Niveau de la narration . Au niveau de la narration, on peut s’intéresser à plus

Niveau de la narration . Au niveau de la narration, on peut s’intéresser à plusieurs aspects: 1. Le statut du narrateur. 2. Les modes de la représentation narrative 3. Le temps 4. L’espace 1. Le statut du narrateur : Étudier le statut du narrateur signifie se poser la question de savoir qui raconte l’histoire. Cette question est traitée par Gérard Genette, selon qui deux données doivent être prises en compte : la relation à l’histoire et le niveau narratif. a) La relation à l’histoire : le narrateur est-il présent ou non comme personnage dans l’univers du roman ?-le narrateur présent comme personnage dans l’histoire qu’il raconte est appelé homodiégétique (Watson dans les aventures de Sherlock Holmes, Marcel dans À la Recherche du temps perdu). Si le narrateur est le personnage principal de l’histoire, on l’appelle autodiégétique.-le narrateur absent de l’histoire qu’il raconteest appelé hétérodiégétique(le narrateur dans Père Goriot) b) Le niveau narratif : le narrateur est-il lui-même l’objet d’un récit fait par un autre narrateur? -le narrateur qui raconte en récit premier une histoire et n’est lui-même l’objet d’aucun récit est appelé extradiégétique (c’est un cas très fréquent). -le narrateur qui est lui-même objet d’un récit est appelé intradiégétique(Schéhérazade dans Les Mille et Une Nuits, est narratrice intradiégétique, puisqu’elle est elle-même objet d’un premier récit, mais narre un récit second. Le narrateur premier qui raconte l’histoire de Schéhérazade est par contre extradiégétique)Sur la base de ces critères, on distingue quatre situations possibles : -Le narrateur extradiégétique-hétérodiégétique : raconte en récit premier une histoire d’où il est absent (le narrateur de Germinal raconte les aventures d’Étienne dans le monde de la mine). -Le narrateur extradiégétique-homodiégétique : raconte en récit premier une histoire où il est présent (le personnage de Gil Blas évoquant son passé dans le roman de Lesage) .-Le narrateur intradiégétique-hétérodiégétique : raconte en récit second une histoire d’où il est absent (Schéhérazade dans les Mille et Une Nuits). -Le narrateur intradiégétique-homodiégétique: raconte en récit second une histoire où il est présent (le personnage de Dominique, héros de Fromentin, racontant sa vie à un ami anonyme). 2. Les modes de la représentation narrative S’intéresser aux modes de la représentation narrative signifie étudier la distance et la focalisation. a)La distance renvoie au degré d’implication du narrateur dans l’histoire qu’il raconte: -le narrateur peut effacer les signes de sa présence, avec le résultat que l’histoire semble se raconter d’elle-même, sans la médiation d’un narrateur. La vision sera objective (on parle de mode mimétique. Dans la tradition anglo-saxonne on appelle ce mode showing) .-le narrateur peut parler en son nom, sans dissimulerles signes de sa présence. La vision sera subjective (on parle de mode diégétique. Dans la tradition anglo-saxonne on appelle ce mode telling). B)La focalisation concerne le problème de la sélection de l’information narrative. Quel est le point de vue à partir duquel l’histoire est racontée? Qui perçoit? On distingue trois types de focalisation: -focalisation zéro: (ou absence de focalisation). Aucune restriction de champ, la vision du narrateur est illimitée (on parle de narrateur omniscient), elle n’est pas liée à celle d’un personnage particulier. -focalisation interne: le narrateur adapte son récit au point de vue d’un personnage et ne sait que ce que sait ce personnage. -focalisation externe: l’histoire racontée de façon neutre. Le narrateur ne saisit que l’aspect extérieur des choses. La narration donne l’impression que les événements se déroulent sous l’œil d’une caméra, sans être filtrés par une conscience. Exemples :Paul était angoissé. Il ne savait pas que Marie l’était autant. Narrateur omniscient : il pénètre l’intériorité de chaque personnage, il n’y a aucune restriction de champ (focalisation zéro). Paul était angoissé. Et Marie, que ressentait-elle ? Il ne parvenait pas à le déceler Restriction de l’information, limitée au savoir de Paul (focalisation interne) L’homme marchait le long de la plage. Ses mains tremblaient légèrement. Une femme l’accompagnait Le savoir délivré par le narrateur se limite à l’aspect extérieur des choses (focalisation externe) 3. Le temps Genette propose qu’on distingue deux sortes de temps: -Le temps de l’histoire. Un récit peut évoquer une journée, toute une vie ou plusieurs générations. C’est le temps fictif de l’histoire. -Le temps du récit, c’est-à-dire le temps mis à raconter. Ce temps se mesure en lignes, pages, volumes On peut s’intéresser aux aspects suivants: Le moment de la narration La vitesse La fréquence L’ordre *Le moment de la narration: quand est racontée l’histoire par rapport au moment où elle est censée