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Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/lartgrgorienOOgast L'ART GRÉGORIEN FELIX AIXAN, EDITEUR LES MAITRES DE LA MUSIQUE ÉTUDP.8 d'histoire ET d'eSTHÉTIQUE Publiées sous la direction de M. Jean GHANTAVOINE Collection honorée d'une souscription du ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Chaque volume in-8° écu de JiSo pages environ, 3 fr. 5o inutiles : Palestrina, par Michel Brenf.t, 3" édition. César Franck, par Vincent d'Indy, 5« édition. J.-S. Bach, par André Pirro, 3» édition. Beethoven, par Jean Chantavoine, 5» édition. Mendelssohn, par Camille Bellaigue, 3® édition. Smetana, par William Ritter. Rameau par Louis Laloy, 2" édition. Moussorgsky, par M.-L>. Galvocoressi, 2* édition. " Haydn, par Michel Bkenèt, 2® édition. ' '' Trouvères et troubadours, par Pierre Aubry, 20 édit. Wagner, par Henri Lichtenberoer, 3^ édition. Gluck, par Julien Tieusot, 2® édition. Gounod, par Camille Bellaigue, 2« édition. Liszt, par Jean Chantavoine, 2« édition. Haendel, par Romain Rolland, 2" édition. Lully, par Lionel de la Lauhencie. L'art grégorien, par Amédée Gastoué. En préparation : Schumann, par Victor Basch. — Mozart, par Henri de CuRzoN. — Meyerbeer, par Lionel Dauriac. — Orlande de Lassus, par Henry Expert. — Grieg, par Georges Humbert. — Chopin, par Louis Laloy. — Brahms, par P. Landormy. — Weber, par Charles Malherbe. — BerliOZ, par P.-M. Massôtn. ^— Les Couperin, par Henri Quittard. — Schu- bert, par Gaston Cakkaud. etc.. etc. i '^''*' DU MÊME AUTEUR : Les Origines du chant romain, l'antiphonaire grégorien, Paris, Picard. I907. (Couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres). ' Catalogue des mss. de musique byzantine de la Bibliothèque nationale. Introduction à la paléographie musicale byzantine, Paris, Société iiitcrnalionale de musique. 1908. Cours théorique et pratique de plain-chant romain grégorien, Pai'is, Schola «-anlorum, i()0i-i<)04. Traité d harmonisation du chant grégorien, sur un plan nouveau, Lyon, J a ni 11 frèi'es. 1()Fo. En préparation : La musique religieuse, études historiques, esthétiques et pra- tiques. LES MAITRES DE LA MUSIQUE L'ART GRÉGORIEN PAU AMEDEE GASTOUE Henry BOïïLAEGr. Rue d'Antin, PARIS FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, I08 I9II Tons droits de traduction et de reproduction réeervf^s. ^r<^r9ar=e^'- M i— L'ART GRÉGORIEN INTRODUCTION Qu'est-ce que Tart grégorien ? Question dont la réponse serait en apparence bien simple : Fart grégorien est celui dont les lois régissent le chant Ulurgique officiel de VEi^lise latine. Mais ces trois termes, — qui ne le voit, — ne doivent-ils pas, eux aussi, être définis ? Et, pour un pro- fane, la définition que j'ai donnée du chant gré- gorien est-elle suffisamment expliquée par ce triple vocable : chant liturgique, — officiel, — de l'Église latine ? Il y a, dans toute société, quelle qu'elle soit, un ensemble de règles destinées à en assurer le l'onctionnement : une société religieuse, plus i\\w tout autre, a besoin de telles règles. Or, si la r('li- gion en général cherche à ra|)i)r()clier rhoiimic de Dieu, la religion cliréliennc, v\\ pailiculirr, s'y consacre d'une façoii plus spéciale. En ell'et, Gastoué. •2 L'ART (;ni-(;ORlEN les diverses religions primitives ou étrangères au christianisme, dans l'exercice de leur culte, ont bien dessein de rendre à )a Divinité leurs liommages, leurs sa(^ririces et leurs louanges, mais le culte est le propre de certains hommes, appartenant à une caste fermée; ils sont les loin- tains intermédiaires entre la foule et le Très- Haut. Dans la religion chrétienne, et dans sa forme la plus parfaite, celle à laquelle appartiennent les églises vraiment traditionnelles, le culte est quelque chose de plus. Il est non seulement ce que Tinstinct naturel de Thomme appelle ainsi, mais il comprend aussi la commémoration con- tinuelle de Jésus-Christ et de ses actes su- prêmes, mais il remplit encore un rôle très net dans la direction et la formation morales. Telle ou telle religion, dans son culte, rap- proche sans doute du Créateur l'humanité par ses prières et ses suppli(*ations : seul, le chris- tianisme y ajoute une comnuinion de plus en plus étroite de l'une à l'autre : « Soijez parfuils, a dit le Christ, comme voire Père céleste est par- fait. » Les règles du culte public, de la litur- gie, ne sont donc pas seulement de simples arran- o-ements de convenances extérieures; elles ont encore, dans la liturgie traditionnelle deTEglise catholique, un rôle d' « ascèse », d' « exercice INTRODUCTION 3 spirituel )>, qui a dessein de conduire les âmes à la perfection. Or, tout culte public, toute liturgie, qu'elle