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MULTIMÉDIA F Interviews audios - Sélections vidéos Par une longue chaîne ininterrompue de copistes, les Bibles hébraïques et chrétiennes sont parvenues jusqu’à nous, avant que l’imprimerie de Gutenberg au XVe siècle démultiplie leurs efforts. Sur papyri ou sur peaux, rouleaux et codices sont aujourd’hui conservés précieusement dans les grandes bibliothèques, dont celle de la Bibliothèque nationale de France. C’est histoire de ces documents et de leur transmission que nous retraçons dans ce livre numérique. Quelle est leur ancienneté et leur authenticité ? Quels étaient les modes de transmission des manuscrits bibliques dans l’Antiquité ? Quelles influences eurent les contraintes techniques sur la copie des textes bibliques sur des rouleaux de papyri, auxquels les juifs restent fidèles, et des codex, adoptés par les chrétiens dès l’origine ? Car la copie est aussi affaire d’interprétation. Ajoutant au fil du temps au texte linéaire, chapitre et ponctuation : comment, par exemple, une virgule ajoutée dans le deuxième chapitre de la première épître de Paul aux Thessaloniciens a-t-elle pu être considérée comme le texte fondateur du supposé « antisémitisme chrétien » ? Enfin, passant du chauffoir de copiste à l’atelier d’imprimerie, peut-on s’interroger sur la véritable influence de Gutenberg sur la diffusion de la Bible ? Liens virtuels vers des sources documentaires, entretien audio et vidéos complètent cette passionnante enquête sur la transmission des textes bibliques depuis les origines. Bonne lecture !  Benoît de Sagazan, rédacteur en chef INTRODUCTION De copie en copie, l’aventure de la Bible À lire aussi nos conseils : livre numérique mode d’emploi p. 96. N.B. : Vous pouvez accéder directement à l’article souhaité en cliquant sur son titre. Sommaire Ancienneté et authenticité des manuscrits bibliques par Michel Quesnel T ransmettre les manuscrits bibliques dans l’Antiquité par Claire Clivaz La collection des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France Entretien audio avec Laurent Héricher, par Benoît de Sagazan Les principaux manuscrits hébreux et grecs de la Bible par Gilles Dorival, Aux origines de l’« antisémitisme chrétien » Une virgule interprétative dans les manuscrits par Marie-Françoise Baslez Du chauffoir de copiste à l’atelier d’imprimerie par Pierre Gibert En mots et en musique : Le développement de la polyphonie à l’époque de la construction de Notre-Dame de Paris par Dominique Pierre Glossaire (noms propres et noms communs) Liens internet LES MANUSCRITS DE LA BIBLE Les manuscrits bibliques conservés supposent – une fois leur authenticité établie – leur datation et leur critique pour tenter d’établir une version aussi proche que possible du texte original, rendant alors possible l’exégèse biblique. Le Nouveau Testament constitue l’un des textes anciens dont les variantes sont les moins nombreuses. Ancienneté et authenticité des manuscrits bibliques Michel Quesnel Théologien, ancien recteur de l’université catholique de Lyon Couverture du codex de Leningrad. © Shmuel ben Ya'ako commons Wikimedia SOMMAIRE Les manuscrits de la Bible L es plus anciens manuscrits de textes bibliques que nous connaissons sont des fragments de papyrus et de parchemin découverts à partir de 1947 à Qumrân, à proximité de la mer Morte. Ils datent d’entre 200 et 100 av. J.-C. La plupart sont très fragmentaires. Seul un grand rouleau de parchemin mesurant 26 cm de haut sur 7,34 m de long contient un livre entier, le livre du prophète Ésaïe. Pour disposer du texte complet de la Bible juive, il faut faire un saut de dix siècles en direction du Moyen-Âge : le manuscrit de Leningrad (ou manuscrit de Saint-Pétersbourg) est un codex de parchemin contenant l’entièreté du texte hébreu et ara- méen vocalisé ; il date du Xe siècle ap. J.-C. C’est lui qui sert de base aux éditions critiques de la Bible juive, notamment la Bibla Hebraica Stuttgartiensia, régulièrement mise à jour et rééditée ; l’apparat critique contient les variantes, notam- ment celles que l’on tire des manuscrits découverts à Qumrân et celles tirées d’un autre manuscrit de la même époque, le codex d’Alep, dont il reste environ les deux tiers du texte. Texte original et texte de synthèse La situation est très différente pour le Nouveau Testament. En comptant les papyri, les parchemins rédigés en lettres majuscules (onciales), les parchemins rédigés en lettres mi- nuscules et les lectionnaires, on possède plusieurs milliers de documents dont les plus anciens sont des papyri du mi- lieu du IIe siècle ap. J.