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1 © Transeuropéennes, Paris & Fondation du Roi Abdul Aziz, Casablanca - 2010 Traduire en Méditerranée ETAT DE LA TRADUCTION ARABE DES OUVRAGES DE SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES (2000-2009) Dans le cadre de l’état des lieux de la traduction en Méditerranée, co- produit par la Fondation Anna Lindh et Transeuropéennes en 2010 Collecte et analyse des données Hasnaa Dessa Contrôle des données et rédaction Mohamed-Sghir Janjar Remerciements à Mme Samira Refai, responsable du département des acquisitions à la bibliothèque de la Fondation du Roi Abdul-Aziz pour les Etudes Islamiques et Sciences Humaines à Casablanca, qui a rendu possible l’accès aux informations bibliographiques et aux publications. 2 © Transeuropéennes, Paris & Fondation du Roi Abdul Aziz, Casablanca - 2010 Préambule La présente étude est réalisée par la Fondation du Roi Abdul Aziz-Casablanca en partenariat avec Transeuropéennes (Traduire en Méditerranée). Elle est une composante du premier état des lieux de la traduction en Méditerranée que conduisent à partir de 2010 Transeuropéennes et la Fondation Anna Lindh (programme euro-méditerranéen pour la traduction), en partenariat avec une plus d’une quinzaine d’organisations de toute l’Union pour la Méditerranée. Partageant une même vision ample de la traduction, du rôle central qu’elle doit jouer dans les relations euro-méditerranéennes, dans l’enrichissement des langues, dans le développement des sociétés, dans la production et la circulation des savoirs et des imaginaires, les partenaires réunis dans ce projet prendront appui sur cet état des lieux pour proposer et construire des actions de long terme. 1. Introduction : enjeux de la traduction dans le monde arabe Les observateurs et spécialistes des questions culturelles arabes ont toujours à l’esprit la polémique provoquée par les phrases et chiffres relatifs à la traduction dans le monde arabe et contenus dans le rapport du PNUD sur le Développement humain arabe de 2003, qui avait pour sous-titre « Construire une société de la connaissance ». Les auteurs du rapport avaient, en effet, pointé les carences arabes en termes de traduction et les ont présentées comme les manifestations de la crise d’une culture arabe contemporaine1 enfermée dans un traditionalisme intellectuel réfractaire aux avancées de la pensée moderne. Quoiqu’erronés et contestables, les chiffres exposés dans ce rapport ont eu un effet d’électrochoc qui a accéléré la prise de conscience de l’importance des enjeux culturels de la traduction, notamment chez les décideurs politiques et les élites arabes (universitaires, éditeurs et journalistes culturels…) La polémique a montré aussi les limites des systèmes statistiques arabes surtout ceux relatifs à la production et à la circulation des biens culturels. On constate, en effet, qu’au temps de l’informatisation généralisée et de la transition vers le tout numérique, les pays arabes sont 1 Pour plus de détails, voire les travaux de Richard Jacquemond : « Les Arabes et la traduction : petite déconstruction d’une idée reçue » in La pensée de midi, n° 21, 2007 ; « Les flux de traduction entre le français et l’arabe depuis les années 1980 : un reflet des relations culturelles » in Translatio : le marché de la traduction en France au temps de la mondialisation, sous la direction de Gisèle Sapiro, Paris : Editions du CNRS, 2008. Voire aussi Mohamed-Sghir Janjar « Traduction et constitution de nouveaux champs des savoirs en langue arabe » in Transeuropéennes, revue en ligne, www.transeuropeennes.eu . 3 © Transeuropéennes, Paris & Fondation du Roi Abdul Aziz, Casablanca - 2010 encore loin de parachever leurs dispositifs d’information bibliographique. D’où les discours approximatifs sur la recherche, la traduction ou l’édition dans le monde arabe. Mais par-delà les controverses sur les chiffres, la problématique de la traduction constitue aujourd’hui un enjeu culturel majeur dans le monde arabe. Elle traduit un certain nombre de défis auxquels est soumise la culture dans les pays arabes. On peut citer parmi ces défis les chantiers suivants : - La reprise et la consolidation du processus de modernisation culturelle qui a démarré, pour certains pays avec le mouvement de la Nahda (renaissance culturelle arabe) vers la fin du XIX è siècle, s’est poursuivi avec l’élite restreinte formée par la colonisation et dans les universités étrangères, mais qui semble, aujourd’hui, bloquer du fait de la conjugaison d’une massification de l’éducation et la rapide arabisation des enseignements universitaires. - La généralisation du processus d’arabisation de tous les cycles de l’enseignement, qui est une avancée en soi, nécessite impérativement et parallèlement, le développement de la pratique des langues étrangères ainsi que la diversification et l’intensification du travail de traduction. Il s’agit à la fois de faire accéder les universitaires et chercheurs arabes aux savoirs modernes, tout en œuvrant pour que de tels savoirs