s’être déroulée ? -la narration ultérieure : la plus fréquente. Le narrateur raconte ce qui s’est passé auparavant. -la narration antérieure : plus rare. Le narrateur anticipe la suite des événements (souvent sous forme de rêve ou de prophétie), raconte ce qui est censé se passer dans le futur de l’histoire. -narration simultanée : donne l’impression qu’elle s’écrit au moment même de l’action. Emploi du présent. -la narration intercalée : typique du journal intime, mixte de narration ultérieure et de narration simultanée. Le récit au passé s’interrompt de temps en temps pour un commentaire au présent. *La vitesse de la narration concerne le rapport entre le temps de l’histoire (la durée fictive des événements, en années, mois, jours, heures...) et le temps du récit (la durée de la narration, ou plus exactement de la mise en texte, en nombre de pages ou de lignes). La vitesse concerne donc le rythme du roman, ses accélérations et ses ralentissements. On distingue quatre relations possibles entre ces deux niveaux temporels: -la scène : le temps du récit est égal au temps de l’histoire (exemple canonique: les dialogues). La scène visualise, donne l’impression que cela se passe sous nos yeux. Typique du mode mimétique(cf p. 8). -le sommaire : une longue durée d’histoire est condensée et résumée en quelques mots ou quelques pages. Cela produit un effet d’accélération -la pause : désigne les passages où le récit se poursuit alors qu’il ne se passe rien sur le plan de l’histoire. La pause provoque un effet de ralentissement (typique des descriptions) -l’ellipse correspond à une accélération maximale. Une durée d’histoire (parfois des années) est passée sous silence. Dans L’Éducation sentimentale, le chapitre 2se conclut sur la séparation entre Frédéric et son ami Deslauriers, et le ch. 3commence ainsi,: «Deux mois plus tard, Frédéric, débarqué au matin rue Héron, songea immédiatement à faire sa grande visite»: les deux mois dont il est question font l’objet d’une ellipse. *La fréquence désigne le nombre de fois qu’un événement fictionnel est raconté par rapport au nombre de fois qu’il est censé s’être produit. On distingue trois relations possibles: -le mode singulatif : le narrateur raconte une fois ce qui s’est passé une fois (ou n fois ce qui s’est passé n fois). Typique du récit d’action. -le mode répétitif : consiste à raconter plusieurs fois ce qui s’est passé une fois. Typique du roman épistolaire du XVIIIe (pour montrer les différences psychologiques), ou de nombreux romans contemporains (pour relativiser la vérité des choses) .-le mode itératif : consiste à raconter une fois ce qui s’est passé plusieurs fois. Évoque l’habitude et la monotonie. Le mode itératif en est exprimé en général à l’imparfait. *L’ordre: concerne le rapport entre la succession logique des événements de l’histoire et l’ordre dans lequel ils sont racontés : -ordre chronologique: les événements sont narrés dans la succession où ils se sont produits. -anachronies: l’ordre dans lequel les événements sont narrés ne correspond pas à l’ordre dans lequel ils se sont produits. Deux cas possibles: anachronie par anticipation (prolepse): consiste à narrer à l’avance un événement ultérieur. anachronie par rétrospection (analepse ou «flash back»): consiste à raconter, après coup, un événement antérieur. 4. L’espace S’intéresser à l’espace d’un point de vue narratologique revient à s’intéresser à la description qui le prend en charge(alors que, du point de vue de l’histoire, l’espace –par exemple la mer, la ville ou le désert –est étudié comme uncontenuavec desvaleurs symboliques). *La description peut être étudiée à partir de quelques aspects: -L’insertion : comment s’inscrit la description dans l’ensemble qui constitue le récit ? -Le fonctionnement : comment s’organise-t-elle ? -Les fonctions : à quoi sert-elle dans le roman ? -L’insertion de la description Toute description est une expansion à partir d’un thème donné (objet, personnage, lieu) qui peut être désigné par un titre. Le thème-titre est ce dont parle la description. Le thème-titre peut être présenté de différentes manières: Par ancrage: le thème-titre figure au début du passage, ce qui facilite la compréhension immédiate. Ex. : « Je portai les yeux sur M. Dupont : il était grand, jeune, etc... » Par affectation: le thème-titre figure à la fin du passage, ce qui suscite le mystère, la surprise. Ex. : « Je vis venir vers moi un homme grand, jeune, etc... C’était M. Dupont» Dans les romans réalistes et naturalistes, l’insertion de la description exige une motivation. La description y est souvent mise sur le compte d’un personnage et apparaît dans des conditions «naturelles» (attente du personnage, qui justifie la pause descriptive; curiosité, qui justifie son regard, etc.). -Le fonctionnement et l’organisation uploads/Litterature/ methodode-d-analyse-narrative.pdf

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