Studi Francesi Rivista quadrimestrale fondata da Franco Simone 172 (LVIII | I)
Studi Francesi Rivista quadrimestrale fondata da Franco Simone 172 (LVIII | I) | 2014 Varia Images de Paris dans la poésie de Théophile Gautier Giovanna Bellati Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/studifrancesi/2039 DOI : 10.4000/studifrancesi.2039 ISSN : 2421-5856 Éditeur Rosenberg & Sellier Édition imprimée Date de publication : 1 avril 2014 Pagination : 89-99 ISSN : 0039-2944 Référence électronique Giovanna Bellati, « Images de Paris dans la poésie de Théophile Gautier », Studi Francesi [En ligne], 172 (LVIII | I) | 2014, mis en ligne le 01 avril 2014, consulté le 18 septembre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/studifrancesi/2039 ; DOI : https://doi.org/10.4000/studifrancesi.2039 Studi Francesi è distribuita con Licenza Creative Commons Attribuzione - Non commerciale - Non opere derivate 4.0 Internazionale. discussioni e comunicazioni Images de Paris dans la poésie de Théophile Gautier Abstract Despite being born in the South of France, Gautier lived in Paris his entire life, and considered himself an authentic Parisian. He devoted to the city and its inhabitants both witty and dra- matic pages, depending on the circumstances and on his frame of mind. This article analyses a corpus of poems illustrating different aspects of Paris and different points of view of the poet on the Parisian space. From the poems devoted to the gardens and to the flânerie, to the miniatures of Emaux et Camées and the image of the city martyrised during the Franco-Prussian war, the most varied attitudes follow one another in these pages: from a simple descriptive point of view to the expression of an intense affectivity, from a global perspective to the focus on picturesque aspects, and to the symbolism of the Ville-lumière as a paradigm of modernity. Le sens de cette étude est de s’interroger sur la présence de l’espace parisien dans l’œuvre en vers de Théophile Gautier; en parcourant l’ensemble de la produc- tion de notre auteur, nous avons pu observer que, si la «poésie de Paris» n’y est pas particulièrement abondante, elle constitue néanmoins un point de vue intéressant pour une analyse de l’utilisation de l’espace en poésie, ainsi que pour une mise au point, de nature plus thématique, sur les différentes visions de la ville chez Gautier. Notre corpus se compose des textes suivants 1: Le Luxembourg, Le Jardin des Plantes, Soleil couchant 2, Point de vue, Pan de mur, Paris 3, Le Sphinx, Ce monde-ci et l’autre, Notre-Dame 4, Nostalgies d’obélisques, Fantaisies d’hiver, La Mansarde 5, L’Odalisque à Paris, Le vingt-sept mai, Au Bois de Boulogne 6. (1) Pour une édition récente et complète des poèmes de Gautier, voir : Th. Gautier, Œuvres poétiques complètes, édition établie par Michel Brix, Paris, Bartillat, 2004 (basée sur les éditions préparées par Gautier lui-même à partir de 1845); pour une vision plus strictement chronologique de la création et de la publication des œuvres on pourra se reporter à l’édition de R. Jasinski (Poé- sies complètes, Paris, Firmin-Didot, 1932): dans nos citations nous avons gardé, par commodité, les titres des six premiers textes de notre corpus, tels qu’ils se trouvaient dans cette édition, basée sur les recueils originaux. Pour un complément d’in- formation sur le thème de Paris dans la poésie et la littérature: P. Citron, La poésie de Paris dans la littérature française de Rousseau à Baudelaire, Paris, éditions de Minuit, 1961; G. Nuvolati, Il flâneur e la città da Baudelaire ai postmoderni, Bologna, Il Mulino, 2006; É. Hazan, L’invention de Paris. Il n’y a pas de pas perdus, Paris, Seuil, 2002. (2) Ces trois premiers textes ont été publiés pour la première fois dans le recueil Poésies de 1830. (3) Les textes de ce deuxième groupe ont paru pour la première fois avec Albertus, en 1832; Paris avait déjà été publié dans le «Mercure de France au xix e siècle» du 11 juin 1831. (4) Ce troisième groupe a été publié dans les Poésies diverses, rattachées à la Comédie de la Mort dans l’édition de 1838; Le Sphinx avait déjà paru dans «La France littéraire» en août 1836 (sous le titre Nos chimères), Ce monde-ci et l’autre dans le «Cabinet de lecture» du 4 juillet 1833, Notre-Dame dans le recueil des Annales romantiques de 1834. (5) Ces trois textes appartiennent à des éditions différentes d’Emaux et Camées (1852, 1858, 1872); Nostalgies d’obélisques avait déjà paru dans «La Presse» du 4 août 1851, Fantaisies d’hiver dans la «Revue de Paris» du 1 er février 1854. (6) Les trois derniers textes ont été recueillis dans les Poésies complètes de 1875-1876, mais L’Odalisque à Paris avait d’abord paru dans «La Liberté» du 4 mai 1867. 