KODOKAN - JUDO - 1 - JUDO KODOKAN KANO JIGORO - FONDATEUR DU JUDO 1860 - 1938 T

KODOKAN - JUDO - 1 - JUDO KODOKAN KANO JIGORO - FONDATEUR DU JUDO 1860 - 1938 Table des chapitres KANO Jigoro ........................................................................................ - 2 - Tokyo à cette époque ......................................................................... - 7 - Likubo Tsunetoshi ............................................................................... - 9 - Le temple Eishoji et Shosuke Shirai .......................................... - 11 - L’origine du Kodokan ..................................................................... - 13 - Dojo Yaburi - L’époque des défis ............................................. - 16 - Période Bancho .................................................................................. - 19 - Shitenno ou les 4 plus forts ........................................................... - 20 - L’ouverture du Dojo Hachitami Mogoruku ........................ - 22 - Les différentes Ecoles de Jiu-Jitsu ............................................. - 24 - Tsuyo Mishima................................................................................... - 27 - La résurrection des Arts Martiaux ......................................... - 29 - Yama-Arashi....................................................................................... - 34 - Les événements inquiétants se succèdent ............................. - 37 - Tokurini Ashibarai .......................................................................... - 40 - Le 28 Novembre ................................................................................. - 42 - Yokoyama contre Nakamura..................................................... - 45 - Salles de Nirayama et de Etajima ........................................... - 48 - Le clair de lune sur le château en ruines .............................. - 50 - Principes du Judo et surveillance des disciplines ............. - 52 - Ippon-Seoi ............................................................................................. - 53 - Les progrès ........................................................................................... - 55 - KODOKAN - JUDO - 2 - KANO Jigoro Deux jeunes gens se tenaient debout au bord de la véranda dont les fenêtres, malgré le froid, étaient grandes ouvertes. L’un d’eux portait la moustache, son regard était doux, son visage rond. Il était vêtu d’une redingote et avait l’air d’un jeune fonctionnaire. Il s’appelait Jigoro KANO ; il avait été nommé, l’été précédent, à la faculté de Lettres de l’université de Tokyo et poursuivait à présent les « Hautes Etudes » à la même Université. L’autre, dont les cheveux longs étaient remarquablement noirs, avait une figure ovale et portait un kimono à petits dessins sous un hakama. Il était pieds nus. C’était Tsunejiro YAMADA, plus tard Tsunejiro TOMITA, que Jigoro KANO gardait toujours à ses côtés depuis l’âge de douze ans comme élève-domestique. Tsunejiro Tomita « Vous êtes satisfait, Maître ? Votre travail marche-t-il ? » « Oui », répondit Jigoro, et lançant un coup d’œil dans la chambre, il ajouta en souriant : « Eh bien ! Ne pourrions-nous pas commencer quelques exercices… » « Des exercices de Ju-Jutsu ? » s’inquiéta Tsunejiro. « Essayons un peu, veux-tu ? » « Oh ! Non, Maître, c’est imprudent. Nous venons de nous installer aujourd’hui seulement. Nous n’avons même pas offert du soba1 à notre nouveau voisin. Il faudrait mieux ne pas se faire remarquer dès notre arrivée. » « Ah ! Tu as raison », dit Jigoro en souriant. Il avait 23 ans et Tsunejiro 18. A eux deux, ils représentaient le seigneur et le vassal. Après de nombreuses recherches, ils venaient de trouver une chambre au temple Eishoji. 1 Les soba (蕎麦, そば) sont un mets japonais constitué de pâtes de sarrasin. Avec les udon et les rāmen, elles sont les pâtes les plus consommées au Japon. Au Japon, lorsqu'on emménage dans son nouveau lieu de résidence, il est de coutume d'offrir à ses voisins des hikkoshi soba. Et, pour Ōmisoka, il est de tradition de savourer des toshikoshi soba, de longues nouilles censées assurer, selon une croyance populaire, une longue vie aux personnes qui les consomment. Le Temple Eishoji était situé à Shitaya-Kita-Inari- cho. Le quartier s’appelait « umebori », ce qui signifie « fossés comblés » ; les rues étaient actives, mais l’intérieur du Temple calme. En suivant un mur et en franchissant une humble porte de chaume on découvrait sous un porche bâti en briques une porte magnifique. Sur la droite, à environ cinq ou six ken se trouvait une autre porte couverte de chaume puis, tout au fond, apparaissait un portillon en treillis, assez éloigné du bâtiment principal du Temple. La construction, confortable, comprenait six chambres et offrait un aspect plus noble que les autres logements du quartier. Le Maître-Prêtre du Temple, nommé Tyogyo-Ho, était un brave vieux appartenant à la section de Jyodoshu. Jigoro KANO vit le jour en octobre de la première année de l’ère Mannen (1860), dans le département de Hyogo. Il était le