soit celle des nègres misérables du centre de l'Afrique, encore voués à un épais enténèbrement de la spiritualité, ou qu'elle soit célébrée avec les plus grandes splendeurs de la religion catliolique, toute liturgie, partout et toujours, a compris et comprend des cérémonies, — marches proces- sionnelles ou gestes déterminés, — des prières, des lectures des livres saints, avec leur explica- tion, des chants. Très souvent, le chant se com- bine avec la prière ou la lecture. La supplication VorciLio adressée à Dieu par le président de ras- semblée, la lecture ou leçon présentée par le clerc ou le célébrant aux méditations dos fidèles, sont modulées sur des récitatifs déterminés. Et comme, suivant la parole d'un Apôtre, tous sont participants du sacerdoce, ce n'est pas seule- ment à un prêtre ou à un sacrificateur d'élever constamment la voix au nom de tous. CIkkmiii a son rôle dans la liturgie traditionnelle. Prési- dent du (;hœur et ses assistants, chantres à la voix choisie, solistes et choristes, (dergé et fidèles ont leur part dans c^e drame sacré et sublime (ju'ost la divine liturgie. Il sera superflu de dire qu'un système de chant envisagé sous de tels rapports doive être olli- 4 L'ATxT r.UF. GO RI EN ciel : c'est une qualilé de sa propre essence. Le chaut ayant une étroite relation avec le texte, les paroles de la liturgie, ofïicielles elles-mêmes, ne peuvent avoir qu'un chant qui le soit aussi, ou soit soumis à des règles étroites qui en détermi- nent les mouvemenls. Dans ce second ordre d'idées, nous rangerons les compositions musicales propres au culte, et que les maitres des diverses époques ont écrites, en difïerents styles, suivant les lois de la liturgie. Ainsi en est-il des œuvres de Palestrina, par exemple, chez les maîtres du xvi"^ siècle, ou de celles d'un auteur moderne, en noire temps. Mais la musique polyphonique et les œuvres plus ou moins complexes des grands maîtres, quoique étroitement respectueuses de la liturgie, ne sau- raient évidemment en faire partie officielle. On ne peut aucunement imposer aux fidèles d'une petite église de campagne ou aux Esquimaux des mis- sions de l'Alaska le répertoire de la chapelle Sixtine. Il faut donc un chant qui convienne à tous, dans le temps et dans l'espace, un chant (jui soit adéquat à la liturgie, né avec elle, prescrit avec elle, emportant comme elle les âmes, sur un mode unique, vers l'Idéal divin. Ce besoin d'unité, marcjue du génie occiden- tal, s'est manifesté de bonne heure. A peine l'É- glise, au IV'- siècle, est-elle libre de se développer, INTRODUCTION 5 que nous voyons le chant liturgique être l'un des objets des préoccupations de ses pontifes. Tantôt, il est vrai, les Papes romains cherchent à faire prévaloir les usages de la Ville Eternelle sur toutes les églises de leur langage, mais tantôt aussi ces églises, mues par le sens d'unité, adop- tent d'elles-mêmes les cérémonies, les prières et les chants de la liturgie romaine ; il n'est pas jus- qu'aux princes qui n'y voient, avec Pépin et Ghar- lemagne, l'un des ciments de leur empire, et le moyen de mettre fin à de fâcheuses divergences. Le chant ofTiciel de TÉodise latine est donc ce- lui qui fut réglé par les usages de l'église de Rome; c'est là qu'il mérita le surnom de grégo- rien. Pourquoi et comment? Quelles phases en marquèrent les progrès triomphants ? A la fin du vi" siècle de notre ère, un curieux paradoxe se dresse dans l'état social. « De loin », avons-nous dit dans un précédent ouvrage ', « une époque se présente à nos re- gards, vaut surtout, parles événements princi- paux (|ui l'ont caractérisée auxyeux des généra- I. Origines du cliaiil ronmin, l'aris. i()<.)7, [). 8. Oi\ nous ])(M'iiiollra (le ivmivovcm- à col ouvrau,*' |)«nir tt)ul(^s li>s (iiu's- lioiis d'oi'ioiiK's ([iii se raflacliiMil à 1 arl i;r('"i;(M"i»Mi. 6 L'ART GREGORIEN lions postérieures. Or, ce siècle est celui où les barbares se fixent définitivement sur le sol de l'empire romain; le siècle où l'Afrique proconsu- laire perd jusqu'au souvenir de ceux qui détrui- sirent autrefois Garthage; où les vestiges de Rome antique s'efï'acent sojiis la domination des Goths, troublée elle-même par les calamités natu- relles, les inondations, les épidémies terribles. « Il semble qu'une ombre épaisse descende sur tout art, pour préparer comme la gestation d'un renouveau intellectuel qui ne se produira que dans plusieurs siècles. (( G est vrai : mais le vi"" siècle est aussi celui qui vit l'apogée de Byzanc^e, et la grande splen- deur du culte chrétien ; c'est le temps où les barl^ares se civilisent au contact des uploads/Litterature/ lartgrgorien-00-gast.pdf

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