La gen` ese d’un “ grand monument national ” : litt´ erature et milieu litt´ er
La gen` ese d’un “ grand monument national ” : litt´ erature et milieu litt´ eraire au br´ esil ` a l’´ epoque imp´ eriale (1822-1880) S´ ebastien Rozeaux To cite this version: S´ ebastien Rozeaux. La gen` ese d’un “ grand monument national ” : litt´ erature et milieu litt´ eraire au br´ esil ` a l’´ epoque imp´ eriale (1822-1880). Histoire. Universit´ e Charles de Gaulle - Lille III, 2012. Fran¸ cais. . HAL Id: tel-00768691 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00768691v2 Submitted on 16 Sep 2013 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. 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Olivier Compagnon, Université Sorbonne Nouvelle Paris III (Institut des Hautes Études en Amérique latine) ------------------------------------------ Jury Mme Márcia Abreu, Université de Campinas (État de São Paulo, Brésil) M. Jean-François Chanet, IEP de Paris M. Olivier Compagnon, Université Paris 3 M. Michel Espagne, CNRS M. Emmanuel Lozerand, Inalco M. Alain Vaillant, Paris X 2 Résumé Le romancier José de Alencar recourt en 1875 à la métaphore du « grand monument national » et de ses « artisans […] rustres » pour qualifier l’œuvre réalisée par ces hommes de lettres brésiliens qui, depuis l’Indépendance en 1822, ont eu à cœur d’ériger une littérature nationale dont les principes fondateurs sont indissociables de la montée des nationalismes en Europe et des expériences « romantiques » qui les accompagnent. La constitution d’une histoire littéraire légitime l’œuvre accomplie par les premières générations d’écrivains et fonde un modèle original de Letras Pátrias, en vertu de leur engagement politique au service de l’Empire (1822-1889) et de l’idéal de « civilisation » qu’il aspire à incarner. Cette définition des Letras Pátrias est le préalable à une étude du profil et des trajectoires sociales de ces écrivains, à partir d’un échantillon de près de 200 auteurs que nous avons établi, afin de reconstituer par une analyse à la fois synchronique et diachronique la formation d’un milieu littéraire au Brésil (1ère partie). Soucieux de déterminer « les règles de l’art » littéraire qui sont alors élaborées, nous nous sommes intéressés à la question des processus identitaires et des sociabilités spécifiques au sein de cette communauté, et à celle de l’évolution des trajectoires socio-professionnelles à mesure que s’élaborent les prémices d’un champ littéraire, lorsque l’essor d’un public et la constitution d’un marché du livre, certes limité, laissent entrevoir la possibilité pour les écrivains de tirer profit de leurs créations (2ème partie). Toutefois, l’expression récurrente d’un malaise croissant chez ces derniers traduit les frustrations d’auteurs qui peinent à faire des Letras Pátrias une littérature véritablement nationale. À travers l’exemple de la scène théâtrale, nous avons décrit ce « monument national » en état de siège dans les années 1870, avant la refondation de ses bases par une nouvelle génération d’écrivains (3ème partie). Mots clés : romantisme, champ littéraire, histoire littéraire, Brésil, sociabilités littéraires, littérature nationale. The genesis of a "great national monument": Brazilian literature and literary milieu in imperial times (1822 – c. 1880) Abstract : In 1875, novelist José de Alencar referred to the “great national monument” and its “boorish craftsmen” when speaking of the work of the Brazilian writers who had been intent on building a properly Brazilian literature. Its principles were narrowly linked to the emergence of nationalism in Europe and the romantic experiments which followed. The existence of a national literary history grants legitimacy to the work accomplished by the first generations of writers and constitutes a model of Letras Patrias, characterized by their political commitment in favour of the Empire (1822-1889) and its ideal of civilization. Defining the Letras Pátrias is a prerequisite to the study of the profile and social trajectories of the 200 writers which constitute the chosen sample for this thesis. The first chapters present a tableau and a diachronic perspective on the creation of a literary milieu in Brazil (Part I). Examining the literary règles de l’art established by these writers, I have studied how this community forged a common identity and how specific sociabilities emerged from within. The second