TEMOINS DE NOTRE HISTOIRE Collection dirigee par Pascale Bourgain '\ MANUALE SC

TEMOINS DE NOTRE HISTOIRE Collection dirigee par Pascale Bourgain '\ MANUALE SCHOLARIUM PIERRE RicliE BREPOLS '\ rlistorisches seƒ"'·nar der Univers:tät He·dr.1‚c rg G c ,_ /J'f co 02 c. © 2014, Brepols Publishers NV , Turnhout All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored m a retneval system, or transmitted, in any form or by any means electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, ' without the prior permission of the publisher. D/2014/0095/125 ISBN 978-2-503-55110-4 Printed in the EU on acid-free paper Avant-Propos Je presente ici l'edition et la traduction d'un texte du xve siede, le Manuale scholarium, traduit aux Etats-Unis en 1921 par R. F. Seybolt. J'avais redecouvert ce « Dialogue » dans mes dossiers et je pensais qu'il pouvait interesser les historiens du Mayen Age. J'avais fait un article en 2012 dans un numero de la revue His­ toire, n° 374, avril 2012, p. 80-88, et je souhaitais traduire ce texte. Je remercie clone ma collegue et amie Pascale Bourgain d'avoir permis de realiser ce vreu. '\ Introduction Ce livre, clont nous donnons texte et traduction, permet de connaltre Ja vie d'une universite en Allemagne a Ja fin du XV" siede. II se presente SOUS une forme assez peu habituelle a cette epoque : un dialogue entre deux etudiants. Les dialogues sont tres nombreux au Moyen Äge'. Parmi le mil­ lier de textes pedagogiques clont j'ai fait Je recensement et qui main­ tenant sont sur Internet a l'universite de Paris I, on trouve des dialogues entre pere et enfants, maltres et eleves, etc, mais tres rare­ ment des entretiens entre jeunes gens du meme age. Nous en trou­ vons un a l'epoque carolingienne, ecrit par Alcuin. II met en scene un franc et un saxon, qui discutent sur la grammaire. Vers !'an mille, en Angleterre, Je maltre JE!fric Bata ecrit un colloque ou il met en scene ses eleves, toute la journee, depuis leur Jever jusqu'au coucher, et !es fait bavarder ensemble2• Mais, a ma connaissance, il faut attendre la fin du Moyen Äge pour trouver ce dialogue entre deux etudiants de l'universite d'Heidelberg. II m'a paru interessant et en 2012, j'ai presente ce texte dans la revue Histoire (n° 374, p. 80-85), mais jusqu'ici, nous n'avions pas une edition et traduction de ce colloque appele Manuale Scholarium. C'est un excellent temoignage de Ja vie d'une universite a Ja fin du xV" siede, qui fut ecrit vers 1490 et publie en 1854, comme nous Je verrons a la fin de cette introduction. Mais auparavant, pour com­ prendre ce texte, il faut presenter rapidement !es Universites medie­ vales et leurs activites, en utilisant de nombreux travaux sur le sujet3• 1 Farmes dialoguees dans la litterature exemplaire du Mayen Äge, sous Ja direction de M.-A. Polo de Beaulieu, ed. Champion, 2012. 2 Sur ces dialogues, cf. P. Riche, f.coles et enseignement dans le Haut Mayen Age, 3' ed., Picard, 1 999, p. 205 et 371. 3 Sur !es universites medievales, les livres ne manquent pas depuis H. Rashdall, The Universities af Eurape in the Middle Ages, Oxford University Press, nouv. MANUALE SCHOLARIUM 11 Les Universites medievales (XIIf - XV" siecles) Les Universites sont nees au debut du xm< siede, pendant ce qu'on appelle la "Renaissance du xm< siede". C'est l'eveque qui dirige l'ecole et delivre aux bons eleves Ja "licentia docendi", "per­ mission d'enseigner". Ces eleves ont eu comme programme !es Arts liberaux, bien connus depuis la fin de l' Antiquite et la Renaissance carolingienne. D'abord le trivium : grammaire, rhetorique, dialec­ tique ; puis le quadrivium : arithmetique, geometrie, astronomie et musique. Ces arts devaient mener a l'erude de l'Ecriture Sainte. A mesure que les villes grandissaient et obtenaient leurs libertes 1 , ' que es dercs desirant etudier pour servir l'Eglise eraient plus nom- breux, le besoin se fit sentir d'avoir une nouvelle organisation de l'enseignement. Alors que maitre et artisans s'organisaient en cor­ poration, pourquoi les dercs n'en feraient-ils pas autant ? D'ou la naissance, au de@t du x111< siede, d'une nouvelle corporation : l'Universite. Cette universite ne.quitte pas l'Eglise, mais ce n'est plus l'eveque qui a l'autorite. Ce sont Je roi et le pape. Philippe Auguste, a la suite d'une bagarre entre police et eru­ diants de Paris, accorde a ces derniers des privileges. Le chancelier Philippe de Greve (t 1236) s'en plaint : Paris, quand chaque maitre enseignait de son cote et que le nom meme d'universite etait inconnu, lectures et disputes etaient f re­ quentes ; on avait