o BIBLIOTHÈQUE ORiENTALE ELZÉYIIUENNE XLVI LA POÉSIE CHINOISE PRINCIPAUX OUVRAG

o BIBLIOTHÈQUE ORiENTALE ELZÉYIIUENNE XLVI LA POÉSIE CHINOISE PRINCIPAUX OUVRAGES DE M. C. 1 M B A U L T - H U A R T Recueil de document sur l'Asie Centrale, traduits du chinois, i vol. in-8", avec cartes. Pa- ris, Ernest Leroux, 1881, (forme le tome XVI des Publications de l'Ecole des Langues Orientales vivantes de Paris), Les Instructions familières du D r Tchou PÔ-lou, traité de morale pratique publié pour la première fois avec deux traductions françaises, etc. 1 vol. in-8°, Péking-Paris, Ernest Leroux,' 1881. Anecdotes, historiettes et bons mots en chinois parlé, publiés pour la première fois avec une traduction française et des notes expli- catives, 1 vol. in-12, Péking-Paris, Ernest-Le- roux, 1882. • Sous presse. Manuel pratique de la langue chinoise parlée : Premier volume, Comprenant : i* les principes généraux de la Jangue chinoise parlée suivis d'exercices d'analyse chinoise; 20 des phrases usuelles et des dialogues faciles; 3° un recueil des mots les plus usités, classés par matières; 4° une liste alphabétique des locutions françaises les plus communes ; 3" des appendices renfer- mant des notions pratiques utiles aux commen- çants. TYP. DE WASCHESSOU F U S LA P O É S I E C H I N O I S E DU XIVe AU XIXe SIÈCLE E X T R A I T S D E S P O È T E S C H I N O I S T R A D U I T S POUR LA PREMIÈRE FOIS Accompagnés de notes littéraires, philologiques, historiques ET DE NOTICES BIOGRAPHIQUES f PAR C . I M B A U L T - H U A R T Vice Consul de France Membre des Sociétés asiatiques de Paris et de Chang-hai, etc , etc P A R I S E R N E S T L E R O U X , É D I T E U R 2 8 , RUE BONAPARTE, 2 8 |886 LL.35"o.k IVCTC%0CDUCT1ŒNI Les vers furent partout les premiers enfants du génie. JETTE parole de Voltaire est une vérité universelle : elle peut s'ap- pliquer aussi bien à l'Orient qu'à l'Occi- dent, au nouveau monde qu'à l'ancien. Dans tous les pays, l'homme a commencé d'exprimer en vers ses sentiments et ses pensées; che\ tous les peuples, la poésie a montré le chemin à la prose et lui a frayé la voie. Cejut en vers qu'Orphée, Li- lt INTRODUCTION ««5 et Musée dictèrent les premières lois, qu'Hésiode donna ses premières leçons d'agriculture, qu'Homère chanta, dans un monument aère perennius, les combats de la Grèce contre l'Asie, les luttes de la civilisation contre la barbarie. Ce fut également en vers que la plupart des grands moralistes de l'antiquité classi- que et religieuse formulèrent leurs pré- ceptes et leurs doctrines. En Chine, il en a été de même, car la destinée de l'esprit humain n'a jamais varié; là aussi, la poésie a précédé la prose : le plus ancien monument littéraire chinois que nous possédions est un recueil de vieilles et naïves chansons, le Che1- King ou Livre des Odes, compilé par Confucius : ce livre canonique nous ou • vre une pensée sur la vie, les coutumes, les opinions et la civilisation des anciens chinois et nous éclaire singulièrement sur l'état du pays plus de dix siècles avant l'ère chrétienne, et tout ensemble, nous montre la langue chinoise à sa nais- sauce, presque informe et diffuse dans son berceau, embryon d'où sortirent plus tard, ciselés par Confucius et ses dis- INTK0DUCT10N III ciples, les modèles de la vraie prose. Cette préséance et cette influence de la poésie sur la prose s'expliquent aisé- ment partout ailleurs : en Chine, elle ne laisse pas que d'étonner. L'esprit chinois est avant tout positif, pratique; il consi- dère surtout le côté matériel de l'exis- tence-, il ne semble nullement prédisposé aux spéculations poétiques. Le propul- seur de tout chinois, le mobile de ses actions, c'est /'auri vana famés : l'intérêt étouffe en lui les bons sentiments, il anéantirait son cœur même, s'il en avait un. Et cependant, chose curieuse, la poésie est innée che\ le chinois : des pen- sées élevées et nobles, des aspirations soudaines vers le beau, le bien et le vrai, coudoient en lui des principes profondé- ment égoïstes et intéressés. Ainsi le chi- nois aime la nature : il se plaît à con- templer les fleurs, la neige, les nuages ; à se promener le long des ruisseaux et des rivières, à regarder l'eau couler et les poissons s'y jouer; il prend plaisir à gravir les collines pour jouir du pano- rama, à boire du vin à l'ombre des bam- bous et des saules : à écouter les oiseaux IV INTRODUCTION gazouiller dans le feuillage, etc. Quel- quefois, il est surpris à penser à la per- sonne aimée et à chanter l'amour; mais l'amour chinois n'est jamais idéal, ja- mais platonique : il implique toujours la possession de l'objet aimé. Plus rarement encore, le chinois émet quelques vagues idées de patriotisme, esquisses rapides d'un sentiment qu'il ne peut comprendre dans toute sa grandeur. Ce rapprochement bigarre, dans le même esprit, de principes si opposés ne manque pas de choquer et d'étonner le penseur : on peut se demander avec rai- son comment il est possible qu'il existe. Il serait peut-être donné au phrénologiste de trouver la solution de ce problème hu- main dans la conformation du crâne chi- nois, dans la quantité relativement peu considérable de cervelle qu'il renferme : Montesquieu en aurait certainemeut dé- couvert la clef dans l'influence des climats, toute puissante selon lui. Quant à nous, contentons-nous de constater et de signaler cette lutte étrange de la poésie et de la prose dans l'esprit chinois. L'instinct poétique que nous venons de INTHODUCTION V mettre au jour explique l'estime en la- quelle la poésie a toujours été tenue en Chine. Cinq siècles avant l'ère chré- tienne, Confucius recommandait celle-ci à ses disciple et s'écriait : « Elevons notre esprit par la lecture du Livre des Odes! » ' Pour lui, la poésie était la base de la science : lui-même avait étu- dié les anciennes chansons avant que de songer à mouler en prose ses maximes de morale et de philosophie pratique. En Occident Platon et Cicéron ont de même commencé par faire des vers, et ne sont devenus prosateurs modèles qu'a- près avoir été poètes : leurs premiers essais poétiques, tout médiocres qu'ils aient été, ne leur servirent pas moins à élargir leur pensée et à former leur style. Suivant religieusement le précepte du Maître des Maîtres, ainsi qu'ils appellent Confucius, les écrivains chinois ont de toute antiquité sacrifié aux Muses. En Chine, tout lettré a toujours été doublé i. Loun-yu, Morceaux de controverse de Confucius, part. I, chap. vin, $ 8. INTHODUCTION d'un poète. A dire vrai, le temps a jait justice d'uu grand nombre de ces versifi- cations, par/ois illustrés par le caprice d'un moment ou d'une génération ; mais cependant, ceux qui ont mérité, aux yeux des chinois, de passer à la postérité, com- posent une légion considérable. La quantité innombrable des recueils poétiques (quelques-uns seulement ont été admis dans la Bibliothèque de K'ien- loung) ne manque pas d'étonner, et le si - nologue est comme effrayé quand il voit s'étendre devant lui le vaste champ de la poésie chinoise : il ne sait trop quelles limites imposer à son étude, et, surtout, il hésite à faire un choix parmi les mil- liers de pièces éparses sous ses yeux. Si, dans ce dessein, il se fie au goût des indigènes, s'il n'aborde que les morceaux regardés comme sublimes par les chinois, il fera fausse route. Trop souvent, ceux- ci ne sont appréciés qûe'pour l'accumu- lation plus ou moins heureuse de difficul- tés et de tours de for ce littéraires : pour nous autres européens, il paraissent in- sipides. Au lieu d'y trouver l'élévation des pensées et les délicatesse des figures INTHODUCTION VII qui font le charme de toute poésie, nous nous y heurtons à des idées ténébreuses, mi-voilées sous un rideau de fleurs de rhétorique difficiles à entendre. Celui qui veut s'adonner à la poésie chinoise et la faire connaître à ses compatriotes doit donc s'abandonner à son propre goût, à son propre jugement : sa tâche doit être de butiner ici et là et de se faire son bouquet à sa guise. Les fleurs qu'il peut cueillir sont d'ail- leurs des plus variées : le poète chi- nois aborde en effet tous les sujets; il prend son bien où il le trouve; tous les genres lui plaisent. Tour à tour il est Lucrèce, Catulle, Virgile, Horace ou Juvénal ; en se jouant, il passe du sérieux au plaisant, du grave à l'aimable, de la franchise à l'ironie, du badinage à la satire; rien ne l'arrête. Aussi le poète Han Yu, de la Pléiade du T'ang, l'a-t-il comparé à l'abeille qui recueille sur tou- tes les plantes le suc dont elle forme le miel '. i. Ce passage mus remet en mémoire uploads/Litterature/ imbault-huart-la-poesie-chinoise 1 .pdf

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