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Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance. http://www.jstor.org INTRODUCTION A LA MÉTHODE DE L'HISTOIRE DE JEAN BODIN Author(s): Pierre Mesnard Source: Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, T. 12, No. 3 (1950), pp. 318-323 Published by: Librairie Droz Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20673518 Accessed: 19-03-2016 08:29 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 130.113.111.210 on Sat, 19 Mar 2016 08:29:17 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions INTRODUCTION A LA M?THODE DE L'HISTOIRE DE JEAN BODIN Nous avons d?j? soulign? ? plusieurs reprises le r?le important que jou?rent dans la r?surrection de la pens?e bodinienne, les jour n?es angevines du IVe centenaire Jean Bodin, des 10 et 11 novembre 1929. Le magnifique discours qu'y pronon?a Abel Lefranc n'y cons titua pas seulement le pan?gyrique obligatoire en pareille circons tance, il rallumait des feux ?teints et donnait aux g?n?rations mon tantes des consignes imp?ratives. Sachant l'obstacle ? peu pr?s insurmontable qu'opposent 614 pages de latin aust?re ? la curiosit? de l'humaniste, il nous engageait ? traduire sans plus tarder ce chef-d' uvre trop ignor? et pour justifier cet ordre exigeant, il sou lignait avec toute la vigueur d?sirable l'int?r?t de la Methodus. Voici comment il la repla?ait dans l'?volution historique de la pens?e de Jean Bodin : II avait commenc?, d?s 1555, ? publier un Oppien, puis, en 1559, des r?flexions sur l'?ducation qui le pr?occupa toujours. Sa premi?re uvre importante est sa M?thode pour faciliter la connaissance de l'histoire. Ce trait? qu'il ?crivit en latin, a d? ? cette circonstance d'?tre moins connu que ses autres ouvrages. Et, cependant, on l'y trouve d?j? tout entier. L'essentiel de sa pens?e appara?t ? travers ce livre qui suffirait ? placer son auteur ? un rang tr?s ?lev?. Une discipline qui devait conna?tre au XIX* si?cle une fortune singuli?re, la philosophie de l'histoire, y est pour ainsi dire cr??e de toutes pi?ces. Quels magnifiques horizons a ouverts ? la pens?e cette d?couverte ! C'est l? un m?rite singulier qu'on ne saurait trop mettre en lumi?re. Bodin est ici le pr?cur seur authentique de Montaigne, de Bossuet, de Pascal, de Montesquieu, de Voltaire, de Guizot, de Renan et de Taine. Quelle post?rit? enviable ? ? L'union de l'histoire et du droit, l'interpr?tation philosophique de l'une et de l'autre de ces ?tudes, a dit Henri Baudrillart dans son beau livre, la politique donn?e comme but ? l'exp?rience histo rique, l'esprit moderne plein du sentiment de sa force se mettant hardiment au-dessus de l'antiquit?, et proclamant la sup?riorit? de nos soci?t?s, tels sont les caract?res essentiels et ?minents de la M?thode pour la connaissance de l'histoire 1. ? Puisque nous partageons l'opinion d'Abel Lefranc et d'Henri Baudrillart sur l'importance de ce livre, il nous reste ? expliquer pourquoi son influence ne s'est plus exerc?e ? partir du XVIIIe si?cle que sur un public extr?mement ?troit d'?rudits et de sp?cia listes. Il y a plus, dans ce cas, que la raison tir?e du latin r?barbatif : il y a cette impression, souvent partag?e par de bons esprits, que la M?thode de l'histoire n'?tant qu'un avant-projet de la R?publique, la connaissance du chef-d' uvre autorisait ? n?gliger ce qui n'en ?tait, au fond, que le brouillon. Le titre de la grande th?se de Roger Chauvir?, Jean Bodin, auteur de la R?publique, a fait beaucoup pour confirmer et pour cristalliser cette impression. En outre, Jean Bodin a surtout ?t? jusqu'ici ?tudi? par des juristes. Or, ceux-ci sont toujours tent?s d'assigner ? la pens?e bodinienne un but unique ment juridique et ? ne voir dans les d?veloppements ?trangers ? * Cf. La Province d'Anjou, novembre-d?cembre 1929, IVe Centenaire Jean Bodin, p. 412. This content downloaded from 130.113.111.210 on Sat, 19 Mar 2016 08:29:17 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions NOTES ET DOCUMENTS 319 sa poursuite qu'une divagation aberrante ou tout au plus une op? ration strat?gique tendant ? d?border l'objectif par un vaste mou vement tournant. Voici, par exemple, comment Moreau-Reibel pr?sente la Methodius : ? C'est que l'id?e du droit compar? ne pouvait se r?aliser que par une vaste enqu?te historique : seulement Bodin n'en a pas pris conscience tout de suite, et c'est pourquoi nous devons faire avec lui le d?tour de l'histoire universelle ? L'erreur d'appr?ciation des juristes repose sur un argument solide tir? de l'?p?tre d?dicatoire dont Jean Bodin a orn? son volume. Ce morceau tr?s