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1 Cabine Télescope RIEN ! Numéro 13 Juillet 1999 BULLETIN DE LA Cabine Télescop

1 Cabine Télescope RIEN ! Numéro 13 Juillet 1999 BULLETIN DE LA Cabine Télescope 2 Bulletin N°13 Edito Elisabeth Piotelat Connaissez-vous Jeanne-Marguerite de Montmorency ? Agée d’une quin- zaine d’années, devant être présentée eu roi Soleil, elle a fuis la noblesse et les hommes, pour ﬁnir ermite, et con- sacrer sa vie à Dieu. Quel rapport avec le présent bulletin ? Aucun, si ce n’est que vous l’auriez peut-être reçu hier et que cet édito débuterait autrement, si la providence ne m’avait livré l’ouvrage de Joseph Sigward comptant cette bien étrange histoire de si belle manière. En 1686, Jeanne-Marguerite avait 40 ans. Dans son refuge quelque part entre France et Espagne, elle n’a cer- tainement pas su que Fontenelle venait de publier la première édition des Entretiens sur la pluralité des mondes. Ce livre, dont beaucoup ont entendu parlé mais que peu ont lu vient d’être réédité chez GF Flammarion, plus de quatre siècles plus tard ! Quel essai scientiﬁque contemporain, quel roman de science-ﬁction sera accessible aux terriens de l’an 2400 ? De quel ermite oublié retracera-t-on l’histoire ? Nos descendants souriront peut-être, comme lorsque mes yeux tombent sur ces lignes de Fontenelle : «Nous ne sommes dans l’univers que comme une petite famille dont tous les visages se ressemblent ; dans une autre planète, c’est une autre famille, dont les visages ont un autre air». Finalement, on n’a pas beaucoup pro- gressé de ce côté là. On a découvert d’autres planètes, l’exobiologie n’est plus réservée aux originaux, une abon- dante littérature de science-ﬁction a contribué au développement de notre imaginaire. Et puis ? La correspondance de Jeanne-Margue- rite était rythmée par le départ d’un voiturier pour Paris. Aujourd’hui, la communication semble instantanée. Elle a pris de nouvelles formes. Par exemple, l’hypertexte permet de navi- guer d’une page web à une autre sans que cela se face de manière linéaire, séquentielle. Est-il permit d’extrapo- ler et de dire, comme Claude Rifat, qu’une civilisation évoluée aura forcé- ment trouvé un moyen de communica- tion beaucoup plus efﬁcace, plus développé que le nôtre ? Pourquoi pas. Ce texte date de 1978 et ne tient pas compte des découvertes sur les dau- phins par exemple. Il conserve cepen- dant un grand intérêt, et suscitera, je l’espère de nombreuses réactions. Pour ma part, je le considère comme la criti- que des programmes SETI, la plus intelligente, la plus constructive lue à ce jour. Pour rester dans le domaine du lan- gage, il sera également question du Logotron, et de la méthode scientiﬁ- que. A l’heure où je termine ce numéro, je viens de recevoir une lettre du krom. Ce sera pour la prochaine fois ! La ﬁc- tion reste tout de même à l’afﬁche grâce à Yann et à Divi Anadin. Le monde change, ce bulletin égale- ment. Si nous ne pouvons modiﬁer la trajectoire de l’humanité, il est facile d’orienter les choix de la Cabine Télescope. Alors, bonne lecture, et... à vos plumes ! Elisabeth Joseph Sigward. Jeanne-Marguerite de Montmorency. 125 F. en vente aux éditions Nouvelle Cité, 37 av. de la Marne, 92120 Montrouge Bulletin N°13 - Avril 1999 ISSN : 1283-8284 Dépôt Légal à parution Rédactrice : E. Piotelat Champ Rousseau - 71330 FRANGY Tél. : 06.10.37.67.44 Merci à Christian Bouchet, Sébastien Denis, Rodolphe Galy-Dejean, Markus John, Yann Lhoiry, Jean-Pierre Petit, Claude Rifat, pour leur inestimable apport à ce numéro. Merci aussi au CALCRE pour avoir inclus le Bucatel dans leur annuaire avec une note pleine d’humour (et les soupiériste alors ?) Je m’abonne pour 30F /an. J’achète chaque numéro 9F (1,37 Euro). •Règlement en timbres ou chèque à l’ordre de E. Piotelat 3 Cabine Télescope Seti pas ﬁni tout ça En octobre 1993, le Sénat coupait les crédits à la NASA pour SETI. Et maintenant, l'observatoire de l'Univer- sité de l'Ohio qui cherchait depuis 20 ans un signal radio est démantelée pour faire place à un terrain de golf. On a atteint le comble. Nous sommes à l'aube du 21ème siècle, et à cette époque tous disent vouloir combattre l'obscurantisme populaire (il y a moins de 10 ans, 10 millions de français de plus de 12 ans croyaient que le Soleil tourne autour de la Terre). Et voilà de quelle manière on le fait, en remplaçant une station scientiﬁque par un terrain de loisirs pour riches et en tentant de démolir un projet scienti- ﬁque ambitieux certes, mais sérieux et ayant une réelle chance d'aboutir. Car SETI est quelque chose de réelle- ment scientiﬁque. De plus, le radiotélescope de l'Ohio n'était pas impliqué que dans SETI, il scrutait l'univers pour essayer de