Synthèse des ressources Eduscol : « sujets zéros » N° Titre de la ressource Poi
Synthèse des ressources Eduscol : « sujets zéros » N° Titre de la ressource Points essentiels 1 Exemple de sujet commenté - sujet zéro n°2 sur le thème de la parole (nov. 2019) Cette ressource prend appui sur le sujet zéro n°21 George Dandin, paysan fortuné, a épousé la fille d’une famille noble et désargentée. Son épouse lui est infidèle et ses beaux-parents, Monsieur et Madame de Sotenville, le méprisent. GEORGE DANDIN. Puisqu’il faut parler catégoriquement, je vous dirai, Monsieur de Sotenville, que j’ai lieu de… M. DE SOTENVILLE. Doucement, mon gendre. Apprenez qu’il n’est pas respectueux d’appeler les gens par leur nom, et qu’à ceux qui sont au-dessus de nous il faut dire Monsieur tout court. GEORGE DANDIN. Hé bien, Monsieur tout court, et non plus Monsieur de Sotenville, j’ai à vous dire que ma femme me donne… M. DE SOTENVILLE. Tout beau. Apprenez que vous ne devez pas dire ma femme, quand vous parlez de notre fille. GEORGE DANDIN. J’enrage. Comment, ma femme n’est pas ma femme ? MME DE SOTENVILLE. Oui, notre gendre, elle est votre femme, mais il ne vous est pas permis de l’appeler ainsi, et c’est tout ce que vous pourriez faire, si vous aviez épousé l’une de vos pareilles. GEORGE DANDIN. Ah ! George Dandin, où t’es-tu fourré ? Et de grâce, mettez pour un moment votre gentilhommerie à côté et souffrez que je vous parle maintenant comme je pourrai. Au diantre soit la tyrannie de toutes ces histoires-là. Je vous dis donc que je suis mal satisfait de mon mariage. M. DE SOTENVILLE. Et la raison, mon gendre ? MME DE SOTENVILLE. Quoi, parler ainsi d’une chose dont vous avez tiré si grand avantage ? GEORGE DANDIN. Et quels avantages, Madame, puisque Madame y a ? L’aventure n’a pas été mauvaise pour vous, car sans moi, vos affaires, avec votre permission, étaient fort délabrées, et mon argent a servi à reboucher d’assez bons trous ; mais moi de quoi y ai-je profité, que d’un allongement de nom, et au lieu de George Dandin, d’avoir reçu par vous le titre de Monsieur de la Dandinière ? MOLIÈRE, George Dandin ou le Mari confondu, acte I, scène 4, 1668. Question d’interprétation littéraire : Selon vous, qui domine dans le dialogue ci-dessus ? Question de réflexion philosophique : La parole peut-elle être une arme sociale ? Pour construire votre réponse, vous vous référerez au texte ci-dessus, ainsi qu’aux lectures et connaissances, tant littéraires que philosophiques, acquises durant l’année. Attendus pour la question d’interprétation littéraire : « Selon vous, qui domine dans le dialogue ci-dessus ? » On distingue, dans les remarques suivantes, la réflexion du professeur, qui doit prendre en considération la variété des traitements possibles, et le travail de l’élève, qui trouve un fil, une intuition, et qui n’a évidemment pas à maîtriser l’ensemble du panorama. L’analyse du texte pourrait donner lieu à une réflexion essentiellement Attendus pour la question de réflexion philosophique : « La parole peut-elle être une arme sociale ? » On n’attend pas des élèves qu’ils épousent et condensent la rhétorique canonique de la « dissertation » , adossée à ses moments constitutifs – introduction, développement, transitions, conclusion. On tient en outre compte (a) du temps relativement bref imparti à l’écriture elle-même au sein des deux heures dévolues à cette épreuve, et (b) de la variété possible des 1 Sujet zéro accessible ici : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Annales_zero_BAC_2021_1e/48/4/ S0BAC21-1e-SPE-HLP_1133484.pdf Synthèse des ressources Eduscol : « sujets zéros » contextuelle : au XVIIe siècle, le public d’un divertissement joué à la Cour ne pouvait guère hésiter quant au ridicule de Dandin, si bien que la supériorité sociale de ses beaux-parents et adversaires dans le dialogue ne fait alors aucun doute, quelque caricaturés que soient les Sotenville. Cependant, les ambiguïtés du texte sont réelles, et encore soulignées par le découpage : aussi bien n’attend-on pas ici des élèves des connaissances générales de l’œuvre, mais au contraire une lecture attentive de l’extrait choisi. La formule « Selon vous », qui ouvre la question d’interprétation, n’est pas un simple appui rhétorique et mérite d’être prise au sérieux. Comme l’ont rappelé les indications données dans l’introduction aux ressources, c’est bien une parole personnelle qui est attendue. La diversité des réponses ne constitue sur ce point aucun frein à l’évaluation. On peut en effet attendre, dans des développements eux-mêmes susceptibles d’adopter des formes et des progressions variées : a. soit que ce sont les nobles qui dominent (comme le montre l’empêchement de progression de la parole de Dandin, notable dès