-C. Mais il faut attendre le IVe iècle pour Site de Qumrân. © BS pour Le Monde de la Bible SOMMAIRE Les manuscrits de la Bible disposer du texte complet, les deux plus anciens témoins étant le codex Sinaiticus et le codex Vaticanus. Les éditions critiques modernes ne reproduisent in extenso aucun d’entre eux ; le texte courant de ces éditions est un texte de synthèse, résultat des recherches des spécialistes de critique textuelle ; les principales variantes figurent dans l’apparat critique. Mais comment donc est composé ce texte de synthèse ? Nul ne prétend plus pouvoir connaître les textes tels qu’ils ont été rédigés par les auteurs. Ces écrits sont irrémédiablement perdus. Il se peut, d’ailleurs, que certains auteurs du Nou- veau Testament aient rédigé plusieurs éditions successives de leurs œuvres, comme le fit plus tard Ronsard qui corrigeait sans fin ses poèmes. L’hypothèse a été émise pour les Actes des Apôtres, dont l’auteur – saint Luc selon la tradition – a peut-être composé deux éditions. Tous les manuscrits du Nouveau Testament que nous possédons sont des copies de copies ; entre eux existent des différences, résultat de correc- tions volontaires ou involontaires introduites par les scribes successifs. Le travail critique aboutissant à proposer le texte de synthèse comporte principalement deux branches, à sa- voir la critique externe et la critique interne. Codex Vaticanus, fin de l’Évangile de Luc et début de l’Évangile de Jean. © Commons Wikimedia SOMMAIRE Les manuscrits de la Bible entre deux lettres identiques. Ce phénomène appelé « haplo- graphie » peut se produire, par exemple, lorsqu’un scribe se réfère au nom de Jésus accompagné de plusieurs de ses titres : les trois mots des génitifs traduits en français par « de son Fils Jésus Christ », écrits souvent en abrégé pour gagner de la place, peuvent être orthographiés en grec comme suit : YY IY XY. Des quatre Y, on peut n’en recopier que deux ou trois, et la titulature à laquelle on aboutit n’est plus complète. Un scribe peut, au contraire, reproduire deux fois le même passage, ou deux fois le même mot, la même syllabe ou la même lettre ; c’est le phénomène de « dittographie ». Le choix entre les différentes variantes involontaires n’est pas facile, mais il n’est en général guère lourd de conséquences. Les corrections volontaires des copistes Plus difficiles à traiter sont les corrections volontaires. Dans ces cas, les spécialistes de critique textuelle ont établi des critères de qualité dont deux sont faciles à comprendre. Lorsqu’il y a des différences de longueur entre deux leçons, on privilégie comme non corrigé le texte le plus bref (en la- tin la lectio brevior) ; ayant une certaine vénération pour les textes qu’ils écrivent, les copistes n’en suppriment pratique- ment jamais rien de façon volontaire, mais ils ont volontiers L’établissement par la critique externe La critique externe consiste à évaluer la valeur de chaque manuscrit en le datant à partir du type de support et du type d’écriture, en en précisant autant que possible la provenance, et en essayant de le situer dans la généalogie des manus- crits existants, à partir des similitudes et des différences qu’il entretient avec d’autres manuscrits connus. Contrairement à ce que l’on pense souvent, un manuscrit plus ancien n’est pas forcément meilleur qu’un manuscrit plus récent, car un manuscrit récent peut très bien avoir recopié fidèlement un texte ancien et fiable. La critique textuelle n’est évidemment pas une science exacte, des débats existent entre les cher- cheurs, comme ce fut le cas pour le papyrus p64 appartenant au Magdalen College d’Oxford (voir encadré 1). L’établissement par la critique interne La critique interne consiste à comparer les variantes existant entre les manuscrits, et à identifier celle qui risque le moins d’être la correction d’une autre. Certaines corrections appor- tées par le scribe peuvent être involontaires, comme celles que peut faire un enfant faisant de la copie à l’école primaire. Il peut, par inadvertance, omettre un passage compris entre deux passages identiques, ou quelques lettres comprises SOMMAIRE Les manuscrits de la Bible Le manuscrit p64 du Magdalen college. © Commons Wikimedia Le roman du papyrus p64 (encadré 1) Le papyrus p64, conservé à la bibliothèque du Magdalen College, à Oxford, était – et est à nouveau – considéré comme datant des environs de l’année 200. Acquis à Louxor, en Égypte, en 1901, il avait été expertisé en 1953 par C. H. Roberts. Dès 1962, le même savant avait reconnu dans le manuscrit p67, conservé à Barcelone, deux fragments du même codex. C’est un article signé C. Thiede, paru dans le Times à la veille de Noël en 1994, qui contesta cette date. À partir du style des lettres onciales utilisées, Thiede prétendit que les fragments du Magdalen College reproduisant le texte de uploads/Litterature/ manuscrits-de-la-bible.pdf

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