. Lors de cette scène, début de la liaison entre Emma, bourgeoise normande mariée à un officier de santé, et Rodolphe, séducteur libertin. Contraste saisissant entre cette « scène d’amour » et la description réaliste de la vie de province. Point commun : Flaubert fait la satire de la bourgeoisie provinciale – son roman porte d’ailleurs le sous- titre « Mœurs de province » : Emma jeune femme romanesque qui tombe dans le piège de l’adultère par ennui, d’un côté, et l’autosatisfaction des notables bourgeois du jury, en face d’une pauvre ouvrière agricole qui les surpasse tous par sa valeur morale. Flaubert critique ainsi l’oisiveté et la médiocrité bourgeoises, et les oppose à « un demi-siècle de servitude », qui symbolise la classe laborieuse. 2.) Qui prend la parole au début de notre extrait ? Quel est son rôle dans la scène ? Quel est son statut social ? Pour le préciser, vous pouvez aussi vous référer au début et à la fin du texte dans son ensemble. C’est un des dignitaires bourgeois, « Le Conseiller », membre du jury qui attribue les prix aux agriculteurs pour leurs produits. Son statut de bourgeois aisé fait de lui un personnage honorable (il porte d’ailleurs une « croix d’honneur » - distinction honorifique). Il fait partie des notables, qui récompensent les paysans avec condescendance lors de ces comices agricoles sous le règne de Louis-Philippe (1830-1848). Au début de l’extrait du manuel, on lit les annonces d’attribution de prix (exemple « Race porcine, prix ex aequo … »). Or la servante de ferme apparaît au même titre que les bestiaux et les engrais dans la liste des lauréats … ce qui montre tout compte fait le peu de respect dont on témoigne pour cette petite ouvrière agricole qui a travaillé dur de ses mains toute sa vie. Le contraste entre le notable et la servante ne pourrait être plus saisissant. 3.) Relevez tous les termes de la ligne 18 à la ligne 21 qui permettent d’expliciter avec précision l’identité de Catherine Leroux et la raison pour laquelle elle est présente. Quelle est sa position sociale par rapport à celui qui l’a appelée. Cela explique-t-il pourquoi il doit répéter son nom dans une interrogative ? Le nom précédé par la série de prénoms sans titre, la mention d’un village, du service de 54 ans dans la même ferme permettent d’identifier le personnage comme une simple servante de ferme. La médaille d’argent est attribuée pour le nombre très important d’années qu’elle a travaillées avec dévouement pour son patron. Si l’on imagine qu’elle est arrivée à la ferme vers l’âge de 15 ans, on arrive à l’âge respectable de 69 ans ! Or cette femme âgée n’est toujours pas à la retraite ! Vue l’espérance de vie d’une ouvrière à l’époque, on imagine aisément qu’elle ne doit pas être dans un bon état de santé. De fait, elle est quasiment sourde. Nous l’apprendrons un peu plus loin. Il est donc normal que le Conseiller doit rappeler son appel. Mais elle est aussi extrêmement intimidée comme nous l’apprend le petit échange de paroles rapportées qui a été coupé dans notre extrait. Catherine Leroux n’ose pas croire qu’elle puisse être récompensée. 2ème mouvement : Le portrait physique et moral de Catherine Leroux (l.22-l.34) 4.) Quel point de vue est adopté sur le personnage au début de la description? D’où ce regard part-il ? Quelle est la perspective adoptée par le regard ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des indices précis. « Alors on vit …» - Le regard est celui des spectateurs des comices agricoles qui assistent à la distribution des prix en contre-bas de l’estrade (« s’avancer sur l’estrade »). Cette perspective est en contre-plongée, qui permet de mettre en Mme Eilers/2019-20/1ère G1/Séquence 6 : Parcours associé - Individu, morale, société/LA14 2 valeur le personnage montré. Celui-ci paraît grandi (cf. l’estrade). Un contraste est sensible entre la timidité de la servante et l’exposition sur l’estrade au public. 