émergent et irriguent la langue arabe, comme ce fut le cas à l’époque classique avec les savoirs venus de la Grèce, de l’Inde et de la Chine. Cette étape paraît nécessaire pour les Arabes, comme elle l’a été pour d’autres (Japonais, Chinois, Turcs…), afin de participer au processus universel de production des savoirs. - Le défi est aussi de nature politique dans le sens où la culture politique arabe doit intégrer en son sein les œuvres, les théories, les concepts et les attitudes mentales qui fondèrent la modernité politique (démocratie, citoyenneté, droits de l’homme, etc.). De même qu’il est de nature géopolitique, compte-tenu du fait que la traduction peut contribuer à la connaissance des autres cultures et à lutter contre les dérives violentes qu’engendre l’ignorance. 2. Histoire et nature du corpus étudié Le corpus étudié dans la présente étude relève de la base de données de la Fondation du Roi Abdul-Aziz pour les Etudes Islamiques et Sciences Humaines consultable sur Internet2. La Bibliothèque de la Fondation dont les travaux de constitution ont démarré au milieu des 2 Voir : www.fondation.org.ma 4 © Transeuropéennes, Paris & Fondation du Roi Abdul Aziz, Casablanca - 2010 années 1980, compte actuellement près de 600.000 documents, toutes disciplines et tous supports confondus. La politique d’acquisition de la Fondation en termes de traductions arabes dans les domaines des sciences humaines et sociales, est passée par deux phases distinctes : - La première phase (de 1985 à 2000) : l’acquisition des ouvrages traduits a été axée essentiellement sur les textes traduits des langues européennes qui n’étaient pas utilisées massivement au Maghreb et dans le monde arabe, à savoir l’allemand, l’espagnol, le portugais, l’italien, etc. Aussi les traductions retenues étaient-elles en arabe, français ou en anglais. Les traductions arabes des ouvrages théoriques et textes classiques parus en français et en anglais, n’étaient pas acquises de manière systématique. Les responsables de la Fondation considéraient jusque là que la communauté des chercheurs maghrébins auxquels s’adressait le fonds documentaire, travaillait traditionnellement dans les deux principales langues européennes (le français et l’anglais), parallèlement à la langue nationale et officielle des Etats maghrébins (l’arabe). - La deuxième phase (des années 2000 à jours) : à l’aube du nouveau siècle, la politique d’acquisition de la Fondation va mettre l’accent sur les traductions des ouvrages de sciences humaines et sociales, s’adaptant ainsi à la demande manifestée par les jeunes étudiants qui travaillent de plus en plus en arabe, et qui présentent de grandes lacunes quant à la maitrise des langues étrangères, et surtout quant à la connaissance des œuvres classiques et des grands débats intellectuels qui se produisent dans les champs des sciences humaines et sociales à travers le monde. L’arabisation de l’enseignement de la philosophie, de la psychologie et de la sociologie au début des années 1970, a accentué le processus d’arabisation de l’enseignement supérieur qui avait commencé une décennie auparavant avec les études littéraires, la linguistique, le droit et les sciences politiques. A l’occasion de la tenue d’un premier colloque consacré à l’examen de l’état des lieux de la traduction arabes des sciences humaines et sociales3, la Fondation a diffusé un Cd-Rom dans lequel étaient recensées plus de 7000 traductions arabes d’ouvrages de sciences humaines et sociales. Le travail de mise à jour de la base de données s’est poursuivi au cours des trois dernières années avec la volonté affichée de compléter le fonds des traductions. Ce dernier compte actuellement plus de 11.000 titres d’ouvrages traduits en langue arabe et couvrant les différentes disciplines relevant des sciences humaines et sociales. La base de données n’inclut pas les traductions arabes des œuvres littéraires (poésie, roman, nouvelle, théâtre, 3 Le colloque s’est tenu au siège de la Fondation à aasablanca les 25, 26 et 27 octobre 2007 et a donné lieu à un ouvrage intitulé La traduction des sciences humaines et sociales dans le monde arabe contemporain,, sous la direction de Richard Jacquemond, Fondation du Roi Abdul-Aziz et Fondation Konrad Adenauer : Casablanca , 2008, 114 p et 62 p. 5 © Transeuropéennes, Paris & Fondation du Roi Abdul Aziz, Casablanca - 2010 etc.), ainsi que les livres de sciences exactes (biologie, médecine, chimie, physique, géologie, etc.), les manuels scolaires et plus généralement les livres non académiques4. Outre le travail de description bibliographique classique, le traitement documentaire effectué par les services de la Fondation permet l’accès à des informations précieuses, comme le nom de l’auteur (en caractères latins), la langue d’origine, le titre initial de l’ouvrage, uploads/Litterature/ terminologie-juridique-arabe.pdf
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- Publié le Fev 13, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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