mieux le comprendre. Et l’éradication de crédits est hon- teuse, pour un programme demandant a peu près 15 millions de dollars, alors que l'armement en demande combien de milliards ! On de doit pas perdre SETI, il ne peut que faire avance nos connaissances. C'est pourquoi, je demande à tous les lecteurs de m'envoyer un mot, une signature, montrant qu'ils sont engagés dans ce projet. Je les enverrais toutes au Ministère de la Recherche, demandant que des fonds supplémen- taires soient alloués à Nançay aﬁn d'avoir un système permettant d'appro- cher les 100 millions, voire le milliard d'écoute de canaux simultanément. Ce n'est pas du tout impossible. Envoyez les signatures à : Sébastien DENIS 4 Allée de l'industrie 80800 CORBIE WOW ! Sébastien Denis Un peu d’histoire... «Nous avons ouvert une fenêtre sur l’univers. On vient de la fermer violemment. Dans le match entre une galaxie et un golf, le golf remporta la victoire. Nous avions 750 ter- rains de golf dans l’Ohio, maintenant, il y en a un de plus. Le centre ouest des Etats Unis a vu le nombre de ses radiotélescopes passer de un à zéro. Big Ear découvrait des objets au bord de l’univers, maintenant, c’est un put- ting green». Ainsi s’exprime John Kraus, 88 ans, dans le numéro de juin de la revue Astronomy. On y voit également une photo de l’antenne Big Ear, qui ressemble beaucoup à celle de Nançay. En tournant la page, on découvre ce qu’elle est devenue... un trou d’eau, montrant jusqu’où peuvent aller ses comédiens qui tirent les ﬁcelles du pou- voir. Kraus, véritable génie, inventeur de l’antenne hélicoïdale, se lança dans la construction de Big Ear en 1956. Avec l’un de ces étudiant, il donna au monde le télescope le plus sensible sur certaines longueurs d’ondes. Les obser- vations débutèrent en 1963. Le programme SETI de l’Ohio débuta le 7 décembre 1973. Le 17 août 1977, un puissant signal fut capté pen- dant 37 secondes. L’opérateur chargé de surveiller l’antenne à ce moment là, Jerry Ehman, griffonna sur la sortie imprimante «Wow», (Waou en français) et le nom est resté ! Ce signal, même s’il ne s’est jamais répété est encore aujourd’hui ce que SETI a reçu de plus intéressant. Elisabeth 4 Bulletin N°13 Le problème de l'impossibilité communicationnelle entre différents niveaux d'intelligences Claude Rifat Considérations théoriques sur le problème de l' impossibilité du contact entre les civi- lisations extraterrestres avancées (ETI) et la civilisation humaine : la communication symbolique séquentielle par rapport à la communication non-symbolique non-séquen- tielle. Texte initialement paru dans UPIAR,Vol.III,N.2,1978/79 (273/288) Editecs 1979 Note Cet article fait suite aux tentatives d'astronomes américains, comme feu l'astrophysicien Carl Sagan, de l'uni- versité de Cornell, à Ithaca, de recher- cher des civilisations extraterrestres via un réseau de radio-télescopes. Personnellement, j'ai toujours pensé que ce style de recherches ne servait qu'à gaspiller, inutilement, de l'argent dans des projections mystico-scientiﬁ- ques car, comme nous le verrons ci-dessous, il est logique de penser que les ETI ne cher- chent pas à «communiquer» avec des espèces qui en sont encore aux balbutiements de la communication et de la cons- cience. Cet article est légèrement modiﬁé par rapport à l'original de 78/79. Introduction Cet article se propose de ramener a de justes proportions les idées par trop étroites que nous nous faisons, cou- ramment, à propos de notre mode usuel de communication, ce que Carl Sagan (1-2) aurait, sans doute, nommé le «chauvinisme» du langage symboli- que séquentiel! Qu'est-ce que ce terme de «chauvi- nisme», au sens de Carl Sagan ? C'est ramener ce que l'on ne connaît pas à des choses qui nous sont connues et il est vrai, en effet, qu'en tant qu'espèce «intelligente», n'ayant qu'elle-même pour se comparer, nous avons toujours tendance à tout rame- ner à nous-mêmes. L'histoire est pleine d'exemples pou- vant servir à illustrer, magniﬁquement, ce principe «saganien» et que je nom- merais, plutôt, «anthropomorphocen- trisme»,contraction de deux appellations bien signiﬁcatives. Il est particulièrement frappant de constater, du moins à ma connais- sance, que personne ne remet jamais en question la soi-disant nécessité, toujours sous-entendue, qu'auraient d'éventuelles ETI de manier un lan- gage semblable au nôtre ! Car, dès que l'on étudie ce problème de plus près, il devient vite évident que ce genre d'idées n'est qu'un exemple banal d'anthropomorphocentrisme, une oeillère intellectuelle, façonnée par notre structure biologique sur laquelle nous prenons, inconsciem- ment, modèle. «L’intelligence humaine, réduite à son essentiel, est synonyme du uploads/Litterature/ tel-13.pdf