int?ressant est tout entier consacr? ? une nouvelle d?finition de ce que notre auteur entend par humanisme juridique. Alors que rien ne le s?pare en apparence, dans la p?riode toulou saine termin?e en 1559, de la conception nouvelle instaur?e par Alciat et Cujas 2, dont l' uvre et les personnes sont encore objets pie louange dans le discours au peuple et au s?nat toulousain. Bodin a subi, au cours de sa nouvelle existence parisienne, une ?volution marqu?e dans le sens de la pratique et de l'esprit synth?tique. Aussi croit-il n?cessaire de rompre d?sormais en visi?re avec l'?cole ex?g? tique et la superstition du droit romain pour s'engager, sous la banni?re de Connan, dans la voie constructive d'un n?o-bartolisme, mieux adapt? aux n?cessit?s de l'heure et aux exigences de sa propre pens?e. En confrontant le droit romain et celui des diff?rents peuples, qui ont pris une part importante au d?veloppement de la civilisation, on d?gagera le droit universel dont la port?e pratique et th?orique se r?v?le incommensurable. Beaucoup n'ont lu de la Methodus que l'?p?tre d?dicatoire. Ceux qui ont pouss? plus loin, ont ?t? assez surpris de voir ces d?clarations d?boucher sur les premiers chapitres de l'ouvrage, qui sont ?videm ment de pure technique historique. Il est bien ?vident que l'?p?tre d?dicatoire ne se soude directement qu'au chapitre VI dans lequel il n'est pas inexact de reconna?tre en effet une premi?re ?bauche de la R?publique. R?duire la M?thode de Vhistoire ? ce couple du chapitre VI et de l'?p?tre d?dicatoire, telle est l'op?ration plus ou moins incons ciente qu'ont r?alis?e nombre de critiques, tous ceux qui ont consi d?r? la M?thode comme une uvre mineure, uniquement consacr?e ? la philosophie politique. Une analyse plus minutieuse de l'?p?tre d?dicatoire leur e?t montr? qu'elle ne r?clame en somme rien d'autre que la r?alisation de la Juris universi distributio et e?t ?t? mieux plac?e ? la t?te de cette ?tude que de n'importe quelle autre. Quant au chapitre VI, malgr? sa masse importante, il ne constitue pas un bloc erratique ? l'int?rieur de la M?thode et il doit donc ?tre compris, en m?me temps que les chapitres pr?c?dents et suivants, ? la lueur d'une m?me id?e g?n?rale. C'est ici que nous attend la difficult? sym?trique, m?re d'une erreur oppos?e. Le titre m?me de l'ouvrage nous conduit ? chercher dans l'histoire l'id?e g?n?rale dont nous parlions et ? attendre un volume enti?rement consacr? ? l'analyse de l'histoire et de son ?labo ration scientifique. La n?cessit? d'une pr?sentation ?l?gante de la pens?e bodinienne, qui accuse les diff?rences entre les ?crits succes sifs, poussera, elle aussi, d'excellents critiques, comme M. Garosci, Jean Bodin et le droit public compar? dans ses rapports avec la philosophie de l'histoire, Paris, 1933, p. 33. 2 Cf. notre ?tude Jean Bodin ? Toulouse in Biblioth?que d'Humanisme et Renais sance, t. XII, 1950. This content downloaded from 130.113.111.210 on Sat, 19 Mar 2016 08:29:17 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 320 NOTES ET DOCUMENTS ? r?duire plus ou moins au domaine de l'histoire la port?e de la Methodus. Cette interpr?tation visiblement trop restreinte serait encore r?tr?cie si nous acceptions, pour traduire le titre latin, l'expres sion de M?thode historique dont s'est servi de Fougerolles dans sa traduction du Th??tre de la Nature 1. Le terme de m?thode histo rique aurait en outre le d?faut grave de nous faire songer aux ouvrages de MM. Langlois et Seignobos, et ? tous autres ?crits semblables o? le point de vue logique et m?thodologique resterait pr?dominant. Or, le titre de Bodin est autrement souple et complexe. Methodus ad facilem historiarum cognitionem : m?thode pour faciliter la connais sance de l'histoire. Si l'on voulait arriver ? un titre plus synth?tique, c'est tr?s probablement celui de Philosophie de l'histoire qui convien drait le mieux, et pour de nombreuses raisons. On pourrait tout d'abord conc?der ? Bodin le b?n?fice d'une d?finition de la philo sophie qui voit en elle une m?thode susceptible de conduire ? la connaissance. On pourrait ?galement enfermer le sens que nous donnerions ? l'expression ? philosophie de l'histoire ? entre celui qu'Auguste Comte a donn? au terme de philosophie positive, par lequel il entend justement la synth?se des m?thodes caract?ristiques de chaque science,* et le uploads/Litterature/ p-mesnard-introduction-a-la-methode-de-l-x27-histoire-de-jean-bodin.pdf
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- Publié le Sep 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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