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BODIN ET LA LIGUE D'APRÈS DES LETTRES INÉDITES Author(s): J. Bodin and Jean Mor

BODIN ET LA LIGUE D'APRÈS DES LETTRES INÉDITES Author(s): J. Bodin and Jean Moreau-Reibel Source: Humanisme et Renaissance, T. 2, No. 4 (1935), pp. 422-440 Published by: Librairie Droz Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20672963 . Accessed: 01/07/2014 10:23 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. . Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Humanisme et Renaissance. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.55.96.119 on Tue, 1 Jul 2014 10:23:54 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions BODIN ET LA LIGUE D'APRES DES LETTRES INEDITES Dans toute la carriere de Jean Bodin - pleine de tra verses et, a nos yeux, de passages obscurs - il n'est guere de tournant qui ait plus deconcert6 ses biographes et ses admirateurs que sa subite conversion a la Ligue. D'aucuns s'en sont voilds la face ; a la plupart ii semble qu'il y ait lA une palinodie 6minemment regrettable, la preuve d'une faiblesse de caractere. Comment le pur poli tique en ligueur vil s'est-il changd ? Ou bien, il s'est donn6 a lui-meme, a le supposer sincere, un 6trange de menti, ou bien - hypothese qui ne lui est guere plus favo rable - il s'est laisse mener par la peur. Le plus artiste et le plus indulgent de ceux qui ont cont6 sa vie, M. Chau vir6, incline a une version plus complexe et plus acceptable : dans son recit circonstanciM 1 et entratnant des vicissitudes de Bodin et de la Ligue a Laon, auquel il convient de se reporter avant de lire notre texte, il a mieux utilis6 que quiconque les t6moignages externes et tir6 un rare parti de la fameuse a Lettre de Jean Bodin sur les causes qui 1'ont fait rendre ligueur n * datee du 20 janvier 1590 et publide peu apres en divers lieux. Mais certains h6sitent precis6ment a admettre l'attribution de cette lettre a l'auteur de la R6publique, sans d'ailleurs pouvoir d6montrer qu'elle n'est pas de lui. Le pauvre procureur royal - d'un roi dont le sceptre branlait - durant ces annees terribles, tout entier a ses soucis de 1 Cf. Jean Bodin auteur de la R6publique, Paris, Cham pion, 1916. 2 Dont il existe plusieurs copies manuscrites relevdes par Chauvird (p. 515) et une encore dans le Recueil que nous allons utiliser. De meme il y en a plusieurs 6ditions distinctes comme nous le verrons plus loin. This content downloaded from 193.55.96.119 on Tue, 1 Jul 2014 10:23:54 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions BODIN ET LA LIGUE 423 famille et d'argent, ne s'6tait-il pas tu et terr6 dans la inesure o6 le lui permettait sa charge ? On ne peut nier cependant qu'il ait pris la parole, et d'une maniere d6ci sive, pour faire adherer ses concitoyens a la a Sainte Union n. L'6rudit historien de Laon, Devisme 1, malgr6 la peine que lui cause ce pas de clerc de son h6ros municipal ne laisse pas d'en pr6ciser les circonstances quoiqu'il commette une erreur de date. Mais quelles ont 6t6 au juste les paroles de Bodin P Comment faut-il interpr6ter cet acte et juger les motifs qui 1'ont provoqu6 P Jusqu'ici, il faut avouer que les sources nous manquaient pour repondre a ces questions. Or une ddcouverte qu'il nous a 4td donn6 de faire et que nous pouvons pr6senter au public, grAce a 1'hospitalits d'Humanisme et Renaissance, nous fournit ce que nous pouvions d6sirer de mieux : le t6moignage direct de Bodin lui-meme sous forme d'une sdrie de lettres qui ont dchapp6 jusqu'ici aux chercheurs. Ces lettres qui vont de 1589 a 1593 se trouvent au nombre de cinq sous forme de copies dans le recueil manuscrit 4897 du fonds frangais de la Bibliotheque nationale. Le recueil en question compos6 de notes de lectures dispa rates a plaisir, est le produit des veilles d'un certain Phi lippe Hardouyn de Saint-Jacques qui vivait au temps de la Ligue et dont nous apprenons, chemin faisant, quelques particularit6s biographiques 2. En tout cas, il est a prd I Cf. Histoire de la ville de Laon, Paris, 1850, t. II, pp. 15 et sq. L'erreur porte sur la date du discours. 