du zele pour /' etude. Mais maintenant que vous vous etes unis pour (armer une universite, /es leryons sont devenues rares, taut se f ait a La hate, /' enseignement est reduit a peu de chose; le temps pris aux leryons est gaspille en reunions et en discussions. Et dans ces assemblees, tandis que /es anciens deliberent et legi­ f erent, /es jeunes ne pensent qu'a former d'abominables complots et a preparer leurs expeditions nocturnes4• ed., 1 936, 3 volumes. Signalons S. Stelling-Michaud, L 'histoire des Universites au Mayen Äge et a La Renaissance au cours des vingt-cinq dernieres annees, dans Rapports du XI' Congres international de sciences historiques, Stockholm, 1, 1 960. Et evidemment, ]. Verger, Les Universites au Mayen Äge, Paris, PUF, 1 973 et Des nains sur des epaules de geants, Maitres et eleves au Mayen Äge (en collaboration avec P. Riche), Paris, 2006, nouv. ed. 2013. 4 Cite par J. Verger, Les Universites„ ., op. cit., p. 303. 8 INTRODUCTION L'Universite a un autre appui, celui du pape, qui voit dans cette association l'assurance de dercs utiles a l'Eglise. En 1215, le cardi­ nal legat Robert de Courson confirme les premiers statuts et les privileges de l'Universite de Paris. Bien plus a la suite d'une greve des maitres et des eleves, greve provoquee par une bagarre entre les etudiants et !es agents du roi sur !es bords de la Bievre, le pape Gregoire IX, dans sa bulle Parens scientiarum, confirme la legitimite des statuts et prend l'Universite sous sa protection. Cette greve de deux ans (1229-123 1 ) eut egalement pour consequence la disper­ sion des maitres et eleves et Ja creation des futures universites d' Angers, d'Orleans et meme d'Oxford. Tout au long du xm< siede se creent des Universites qui imitent celle de Paris. Toulouse (1229), qui se specialise dans l'erude de la medecine, en Italie, Padoue (1222) Oll se retrouvent maitres et eru­ diants venus de l'Universite de Bologne, qui avaient ete installee au debut du xme siede ; Naples (1224), creee par l'empereur Fredfoc II pour ruiner celle de Bologne ; en Espagne, Palencia (12 12), Salamanque (121 8), etc. Mais la crise de l'Eglise aux x1v< et xv< siedes et particulierement le "grand schisme" de la papaute (1378-1417) eurent pour conse­ quence Ja creation d'Universites nouvelles. Alors qu'il y avait une quinzaine d'universites en 1 300, il y en a en effet plus de soixante­ dix en 1 500 ! Elles sont souvent fondees par !es princes avec l'ac­ cord des papes et leurs statuts s'inspirent souvent de ceux de Paris. Thierry Kouame a erudie la diffusion d'un modele universitaire dans le Saint Empire aux x1v< et xv< siedes5• II note que si cinq universites existent dans le pays d' Ades, sept en ltalie, vingt-trois sont fondees dans Je Saint Empire. "On peut parler d'effet d'explo­ sion du phenomene universitaire dans l'espace allemand a la fm du x1V" siecle". Charles IV de Boheme, fondateur de l'universite de Prague (1347), est suivi par Rodolphe de Habsbourg a Vienne (1365), puis par Je roi de Pologne (Cracovie, 1 364) et de Hongrie (Pecs, 1 367). 5 Cf. J. Verger, Les Universites au Moyen Äge, deuxieme partie, p. 1 1 1 et s. ; et T. Kouame, " La diffusion d'un modele universitaire dans le Saint Empire aux x1v< et xv< siecles", dans Les Universites en Europe du x11I' siecle a nos jours, Actes du colloque international d'Orleans, octobre 2003, Publications de la Sorbonne, 2005, p. 1 79-1 97. 9 MANUALE SCHOLARIUM L'Allemagne est encore mieux dotee : Cologne, Erfurt, Leipzig, Bäle, Treves et Heidelberg en 1 385. On a conserve les statuts de ces universites6• Ainsi, le margrave Karol 1 precise qu'il concede a la fondation de Pforzheim les privileges clont jouissent les autres universites de la region. En effet, les Statuts des universites d'Allemagne sont copies les uns sur les autres, mais ils ne sont pas ecrits en une seule fois : pour Erfurt, 1412 et 1447 ; Vienne, 1421, 1436 et 1448 ; Leipzig, 1421, 1436, 1444 et 1483; Heidelberg, clont je reparlerai, 1417, 1421, 1448 et 1464. Bien souvent, ils reprennent des regle­ ments d'universites frarn;aises, particulierement celle de Paris7• Les jeunes gens sont nombreux a venir s'inscrire dans les Universites. Nous verrons plus loin les conditions de l'inscription a l'universite d'Heidelberg, qu'il faut maintenant presenter. 21 L'Universite <J:.Heidelberg8 Elle fut creee en i385 par le comte palatin Ruprecht Jer de la maison des Wittelsbach, avec l'aide de Marsile d'lnghen qui en fut uploads/Litterature/ manuale-scholarium-ed-riche 1 .pdf

  • 18
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager