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Digitized by the Internet Archive in 2010 witii funding from University of Ottawa Iittp://www.arcliive.org/details/alineetvalcourou01sade nhl^ ALINE ET VALCOUR Ht ' , ' 1 ?iî lUfJ- w<!>-f qK;t6 «e « ALTNE ET VALCOUK ou LE ROMAN PHILOSOPHIQUE Écrit à la Bastille, nn an ayant la Révolution de France. TOME PREMIER BRUXELLES J .-.T. G-AY, I.IBKAIR,E-liîr>ITKX7R 1883 8 - iX. S-'l Nam veluti pueris absinthia tetra medente^, Cum dare conantur priùs oras poctUa circum Contingunt mellis dulci flavoque liquore. Ut puerum œtas improvida ludiflcetur Labrorura tenus; interea perpotet amarum Absinthiîe laticem deceptaque non capiatur, Sed potius tali tacta recreata valeseat. Luc. lib. 4. AVANT-PROPOS f»&7jî^J" E roman d'Aline et Valcour est un des ^/^\ P^us curieux du trop célèbre marquis, l'ami et admirateur de Marat. Il a été écrit à une époque d'ébranlement général, alors qu'une noblesse débauchée et amollie laissait tom- ber de ses mains les rênes de l'État, qu'une bour- geoisie intelligente et riche, en révolte depuis deux siècles, s'imposait au pouvoir en déroute, et qu'au- dessous de tout cela, un peuple, abruti par un long servage, voué au mépris des classes aristo- cratiques, n'aspirait qu'à une terrible vengeance. Cette époque d'effervescence engendra une littérature à son image, toute remplie de crimes et d'orgies. Les romans du marquis de Sade sont VI AVANT-PROPOS en cela le reflet du temps : sa Justine, sa Juliette et sa Philosophie dans le boudoir sont les extrêmes limites de cette dégradation littéraire et les personnages d'Aline et Valcour ont les mêmes goûts cruels et dépravés. L'auteur se met en scène sous le nom de Valcour ; il y retrace quelques traits de sa propre histoire. Toutefois ce roman est supérieur à sa Justine et à sa Phi- losophie, en ce qu'on n'y trouve pas ces tableaux répugnants qui rendent ces derniers ouvrages illisibles, même pour les gens les plus rompus à ce genre de littérature. De Sade chargea Girouard de l'impression de son roman, en 1792. Cet imprimeur, compromis dans une conspiration royaliste, fut arrêté ainsi que de Sade. Girouard fut condamné à mort; quant à de Sade, il échappa grâce à des protes- tations de dévouement à la cause révolution- naire : il rejeta la qualification de noble, se disant petit-fils d'un valet et fils d'un parvenu vaniteux ayant acheté un titre de marquis, que lui, son fils, ne voulait point porter. Cette thèse était contraire à sa supplique sous Louis XVI, alors qu'il sollicitait sa grâce, s'appuyant sur sa haute et antique noblesse et sur les illustres faits de plusieurs de ses aïeux. Après la mort de l'imprimeur Girouard, le roman d'Aline et Valcour continua d'être AVANT-PROPOS VII imprimé secrètement jusqu'au jour de son com- plet achèvement; ce fut alors qu'il parut avec le nom de la veuve Girouard, en 1793. La Révolution était, en ce moment, dans toute sa violence, la tête du roi et de la reine venaient de tomber sous le couperet de la guil- lotine, nul n'était sûr, ni de sa fortune, ni de sa vie, et, dans ces circonstances, le roman d'Aline et Valcour trouva peu d'acheteurs. En 1795, Maradan acquit les exemplaires invendus, il remplaça les titres primitifs par de nouveaux titres et il changea aussi un frontispice. C'est ainsi qu'il existe deux éditions de ce livre, qui en réalité n'en sont qu'une. Le roman ne tarda pas, dès lors, à s'épuiser, et fut frappé, en 1815 et en 1835, d'une condamnation. Il est certain que sous la Révolution ces livres de débauches et de principes révolutionnaires pouvaient faire craindre le réveil de passions à peine éteintes ; mais ces ouvrages, peut-être alors dangereux, n'offrent plus aujourd'hui qu'un intérêt biblio- graphique. Pigoreau dans sa Petite Bibliographie Biogra- phie romancière, dit que quelques extraits du roman d'Aline et Valcoiir ont été insérés dans deux autres romans publiés, l'un en 1798, sous le titre de Valmor et Lydis, 3 volumes in-12, l'autre en 1799, Alzonde et Koradin, 2 volumes VIII AVANT-PROPOS in-12; mais nous n'avons pas eu l'occasion de rérifier cette allégation. En résumé, de tous les ouvrages de de Sade, Aline et Valconr est celui qui caractérise le mieux cet auteur, jugé si diversement, et à ce titre nous avons cru faire une oeuvre agréable aux bibliophiles en le reproduisant. ly^^'>/^,f{Tlf6.£;' 1.^'- AVIS DE L'EDITEUR. 