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www.academieroyale.be NOTICE SUR JOSEPH BIDEZ M E M B R E D E L'ACADÉMIE Né à Frameries le g avril 1867, décédé à Oostakker le 20 septembre 194.5. On me pardonnera sans doute d'avoir consacré à Joseph Bidez une bien longue notice 1. 1 Longue est aussi la liste de ceux à qui je rends grâces pour m'avoir aidé au cours de mes recherches. Je commencerai par mes sources orales, ceux et celles qui m'ont apporté leurs souvenirs personnels. Madame Alexandre Fredericq, née Isabelle Bidez (Gand) ; Mademoiselle Henriette Faider (Liège) ; Ma- dame Paul Faider (Mariemont) ; M. Maurice de Selys Longchamps (Liège), qui fut élève de Bidez en 1890 ; M. Van Marcke de Lummen (Liège) ; mes collègues Henri Fredericq (Liège) et Emile Leemans (Gand). Et je n'oublie certes pas Monsieur l'abbé Georges Malherbe (Cortenberg), qui, ayant été à Bonne- Espérance le condisciple de Bidez, pourrait bien être le dernier témoin de sa prime adolescence. Avec une infinie bonne volonté et une précision admirable, il m'a www.academieroyale.be L'ampleur, la qualité, le style de son œuvre l'avaient mis au premier rang des philologues clas- fourni, sur cette période lointaine, des souvenirs inédits, émouvants, savoureux, pour lesquels je veux lui expri- mer ma toute particulière gratitude. Je continuerai par mes sources manuscrites. Elles comprennent de nombreuses lettres de Bidez à Paul Faider, à Madame Paul Faider, à M. Marc de Selys Longchamps, secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique (1936-1948). Il faut y ajouter les documents d'archives recopiés ou dépouillés pour moi à Soignies par Madame J. Nicolas-Schoevaerts et M. le doyen L. Lerminiaux ; à l'évêché de Tournai par M. le chanoine R. Thirion ; à Frameries par M° Maurice Lejeune, notaire ; à l'Institut Saint-Berthuin à Ma- lonne par le Frère Alfred ; à l'Université de Liège par M. Paul Mertens, mon assistant, auteur de la biblio- graphie qui termine la présente notice ; à l'Université deLouvain et à l'Université de Santiago du Chili par le secrétariat général de ces institutions. Parmi ceux qui m'ont aidé de la sorte, je signale deux collaborateurs d'élite, sans lesquels j'aurais échoué dans ma tentative de faire revivre le passé de mon héros : M. l'abbé Milet, qui a dépouillé, jusqu'au détail le plus infime, les im- portantes archives du petit Séminaire de Bonne- Espérance, et M. Marcel Nihoul, membre de la Société archéologique de Charleroi, secrétaire du Cercle d'Art et de Littérature du canton de Châtelet, auquel je dois de véritables découvertes dans les archives de Châtelet et d'Aiseau et, entre autres documents aujourd'hui www.academieroyale.be siques qui brillaient de leur plus vif éclat juste avant Quatorze. La Belgique savante unanime le saluait comme son Princeps philologorum, irremplaçables, la copie d'une lettre écrite le 24 octobre 1940 à M. le curé-doyen de Châtelet par M. J. A. Si- mon, membre de la Fabrique d'Église des SS. Pierre et Paul à Châtelet. Dans la même catégorie des sources écrites figurent les copies d'actes officiels que m'ont envoyées les secrétaires communaux d'Aiseau, Bras- ménil, Châtelet, Frameries, Liège, Pâturages et Soi- gnies. Enfin, parmi les sources imprimées, il suffira d'énu- mérer celles qui sont citées en abrégé au bas des pages qu'on va lire : BIDEZ, Parmentier = Notice sur Léon Parmentier dans Annuaire de l'Académie royale de Belgique, 1937, p. 147-172. CUMONT, Bidez = Joseph Bidez dans L'Antiquité classique, 13 (1944), p. 5-10. PARMENTIER, Bidez = M. J. Bidez dans Almanack des Étudiants Libéraux de l'Université de Gand, 1914, p. cxxm-cxxx. Le Flambeau = Le Banquet Bidez dans Le Flambeau, 17 e année, n° 2, février 1934, P- I 2 9 _ Z I 3 - Latiniste = Louis VILLARCEAU, Latiniste, Paris, Œuvre d'Auteuil [1911]. Sous ce pseudonyme, le docteur Léon Clainquart raconte d'une manière ro- mancée la vie d'élève à Bonne-Espérance au moment où Bidez y était pensionnaire. Clainquart était en quatrième quand Bidez était en rhétorique. www.academieroyale.be car elle retrouvait en lui les vertus de race et de milieu qui avaient fait nos grands humanistes. Rien que pour présenter l'homme de science, il a fallu noircir bon nombre de feuillets. Mais ce n'était là qu'un aspect d'une person- nalité multiple. Derrière celui que sa production plaçait en pleine lumière, comme sous les feux de la rampe, derrière le savant aimable, poli, courtois à l'extrême, il y avait un inconnu qui savait, avec une ferme douceur, défendre son mystère. Pour être complète, sa biographie ne pouvait ignorer cet inconnu. J'ai donc cherché à le découvrir ; l'ayant découvert non sans peine, je me suis mis à l'aimer. Car cet inconnu était simplement un homme qui, pour avoir fait trop jeune