troisième fils de Jirosaku Mareshiba KANO, attaché militaire au Gouvernement. Enfant, on l’appelait petit Nobunosuke parce qu’il était frêle et délicat. Sa famille, qui vivait à Mikage, était célèbre pour sa fabrication du sake dont les secrets délicats se transmettaient de père en fils depuis plus de cent ans. Son père, Jirosaku, avait tout d’abord succédé à ses parents dans le métier familial, mais il avait rapidement cessé de s’en occuper lui-même pour devenir fonctionnaire-fournisseur du gouvernement maritime. L’amiral de la flotte japonaise était Kaishu KATSU qui devint célèbre lors de la capitulation du Château d’Edo, et Jirosaku était son ami intime. L’amiral KATSU eut beaucoup d’influence sur Jigoro. Le petit Jigoro était considéré comme un enfant prodige. Il remportait succès sur succès à l’école, mais n’était pas brillant en sport. Il était de très petite taille, un des plus petits de sa classe, et avait peu de force. Ses petits camarades, jaloux de ses succès scolaires, se vengeaient en le taquinant sans cesse : « Que tu es faible, petit KANO ! » ou encore : « Si tu veux te battre, viens ici, couard de KANO. » Jigoro avait l’intelligence de ne jamais répondre. C’est vers la 6° année de l’ère Meiji (en 1873) que Jigoro KANO quitta son pays natal pour entrer en pension dans une école privée des études Britanniques, près du bois de Shiba, dans la capitale, et c’est à cette époque qu’il songea à faire du Ju-Jutsu. Mais il ne trouva pas de professeur. Basei NARAI, ancien chevalier du gouvernement Shogunïste, qui fréquentait les KANO, pratiquait alors le Ju-Jutsu chez Tetsushiro IMAI, grand Maître de Kyushin-Ryu. KODOKAN - JUDO - 3 - Jigoro l’implora de l’aider dans son projet. La réponse ne fut pas favorable. En effet, le Ju-Jutsu n’était pas très bien considéré à cette époque, bien au contraire. De plus, Jigoro devait poursuivre sérieusement ses études, répétait son père, et il était anormal qu’un futur intellectuel perdit son temps à pratiquer un « art révolu et vulgaire ». Alors Jigoro pensa à Ryuji KATAGIRI, gardien de la villa de ses parents, située à Maruyama-cho-Koishikaa, et qui connaissait le Ju-Jutsu. Là, non plus, il n’eut aucune chance : le vieux gardien ne voulait pas désobéir au père de Jigoro, connaissant l’opinion de ce dernier sur le Ju-Jutsu. En 1877, dixième année de l’ère de Meiji, l’Ecole Kaisei et l’Ecole de Médecine de Tokyo se réunirent pour former l’Université de Tokyo. La nouvelle Université comprenait les Facultés de Droit, des Sciences, des Lettres et de Médecine. Jigoro entra à la Faculté des Lettres. Cette année-là, recommandé par le masseur Teinosuke YAGI, il put devenir le disciple de Hachinosuke FUKUDA, de Tenshin-Shinyo-Ryu. Cependant, il est juste de révéler que KANO avant cette date, alors qu’il était à l’Ecole des Langues Etrangères, avait déjà commencé la pratique de l’Art du Ju-Jutsu avec un ami. A la Faculté des lettres, ses compagnons étaient Takaaki KATO, futur premier ministre et Kumazo TSUBOI, futur doyen de la même Faculté, mais ceux-ci ne s’intéressaient pas au Ju-Jutsu. En fait, il n’y avait qu’avec Tsunejiro TOMITA, son fidèle élève-domestique, qu’il pouvait faire en toute quiétude du Ju-Jutsu dans une chambre qu’il avait à Saga-cho. Takaaki Kato A cette époque, Jigoro était contraint de garder le secret sur ses études de Ju-Jutsu. Voici une petite histoire qui en donne la preuve. L’Epoque féodale était révolue depuis quelques années à peine. Mais dans la nouvelle Université, comme à l’école Kaisei, la plupart des étudiants subissaient l’éducation du système féodal. Ils étaient partis, volontairement d’ailleurs de leur pays natal pour la capitale, portant deux sabres à la hanche gauche, comme le faisaient tous les chevaliers du gouvernement shogunïste même après le décret qui annula cette coutume lors de la 1ere année de l’ère de Meiji. Ils parcouraient ainsi la cour de l’Université, d’un air hautain et montraient qu’ils n’abandonnaient pas leur esprit féodal. Par la suite des troubles qui s’étaient succédés, ils n’avaient guère eu l’occasion d’apprendre les arts martiaux, pas même l’art du sabre qu’ils portaient. Toutefois, ils possédaient un esprit guerrier, toujours prêts à défendre leur honneur même au prix de leur vie. Parmi ces étudiants, Kioomi CHITO né dans le département de Kochi et Takasue FUKUTOMI, furent les plus célèbres pour leur énergie pleine de jeunesse. Ils se battaient volontiers à toute occasion, donnaient des coups de poing à leur camarades : au réfectoire, ils poussaient des cris épouvantables. « Eh ! Cuisinier ! C’est immangeable » ! Et sans même avoir goûté les mets, juraient, giflaient le cuisinier, ou projetaient les plats sur les serveuses. Un jour, l’un d’eux frappa violemment Jigoro KANO du poing fermé en disant qu’il ne lui plaisait pas. Jigoro n’offrit aucune résistance à la brute. Peut-être se sentit-il trop faible pour combattre. « Jigoro KANO, raconta plus tard dans ses mémoires. Setsurei MIYAKE, son camarade de classe, raconta plus tard dans ses uploads/Litterature/ livre-judo-kodokan.pdf

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