'EST avec raison que Von peut regarder la collection de ces lettres comme un des élus ^ piquants ouvrages qui ait paru depuis * longtemps ; jamais, on petit le dire, des contrastes aussi singitliers ne furent tracés par le même pinceau, et si la vertu s'y fait adorer par la manière intéressante et vraie dont elle est présentée, assurément les couleurs effroyables dont on s'est servi pour peindre le vice ne man- queront pas de le faire détester ; il est difficile de le mettre en scène sous tmeplus effroyable physio- nomie. AVIS DE L EDITEUR De rassemblage de tant de différents carac- tères, sans cesse aux prises les uns avec les autres, devaient résulter des aventures inouïes ; aussi pouvons-nous assurer qu'aucune anecdote réelle... qu'aucun mémoire, qu'aucun roman, n'en contient de plus singulières, et nulle part, sans doute, on ne verra l'intérêt croître et se soutenir avec autant d'adresse et de chaleur. Ceux qui aiment les voyages trouveront à se satisfaire, et l'on peut les assurer que rien n'est exact comme les deux différents tours du monde, faits en sens contraire par Sainville et par Léonore. Personne n'est encore parvenu au royaume de Butua, situé au centre de l'Afrique ; notre auteur seul a pénétré dans ces climats barbares ; ici ce n'est plus un roman, ce sont les notes d'un voyageur exact, instruit, et qui ne raconte que ce qu'il a vu. Si par des fictions plus agréables il veut à Tamoé consoler ses lecteurs des cruelles vérités qu'il a été obligé de peindre à Butua, doit-071 lui en savoir mauvais gré ? Nous ne voyons qu'une chose' de malheureuse à cela, c'est que tout se qu'il y a de plus affreux soit dans AVIS DE L EDITEUR XI la nature, et que ce ne soit que dans le pays des chimères que se trouve seulement le juste et le bon. Quoiqu'il en soit, le contraste de ces deux gou- vernements plaira sans doute, et nous sommes bien parfaitement convaincu de l'intérêt qu'il doit produire. Nous attendons le même effet de la liaison de tous les personnages établis dans ces lettres, et du rapport plein d'art, que les uns ont avec les atitres; malgré leur étonnante dispro- portion. Leurs principes devaient être opposés comme leur physionomie, et si l'on s'est permis d'en établir de bien forts, cela n'a jamais été que pour faire voir avec quel ascendant, et en même temps avec quelle facilité le langage de la vertu pulvérise toujours les sophismes du libertinage et de l'impiété. L'idée d'adoucir, et quelques dis- coîirs et quelqites mcances, s'est plus d'tmefois présentée, nous en convenons; mais l'aurions- nous pu sans affaiblir ? Ah ! quelque prononcé que soit le vice, il n'est jamais à craindre que pour ses sectateurs, et s'il triomphe il n'en fait que plus d'horreur à la vertti : rien n'est dange- XII AVIS DE L EDITEUR reiix comme d'en adoucir les teintes; c'est le faire aimer que de le peindre à la manière de Crébillon, et inanqtcer par conséquent le but moral que tout honnête homme doit se proposer en écrivant. Ce que cet ouvrage a de singulier encore, c'est d'avoir été fait à la Bastille. La manière dont, écrasé par le despotisme ministériel, notre auteur prévoyait la Révolution, est fort extraordinaire, et doit jeter sur son ouvrage une nuance d'intérêt bien vive. Avec tant de droit à exciter la curio- sité du pîcblic; avec un style pur, toujours fleuri, partout original ; avec la réunion dans le même ouvrage de trois genres : comique, sentimental et erotique; nous sommes bien silrs que cette édition va nous être enlevée sur-le-champ; deman- dée de toutes parts, parce qu'on connaît la plume de l'auteur, à peiite en pourrons-nous répandre à Paris, et nous sentons déjà le regret de ne l'avoir pas multipliée davantage. Nous exhor- tons ceux qui n'auront pu s'en procurer des exemplaires à prendre un peu de patience, la seconde édition est déjà sous nos presses. Cependant nous aurons des critiques, des AVIS DE L EDITEUR XIII contradicteurs et des ennemis, nous nen doutons pas : C'est un danger d'aimer les hommes, / C'est un tort do les (éclairer. j Tant pis pour ceux qui condamneront cet ouvrage, et qui ne sentiront pas dans quel esprit il a été fait : esclaves des préjît.gés et de Vhabitude, ils feront voir que rien n'agit en eux que Vopinion, et que le flambeau de la philosophie ne luira jamais à leursyeux. ri:fÀAA**> -ti^"^^^-^ ESSENTIEL A LIRE r 'AUTEUR croit devoir prévenir qu'ayant cédé ^ son manuscrit lorsqu'il sortit de la Bastille, il a été, par ce moyen, hors d'état de le retoucher ; comment, d'après cet inconvénient, l'ouvrage écrit depuis sept ans, pourrait il être » A L uploads/Litterature/ marquis-de-sade-aline-et-valcour-1.pdf
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- Publié le Mai 17, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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