l'apprentissage de la souffrance et vécu trop seul avant de rencontrer le bonheur, avait fini par croire qu'il suffisait de taire les jours anciens pour en effacer le souvenir. J'ai fait revivre ce passé qu'il voulait oublier, mais qui revenait l'assaillir à certaines heures. Pour éta- blir tout cela, il a fallu noircir beaucoup d'autres feuillets. Si Bidez y ressemble parfois à quelque personnage de roman, c'est pure apparence : fidèle à l'idéal de Callimaque qu'il avait lui-même pratiqué, à/j.dprvpov oàBèv àeiSœ, je n'ai rien dit qui ne fût attesté. Bref, j'ai voulu raconter Bidez un peu comme Bidez raconta l'empereur Julien, en le montrant www.academieroyale.be dans sa vérité totale — cette vérité qu'il chercha toujours et à laquelle, mieux que personne, il a tous les droits. L'ASCENDANCE Joseph Bidez appartenait à une famille origi- naire de Soignies. Plusieurs générations d'hommes portant ce nom 1 naquirent, vécurent et moururent à l'om- bre de la vieille cathédrale de Saint-Vincent, après avoir épousé des Lot, Lebrun, Foucart, Defer, Manderlier, Delférière : aussi loin qu'on remonte, l'atavisme du futur helléniste est, de part et d'autre, wallon à cent pour cent et profondément enraciné en terre sonégienne. 1 La véritable graphie est Bidet, qui figure dans les plus anciennes pièces officielles de Soignies. La forme Bidez fait sa première apparition dans les pièces d'état civil à Soignies, pour Auguste Bidez le médecin. Son frère Napoléon a deux graphies, l'ancienne (Bidet) dans les archives de l'évêché de Tournai, la nouvelle (Bidez) dans les actes officiels de Brasménil établis à une époque (1872, 1896) où cette orthographe s'était déjà en quelque sorte imposée. Mon vénérable corres- pondant, l'abbé Malherbe, ancien condisciple de Joseph Bidez, écrit toujours Bidet. Enfin, les vieilles gens de Soignies parlant de Thérèse — dernière à porter le nom — prononcent encore Bidet. www.academieroyale.be Dans cette longue lignée 1 de gens simples et laborieux, où, par tradition familiale, tous les fils comptaient Joseph parmi leurs prénoms, je retiendrai seulement Dominique-Joseph, qui connut les dernières années de l'Ancien régime. « Sonégien, enfant du pays des cayotteux — pays de pierre bleue et de froment — » il était « de cette race de Wallons robustes, trapus comme Saint- Vincent la romane, modestes et souriants, dont la placidité s'oppose à la pétulance méridionale des Borains, au vif argent de la sensibilité liégeoise » 2. De son union avec Marie Defer, il eut au moins cinq enfants. Le premier, Vincent-Joseph, né le 24 février 1788, devint le chef d'une communauté nouvelle qui allait rompre toute attache avec le berceau de la race. Il exerçait la profession de fruitier au moment où il épousa Amélie Delfé- rière, sa cadette d'un an. Sans doute eurent-ils, comme leurs ancêtres, de nombreux enfants ; mais je n'ai trouvé trace que de deux fils — Na- poléon-Auguste-Joseph, né le 14 octobre 1814, et Auguste-Léopold-Désiré-Joseph-Lucien, né vingt ans plus tard, le 25 avril 1834. Par eux la famille commence une remarquable ascension. 1 A l'heure actuelle, il n'y a plus de Bidez (ou Bidet) à Soignies : le nom s'est éteint par descendance féminine. a Louis PIÉRARD, Le Flambeau, p. 191. www.academieroyale.be Napoléon, l'aîné, fut ordonné prêtre à Tournai le 22 décembre 1 8 3 8 ; curé de Brasménil pendant quarante-deux ans (1848-1890), il prendra sa retraite dans son ancienne paroisse, où il s'étein- dra le 26 novembre 1896. C'est chez lui que, devenu veuf, Vincent-Joseph vint habiter avec son plus jeune fils. Il passera au presbytère de Brasménil la fin d'une existence tout entière vouée au mieux-être des siens. Auguste, le cadet, fit des études de médecine. Il partageait ses vacances entre Brasménil et Châtelet, où devait se jouer son destin. En ce milieu de siècle, Châtelet, agréable vil- lette de quelque 3.800 âmes, échappait encore aux tentacules de l'industrie lourde : elle vivait sa- gement d'agriculture et de négoce. La place du Perron était le cœur de la petite cité : chaque porte s'ouvrait sur une boutique, chaque fenêtre était une vitrine. C'est là qu'Auguste Bidez — étudiant, puis docteur en médecine — allait saluer une tante paternelle, Catherine Bidez *, qui, veuve, habitait place du Perron chez son fils Ferdinand. Celui-ci avait épousé une experte modiste, Rosalie Thibaut, de Châtelet, qui exploi- 1 Née à Soignies le 11 septembre 1792, elle avait tout un temps séjourné aux Rièzes près de Chimay ; elle vint s'installer chez son fils Ferdinand à uploads/Litterature/ notice-sur-joseph-bidez.pdf
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- Publié le Jan 16, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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