2 En voici quelques-unes qui pourront aider A situer le per sonnage. Ancien gouverneur des fils cadets du fameux mard chal de Joyeuse, durant leurs 6tudes au Collge de Navarre (cf. des vers latins adress6s au dit Hardouyn par Frangois le futur cardinal et Henri le futur Pre ange, dans le ms. 4895) il parait avoir dtW attach6 A la maison de Joyeuse (dont il donne sa notice ms. dans le ms. 4897, fV 107). Ensuite, doc teur en m6decine, ii accompagne le duc d'Aumale en qualits de a m~decin ordinaire des bandes frangoises de 1'Etat et couronne de France n dans une expedition dont ii laisse un journal allant du 2 juin au 23 octobre (f" 52 d 65 du ms. cit6). Marid le 13 janvier 1587 avec dame Catherine Gervais, This content downloaded from 193.55.96.119 on Tue, 1 Jul 2014 10:23:54 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 424 J. MOREAU-REIBEL sumer que ces lettres de Bodin - dont 1'authenticit6 est comme nous verrons immediatement verifiable - ont et6 transcrites dans ce recueil peu apres la date oi elles ont 6t6 6crites car elles se trouvent vers le ddbut (f"3 34 et 35). Il est beaucoup plus difficile de savoir de qui et comment il en a eu communication. Tout ce qu'on peut dire, c'est que, z616 ligueur lui-meme, Philippe Hardouyn, en rap port par ses diverses fonctions avec plus d'un personnage de marque a pu avoir sous les yeux soit les originaux, soit des copies, comme il en circulait couramment a cette epo que, oi les 6pttres des gens tenus pour bien informes 6taient passees de main en main. En ce qui concerne les lettres de Bodin dont il s'agit, si meme elles n'etaient pas 6crites en vue d'etre publides, leur contenu comme nous allons le voir appelait une large publicite. Et, de fait, l'une d'entre elles au moins en dehors de la fameuse lettre de janvier 1590, a servi la propagande de la Ligue elle a connu les honneurs de 1'impression aussitot que parve nue a Paris sans que jamais on y ait signals - pas plus les contemporains que la posterit6 - la plume et la griffe de Bodin. Aussi bien est-ce en parcourant des factums de cette annee 1589 que nous avons mis la main sur cette Lettre d'un lieutenant gendral de province a un des premiers magistrats de France, publide a Paris chez Michel Jouin, rue Saint-Jacques a la Souche, 1589, et dont l'exem plaire de la Bibliotheque nationale porte en outre cette indication manuscrite au-dessus du mill6sime imprime : (( avril n 1. Il faut reconnaltre que la qualification de ((Lieutenant general n 6tait sans doute faite pour mieux dissimuler 'auteur, et pourtant nous avons la reproduc devenu sans doute veuf, il se remarie le 22 novembre 1594. C'est bien un contemporain de Bodin, d'une g6ndration plus jeune. ' 11 en existe un autre tirage chez le meme dditeur inti tuld a Advis... n au lieu de Lettre... n et qui ne prdsente avec Ie premier qu'une ou deux variantes que nous note rons au passage. This content downloaded from 193.55.96.119 on Tue, 1 Jul 2014 10:23:54 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions BODIN ET LA LIGUE 425 tion A quelques variantes pres de la premiere lettre du Recueil Hardouin. Quoiqu'il en soit cette publication temoigne assez de 1'importance attach6e A cette lettre de Bodin qui, pour n'etre pas des lors A proprement parler inddite, n'en est pas moins ignorde et dont la portde, pour le probleme qui nous intdresse, pourrait bien etre decisive. Nous nous sommes donc r6solu A publier la sdrie complete des cinq lettres du Recueil Hardouyn, en les accompagnant d'un commentaire dont on pourra regretter les longueurs aussi bien que les lacunes. Mais notre intention n'est ici que de fournir A des recherches ultdrieures un texte correct ' et comprdhensible des documents en question - et d'6clai rer ainsi, A la fois la fameuse Lettre de janvier 1590, avec laquelle nous ne manquerons pas de faire les rapproche ments qui s'imposent. Voici donc la premiere lettre du Recueil Hardouyn, la plus importante, dans sa teneur intdgrale. Monsieur J'ai envoy A M. le Procureur Gal les procez-verbaux comme il m'estoit enjoint de 1'ex6cution de l'arrest de la Cour. L'ayant receu Dimanche dernier XIX de Mars. ELt le mardy le serment de l'Union a este fait par tous les habitans de ceste ville, et sign6 les jours suyvans. Messieurs du Con seil uploads/Litterature/ moreau-reibel-bodin-et-la-ligue-d-x27-apres-des-lettres-inedites.pdf