5.) Quel cadrage est adopté pour ce personnage dans la première phrase ? Quelle impression globale ce personnage donne-t-il ? Relevez les champs lexicaux de la petitesse, de la vieillesse et de la pauvreté pour déterminer la condition physique et le statut social de Catherine Leroux. Le cadrage est d’abord un plan moyen. Le narrateur donne une impression globale, qui croise le champ lexical de la petitesse (« petite », « se ratatiner »), celui de la vieillesse (« vieille », « se ratatiner ») et celui de la pauvreté (« maintien craintif », « pauvres vêtements ». L’ensemble des qualifications connote une condition physique fragile et un milieu social très humble, tout en bas de l’échelle sociale. Même pour la remise de prix, elle n’a pas pu mettre des habits de dimanche. Elle apparaît donc comme une ouvrière exploitée par son patron. 6.) Montrez que le narrateur procède ensuite à un « travelling » des pieds à la tête, puis s’arrête aux mains en relevant le champ lexical du corps. La scène paraît comme écrite pour un cinéaste – alors que le cinéma n’existe pas à l’époque de Flaubert ! Nous empruntons donc les termes cinématographiques tout en sachant qu’il s’agit de fait d’un anachronisme. Le regard monte des pieds à la tête – ce qui est le trajet typique pour un regard respectueux -, des pieds aux hanches, puis au visage. Enfin, le regard redescend pour s’arrêter avec un très gros plan sur les mains. 7.) Pourquoi le narrateur insiste-t-il sur la disproportion entre les sabots et vêtements et les parties du corps de Catherine Leroux ? Approfondissez votre réflexion pour chacun des éléments avant d’arriver à une interprétation globale. « grosses galoches de bois » : chaussures de travail, dans lesquelles on fourrait en hiver de la paille ; elles sont nécessairement surdimensionnées par rapport à ses pieds ! « un grand tablier bleu » : vêtement de protection au travail par excellence ; la grande taille du tablier montre la nécessité de se projeter au travail ; la couleur bleue est typique pour les vêtements ouvriers (cf. « un bleu de travail » ; « blue jeans », « blue collar » etc). « un béguin sans bordure » : la coiffe est sans ornement (« sans bordure ») – là encore, le narrateur insiste sur la coiffe de travail. « de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains » - il s’agit d’une veste courte – pratique pour travailler ! – les manches paraissent un peu trop courtes (« dépassaient »), là encore c’est plus pratique pour une servante, qui doit savoir se servir de ses mains sans être gênée par des manches longues … On voit ainsi que le côté vestimentaire est en accord avec la condition ouvrière de Catherine Leroux. Tout connote la fonction, rien n’est gratuit. 8.) Relevez une comparaison qui permet de rendre compte du visage de la paysanne. Avec quel verbe dans la première phrase du portrait peut-elle être mise en relation ? « son visage maigre … était plus plissé de rides qu’une pomme de reinette flétrie » - comparaison du visage avec une variété de pommes qui est récoltée en Normandie – cette comparaison sent le terroir. De fait, elle était déjà annoncée par le verbe « ratatiner ». L’exposition aux ravages du travail en plein air avec des conditions météorologiques difficiles, ainsi que le grand âge de la lauréate, est mise en relief. Evidemment, elle n’a pu se protéger la peau ! C’est un effet de réel. 9.) Le portrait insiste sur la description des mains. Analysez tous les procédés qui mettent en relief les mains de Catherine Leroux (l.5 – l.10). « deux longues mains à articulations noueuses » - mains démesurées par rapport au reste du corps : outil de travail de la servante ; « noueuses » - métaphore qui connote le bois ; elle réfère à l’arthrose dont doit souffrir la servante. « encroûtées, éraillées, durcies » - rythme ternaire, solennel, en contraste avec le sens des participes passés, qui connotent les tâches quotidiennes qui ont abîmé les mains. « la poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines » - rythme uploads/Litterature/ la14-madame-de-lafayette.pdf
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- Publié le Jul 27, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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