les premières répliques, qui ne peut faire entendre son discours, constamment contesté et réprimandé quant à ses formes et usages) ; l’argument d’histoire littéraire (et sociale) peut alors corroborer cette analyse, de même que d’autres éléments du texte également (le ridicule de son titre, la grossièreté de ses usages) ; b. soit que Dandin finalement domine : même s’il est au début malmené, il parvient non pas à se soumettre à l’ordre discursif des bienséances, mais à faire éclater une vérité économique de dépendance de ceux qui prétendent l’éduquer ; le découpage choisi et la fin de l’extrait rendent cette lecture très nette ; c. soit une réponse attentive aux effets de symétrie et finalement d’égalité dans la scène de querelle, renvoyant les deux camps dos à dos et niant même l’idée de domination discursive : la parole de l’un est inadéquate et ridicule ; la position des autres ruine l’impression de supériorité dans laquelle ils s’installent, mais pour laquelle ils ne sont finalement pas crédibles ; l’onomastique met aussi à égalité le ridicule entre « M. de la Dandinière » et de plus anciens aristocrates toutefois appelés « M. et Mme de Sotenville » ; d. soit un prolongement de la thèse précédente, avançant l’idée d’une position de surplomb réservée au seul public, face à des ridicules qui se détruisent l’un l’autre ; e. soit un développement de la thèse précédente, avançant l’idée d’une domination in fine dévolue au dramaturge, opposant deux systèmes de formes de discours recevables et valorisables, à partir du moment où ils actualisent les vertus intellectuelles et discursives requises. Mieux vaut une lecture limitée mais précise et une véritable attention portée au texte , qu’une lecture abondante et hâtive, induisant une réponse allusive et incertaine aux questions posées. Une telle lecture va évidemment prendre aux élèves du temps. Pour cette raison, on appréciera positivement des formats de rédaction relativement brefs, s’ils sont bien construits et bien conduits, et qu’ils permettent l’exercice d’une réflexion. Celle-ci s’entend, très classiquement, comme la capacité d’une pensée à se reprendre et à se transformer, à partir d’une position initiale qui se trouve ainsi, d’une manière ou d’une autre, déplacée. La philosophie se nourrit de la capacité à s’étonner, face à ce qui peut sembler évident, ou banal. Dans cette perspective, on pourra valoriser : l’attention portée à la question elle-même : la formule même d’ « arme sociale » pourra conduire les élèves à une certaine forme d’étonnement : il ne va pas de soi en effet, ni que la société soit un champ de bataille (de quelle bataille s’agit-il alors et quelles en sont les formes ?), ni que la parole puisse être une arme (le terme d’ « arme » doit-il être compris au sens propre ou en un sens figuré ? Et relativement à quel type d’affrontement ?). l’attention portée grâce au texte lui-même, à l’instabilité et à la mobilité des positions respectives des personnages : que serait une arme qui se retournerait sans cesse contre son utilisateur ? ne manquerait-elle pas d’efficacité ? qui domine en réalité dans ce passage ? On peut imaginer que certains élèves seront sensibles à l’orientation même du texte et à sa dynamique propre : Dandin se voit couper la parole ; mais il la reprend, et la tirade finale ajoute à l’affrontement une dimension de manifestation et de dévoilement qui pourrait participer, sinon d’un retournement, en tout cas d’un équilibrage des positions. Le texte n’est pas ici le seul objet à considérer – ce qui fait aussi la différence entre la « question de réflexion » ou « l’essai » et la question d’interprétation. Mais il ne doit pas pour autant être oublié (où l’on retrouve le sens traditionnel des Humanités). On valorisera la capacité de l’élève à articuler (a) l’attention précise et l’intelligence du texte qu’il a sous les yeux, (b) la mobilisation des connaissances acquises pendant l’année (on peut Synthèse des ressources Eduscol : « sujets zéros » valeurs qu’il fait vaciller : le rire du public de cour en viendrait ainsi à mettre en cause l’ordre aristocratique, dans l’égalité de ridicule entre le riche paysan qu’est Dandin et les nobliaux campagnards que sont ses beaux- parents. Les pistes d’interprétation pertinente sont donc multiples. Trois critères essentiels permettent de les évaluer, puisque ce n’est pas la conformité à une seule perspective de lecture qui constitue le cœur de l’exercice, ni son intérêt ; c’est au contraire la capacité à soutenir une thèse quant uploads/Litterature/ synthese-sujets-zero.pdf
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- Publié le Jui 20, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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