90 Giovanna Bellati Ce corpus a été analysé en tenant compte essentiellement des critères suivants: le point de vue de l’observation – général, prenant en compte l’ensemble de la ville, ou bien limité à un cadre plus restreint ou parfois même à un détail –; la typologie textuelle: les images de la ville peuvent être uniquement ou essentiellement descrip- tives, ou bien introduire à un sens «moral» ou métaphorique plus ou moins explicite ou implicite; le genre d’ «affectivité» lié aux visions de Paris: la ville peut susciter des impressions ou des réflexions positives ou négatives, ou, encore, caractérisées par un sentiment de dualisme ou d’ambiguïté; l’évolution que ces différents aspects ont pu subir au cours de la maturation humaine et artistique du poète. Les premiers poèmes que Gautier consacre à Paris ne se fondent pas sur une vision générale ou totalisante de la ville, mais considèrent plutôt un milieu restreint et un aspect particulier de son paysage: les débuts de la «poésie parisienne» de Gautier sont dédiés aux jardins ou à des points de vue typiquement parisiens, comme l’Île de la Cité, Notre-Dame, la Seine. Il ne s’agit donc pas de choix particulièrement origi- naux, mais on a plutôt l’impression que le jeune poète s’exerce à composer sur des thèmes usités, qui pouvaient avoir des chances d’être bien accueillis par tous les pu- blics: en fait, on sait que son premier recueil – Poésies – passa pratiquement inaperçu, peut-être parce qu’il vit le jour au beau milieu de la Révolution de juillet. Le Luxembourg et Le Jardin des Plantes rentrent de plein droit dans cette «poésie des jardins», assez répandue à l’époque, qui met en valeur les espaces verts – îlots idylliques et havres de paix dans la grande ville – et dans laquelle on retrouve une certaine vision romantique de la ville envisagée comme union de zones habitées et modernement équipées, et de coins de verdure permettant la promenade et le contact avec la nature. Le Luxembourg célèbre la beauté discrète et chaleureuse, la grâce d’un printemps parisien contemplées dans un lieu de bonheur, auquel est associé le charme de la vie enfantine – un autre thème fréquent dans cette première phase de la production poétique de Gautier. Le tableau proposé de ce jardin des poètes par ex- cellence se compose de tous les éléments rituels – moineaux gazouillants, vent doux, ciel tiède et riant, gerbes de fleurs, marronniers – auxquels vient s’ajouter l’image de la petite fille qui «joue et folâtre», en communion parfaite avec tout ce qui l’entoure. Texte essentiellement descriptif, Le Luxembourg ne participe pas moins du grand thème romantique de la correspondance homme/nature: la contemplation d’un cadre naturel où dominent le bonheur, la jeunesse, la pureté de corps et d’esprit – communs aux êtres humains, aux animaux et aux éléments naturels – renvoie à l’image rêvée d’une harmonie idéale entre la vie humaine et celle de la nature. Dans Le Jardin des Plantes nous retrouvons le même motif d’une nature présente au cœur de la ville, de la recherche d’un cadre naturel, de la part d’un citadin, dans lequel s’évader et se ressourcer. Dans ce texte, qui présente des éléments autobiogra- phiques plus marqués, l’auteur a recours à l’opposition entre espace clos et espace ouvert – la chambre et le parc, la première représentant la «pénible loi» du travail, le second la liberté – et au motif de l’inspiration poétique ravivée par le contact de la na- ture. Le poème présente aussi une structure plus narrative que le précédent, centrée sur la rencontre galante, mais montre essentiellement la même image d’une nature accueillante et amicale, avec laquelle l’homme peut vivre en harmonie. Le troisième texte tiré du premier recueil publié par Gautier, Soleil couchant, reprend une fois de plus l’un des clichés romantiques les plus récurrents à l’intérieur du grand thème de la nature, tout en suivant aussi, comme le texte précédent, le choix du point de vue particulier, limité à un endroit précis de la ville. Dans ce cas, le regard du poète se fixe sur l’un des paysages parisiens les plus classiques: les tours de Notre-Dame se dressant dans un ciel enflammé par le coucher du soleil. C’est une première apparition, dans la «poésie de Paris» de notre auteur, de la beauté monu- Images de Paris dans la poésie de Théophile Gautier 91 (7) Dans les Poèmes de 1830, Gautier avait aussi publié Far niente, qui sera supprimé dans l’édition complète de 1845. mentale et artistique de la «grand-ville», uploads/Litterature/ studifrancesi-2039.pdf
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- Publié le Oct 22, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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