focal point of this study has been the evolution of their careers for, as a specific literary field and market emerged, it became possible for these writers to rely financially on their works (Part II). Nevertheless, a malaise soon took hold as the artists vented their frustration at the difficulty of creating a distinctly national literature. Finally, Brazilian theater is a perfect epitome of the hardships endured by the “national monument” in the 1870s, before a new generation of writers radically reformed its bases. Keywords : romanticism, literary field, literary history, Brazil, literary sociabilities, national literature. UMR 8529, IRHIS -Institut de Recherches Historiques du Septentrion, Université Lille 3. 3 À Céline et Laurel, dont la présence à mes côtés a enchanté jour après jour la rédaction de cette thèse. Tinha eu 14 anos de idade Quando meu pai me chamou Perguntou se eu não queria Estudar filosofia Medicina ou engenharia Tinha eu que ser doutor Mas a minha aspiração Era ter um violão Para me tornar sambista Ele então me aconselhou Sambista não tem valor Nesta terra de doutor E seu doutor O meu pai tinha razão (Paulinho da Viola, 14 anos, 1968) 4 En guise de remerciements Lorsqu’Hélène, une amie, me proposa un jour de septembre 2002 de venir suivre en sa compagnie un cours de portugais qui se donnait gratuitement dans les murs de l’École de la rue d’Ulm, je m’empressai d’accepter. L’agrégation en poche et de retour à Paris, je goûtais avec une jouissance non dissimulée cette liberté retrouvée, décidé que j’étais à passer deux années hors des sentiers que j’hésitais encore à battre un jour. Libre de mon temps, l’idée d’apprendre en dilettante une nouvelle langue latine me ravit. J’écoutais avec curiosité ces airs qui m’étaient inconnus, loin d’imaginer alors mettre les pieds au Brésil, et moins encore dans son histoire, horizon brouillardeux. À la rentrée suivante, l’opportunité qui me fut offerte par le directeur de l’Alliance française de Porto Alegre de venir enseigner six mois durant la langue et la civilisation françaises fut l’occasion d’améliorer mon niveau de portugais et de découvrir par son versant le plus méridional la réalité brésilienne. Les amitiés nouées avec quelques élèves m’ouvraient de nouvelles portes sur la littérature et la musique brésiliennes. Je me rappelle encore empruntant un manuel de littérature à Rebecca et y découvrir à grands traits l’histoire d’une littérature dont l’essor au XIXe siècle suscitait déjà en moi une certaine curiosité. Alors que la question du retour en France et de la reprise des études se faisait pressante, je décidais de faire du Brésil l’objet de mes attentions. J’abandonnai sans regret l’histoire de l’Italie moderne au profit de celle du Brésil contemporain. La rencontre à Rio de Janeiro avec Armelle Enders fut l’occasion de préciser les contours d’un sujet et d’entamer une recherche qui mêlait opportunément une passion déjà ancienne – la littérature – et un amour naissant – le Brésil. Sur ses conseils, je me lançais donc, en parfait néophyte, à la découverte d’un champ de recherche aussi immense qu’il m’était inconnu. Je mesure aujourd’hui la chance qui fut la mienne de trouver à l’issue du master 2 en Jean- François Chanet un directeur de thèse bienveillant, un esprit ouvert et curieux sur un champ historique éloigné de ses propres recherches et un soutien indéfectible, lorsqu’une allocation de recherche et un monitorat me furent proposés par l’université de Lille III. Trois années durant, je bénéficiais là de conditions idéales pour poursuivre mes recherches, tandis que la région Nord Pas-de-Calais m’accordait une bourse pour financer mes séjours à Rio de Janeiro et São Paulo. Malgré les obstacles aux accents kafkaïens qui se dressent devant le chercheur immergé en terrain carioca, je pus au fil des années et des lectures historiques accumuler un matériau riche qu’il restait encore à exploiter. Lorsque s’acheva l’allocation de recherche, j’échouai à trouver un poste d’ATER et fis sans guère de réticences une première rentrée au lycée qui me tint éloigné de la thèse. L’appui de mon directeur et ma qualité de membre de l’association ARBRE me permirent de conserver un pied dans uploads/Litterature/ rozeaux-sebastien.pdf
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- Publié le Apv 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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